MISE A JOUR DE LA SITUATION DANS LE NORD (SOMALILAND)
- Author: Research Directorate, Immigration and Refugee Board, Canada
- Document source:
-
Date:
1 January 1995
1. INTRODUCTION
Cet exposé est une mise à jour du document de la série « Questions et réponses » intitulé Somalie : le Nord et publié par la DGDIR en septembre 1992. Au moment où le document Somalie : Mise à jour de la situation dans le nord (Somaliland) allait être publié à l'automne de 1994, des combats ont éclaté à Hargeisa, capitale de la République autoproclamée du Somaliland. Le présent document donne toujours un compte rendu fidèle de la situation qui existait au Somaliland de 1992 à août 1994. Néanmoins, nous y avons ajouté une brève chronologie des événements survenus à Hargeisa de septembre à décembre 1994 (voir la section 5).
Quelques mois après l'effondrement du régime de Mohamed Siyaad Barré, le Mouvement national somalien (MNS), après une décennie de guerre civile qui aurait fait des dizaines de milliers de victimes, a proclamé le 17 mai 1991 l'indépendance des provinces qui correspondaient à l'ancien protectorat britannique du Somaliland (Politique Africaine juin 1993, 9).
Afin de pallier l'impuissance de l'Etat à maintenir l'ordre publique, les Aînés (« elders ») ont négocié en octobre 1992 la fin des combats autour du port de Berbera entre les sous-clans Habar Yoonis et Isse Muse (ibid., 16; The Guardian 15 oct. 1993). Les deux sous-clans ont signé un accord de paix à Sheekh le 10 novembre 1992 (Politique Africaine juin 1993, 16-17).
En février 1993, quelque 300 personnalités représentant les différents clans de cette région et les Aînés, les chefs coutumiers, les intellectuels, les politiciens et les militaires se sont réunis en conférence à Borama afin d'analyser les perspectives d'avenir (The Indian Ocean Newsletter 27 févr. 1993, 3). Ils devaient décider de l'organisation d'un référendum sur la sécession prévu pour juillet 1994 et du choix d'une date pour les élections (ibid.; Al-Hayah 24 janv. 1994). Les sources consultées (jusqu'au mois de décembre 1994) ne mentionnent la tenue ni d'élections ni de référendum.
Lors de ce grand « shir » (conseil), le président Abdirahman Ahmed Ali, surnommé « Tour » [ On trouve aussi les variantes orthographiques « Tuur » (AFP 26 nov. 1994) et « Tur » (Reuters 28 nov. 1994).] (bossu), et accusé, « d'une part, de ne soutenir qu'assez "mollement" l'indépendance du Somaliland et, d'autre part, de s'entourer de membres de son clan (Habar Gaharjiis) ou des clans alliés au sein même du gouvernement », a été écarté du pouvoir (Documentation-Réfugiés 15-28 févr. 1994, 6). Ce poste a été confié en mai 1993 à Mohamed Ibrahim Egal, qui a déjà été premier ministre de la Somalie (de 1967 à 1969) avant le coup d'Etat des militaires survenu en octobre 1969 (ibid., 3; AFP 8 mai 1993). A l'annexe, vous trouverez la liste détaillée de son cabinet (l'affiliation clanique, militaire ou civile) qui a été formé en juin 1993 et que certains ont qualifié de « gouvernement de colonels » (The Indian Ocean Newsletter 12 juin 1993).
A la conférence de Borama, qui a duré trois mois, le Guurti, ou Conseil des Aînés, a adopté une charte nationale dont la durée de validité a été fixée, à l'alinéa 5.1, à deux ans (République du Somaliland 25 avr. 1993). En outre, le Guurti a désigné un parlement provisoire et a établi une cour suprême (Leatherbee, Leah et Bricker janv. 1994, 29).
En décembre 1993, près de trois ans après la proclamation de l'indépendance du Nord de la Somalie (Somaliland), son nouveau [traduction] « gouvernement faisait face aux mêmes problèmes que le gouvernement précédent : l'effondrement de l'économie, la destruction des infrastructures, l'absence de véritables structures administratives, un haut niveau d'armement, le manque de services sociaux opérationnels, l'isolement international et le problème énorme des mines posées dans les terres » (Africa Rights & Mines Advisory Group déc. 1993, 29).
2. ENJEUX ACTUELS AU SOMALILAND
Avant que n'éclate la violence à Hargeisa à l'automne de 1994 (voir la section 5), certaines sources avaient noté que, comparativement au reste de la Somalie, la situation au Somaliland était plutôt calme (The Christian Science Monitor 6 janv. 1994; World Refugee Report juill. 1993, 44). Depuis l'élection de Mohamed Ibrahim Egal en mai 1993, la région semble plus stable (IPS 16 déc. 1993). Cependant la non-reconnaissance du Somaliland par la communauté internationale a eu comme conséquence la disparition presque totale de toute aide internationale (The Dallas Morning News 5 nov. 1993).
2.1 Tension interclanique et intraclanique
La conférence des Aînés tenue en octobre 1992 en vue de promouvoir la paix et la résolution pacifique des conflits entre les clans rivaux a marqué [traduction] « un tournant » dans les affrontements claniques qui avaient caractérisé les premiers dix-huit mois d'indépendance du Somaliland (Leatherbee, Leah et Bricker janv. 1994, 28 ). Les affrontements n'ont toutefois pas disparu. Par exemple, en janvier 1994, au moins deux personnes ont été tuées lors d'un affrontement clanique entre les milices Habar Yoonis et Eidagale [ On trouve aussi les variantes orthographiques « Idagalle » (SNU 21 nov. 1994), « Idagale » (Indian Ocean Newsletter 26 nov. 1994) et « Ida Gale » (Reuters 28 nov. 1994).] (AP 25 janv. 1994), qui relèvent toutes deux des Gahaarjis, sous-clan des Issaqs (voir l'annexe 1). La dispute portait sur la perception de taxes sur le Catha edulis ou khat, plante narcotique importée d'Ethiopie et du Kenya et très populaire en Somalie (ibid.; The New Encyclopaedia Britannica 1989, 7-8; Marchés tropicaux 26 mars 1993, 823).
Les organisations politiques claniques tels l'Association démocratique somalienne (ADS) pour les Gadabuursis, le Parti somalien unifié (PSU) pour les Warsengalis et Dolbahantés, et le Front uni somalien (FUS) pour les Issas restent interdits jusqu'à ce qu'un règlement approprié soit mis en place (Leatherbee, Leah et Bricker janv. 1994, 29; New African mai 1994a, 8). Cet interdit exempte toutefois l'organisation politique des Issaqs, le Mouvement national somalien (MNS), qui lui reste le seul parti légal (ibid.; Horn of Africa Bulletin juill.-août 1993, 25).
Au plan de la composition du gouvernement, celui-ci est toujours dominé par les anciens « maquisards » de la guerre civile, en majorité des Issaqs, qui détiennent les ministères-clés tels les ministères de la Défense, des Affaires extérieures et de l'Intérieur (voir l'annexe 1). Certains clans comme les Warsengalis, ne sont toujours pas représentés (voir l'annexe 1), et ce malgré la tendance tout à fait nouvelle du gouvernement actuel à inclure les clans et sous-clans minoritaires, qui d'ailleurs restent sceptiques quant à leur pouvoir réel (Leatherbee, Leah et Bricker janv. 1994, 29).
Par ailleurs, comme le note Daniel Compagnon, chercheur spécialiste de la Somalie, une forte minorité parmi les Dolbahantés et les Gadabuursis reste pour diverses raisons « insensible aux sirènes séparatistes » (Politique Africaine juin 1993, 14). Une autre source cite un notable gadabuursi qui estime que 30 p. 100 de la population préférerait l'union avec le Sud, mais qu'il faudrait dans ce cas établir des conditions différentes de celles de 1960 (The Washington Post 20 oct. 1993).
A Las Khorey, le chef-lieu des Warsengalis, on ne retrouve « aucune trace de la République indépendante du Somaliland....au fronton de la maison d'ismaïl, sultan des [Warsengalis], flotte toujours le drapeau national somalien avec son étoile blanche à cinq branches sur fond bleu clair » (Le Nouvel Afrique Asie mars 1994, 12-13). Pour le responsable de la milice de ce clan, les Warsengalis s'occuperont du Somaliland « lorsque son président présumé, Ibrahim Egal, aura étendu son autorité au moins jusqu'à l'aéroport de sa capitale, Hargeisa. Actuellement, lorsqu'il utilise cet aéroport il doit payer un droit de transit au clan Issaq - [un sous-]clan différent du sien - qui contrôle la piste... » (ibid.) (voir la section 2.3).
Aujourd'hui, les luttes entre les clans ne portent plus sur les sources de conflit traditionnel comme les points d'eau, la domination des zones de patûrage ou les vols de bétail mais plutôt sur la domination de l'Etat (Good 26 mai 1994).
2.2 Pouvoirs locaux et importance des « Aînés »
En raison de la situation « assez chaotique » engendrée par l'absence d'une structure d'Etat moderne au Somaliland, la société a dû faire preuve d'une « capacité d'invention politique » remarquable (Politique Africaine juin 1993, 18). Elle a en effet fait revivre « des mécanismes de décision collective, de représentation et de négociation » dans le cadre desquels les décisions sont prises par un conseil (« shir ») composé des Aînés (ibid.). Ce conseil est reconnu par la Charte nationale (République du Somaliland 25 avr. 1993, 6).
Selon Compagnon, tout homme adulte marié du clan peut revendiquer le statut d'Aîné même si « son prestige dépendra de sa naissance (lien généalogique avec l'ancêtre fondateur du clan), de sa réputation personnelle d'intégrité et de sagesse, de ses dons oratoires et poétiques, voire de sa richesse » (Politique Africaine juin 1993, 18). Certains Aînés portent les titres traditionnels de sultan, de garad ou d'okal, « sans pour autant jouir de la capacité de coercition physique ou symbolique d'un véritable chef » (ibid.) [ Pour de plus amples informations sur le rôle des Aînés (elders) en Somaliland, voir Lewis I.M.. 1961. A Pastoral Democracy: A Study of Pastoralism and Politics among the Nothern Somali of the Horn of Africa. Londres : Oxford University Press.].
Cependant, la division clanique réduit le pouvoir politique global des Aînés. En effet, les clans étant des [traduction] « reproductions autonomes d'un Etat à petite échelle...[dont chacune]...garde jalousement sa souveraineté et son identité distincte », les Aînés ont du mal à former des coalitions durables qui regroupent plusieurs clans (Leatherbee, Leah et Bricker janv. 1994, 31).
Par ailleurs, il semble que l'administration des affaires publiques (y compris la police et tout ce qui touche la sécurité) se fait au niveau local (Good, 13 sept. 1994). Un bon exemple du remplacement de l'Etat par le pouvoir local est l'intervention des Aînés à titre de médiateurs dans le conflit opposant Habar Yoonis et Habar Jelo (deux sous-clans des Issaqs) à Burao en janvier 1992 (Africa Report mai-juin 1993, 46). Les deux sous-clans s'étant engagés dans un conflit armé intense, ce sont les Aînés qui ont dû s'interposer au péril de leur vie pour empêcher d'autres pertes de vie et rassurer la population, qui fuyait en masse (ibid.). Le gouvernement d'Abdirahman « Tour » - lui-même issu du clan Habar Yoonis (un sous-clan du Habar Gaharjiis), qui n'a pas agi dans le cadre de ce conflit et qui [traduction] « a refusé d'appuyer » l'initiative des Aînés, a été [traduction] « accusé de complicité » avec l'un des belligérants (ibid.; Politique Africaine juin 1993, 16).
L'opposition entre l'Etat et les Aînés a pris une tournure plus hostile à Berbera en mars 1992 lorsque les milices Habar Yoonis et Isse Muse se sont battues (ibid.). Les Aînés ont essayé de négocier une entente entre les parties, alors que le gouvernement a plutôt tenté de laisser perdurer ce conflit, et ce afin de [traduction] « régler des comptes politiques avec certains de ses opposants principaux » (ibid.). Les victimes de telles manipulations sont encore une fois les civils, qui ont dû fuir Berbera, et aussi Sheekh, quand les combats ont gagné cette ville (ibid.).
En février 1993, les Aînés ont négocié avec succès une entente entre les Dolbahantés et les Habar Yoonis à Daraweyne, deux clans qui sont en compétition pour les pâturages (ibid., 48).
Le couronnement des efforts des Aînés pour administrer la région de façon pacifique a été la conférence du conseil des Aînés (Guurti) - dont il est question plus haut - tenue à Boroma en mars et en avril 1993, dans le but de [traduction] « négocier une paix globale au Somaliland et d'établir un cadre politique pour une période de transition de deux ans » (ibid., 45). Cette conférence a été perçue pour beaucoup comme [traduction] « le triomphe du discours [politique] sur le conflit armé » et a soulevé un certain optimisme (ibid., 48).
En octobre 1993, The Guardian rapportait la mise en place d'un système judiciaire dans le nord de la Somalie (15 oct. 1993). Néanmoins, selon Leatherbee, Leah et Bricker, malgré la nomination d'une cour suprême, sur le plan judiciaire, il n'existe pas de système judiciaire global et actif; en effet, l'appareil judiciaire ne se trouve pas sous l'autorité de l'Etat, mais relève plutôt des Aînés, qui [traduction] « ont recours à un mélange du droit coutumier [somalien] et du droit islamique » (janv. 1994, 29).
2.3 Le désarmement et la sécurité
Dans un discours prononcé en janvier 1994 à Hargeisa, le président Egal a plaidé pour un désarmement massif et volontaire. Il a ajouté que l'Etat (et non les clans armés) devait prendre en charge les installations nationales, sources importantes de revenus (AP 25 janv. 1994).
Seulement 6 000 d'entre eux avaient pu être intégrés dans des services comme la nouvelle garde nationale et la police (ibid.). Six casernes militaires devaient être utilisées comme centres de démobilisation, mais, faute de fonds, seule celle de Mandera, à 60 milles d'Hargeisa, avait pu être mise en service (ibid.; The Guardian 15 oct. 1993).
Selon une source, [traduction] « il est difficile » de résister à ces adolescents armés, et [traduction] « bien rares sont ceux qui osent » les contrarier (AP 25 janv. 1994). Par exemple, ce sont des adolescents armés et issus du sous-clan Eidagale qui perçoivent les « taxes » à l'aéroport de la « capitale » Hargeisa (ibid.; Le Nouvel Afrique Asie mars 1994, 13). Même le président, qui détient en principe l'autorité suprême, est soumis à ces taxes car c'est un sous-clan différent du sien qui contrôle l'aéroport (ibid.). Il en est de même de l'aéroport de Borama et du port de Zeyla (Good 26 mai 1994). Le président ne semble pas non plus à l'abri de la violence : sa demeure à Hargeisa a été la cible d'attaques par des jeunes ex-miliciens, attaques dont le président a tenté de minimiser l'impact (BBC Summary 22 févr. 1994).
En février 1994, deux parlementaires britanniques, accompagnés d'un de leurs compatriotes travaillant pour l'organisation non gouvernementale Action Aid UK, ont été enlevés au Somaliland, près du village de Mydt, par une bande de ravisseurs appartenant au clan Habar Yoonis (Reuters 10 févr. 1994; AFP 10 févr. 1994). Les avis sont partagés quant au motif de cet enlèvement : pour un responsable d'Africa Rights cité par Reuters, il pourrait s'agir d'un acte politique, alors que pour le président du Somaliland les auteurs de cet acte recherchaient simplement une rançon. Leur libération a été obtenue sans versement de rançon, grâce à des pourparlers avec les Aînés du clan Habar Yoonis (ibid.). Selon le président, ce même groupe de ravisseurs se serait emparé l'année dernière d'un bateau italien et des membres de son équipage, et n'aurait libéré ces derniers qu'en échange d'une énorme rançon (AFP 10 févr. 1994).
2.4 Le déminage et ses conséquences
Le Chicago Tribune estime à 1,5 million le nombre de mines dissimulées à travers la Somalie (Chicago Tribune 28 févr. 1993). Toutefois, selon l'organisation Africa Rights une telle estimation ne peut être qu'hypothétique (Africa Rights & Mines Advisory Group déc. 1993, 7) et personne ne connaît le nombre exact de mines dissimulées à travers le Nord de la Somalie (AP 31 janv. 1994). On retrouve deux types de mines dans ce pays : les mines antichars de fabrication russe, italienne, pakistanaise ou égyptienne, et les mines antipersonnel en provenance de pays comme l'ex-URSS, les Etats-Unis ou le Pakistan (PHR nov. 1992, 39-40). Dans le Nord, selon l'organisation Physicians for Human Rights, [traduction] « la plupart de ces mines sont du type antipersonnel et ont été placées par les forces de Siyaad Barré et, à un moindre degré, par le Mouvement national somalien (MNS) » (ibid., 15). De plus, [traduction] « aucune carte n'indique l'emplacement de ces mines », qui ont été éparpillées un peu partout dans la région (AP 31 janv. 1994).
Il y a de nombreuses mines à Hargeisa, principale ville du Nord et capitale de la nouvelle « République ». Plusieurs quartiers de cette ville, et notamment des quartiers militaires, la région de l'aéroport, la zone autour de la prison principale de même que la zone entourant la station de radio (Radio Hargeisa) constituent des lieux à haut risque (PHR nov. 1992, 39). Par ailleurs, un grand nombre des principales routes, et notamment celles qui relient les camps de réfugiés situés dans l'est de l'Ethiopie aux principales villes du Nord, sont jalonnées de mines (ibid.).
Les mines auraient fait des milliers de victimes en Somalie et particulièrement dans la république autoproclamée du Somaliland (Africa Rights & Mines Advisory Group déc. 1993, 8). Selon le co-directeur d'Africa Rights, quelque 10 000 personnes en Somalie auraient trouvé la mort dans l'explosion de ces mines (IPS 16 déc. 1993). En outre, la source estime qu'il y a en Somalie entre 15 000 et 20 000 blessés et amputés, pour la plupart des enfants (ibid.).
L'impact des mines va bien au-delà des pertes de vies humaines ou des amputations de membres qu'elles occasionnent (Africa Rights & Mines Advisory Group déc. 1993, 8). Les mines constituent un obstacle au redressement économique du Somaliland (ibid.; IPS 16 déc. 1993). Par exemple, la zone qui s'étend de Hargeisa à Borama, principale région agricole du Nord, constitue une des régions les plus minées du Somaliland (Africa Rights & Mines Advisory Group déc. 1993, 37). Le minage des routes comme celle qui relie Borama à Zeyla a eu un effet négatif sur le commerce, sur la circulation des biens et sur les prix (ibid., 40-41). Les mines constituent aussi un obstacle au retour des réfugiés (ibid., 43-44). En effet, parmi les réfugiés qui sont revenus au pays après la chute du régime de Siyaad Barré, beaucoup sont retournés dans les camps essentiellement à cause des mines ou du manque d'eau (ibid.). Comme en témoigne un médecin allemand : [traduction] « Il y a tellement de victimes. Trois fois à l'aéroport, j'ai vu des gens pris dans des explosions près de la piste. » (ibid., 43).
Des spécialistes d'une société britannique, Rimfire International, assistés de quelques 440 employés locaux ont entrepris la lourde tâche de localiser, désarmer et de détruire toutes les mines dispersées au Somaliland (AP 31 janv. 1994). En deux ans, près de 78 000 mines ont été déterrées; du même coup le nombre de civils blessés est passé de 416 en 1991 à 54 en 1993 (ibid.). Néanmoins, tout d'abord en raison d'un conflit salarial entre Rimfire International et les employés locaux et ensuite parce que les autorités locales et les représentants des Nations Unies n'étaient pas satisfaits du rendement des spécialistes britanniques, ces derniers ont dû quitter le Somaliland en février 1994 (The Indian Ocean Newsletter 26 févr. 1994, 4).
3. LE SORT DES REFUGIES
Selon Documentation-Réfugiés, des dirigeants du Somaliland et des représentants des autorités françaises se sont rencontrés vers la fin de l'année dernière afin de discuter du programme français de rapatriement des réfugiés somaliens à Djibouti (Documentation-Réfugiés 1er-14 févr. 1994, 2). Ce programme de retour volontaire, pris en charge par la France, devaient toucher 20 000 réfugiés (Marchés tropicaux 12 nov. 1993, 2756). Toutefois, la délégation du Somaliland, outre sa demande d'aide financière, « a fait part de son inquiétude quant au retour de ces réfugiés, en majorité des Issas, dans une région contrôlée par le Mouvement national somalien (MNS), à dominante Issaq » (ibid.; Documentation-Réfugiés, 1er-14 févr. 1994, 2). Cette inquiétude face au retour des réfugiés s'explique par le morcellement territorial sur une base clanique : aucun clan ne peut tolérer actuellement la présence sur son sol des réfugiés issus d'autres clans (Good 26 mai 1994).
Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) fait savoir que [traduction] « plus d'un million de Somaliens » ont fui leur pays en raison de la guerre civile ces dernières années (Calgary Herald 16 oct. 1993). Quelque 200 000 d'entre eux ont quitté les camps d'Ethiopie pour rejoindre, pour la plupart, le Somaliland (ibid.). Toutefois, les programmes de rapatriement volontaire qui ont débuté en 1991 ont connu des problèmes en raison notamment des mines et du manque d'eau (Africa Rights & Mines Advisory Group déc. 1993, 43-44). De plus, en dépit d'une relative stabilité par rapport au reste de la Somalie, on constate néanmoins au Somaliland une certaine insécurité qui a empêché certaines organisations internationales et non gouvernementales d'entamer des programmes de réintégration (World Refugee Report juill. 1993, 23, 44). En témoignent une attaque à la bombe du bureau des Nations Unies à Hargeisa en 1993 (Horn of Africa Bulletin mars-avr. 1993, 26) ainsi qu'un incident qui s'est produit en mars 1994 près d'Hargeisa et au cours duquel des bandits ont tiré sur un avion qui transportait des tentes pour le HCR (AFP 29 mars 1994).
Comme l'indique la section 5, à la suite de l'éclatement de combats à Hargeisa en octobre et en novembre 1994 et du déplacement de population que cela a provoqué, le HCR a reporté la mise en oeuvre de son programme de rapatriement volontaire (Reuters 22 nov. 1994; ibid. 28 nov. 1994).
4. AUTRES ENJEUX
S'opposant vigoureusement à la sécession du Nord, les diverses factions somaliennes ont affirmé, lors des conférences d'Addis-Abeba, du Caire et plus récemment de Nairobi, le caractère sacré de l'unité somalienne (Results s.d.; New African mai 1994b, 8; The Christian Science Monitor 6 janv. 1994). Les organisations politiques telles l'Association démocratique somalienne (ADS) et le Parti somalien unifié (PSU), qui représentent respectivement les intérêts des Gadabuursis et des Daroods (Warsengalis et Dolbahantés), ont pris position contre la sécession (Leatherbee, Leah et Bricker janv. 1994, 29). De plus, en avril 1994, le premier chef d'Etat de la république autoproclamée, l'actuel président du Mouvement national somalien Abdirahman « Tour », a déclaré, lors d'une conférence de presse dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba, son opposition à la sécession (Reuters 30 avr. 1994). Il a par ailleurs ajouté que [traduction] « la voie empruntée par le peuple somalien, aussi bien dans le Sud que dans le Nord, pour résoudre la crise somalienne n'a pas donné les résultats escomptés » (AP 29 avr. 1994). L'actuel président du Somaliland, Mohamed Egal, a pour sa part qualifié M. Ahmed Ali de traître (AFP 29 avr. 1994) et a affirmé que les gens du Nord ne voulaient pas « confier leur destinée à un pouvoir central à Mogadiscio » (Marchés tropicaux 28 janv. 1994, 163). Ainsi, selon Reuters, [traduction] « le Nord-Ouest est toujours menacé par des guerres claniques entre les milices ethniques qui veulent garder leur indépendance et celles qui veulent rejoindre le reste de la Somalie. » (Reuters 10 févr. 1994).
5. EVENEMENTS SURVENUS A HARGEISA DE SEPTEMBRE A DECEMBRE 1994
Comme l'expliquent brièvement les paragraphes ci-dessous, les mesures prises par le gouvernement pour reprendre le contrôle de l'aéroport d'Hargeisa tenu par le sous-clan Eidagale (voir la section 2.3) a provoqué des affrontements violents dans la capitale d'octobre à décembre 1994 et la fuite de milliers de personnes de la ville. Bien que les résultats et les effets indirects de ces affrontements à long terme demeurent imprécis, la brève chronologie des événements qui suit pourra aider le lecteur à analyser l'influence de ces événements sur l'avenir du Somaliland.
Septembre
L'aéroport d'Hargeisa est fermé en raison de combats entre les partisans de l'ancien président du Somaliland, Abderahman Mohahmed Ali, et les troupes gouvernementales (AP 26 nov. 1994).
9 octobre
Selon Radio Hargeisa, un rapport vient d'être présenté à une séance conjointe du parlement et du sénat pour annoncer une entente entre les Aînés du clan et les troupes gouvernementales sur le contrôle de la route qui relie Berbera à Hargeisa. La question du contrôle de l'aéroport d'Hargeisa demeure entière (BBC Summary 25 oct. 1994).
16 octobre
Le président Egal déclare que les forces du gouvernement ont pris le contrôle de l'aéroport d'Hargeisa, soi-disant en réaction aux attaques de milices contre les troupes gouvernementales sur la route entre Hargeisa et Berbera (Reuters 16 oct. 1994; BBC Summary 24 oct. 1994). Selon Radio Hargeisa, [traduction] « le président a souligné qu'aucun clan n'avait subi la défaite durant l'opération, en ajoutant qu'il s'agissait d'un affrontement militaire entre la nation et un groupe d'ennemis de la nation » (ibid.).
Du 14 au 30 novembre
Des miliciens de clans (aussi appelés rebelles) et des forces gouvernementales se livrent des combats à Hargeisa (AFP 18 nov. 1994; Reuters 22 nov. 1994; ibid. 10 déc. 1994; Indian Ocean Newsletter 26 nov. 1994; SNU 21 nov. 1994). Selon le président Egal, plus de 30 personnes sont tuées et 100 blessées au cours de ces affrontements (Reuters 24 nov. 1994). Par miliciens, on entend soit des partisans ou alliés d'Abderahman Mohamed Ali, soit des membres du clan Eidagale [ On trouve aussi les variantes orthographiques « Idagalle » (SNU 21 nov. 1994), « Idagale » (Indian Ocean Newsletter 26 nov. 1994) et « Ida Gale » (Reuters 28 nov. 1994).], un sous-clan Issaq (AFP 26 nov. 1994; Indian Ocean Newsletter 26 nov. 1994; Reuters 28 nov. 1994; SNU 21 nov. 1994). Egal les auraient qualifiés de [traduction] « jeunes garçons » (AFP 18 nov. 1994).
Des milliers de personnes quittent Hargeisa, certains franchissant la frontière pour se rendre en Ethiopie (Reuters 22 nov. 1994; AFP 26 nov. 1994; Reuters 22 nov. 1994; ibid. 28 nov. 1994).
1er décembre
Selon une dépêche de Reuters, le président Egal dit avoir repoussé une attaque des forces rebelles contre Hargeisa (Reuters 10 déc. 1994). On signale en outre dans cette dépêche que [traduction] « les organisations de secours en Ethiopie et à Djibouti estiment que jusqu'à 60 p. 100 des habitants d'Hargeisa ont quitté la ville depuis le début des combats » (ibid.).
6. ANNEXE 1 - LISTE DES MEMBRES DU GOUVERNEMENT DU SOMALILAND*
Clans Titres Noms Etat
Issaq Président Mohamed Ibrahim Ega l Civil
Gadabuursi Vice-président Abdurahman Aw Ali Mil.
Dolbahanté Président du Ahmed Abdi Habsadey Mil.
parlement
Issaq Défense Dahir Warsame Mil.
Réhabilitation Yusuf Jama Burale Civil
et reconstruction
Elevage et forêts Ali Caddé Civil
Arap Postes et Osman Adel Dool (Qualé) Civil
Télécommunications
Commerce et Mohamed Ahmed Ibrahim Mil.
Industrie Dahib Gurey
Eidagalé Religion Cabdirahman Cagib Civil
Finances Ibrahim Abdi Musa Civil
Habar Jelo Planification Abdillahi Mohamed Dualé Civil
Affaires extérieures Osman Abdillahi Jama Civil
Education Suleiman Mohamoud Aden Civil
dit « Gaal »
Saad Musa Intérieur Musa Bihi Abdi Mil.
Agriculture Haibé Omar Magan Civil
Darood* Ressources minérales Mohamed Ali Attayé Civil
Dolbahanté et hydrauliques
Santé et Travail Yacin Houssein Civil
Affaires sociales Deqa Ouljog Civil
(ministre d'Etat)
Gadabuursi Information Yusuf Ibrahim Sheikh Civil
Travaux publics Abdi Mohamoud Gaagalé Civil
Issa Justice Abdillahi Gireh Robleh Civil
(Horn of Africa Bulletin juill.-août 1993, 25; Good 26 mai 1994; Hersi 24 mai 1994).
* Les Warsengalis (un sous-clan des Daroods) ne sont pas représentés au sein de l'actuel gouvernement.
REFERENCES
Agence France Presse (AFP). 26 novembre 1994. « Refugees Flee Somaliland Fighting for Ethiopia ». (NEXIS)
Agence France Presse (AFP). 18 novembre 1994. « Somaliland Troops Crush Insurrection, Ruler Says ». (NEXIS)
Agence France Presse (AFP). 29 avril 1994. « Somaliland Must Rejoin Somalia: Former President ». (NEXIS)
Agence France Presse (AFP). 29 mars 1994. « Aid Aircraft Damaged by Gunfire in Somalia ». (NEXIS)
Agence France Presse (AFP). 10 février 1994. « Two British MP's Kidnapped in Somalia ». (NEXIS)
Agence France Presse (AFP). 8 mai 1993. « Mohamed Ibrahim Egal Elected President of Somaliland ». (NEXIS)
Africa Report [New York]. Mai-juin 1993. Rakiya Omaar. « Somalia : The Best Chance for Peace ».
Africa Rights & Mines Advisory Group. Décembre 1993. Violent Deeds Live On : Landmines in Somalia and Somaliland.
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