NIGÉRIA : TRAITEMENT DES OPPOSANTS POLITIQUES, DES DÉFENSEURS DES DROITS DE LA PERSONNE ET DES JOURNALISTES
- Author: Research Directorate, Immigration and Refugee Board, Canada
- Document source:
-
Date:
1 November 1997
GLOSSAIRE
CD Campagne pour la démocratie (Campaign for Democracy)
CDHR Comité de défense des droits de la personne (Committee for the Defense of Human Rights)
CLO Organisation pour la défense des libertés civiques (Civil Liberties Organisation)
CNC Comité pour un consensus national (Committee for National Consensus)
CRP Projet des droits constitutionnels (Constitutional Rights Project)
DA Alternative démocratique (Democratic Alternative)
DPN Parti démocratique du Nigéria (Democratic Party of Nigeria)
FIIB Bureau fédéral de renseignements et d'enquêtes (Federal Intelligence and Investigation Bureau)
GDM Mouvement démocratique de base populaire (Grassroot Democratic Movement)
MOSOP Mouvement pour la survie du peuple ogoni (Movement for the Survival of the Ogoni People)
NADECO Coalition démocratique nationale (National Democratic Coalition)
NCP Conscience nationale (National Conscience Party)
NCPN Parti national du centre du Nigéria (National Centre Party of Nigeria)
Nalicon Conseil de libération nationale (National Liberation Council)
NECON Commission électorale nationale du Nigéria (National Electoral Council of Nigeria)
PRC Conseil de décision provision (Provisional Ruling Council)
RDI Radio Democrat International
SSS Services de sécurité de l'État (State Security Service)
UAD Action unie pour la démocratie (United Action for Democracy)
UDFN Front démocratique uni du Nigéria (United Democratic Front of Nigeria)
UNCP Congrès uni du Nigéria (United Nigerian Congress Party)
Remarque : les termes, expressions et acronymes indiqués ci-dessus ont été traduits pour faciliter la lecture. Toutefois, il ne s'agit pas de traductions officielles, le français n'ayant pas statut officiel au Nigéria.
CARTE
Voir original
Source : Africa Confidential. 9 septembre 1994.
1. INTRODUCTION
Le présent exposé, qui fait suite au document de la Direction de la recherche publié en juillet 1996 et intitulé Nigéria : chronologie des événements, février 1995 - mars 1996, examine le traitement des opposants politiques, des défenseurs des droits de la personne et des journalistes au Nigéria. Afin de bien comprendre la situation de ces groupes, le document fait un survol des développements politiques depuis mars 1996.
2. DÉVELOPPEMENTS POLITIQUES DEPUIS MARS 1996
Des élections des gouvernements locaux se sont déroulées en mars 1996 en l'absence de partis politiques alors frappés d'interdiction (L'état du monde 1997, 215; Political Handbook of the World: 1997 1997, 623). On a prévu d'autres élections des gouvernements locaux à la fin 1996 afin de tenir compte du redécoupage territorial et de permettre aux partis politiques dûment enregistrés de participer (L'état du monde 1997, 215; Political Handbook of the World: 1997 1997, 623; Jeune Afrique 19-25 juin 1996). Dans la perspective de la transition[1]1, en juin 1996, la Commission électorale du Nigéria (NECON) a donc défini par réglementation les conditions que devaient remplir les partis politiques pour pouvoir s'enregistrer pour les élections; des 23 formations politiques qui ont acheté les formulaires pour s'enregistrer, de 15 à 18 d'entre elles ont pu soumettre leur demande dans les délais prescrits qui varient de quatre à six semaines selon les sources (Political Handbook of the World: 1997 1997, 625; Country Reports 1996 1997, 218; AFP 30 sept. 1996). Le 30 septembre 1996, la NECON a reconnu officiellement cinq partis politiques qui pouvaient prendre part au scrutin : le Congrès uni du Nigéria (United Nigeria Congress Party - UNCP), le Comité pour un consensus national (Committee for National Consensus - CNC), le Parti national du centre du Nigéria (National Centre Party of Nigeria - NCPN), le Parti démocratique du Nigéria (Democratic Party of Nigeria - DPN) et le Mouvement démocratique de base populaire (Grassroot Democratic Movement - GDM) (Africa confidential 18 oct. 1996; AFP 30 sept. 1996; Political Handbook of the World: 1997 1997, 625-626). La sélection des partis s'est effectuée suivant un système de pointage établi, selon le président de la NECON, en fonction de critères tels que l'étendue de l'adhésion des membres, le réseau administratif ainsi que l'approche des problèmes (Africa Research Bulletin 28 nov. 1996, 12434). La NECON a ordonné aux partis qui n'avaient pas été sélectionnés de se dissoudre (Political Handbook of the World: 1997 1997, 625; Country Reports 1996 1997, 218; AI 1997, 245). Des opposants et observateurs ont dénoncé le processus de sélection des partis qui, selon eux, a été truqué (Political Handbook of the World: 1997 1997, 625; HRW 1997, 41). Les formations politiques qui n'ont pas réussi à obtenir l'assentiment officiel nécessaire ne peuvent poursuivre leurs activités en toute légalité (IPS 1er oct. 1996; Africa Research Bulletin 28 nov. 1996, 12434; New African déc. 1996).
Selon des observateurs, aucun des partis choisis ne constitue une véritable opposition au régime du président Abacha (Political Handbook of the World: 1997 1997, 625; AI 1997, 245; DPA 25 févr. 1997; Country Reports 1996 1997, 218); les partis en question auraient nié ces allégations (DPA 9 janv. 1997). Selon des sources d'information, les leaders de ces cinq partis seraient des proches des militaires au pouvoir (Africa confidential 18 oct. 1996; New African déc. 1996; NADECO 2 oct. 1997). En outre, parmi ces cinq partis, certains ont dit souhaiter qu'Abacha se présente aux prochaines élections présidentielles puisqu'il serait le candidat qui amènerait le consensus (Reuter 18 mars 1997). Or, Reuter fait remarquer que ces mêmes partis ont remporté le plus de sièges aux élections de mars 1997 (voir plus loin dans la présente section) (ibid.). Selon une source d'information, les instances du Congrès uni du Nigéria pour l'instauration de la démocratie (United Nigerian Congress Party - UNCP) ont même livré une campagne pour que tous les partis appuient la candidature d'Abacha aux prochaines élections (The Economist 22 mars 1997). Les cinq partis seraient heureux de voir Abacha élu comme président en 1998 (Le Monde 10 juill. 1997; Africa Fund 26 avr. 1997).
En octobre 1996, le général Abacha a annoncé que la passation du pouvoir à un gouvernement civil élu démocratiquement par le peuple se ferait le 1er octobre 1998 (Political Handbook of the World: 1997 1997, 624; Reuter 25 oct. 1996). Le général Abacha a annoncé également au cours du même mois que six nouveaux États étaient créés pour favoriser la décentralisation et que 183 nouvelles municipalités étaient établies (Political Handbook of the World: 1997 1997, 623; New African déc. 1996); cette annonce s'inscrit dans le processus de transition (AFP 2 oct. 1996; Africa confidential 18 oct. 1996). Cette addition porte à 36 le nombre total d'États (AFP 2 oct. 1996; New African déc. 1996; IPS 1er oct. 1996). Une source d'information fait remarquer que le redécoupage va contribuer en réalité à renforcer le pouvoir central étant donné les maigres ressources financières de la plupart des États (New African déc. 1996). Par ailleurs, Le Monde précise que le général Abacha a prolongé l'administration militaire des États jusqu'au scrutin de 1998 (10 juill. 1997).
Les nouvelles élections des gouvernements locaux prévues pour décembre 1996 ont été repoussées en mars 1997 (Country Reports 1996 1997, 220; DPA 9 janv. 1997; AFP 14 janv. 1997). Une source d'information fait observer que le respect de l'échéancier de transition revêt une grande importance pour de nombreux nigérians : ils ont trop vécu de déceptions de voir le programme de transition subir plusieurs années de retard (DPA 9 janv. 1997). D'autres, à défaut de connaître les partis en lice, accordent peu d'intérêt aux retards du programme électoral municipal (ibid.). Par ailleurs, des observateurs vont jusqu'à remettre en question la crédibilité du processus de transition politique (Africa confidential 18 oct. 1996; Jeune Afrique 19-25 juin 1996; NADECO 2 oct. 1997). West Africa souligne qu'en dépit des critiques, toutes les tendances politiques acceptent l'échéancier prévu (29 juill.-4 août 1996).
L'inscription des électeurs, phase cruciale du programme de transition, s'est terminée à la mi-février 1997 (AFP 19 févr. 1997; Africa Research Bulletin 24 mars 1997, 12570). Des observateurs ont signalé que la compilation de la liste électorale avait été entachée d'irrégularités (ibid.; AFP 19 févr. 1997); les autorités ont démenti ces allégations (ibid. 13 mars 1997; Africa Research Bulletin 24 mars 1997, 12570). L'opposition qui continue de dénoncer le régime militaire, a choisi de boycotter les élections des gouvernements locaux de mars 1997 (AFP 13 mars 1997; Reuter 18 mars 1997). Il s'agissait des premières élections multipartites depuis celles de 1993 (DPA 9 janv. 1997; AFP 16 mars 1997; Reuter 18 mars 1997). Selon une source d'information, des observateurs américains auraient déclaré que les élections ont été libres et honnêtes (Africa Research Bulletin 25 avr. 1997, 12610). Par contre, d'autres sources d'information signalent que de nombreuses irrégularités ont été commises (The Africa Fund 26 avr. 1997; Africa Analysis 13 juin 1997, 3; NADECO mai 1997).
L'UNCP est sorti grand vainqueur des élections, même dans les États qui avaient voté plutôt en faveur de Moshood Abiola lors des présidentielles de 1993 (voir la section 3.2); l'UNCP a été suivi du Parti démocratique du Nigéria (Democratic Party of Nigeria - DPN) (Reuter 18 mars 1997; The Economist 22 mars 1997; Africa Research Bulletin 25 avr. 1997, 12610). La Coalition démocratique nationale (National Democratic Coalition - NADECO), un parti d'opposition qui n'était pas admissible à prendre part dans la course, a remis en question les élections des gouvernements locaux. En effet, elle est d'avis que les partis en lice n'avaient aucun programme et qu'ils étaient uniquement motivés par l'attrait du pouvoir, étant tous favorables au programme de la junte militaire (The Economist 22 mars 1997; NADECO mai 1997).
Les militants pour l'instauration de la démocratie craignent que la transition ne soit compromise si le calendrier électoral souffre d'autres retards (Reuter 23 mai 1997; AFP 2 juill. 1997). Ils doutent que le général Abacha ne soit réellement fidèle à sa promesse de restaurer la démocratie (IPS 8 juill. 1997; Reuter 23 mai 1997; Swiss Review of World Affairs 1er oct. 1997). Au contraire, les cinq partis politiques enregistrés se réjouissent du fait que les élections aient été repoussées (IPS 8 juill. 1997; Reuter 23 mai 1997); ils l'avaient même demandé (AFP 2 juill. 1997; PANA 4 juill. 1997). Les élections des gouverneurs auront lieu le 1er août 1998 plutôt qu'à la fin de l'année 1997 tel que prévu initialement (IPS 8 juill. 1997; AFP 2 juill. 1997; APS 22 sept. 1997). Quant aux élections législatives de chaque État, elles se tiendront en décembre 1997 mais les élus ne seront pas assermentés avant le 21 septembre 1998 (IPS 8 juill. 1997; APS 22 sept. 1997). À l'échelle fédérale, le parlement sera élu le 25 avril 1998; suivra ensuite le scrutin présidentiel qui se tiendra le 1er août 1998 (IPS 8 juill. 1997; AFP 2 juill. 1997).
Enfin, selon une source d'information, des personnalités notoires du Nigéria craignent l'impact que pourrait avoir sur le pays le fait que le régime militaire s'accroche au pouvoir encore quelques années directement ou indirectement en contrôlant un gouvernement civil fantoche (Manchester Guardian Weekly 13 juill. 1997).
3. L'OPPOSITION POLITIQUE
3.1 Structure de l'opposition politique
Différents groupes composent la toile politique nigériane. Une source d'information les classe en trois catégories : la première, comprenant ceux qui ont déjà géré le pays (civils et militaires) et qui sont plutôt favorables au régime; la deuxième, formée des « pragmatiques », plus soucieux de voir une autorité civile mise en place, qui font néanmoins confiance au programme de transition du général Abacha; et la troisième, incluant les adversaires les plus farouches du régime, que l'on retrouve plus particulièrement dans le sud du pays (L'état du monde 1997, 218). Ces derniers agissent à l'intérieur du pays mais sont soutenus aussi de l'extérieur du Nigéria par un grand nombre d'opposants qui ont dû chercher refuge en Europe ou aux États-Unis et qui demeurent actifs sur le plan politique (NADECO 2 oct. 1997; APIC 30 nov. 1996).
L'opposition principale au régime est la Coalition démocratique nationale (National Democratic Coalition - NADECO) qui a été créée en 1994 par d'anciens politiciens, des officiers de l'armée à la retraite ainsi que des défenseurs des droits de la personne (ibid.; NADECO 2 oct. 1997). Comme son nom l'indique, la NADECO est une coalition regroupant un grand nombre d'organismes qui luttent pour l'instauration de la démocratie (ibid.; PANA 4 juill. 1997). Elle revendique notamment la passation du pouvoir aux mains d'un gouvernement intérimaire dirigé par le chef Abiola (Political Handbook of the World: 1997 1997, 626; Africa Analysis 5 sept. 1997). Sa première grande mobilisation a connu un échec en 1994 du fait d'une intervention policière (NADECO 2 oct. 1997; AFP 20 mai 1997). Depuis lors, son action, sous la forme de conférences, de réunions, ou de distribution de tracts est souvent contrecarrée par les forces de l'ordre (NADECO 2 oct. 1997; CDHR 17 oct. 1997). Un des dirigeants de la NADECO, Michael Adekunle Ajasin, a succombé à une crise cardiaque le 3 octobre 1997 (AFP 5 oct. 1997; Xinhua 5 oct. 1997). La NADECO a deux délégations à l'étranger, l'une à Londres, l'autre à Washington (NADECO 2 oct. 1997).
Le Conseil de libération nationale du Nigéria (National Liberation Council of Nigeria - Nalicon) a été fondé en 1995 par l'écrivain et prix Nobel, Wole Soyinka, qui est en exil depuis novembre 1994, ainsi que par 16 autres opposants (Political Handbook of the World: 1997 1997, 626; NADECO 2 oct. 1997). Situé à l'étranger, le groupe oeuvre également pour le rétablissement de la démocratie (ibid.; Ihonvbere 14 oct. 1997). En juin 1996, le Nalicon a décidé de lancer sa propre station de radio pour dénoncer le régime Abacha; elle diffuse depuis l'extérieur du pays sur des ondes courtes dans la clandestinité (AFP 30 juill. 1997; Ottawa Citizen 13 mars 1997; New African oct. 96;). La station, « Radio Democrat Nigeria International », a été renommée « Radio Kudirat » en l'honneur de l'épouse du chef Abiola qui a été assassinée en juin 1996 (voir la section 3.2) (RDI 27 août 1996; Africa Research Bulletin 24 oct. 1996, 12401).
En avril 1996, le professeur Soyinka a annoncé la création du Front démocratique uni du Nigéria (United Democratic Front of Nigeria - UDFN) par des groupes d'opposition en exil (AFP 1er avr. 1996; Political Handbook of the World: 1997 1997, 626; NADECO 2 oct. 1997); l'UDFN prône une approche non violente pour faciliter la restauration de la démocratie (AFP 1er avr. 1996; Africa Research Bulletin 23 mai 1996, 12232; Africa News avr. 1996). L'UDFN cherche à renforcer l'action de la société civile au Nigéria (Ihonvbere 14 oct. 1997). Issu du sommet sur la démocratie tenu en Norvège en mars 1996, l'UDFN rassemble plusieurs organisations qui ont choisi de conjuguer leurs efforts en vue de l'établissement de la démocratie au Nigéria, tenant compte du mandat confié par les électeurs lors du scrutin de 1993 (UDFN 31 mars 1996; Africa Research Bulletin 23 mai 1996, 12232; APIC 30 nov. 1996). Les organisations suivantes appartiennent à l'UDFN : l'Action Group for Democracy (AGD), l'African Democratic League (ADL), la Campaign for Democracy (CD), la Coalition for Democratic Awareness (CDA), la Democratic Alternative (DA), la National Alliance for Democracy (NAD), le National Democratic Alliance Committee (NDAC), la National Democratic Coalition (NADECO), la National Freedom Foundation (NFF), le National Liberation Council of Nigeria (Nalicon), le New Nigerian Forum (NNF), le Nigerian Democratic Movement (NDM) et le Nigerian Liberation Group (NLG) (UDFN 31 mars 1996).
Des observateurs estiment que l'opposition n'est pas en mesure de mobiliser la population à l'intérieur du pays (L'état du monde 1997, 217; AFP 20 mai 1997). De plus, la NADECO qui a pourtant une envergure nationale, serait fragilisée du fait que ses dirigeants sont régulièrement emprisonnés ou qu'ils ont fui le pays (ibid.; New African avr. 1997).
Outre l'opposition politique, il existe d'autres groupes qui luttent pour le respect des droits de la personne et l'établissement de la démocratie, et plus particulièrement la CD, le Comité de défense des droits de la personne (Committee for the Defense of Human Rights - CDHR), l'Organisation pour la défense des libertés civiques (Civil Liberties Organisation - CLO), le Projet des droits constitutionnels (Constitutional Rights Project - CRP), la National Association of Lawyers for the Defense of Human Rights (NALDHR) et Human Rights Africa (Ihonvbere 14 oct. 1997; NADECO 2 oct. 1997). La structure de ces organismes varie d'un groupe à l'autre : certains groupes ont des leaders ayant une grande visibilité, d'autres ont des antennes dans des universités, d'autres encore fonctionnent en comités (Ihonvbere 14 oct. 1997; CDHR 17 oct. 1997).
Formée en 1991, la CD est un regroupement d'une quarantaine d'organismes des droits de la personne, du travail et du domaine social, qui oeuvre pour le retour de l'autorité civile (Political Handbook of the World: 1997 1997, 626; AFP 20 mai 1997; Africa Research Bulletin 23 juin 1997, 12687, NADECO 2 oct. 1997).
Le Mouvement pour la survie du peuple ogoni (Movement for the Survival of the Ogoni People - MOSOP) revendique la reconnaissance des droits de l'ethnie ogonie, concentrée au sud-ouest du pays, et exerce des pressions sur le gouvernement en vue d'une répartition plus équitable des revenus du pétrole de cette région (Political Handbook of the World: 1997 1997, 626; AFP 20 mai 1997). Son chef, Ken Saro-Wiwa, ainsi que huit autres ogonis, avaient été pendus en novembre 1995 après avoir été trouvés coupables du meurtre de quatre dirigeants ogonis favorables au régime[2]2; la plupart des observateurs ont signalé que le procès avait été marqué de graves irrégularités (Political Handbook of the World: 1997 1997, 626; AFP 20 mai 1997; Courrier international 12-18 déc. 1996; AI 6 nov. 1996; Country Reports 1995 1996).
Au mois de mai 1997, 22 organisations qui luttent pour l'instauration de la démocratie et la défense des droits de la personne ont décidé de s'unir sous la nouvelle bannière de l'Action unie pour la démocratie (United Action for Democracy - UAD) afin de mettre ensemble leurs efforts pour le rétablissement d'une autorité civile choisie par le peuple (AFP 20 mai 1997; Africa Research Bulletin 23 juin 1997, 12687; Post Express Wired 20 mai 1997). La CD, le MOSOP et le CLO font partie de cette coalition (AFP 20 mai 1997; Africa Research Bulletin 23 juin 1997, 12687; Post Express Wired 20 mai 1997). Selon le Post Express, l'UAD compte également dans ses rangs le CRP, la DA, la National Association of Nigerian Students (NANS), le MOSOP, l'Association of Democratic Citizens (ADC), les Journalists for Democratic Rights (JODER), l'United Democratic Alliance (UDA), Media Rights Agenda (MRS), le People's Labour Movement (PLM), la Community Action for Popular Participation (CAPP), la Campaign for Independent Unionism (CIU), Human Rights Monitor (HRM), la Kano Democratic League (KDL), Abuja Coalition (AC), le Jos Democratic Movement (JOM), Rivers Coalition et Senior Staff Consultative Assembly of Nigeria (SESCAN), Kaduna Alliance for Democracy (KAD), United Workers'Action Group (UWAG) et African Redemption Monitor (ARM) (ibid.). Le regroupement exige entre autre le transfert immédiat du pouvoir à un gouvernement de transition d'unité nationale et la libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques (ibid.; Africa Research Bulletin 23 juin 1997, 12687). L'UAD qui opère à l'intérieur du pays, collabore étroitement avec l'UDFN qui agit depuis l'extérieur du Nigéria (Ihonvbere 14 oct. 1997).
Political Handbook of the World: 1997 mentionne d'autres groupes qui sont actifs dont l'Union du mandat de l'est (Eastern Mandate Union), qui provient du sud-est du pays; le Movement for National Reconciliation; le National Conscience Party (NCP); la National Unity Organization créée par l'ancien chef d'État Olusegun Obasanjo pour appuyer la candidature d'Abiola aux élections de 1993; le Nigerian People's Movement, un regroupement de l'ethnie Ibo, de l'est nigérian; et l'United Democratic Congress (1997, 626).
Enfin, une source d'information avance qu'il y aurait des dissensions entre les différents groupes d'opposition en exil (Africa Analysis 8 août 1997, 3), ce que réfute la NADECO (2 oct. 1997). Africa Analysis souligne que si les groupes visent tous ultimement le départ du général Abacha, certains ont assoupli leur position et cessé de revendiquer fermement la reconnaissance des résultats électoraux de juin 1993 (5 sept. 1997, 3); par contre, la NADECO aurait beaucoup à perdre si elle faisait des concessions sur ce point, car elle y laisserait sans doute le grand soutien de sa région d'origine, Yoruba, située au sud-ouest du Nigéria (ibid.). Ceux qui, à l'intérieur du pays, optent pour une approche plus directe pour déloger les militaires se rangent du côté de l'UAD; on dit que leur action pourrait être plus efficace que celle menée de l'extérieur du pays par la NADECO (ibid.). D'autres sources d'information font état également de divisions entre les groupes d'opposition sur la question de l'annulation des élections de 1993 (Reuter 21 mai 1997; DPA 20 mai 1997). Le professeur Ihonvbere souligne que malgré certaines différences de vues, le Nalicon coopère avec la NADECO (14 oct. 1997).
3.2 Traitement des opposants politiques
L'opposition politique n'aurait pas véritablement le droit de s'exprimer librement et ses dirigeants continueraient d'être intimidés ou détenus (Manchester Guardian Weekly 13 juill. 1997; HRW 1997, 42; Libération 11 nov. 1996; CDHR 17 oct. 1997); plusieurs, craignant pour leur vie, ont préféré quitter le pays (New African avr. 1997; Le Monde 6 juin 1996; Manchester Guardian Weekly 13 juill. 1997; NADECO 2 oct. 1997). Les plus grands leaders de l'opposition qui n'ont pas choisi de quitter le pays se retrouvent en prison (Africa Confidential 18 oct. 1996; Jeune Afrique 19-25 juin 1996; AFP 20 mai 1997; Ihonvbere 14 oct. 1997). D'autres font face à des menaces de mort et ou se sentent suivis (New African avr. 1997). La NADECO signale que si d'autres militants jouent un rôle comme la distribution de tracts, les appels téléphoniques, ou même de faire parvenir une lettre d'un organisme qui lutte pour la démocratie à son destinataire, il est préférable qu'ils vivent dans la clandestinité pour un certain temps ou qu'ils soient portés disparus (2 oct. 1997). Enfin, selon leur degré d'engagement et leur participation aux activités de groupes qui luttent pour la démocratie, les militants peuvent faire l'objet de menaces et d'autres formes d'intimidation par les autorités (ibid.; Momodu 22 oct. 1997). Si une personne est arrêtée, par exemple à un barrage routier ou encore lors de célébrations de journées commémoratives, et qu'elle est en possession d'une carte de membre d'une organisation qui lutte pour la démocratie, les forces de sécurité n'hésiteront pas à l'emprisonner (Ihonvbere 14 oct. 1997; CDHR 17 oct. 1997).
IPS a rapporté les propos de l'évêque du diocèse d'Owo, Monseigneur Awelewa Adebiyi, selon lequel les Nigérians craignent de s'exprimer librement de peur d'être considérés comme des partisans de la NADECO (IPS 8 juill. 1997; voir également ibid. 24 juin 1996). Le CDHR soutient que les militants en faveur de la démocratie, surtout les membres de la NADECO, sont victimes de « répression » de la part des autorités gouvernementales (5 sept. 1997; voir également IPS 21 juin 1996). Le CDHR précise de plus que les mesures d'intimidation se font sentir surtout dans les grandes villes et plus particulièrement au sud-ouest du pays; dans les villages, les gens n'osent pas participer à des activités visant l'instauration de la démocratie par crainte des autorités (17 oct. 1997).
Les autorités nigérianes ont raffermi leurs mesures contre les opposants en 1996 (AFP 13 déc. 1996; L'état du monde 1997, 217). En 1995 et 1996, elles auraient attribué à la NADECO la responsabilité de différents actes de violence (ibid.). De plus, les autorités auraient arrêté plus d'opposants qu'elles n'en auraient libéré (Manchester Guardian Weekly 13 juill. 1997).
Amnesty International fait mention également du traitement qui est réservé au pays à des proches de leaders en exil d'organisations qui luttent pour la démocratie : elle signale notamment la détention arbitraire comme un moyen d'intimidation auquel les autorités ont recours, comme cela a été le cas de Sabina Solayide Iluyomade et de sa fille Folake le 19 février 1997 (30 avr. 1997, 2). Une autre source d'information signale également l'arrestation de l'épouse et de la fille du directeur de rédaction de Tell, Nosa Ogiebor (AP 15 sept. 1997). D'autres sources d'information expliquent que la détention des enfants d'opposants sert d'appât pour pouvoir arrêter leurs parents qui viendraient les chercher (HRW 1997, 42; Country Reports 1996 1997, 213).
Amnesty International décrit la situation comme suit : [traduction] « La détention arbitraire constitue toujours une menace pour les militants des droits de la personne qui prennent la parole contre le gouvernement ou qui critiquent la façon dont ce dernier, afin d'exclure les véritables groupes d'opposition, manipule la transition actuelle devant mener à un gouvernement civil » (30 avr. 1997, 2). Le gouvernement perçoit les groupes d'opposition comme des dissidents (NADECO 2 oct. 1997).
Adopté en 1996, le décret no 1 criminalise le fait de formuler des critiques ou de donner une fausse image du programme de transition (HRW 1997, 42; IFEX 5 août 1997). Quant au décret no 2 mis en oeuvre par les régimes militaires antérieurs, il a été maintenu en vigueur; il accorde aux autorités le pouvoir de détenir toute personne qui porte atteinte à la sécurité de l'État sans avoir à lui faire subir un procès (Country Reports 1996 1997, 213; IPS 10 sept. 1996; CDHR 17 oct. 1997). Les autorités s'appuient sur ces décrets pour faire des arrestations d'opposants au régime (ibid.; Ihonvbere 14 oct. 1997).
Moshood Abiola qui avait apparemment remporté les élections présidentielles de juin 1993, a été arrêté et accusé de trahison en juin 1994 pour s'être déclaré vainqueur des élections (Africa News avr. 1996; L'état du monde 1997, 214; Political Handbook of the World: 1997 1997, 623). Il est toujours incarcéré (IPS 1er oct. 1997; Manchester Guardian Weekly 13 juill. 1997; Momodu 22 oct. 1997). Or, le 10 mai 1996, les autorités ont interpellé son épouse, Kudirat Abiola, qu'ils ont accusée de complot et de fausses déclarations[3]3; figure importante de l'opposition qui s'est aussi portée à la défense de son mari, Kudirat Abiola a été relâchée sous caution le 28 mai 1996 (International Herald Tribune 10 mai 1996; Le Monde 6 juin 1996; Africa Research Bulletin 23 juin 1996, 12276). Elle a été assassinée le 4 juin 1996 (HRW 1997, 41; L'état du monde 1997, 217; AI 1997, 247); selon des sources d'information, elle aurait été victime d'une exécution extrajudiciaire (ibid.; HRW 1997, 41; Keesing's juin 1996, 41128). La police a interrompu le 5 juin 1996 une manifestation pacifique organisée par des Nigérians qui ont défilé dans les rues d'Ibadan pour protester contre l'assassinat de Kudirat Abiola (Africa News juin 1996; Africa Research Bulletin 22 juill. 1996, 12309). La police a procédé à l'arrestation d'une douzaine de personnes (CDHR 17 oct. 1997; Africa News juin 1996); elles les a relâchées peu après (CDHR 17 oct. 1997).
Les autorités ont interpellé quatre membres du NADECO le 17 juin 1996 relativement au meurtre de Kudirat Abiola (RDI 23 juill. 1996; Reuter 20 juill. 1996; AI 1997, 247) et les ont maintenus en détention malgré un ordre de la haute cour fédérale de les relâcher étant donné qu'il n'existait pas de preuves suffisantes pour les accuser (RDI 23 juill. 1996; West Africa 22-28 juill. 1997; Reuter 20 juill. 1996). Un de ces membres, Onosoya, a été libéré pour des raisons de santé 16 jours après son arrestation (ibid.; RDI 23 juill. 1996), alors que les trois autres, Adesanya, Daudu et Adebanjo, sont demeurés incarcérés jusqu'à la mi-octobre 1996 (Libération 16 oct. 1996; AI 17 oct. 1996). En avril 1997, les enquêtes relatives à ce crime n'avaient toujours pas abouti (AFP 27 janv. 1997; New African avr. 1997).
L'ancien secrétaire général de la NADECO, Ayo Opadokun, qui était incarcéré a été libéré le 25 juillet 1996 mais appréhendé dès le lendemain (Country Reports 1996 1997, 214). Il a été détenu jusqu'à l'automne 1996 sans que des accusations ne soient portées contre lui (ibid.; DPA 4 oct. 1996; AI 17 oct. 1996; Africa News 4 oct. 1996).
En novembre 1996, Suliat Adedeji, femme d'affaires et haute dirigeante du NCPN, connue pour son franc parler, a été battue et assassinée dans sa maison par un groupe d'hommes armés (Country Reports 1996 1997, 212; AFP 15 nov. 1996; Reuter 23 nov. 1996).
Les autorités de la municipalité d'Owo, située dans l'État d'Ondo, ont menacé la NADECO et son président national, Michael Adekunle Ajasin[4]4, en décembre 1996; d'abord, lors d'une visite impromptue chez le chef Asajin, l'administrateur militaire, le commandant naval Anthony Onyerugbulem, l'a averti que les rencontres des membres de l'opposition à son domicile ne seraient plus permises parce qu'elles représentaient une menace pour le gouvernement et la population locale (AFP 13 déc. 1996; DPA 13 déc. 1996). Le maire d'Owo, Femi Idris, aurait ajouté plus tard que les autorités municipales ne pouvaient garantir la sécurité des membres de la NADECO (AFP 13 déc. 1996; DPA 13 déc. 1996). Radio Nigeria-Lagos a rapporté l'incident différemment, en signalant que le commandant Onyerigbunam s'était présenté à la résidence du chef Adekunle Ajasin pour lui faire part de ce que la population d'Owo était irritée de l'approche antagoniste de la NADECO (19 déc. 1996).
En janvier 1997, l'opposition a appris l'existence d'un complot visant l'assassinat de deux importants dirigeants de la NADECO, Abraham Adesanya et Michael Adekunle Ajasin, les deux seuls à être demeurés au Nigéria (AFP 11 janv. 1997; Xinhua 16 janv. 1997; New African avr. 1997). Déjà en juin 1996, Adesanya avait reçu un lettre contenant des menaces de mort (AFP 15 juin 1996; Africa News 29 janv. 1997). Or, des assaillants ont tenté de tuer Adesanya à Lagos le 15 janvier 1997 (AFP 19 janv. 1997; New African avr. 1997; AI 30 avr. 1997, 4). Des sources d'information rapportent que les enquêtes ouvertes pour élucider des assassinats de membres de l'opposition survenus vers la fin de l'année 1996 et au début de 1997 n'avaient pas progressé (AFP 27 janv. 1997; New African avr. 1997). Quant à la tentative de meurtre d'Adesanya, les autorités soutiennnent qu'elle résulte de discorde au sein de la NADECO (ibid.).
Les autorités ont imputé aux opposants la série d'attaques à la bombe survenues à Lagos entre le 4 novembre 1996 et le 7 janvier 1997 dont les cibles étaient essentiellement militaires et qui auraient causé la mort du chef de sécurité de l'aéroport et de deux soldats (AFP 22 janv. 1997b; PANA 8 mai 1997; AI 1997, 246). Un groupe inconnu, l'Organisation de libération du Nigéria (National Liberation Organization - NLO) a revendiqué les attentats mais le gouvernement accuse la NADECO et le Nalicon d'en être les auteurs réels[5]5 (AI 14 janv. 1997; New African mars 1997). Selon des sources d'information, les attentats n'ont jamais été revendiqués (AFP 22 sept. 1997; IPS 13 mars 1997). La NADECO a nié être impliquée d'une quelconque façon dans ces bombardements (AFP 22 janv. 1997b; Radio Kudirat Nigeria 29 nov. 1996). En décembre 1996, deux dirigeants de la NADECO, les chefs Olabiyi Durojaiye et Olu Falae, ont été emprisonnés en même temps que le président intérimaire de la CD, le Dr Frederick Fasheun, ainsi que d'autres leaders de groupes qui luttent pour la démocratie (AI 1997, 246; Country Reports 1996 1997, 214; AFP 22 janv. 1997b). Au total, 22 personnes soupçonnées d'avoir participé dans les bombardements ont été arrêtées au cours des mois de décembre 1996 et janvier 1997 (Xinhua 22 janv. 1997; AFP 11 févr. 1997; Africa News 22 janv. 1997). Puis, en mars 1997, le régime du général Abacha a formellement accusé une quinzaine d'opposants parmi lesquels Wole Soyinka, Olu Falae et Frederick Fasheun de trahison[6]6 (IPS 13 mars 1997; AFP 13 mars 1997; PANA 8 mai 1997). Onze des inculpés ont comparu en cour le 12 mars 1997 et les autres, absents du fait qu'ils vivent déjà en exil, ont néanmoins fait face aux mêmes accusations, c'est-à-dire d'avoir conspiré pour livrer la guerre au chef militaire du pays et posé des bombes pour mener leur plan à exécution (AFP 13 mars 1997; IPS 13 mars 1997; Africa Fund 26 avr. 1997). Des observateurs sont d'avis que les accusations ont été fabriquées de toutes pièces dans le but de maintenir en détention les opposants (IPS 13 mars 1997; HRW/Africa 13 mars 1997). Or, le tribunal d'Ikeja s'est déclaré incompétent pour juger des accusations de trahison et les a par conséquent rejetées (Radio Kudirat Nigeria 13 mai 1997; CDHR 5 sept. 1997). Cependant, selon la Nadeco, les accusés sont toujours maintenus en détention et il ne semble pas que les autorités entament un procès prochainement, préférant laisser ces opposants derrière les barreaux (NADECO 2 oct. 1997).
Comme le rapporte AFP, d'autres explosions ont causé la mort de deux personnes et fait 58 blessés; la police a pointé du doigt le Nalicon et la NADECO (30 juill. 1997). Toutefois, la NADECO nie être responsable des attentats à l'explosif (ibid.; Africa Confidential 12 sept. 1997, 6). Les cibles des attentats seraient toutes militaires (AFP 30 juill. 1997).
4. TRAITEMENT DES DÉFENSEURS DES DROITS DE LA PERSONNE
Un grand nombre d'organisations oeuvrant pour le respect et la promotion des droits de la personne sont actives au Nigéria mais leur travail est régulièrement entravé par les autorités nigérianes qui n'hésitent pas à arrêter les leaders ou les militants les plus critiques du régime (Country Reports 1996 1997, 220; Ihonvbere 14 oct. 1997; CDHR 17 oct. 1997; Momodu 22 oct. 1997). On compte au premier plan le CLO, le CDHR, le CRP, l'Association nationale des avocats démocrates (National Association of Democrat Lawyers - NADL), l'organisation Human Rights Africa, le Centre de recherche juridique et du développement des ressources (Legal Research and Resource Development Center) (Country Reports 1996 1997, 220; Ihonvbere 14 oct. 1997). À l'instar des opposants politiques, les leaders de mouvements de défense des droits de la personne ont connu l'incarcération au cours de 1996 (Jeune Afrique 19-25 juin 1996; AI 1997, 246). La situation demeurait inchangée en 1997 (CDHR 5 sept. 1997; Ihonvbere 14 oct. 1997; CDHR 17 oct. 1997). Plusieurs leaders de ces organisations sont forcés de se cacher, d'autres sont arrêtés à la suite d'accusations fabriquées de toutes pièces (ibid.; Ihonvbere 14 oct. 1997). De plus, s'afficher comme membre d'une organisation qui lutte pour la démocratie constitue un grand risque au Nigéria car les forces de sécurité n'hésitent pas à appréhender les personnes qui appartiennent à ces organisations, notamment si elles sont en possession d'une carte de membre de l'organisation au moment d'une arrestation (ibid.; CDHR 17 oct. 1997; Momodu 22 oct. 1997). Quant aux avocats de pratique privée, les ennuis qu'ils connaissent affectent leur pratique à tel point que des clients ne souhaitent plus faire affaire avec eux (Ihonvbere 14 oct. 1997). Le CDHR souligne également que lorsque les autorités apprennent qu'une organisation s'apprête à publier un document sur la situation des droits de la personne au pays, elles dépêchent les forces de sécurité au secrétariat de l'organisation pour saisir les copies du document qu'elles utilisent comme élément de preuve au soutien d'accusations de publication de matériel séditieux (17 oct. 1997).
Selon le CDHR, les militants des droits de la personne qui sont les plus sujets à connaître des ennuis des forces de sécurité se trouvent principalement dans les grandes villes (ibid.). Momodu est d'avis pour sa part que la situation est la même partout au pays (22 oct. 1997).
En mars et en avril 1996, une mission de l'Organisation des Nations Unies s'est rendue au Nigéria pour faire enquête sur des allégations de l'injustice qui aurait marqué le procès de Ken Saro-Wiwa et d'autres membres de l'ethnie ogonie[7]7 (AI 1997, 245; Country Reports 1996 1997, 216; West Africa 22-28 avr. 1996). Afin d'empêcher des défenseurs des droits de la personne au Ogoniland de communiquer avec la délégation onusienne, les autorités nigérianes les auraient maintenu en détention sans formuler d'accusations contre eux et sans tenir de procès (AI 1997, 246; HRW 1997, 43; Country Reports 1996 1997, 216; La Lettre hebdomadaire de la FIDH 11-18 avr. 1996). À l'issue du rapport de la mission de l'ONU, les autorités auraient libéré quelques prisonniers (Reuter 23 juill. 1997).
Alors qu'ils avaient obtenu la permission du tribunal pour que des photographies de leurs clients soient prises en cour, deux des avocats des prisonniers ogonis[8]8, ont été arrêtés au motif qu'ils avaient nui aux policiers qui cherchaient à arrêter le photographe (Country Reports 1996 1997, 215-216; AI 1997, 246). Ils avaient été relâchés à la fin de l'année 1996 mais continuaient d'être harcelés par les autorités en étant, par exemple, arrêtés de nouveau pour quelques jours (Country Reports 1996 1997, 216; Ihonvbere 14 oct. 1997). L'avocat Fawehinmi a été relâché en même temps qu'un autre avocat et défenseur des droits de la personne, Femi Falana, ainsi que Francis Aborishade, fervent démocrate et dirigeant de la NCP (AI 1997, 247; Country Reports 1996 1997, 213; DPA 20 nov. 1996). En juin 1995, les avocats Fawehinmi, Falana et leurs collègues chargés de défendre Ken Saro-Wiwa et des Ogonis avaient boycotté le procès pour protester contre les irrégularités commises (AI 1997, 247).
En 23 juin 1996, après près d'une année en réclusion sans accusation ni procès, des défenseurs des droits de la personne ont été relâchés, parmi ceux-ci on compte le directeur exécutif de CLO, Abdul Oroh, et le directeur de Human Rights Africa (HRA), Olatunji Abayomi (ibid.; Country Reports 1996 1997, 214; AFP 24 juin 1996; Africa Research Bulletin 22 juill. 1996, 12310). Abayomi a fait l'objet d'une arrestation de nouveau en août 1997 avant la remise d'un prix des droits de la personne par son organisme à la présidente de la cour constitutionnelle du Bénin; il a été libéré six jours plus tard (Africa Confidential 12 sept. 1997, 6; AFP 2 sept. 1997). Il a été interpellé une fois de plus le 25 septembre 1997 en même temps que quelque 70 personnes rassemblées pour une conférence portant sur la démocratie, à Jos au nord du Nigéria (AFP 25 sept. 1997; AP 26 sept. 1997; NADECO 2 oct. 1997; CDHR 17 oct. 1997). Le CDHR a souligné que 65 personnes, essentiellement des étudiants, ont été relâchées le même jour (ibid.). Abayomi et quatre autres personnes, également responsables du HRA, ont été libérés sous caution le 6 octobre 1997 (ibid.; AFP 7 oct. 1997; Ihonvbere 14 oct. 1997). Tous les cinq font face à des accusations de rassemblement illégal; la date de leur prochaine comparution en cour a été fixée au 8 décembre 1997 (AFP 7 oct. 1997; CDHR 17 oct. 1997).
En novembre 1996, trois représentants d'Amnesty International, Patrice Vahard, Eke Ubije et David Omounzuafo, ont été arrêtés et détenus pendant une journée pour « possession d'écrits séditieux »; ils devaient se rapporter aux autorités les jours suivants (AFP 9 nov. 1996; Country Reports 1996 1997, 221; AI 1997, 248).
Comme il a été mentionné précédemment, le Dr Fasheun, qui jouit d'une grande notoriété en tant que défenseur des droits de la personne, a été arrêté en décembre 1996; les autorités le soupçonnaient d'avoir joué un rôle dans la série de bombardements survenus à Lagos peu de temps avant (AFP 30 janv. 1997; AI 30 avr. 1997). La haute cour fédérale avait ordonné la libération du Dr Fasheun en janvier 1997 (AFP 22 janv. 1997a), mais le gouvernement est allé en appel de cette décision, soutenant que le Dr Fasheun avait participé aux attaques à l'explosif (AFP 30 janv. 1997; Reuter 31 janv. 1997a).
Étant donné qu'un décret sanctionne les réunions illégales, les forces policières empêchent les organisations des droits de la personne de tenir des réunions, des séminaires ou des conférences (CDHR 17 oct. 1997). Par exemple, AFP rapporte un événement relaté dans deux journaux locaux et selon lesquels le 2 mars 1997, la police a mis fin abruptement à une conférence sur les droits de la personne qui se tenait à Kaduna, au nord du pays sous l'égide de l'organisation Network for Justice; des gaz lacrymogènes ont été utilisés pour disperser la foule (2 mars 1997). Un grand nombre de défenseurs des droits de la personne n'ont pas pu participer à des réunions de l'Organisation des Nations Unies parce que les autorités avaient saisi leur passeport; cela a été le cas notamment en mars 1996 de la présidente de la CLO, Ayo Obe, du président d'Afronet, Olisa Agbakoba, ainsi que de Josept Otteh, avocat auprès de la CLO (La Lettre hebdomadaire de la FIDH 11-18 avr. 1996; HRW 1997, 43). Selon des sources d'information, des cas semblables se sont produits en 1997 (Ihonvbere 14 oct. 1997; CDHR 17 oct. 1997).
En septembre 1997, les forces policières ont empêché la tenue d'une réception organisée par des organisations qui luttent pour la démocratie en l'honneur du départ de l'ambassadeur américain, Walter Carrington, en forçant les invités à quitter les lieux (DPA 19 sept. 1997; AFP 19 sept. 1997; Ihonvbere 14 oct. 1997).
5. JOURNALISTES
Des sources d'information signalent que des journalistes seraient très souvent arrêtés et emprisonnés au Nigéria (Libération 11 nov. 1996; Jeune Afrique 5-11 juin 1996; La Lettre de Reporters sans frontières 24 juin 1996; IPS 10 sept. 1996; The Economist 22 mars 1997). Selon Reporters sans frontières, ils subiraient également d'autres pressions telles les menaces physiques, les attentats et la saisie de journaux (La Lettre de Reporters sans frontières 24 juin 1996; voir également Country Reports 1996 1997, 217; DPA 14 août 1996). AFP rapporte qu'Article 19, une organisation internationale luttant pour la liberté d'expression, a déclaré dans un rapport que les médias nigérians continuaient d'être victimes d'intimidation et de harcèlement de la part du régime Abacha; l'organisation aurait répertorié des cas de détention arbitraire, de torture, de procès inéquitables de journalistes, de directeurs de rédaction et d'éditeurs (7 avr. 1997). Certains journaux tel le quotidien A.M. News et l'hebdomadaire Tell ont dû recourir à des subterfuges pour réussir à éviter les saisies par les services de sécurité (Le Monde 3 mai 1996; La Lettre de Reporters sans frontières 24 juin 1996). Les agents de sécurité harcèlent souvent les directeurs de rédaction des hebdomadaires Tell, Dateline, The News et Tempo et du quotidien A.M. News (Country Reports 1996 1997, 217; Ihonvbere 14 oct. 1997; CDHR 17 oct. 1997). Par contre, la Swiss Review of World Affairs souligne que l'arrestation de journalistes n'est pas fréquente (1er oct. 1997). D'autres sources ne partagent pas cet avis (CDHR 17 oct. 1997; Ihonvbere 14 oct. 1997; Momodu 22 oct. 1997). Le professeur Ihonvbere croit plutôt que les journalistes écrivent de moins en moins des articles qui pourraient leur attirer des représailles de la part des autorités ou encore ont changé de profession (14 oct. 1997).
Au cours du mois de mai 1996, trois journalistes ont fait l'objet d'arrestation (La Lettre de Reporters sans frontières 24 juin 1996). George Onah, du journal Vanguard, a été interpellé à deux reprises le 10 mai 1996 et plus tard le 15 mai 1996 (ibid.; IFEX 13 juin 1996). La deuxième fois, il n'a été libéré qu'un an plus tard (Reuter 15 mai 1997; Africa Research Bulletin 23 juin 1997, 12693; AFP 15 mai 1997). Le 22 mai 1996, c'était au tour du rédacteur en chef du journal The Punch, Tunje Adegboyega, d'être appréhendé; il a été libéré deux jours plus tard (La Lettre de Reporters sans frontières 24 juin 1996; Country Reports 1996 1997, 217). Alphonsus Agborh, journaliste au quotidien The Punch, a été arrêté le 28 mai 1996 au siège du journal situé à Port Harcourt (Jeune Afrique 5-11 juin 1996; La Lettre de Reporters sans frontières 24 juin 1996; Country Reports 1996 1997, 217). On ignore les motifs de l'arrestation mais on signale qu'elle a eu lieu deux jours après la publication d'un article traitant d'importation d'armes au Nigéria (Jeune Afrique 5-11 juin 1996; IFEX 21 juin 1996; Country Reports 1996 1997, 217). Il a bénéficié d'une libération sous caution le 31 mai 1996 (La Lettre de Reporters sans frontières 24 juin 1996).
En juin 1996, les agents du Bureau fédéral de renseignements et d'enquêtes (Federal Intelligence and Investigation Bureau - FIIB) ont appréhendé le rédacteur en chef du journal A.M. News, Bayo Onanuga, et quatre autres collaborateurs du journal; les motifs de l'arrestation n'ont pas été révélés mais il est à penser qu'elle avait trait à la publication la semaine même d'un article au sujet de l'enquête relative à l'assassinat de Kudirat Abiola (AFP 19 juin 1996). L'article insinuait que le fils d'Abiola cachait des armes chez lui; furieux, son avocat a demandé au FIIB d'enquêter sur l'origine de ces allégations qui, à son avis, n'étaient pas fondées (ibid.).
Bayo Onanuga aurait été arrêté de nouveau en août 1996, en même temps qu'un autre journaliste de la revue The News, Babafemi Ojudu (IFEX 16 août 1996; Reuter 19 août 1996; AI 15 août 1996). Ojudu a été libéré le 13 août 1996 (ibid.; IFEX 16 août 1996). Quant à Onanuga, il a été relâché après une semaine en détention dans des locaux du service de sécurité de l'État (state security service - SSS) en août 1996 (Reuter 19 août 1996; AI 19 août 1996; AFP 17 août 1997). Ils n'ont pas fait l'objet d'accusations; leur arrestation serait liée à des commentaires qu'ils auraient écrits dans la revue The News à l'endroit du ministre du Pétrole (Reuter 19 août 1996; IFEX 16 août 1996; AI 15 août 1996). Les autorités auraient questionné Onanuga au sujet d'un article publié dans The News portant sur l'épouse du général Abacha (AFP 17 août 1997).
Les autorités auraient arrêté un producteur de la station Radio Rivers, Okina Deesor, le 31 juillet 1996; selon le maire Obi Umabi, l'arrestation serait liée sans doute à la diffusion le 18 juillet 1996, de l'hymne national ogoni sur les ondes de la radio (CCPJ 23 août 1996; Courrier international 12-18 déc. 1996).
Dele Sobowale, un journaliste du quotidien Vanguard et spécialiste des questions économiques et financières a été détenu en secret par le SSS à la fin janvier 1997; des observateurs croient qu'il a été arrêté en relation avec un article dans lequel il s'opposait aux politiques économiques du général Abacha (AFP 28 janv. 1997; IFEX 28 janv. 1997). Il a été relâché au terme de cinq jours (La Lettre de Reporters sans frontières 10 févr. 1997, 5; Reuter 31 janv. 1997b).
Selon AFP, la situation de Tokunboh Oloruntoba et d'Okpara Nozie, respectivement directeur de la rédaction et responsable administratif du journal TNT (Today's News Today), demeure incertaine depuis leur arrestation le 19 mars 1997; des responsables du journal avaient plus tôt été invités à donner des explications au sujet d'une information que les autorités considéraient être fausse (20 mars 1997). Selon le Committee to Protect Journalists, il s'agit du directeur de rédaction des nouvelles de TNT, Tokunboh Olorun Tola, qui aurait été interpellé en même temps que le journaliste Bola Owolola (IFEX 21 mars 1997). Selon une source d'information, Oloruntoba aurait été relâché le 20 mars 1997 en même temps que Bola Owolola (IJC/IFEX 1er août 1997). Pour sa part, Owei Lakemfa, directeur du TNT, a fui dans la clandestinité (IFEX 21 mars 1997).
Une journaliste pigiste, Ladi Olorunyomi, a été arrêtée le 20 mars 1997 par des agents de sécurité qui ont saccagé sa résidence (Reuter 22 mars 1997; Africa Fund 26 avr. 1997; Africa News 7 mai 1997); elle est l'épouse de l'éditeur de la revue d'opposition The News, qui a fui le pays (Reuter 22 mars 1997; Africa News 7 mai 1997). Ladi Olorunyomi aurait été libérée au début de mai 1997 (The New York Times 8 mai 1997; Reuter 15 mai 1997; Africa Research Bulletin 23 juin 1997, 12693).
Après avoir passé quelques mois en réclusion pour avoir publié un article traitant des dissensions au sein de l'armée, Godwin Agbroko, éditeur de la revue The Week, a été relâché le 6 mai 1997; il avait été maintenu en détention depuis le 18 décembre 1996 sans qu'aucune accusation ne soit portée contre lui (AI 13 mai 1997; Reuter 15 mai 1997; The New York Times 8 mai 1997).
Pour avoir critiqué le chef de la sécurité du général Abacha, Mohamed Adamu, directeur régional d'African Concord, a été arrêté à la fin de juillet 1997 (AFP 27 juill. 1997; La Lettre de Reporters sans frontières 8 sept. 1997; Time 11 août 1997). Le chef Abiola est propriétaire de la revue African Concord (ibid.). Selon le CDHR, Adamu a été libéré en août 1997 (17 oct. 1997).
À la suite des informations fournies par le Centre de journalisme indépendant de Lagos (Independent Journalism Centre - Lagos), African News a rapporté le 8 octobre 1997 qu'un mandat d'arrestation avait été émis contre Bayo Onanuga de la revue The News; ce dernier et d'autres rédacteurs de la revue auraient fui dans la clandestinité. Vers la mi-septembre 1997, les forces de l'ordre se seraient introduites dans les locaux de la revue qu'elles ont ensuite saccagés; puis, ne trouvant pas le rédacteur en chef ou le directeur dans les lieux, elles ont arrêté Wusu Babajidi parce qu'il était l'employé qui occupait le poste le plus élevé à ce moment (CDHR 17 oct. 1997; Momodu 22 oct. 1997). Ce dernier a été relâché 10 jours plus tard après avoir réussi à obtenir un ordre de la cour (CDHR 17 oct. 1997).
6. PROTECTION DE L'ÉTAT
Mise sur pied par le gouvernement de l'État de Lagos afin de refréner la violence et le crime, Opération Sweep fait appel aux efforts conjugués de l'armée et de la police (Africa Research Bulletin 23 juin 1996, 12277; NTA TV 27 sept. 1996); en septembre 1996, une force d'intervention additionnelle appelée « Neighbourhood Force » s'est ajoutée aux militaires et aux policiers (ibid.). En plus, de nouvelles mesures de sécurité devaient être ajoutées à celles déjà existantes (ibid.). Le CDHR est d'avis que des opérations des forces de sécurité telles l'Opération Sweep dans l'État de Lagos et l'Opération Wedge dans l'État d'Ogun ont causé plus de tort à la population que de bien car on a dénombré un plus grand nombre d'exécutions extrajudiciaires, de harcèlements de citoyens et de destruction de propriétés par ces groupes d'application de la loi (5 sept. 1997).
Selon IPS, les nombreux attentats à la bombe perpétrés à la fin de 1996 et au début de l'année 1997 ont amené près de 500 nigérians à demander la protection des forces policières à Lagos (IPS 17 janv. 1997). Le commissaire de police de Lagos a déclaré que la protection policière dans de tels cas relevait du pouvoir discrétionnaire du commissaire; il a ajouté que tous les demandeurs ne pourraient se voir accorder la protection sollicitée (ibid.). Selon des sources d'information, la sécurité a cependant été accrue à l'aéroport international ainsi qu'aux frontières, de même qu'à Lagos, à Kaduna, à Ibadan, à Kano et à Abuja (ibid.; New African mars 1997). En outre, les autorités ont intensifié leurs efforts pour identifier les responsables des attentats par l'intermédiaire d'une unité spéciale de recherche (AFP 14 févr. 1997). New African signalait qu'en dépit des promesses du général Abacha pour mettre un terme au terrorisme qui sévit au Nigéria, aucune mesure concrète n'avait été prise (avr. 1997).
En septembre 1996, le CRP a produit un rapport dans lequel il relève que les forces de l'ordre sont mal équipées pour mener des enquêtes adéquates; il réclame la cessation des pratiques policières qui consistent à arrêter et à perquisitionner arbitrairement les gens sur les routes (IPS 10 sept. 1996).
Par ailleurs, Radio Nigeria-Lagos a rapporté que les militaires avaient reçu ordre de cesser d'arrêter des civils de façon arbitraire (10 déc. 1996). Le directeur intérimaire de l'information du ministère de la Défense, Colonel Godwin Ugbo, a signalé que l'armée devait s'employer à coopérer davantage avec la police en cas d'arrestation de civils (ibid.).
Selon des sources d'information, l'État ne peut offrir aucune protection à ceux qui militent pour la démocratie et le respect des droits de la personne (NADECO 2 oct. 1997; Ihonvbere 14 oct. 1997; CDHR 17 oct. 1997; Momodu 22 oct. 1997). Les policiers et agents de sécurité agissent souvent de leur propre chef, notamment pour arrêter des opposants ou des défenseurs des droits de la personne; ils savent qu'ils ont l'assentiment des autorités (CDHR 17 oct. 1997; Ihonvbere 14 oct. 1997).
Des sources d'information signalent également qu'il est difficile pour quiconque appartenant à ces groupes d'aller s'installer ailleurs au pays car la personne ne pourrait vraisemblablement pas y trouver un emploi, surtout s'il s'agit d'un professionnel, et perdrait toute possibilité d'avoir une vie familiale (NADECO 2 oct. 1997; Ihonvbere 14 oct. 1997; CDHR 17 oct. 1997). Cette personne aurait à s'adapter à une autre culture et à apprendre un autre langue; l'intégration pourrait être encore plus difficile que de s'installer à l'étranger (ibid.; Ihonvbere 14 oct. 1997). De toute façon, selon plusieurs sources d'information, après peu de temps, cette personne serait identifiée par les autorités et recommencerait vraisemblablement à avoir des ennuis (ibid.; CDHR 17 oct. 1997; Momodu 22 oct. 1997). Momodu fait observer que toute personne détenue doit remplir un formulaire dans lequel elle doit indiquer les noms et adresses des membres de sa famille élargie, de même que le nom du chef de son village; avec ces informations, les autorités peuvent toujours retracer cette personne une fois libérée (ibid.). De plus, il existe de nombreux barrages routiers et des contrôles; les agents de sécurité qui y sont en poste ont la réputation de se livrer à l'extorsion, à la violence et à l'usage excessif de la force (ibid.; CDHR 17 oct. 1997; Country Reports 1996 1997, 219).
Bien que le gouvernement ait établi une commission nationale des droits de la personne en juin 1996 (AI 1997, 245; Country Reports 1996 1997, 220; IPS 21 juin 1996), cette initiative n'aurait eu qu'une faible incidence sur la situation des droits de la personne dans le pays (ibid.; IPS 1er oct. 1997; HRW 1997, 42; AI 30 avr. 1997, 1; Ihonvbere 14 oct. 1997). Selon AFP, en septembre 1997, son président aurait toutefois remis en cause les pratiques des forces de sécurité nigérianes (17 sept. 1997). Le comité d'examen des cas pour l'éventuel maintien en incarcération (detention review panel) que les autorités nigérianes ont formé en septembre 1996 pour examiner si une détention était toujours justifiée (Radio Nigeria-Lagos 27 sept. 1996) serait de peu d'utilité en pratique (HRW 1997, 42; CDHR 17 oct. 1997). Le comité, dirigé par des officiers supérieurs de la sécurité (AI 1997, 245; Radio Nigeria-Lagos 27 sept. 1996) et menant ses travaux en secret, n'aurait pas d'indépendance judiciaire (AI 1997, 245).
En somme, selon des sources d'information, aucun recours devant les tribunaux n'est réellement efficace pour protéger ceux qui sont victimes d'arrestations arbitraires ou d'autres mesures d'intimidation (CDHR 17 oct. 1997; Ihonvbere 14 oct. 1997; Momodu 22 oct. 1997). Me Falana aurait tenté maintes et maintes fois de s'adresser au tribunal pour pouvoir rencontrer ses clients emprisonnés, mais en vain (ibid.). Le CDHR a précisé que la majorité des Nigérians ne pouvaient s'offrir les services d'un avocat et qu'il n'existait pas réellement d'aide juridique, sauf des organismes comme le leur (17 oct. 1997). De plus, il est inutile de loger un recours devant les tribunaux si l'on ne sait pas exactement où se trouve la personne arrêtée, ce qui arriverait fréquemment (ibid.). En outre, un tribunal doit se déclarer incompétent pour entendre la cause d'une personne accusée en vertu du décret no 2[9]9; n'ayant pas juridiction dans de tels cas, la personne peut demeurer emprisonnée sans procès, au bon vouloir des autorités militaires (ibid.). Quoiqu'il en soit, même lorsque les tribunaux ordonnent la libération d'une personne, les forces de sécurité n'exécutent pas nécessairement les décisions judiciaires (ibid.).
ADDENDUM
Au moment de publier le présent document, la Direction de la recherche a reçu un exemplaire du rapport d'Amnesty International daté du 22 septembre 1997 et intitulé Nigeria: No Significant Change - Human Rights Violations Continue. Ce document est maintenant consultable aux centres de documentation régionaux de la CISR.
Pour plus d'information et une mise à jour sur le Nigéria, veuillez vous référer aux sources documentaires et aux bases de données consultables aux centres de documentation régionaux.
À PROPOS DE CERTAINES SOURCES
Comité pour la défense des droits de la personne (Committee for the Defense of Human Rights - CDHR)
Le CDHR est une organisation non gouvernementale fondée en 1989 à la suite de l'arrestation du syndicaliste Femi Aborishade. Organisation vouée à la promotion et à la défense des droits de la personne, le CDHR offre de l'aide aux plus nécessiteux dont les droits de la personne ont été violés. Il collabore également avec d'autres organisations qui oeuvrent pour le rétablissement de la démocratie et la justice sociale. Le CHDR, dont le siège est situé à Lagos, compte quelque 2 000 et 19 sections, notamment en milieu universitaire. Le président du CDHR est Femi Falana.
Professeur Julius Ihonvbere
Nigérian d'origine, le professeur Ihonvbere est titulaire de la chaire de politique africaine à l'Université du Texas, à Austin. Il a été détaché de son poste pour une période de trois ans pour lui permettre de travailler auprès de la Fondation Ford, à New York, à titre de chargé de programme des questions de pluralisme. Il s'occupe notamment de projets concernant le bon gouvernement et la société civile dans des pays en voie de développement. Il est le président de l'Organisation des Nigérians en Amérique (Organisation of Nigerians in America).
Dele Momodu
Dele Momodu est le rédacteur en chef de la revue Ovation, un magazine contenant des articles sur des personnalités africaines importantes. Ovation est publié à Londres. Nigérian d'origine, Momodu s'est installé en Grande-Bretagne en juillet 1995. Il était journaliste au Nigéria et continue de suivre de près les événements politiques au Nigéria ainsi que la situation de journalistes et d'opposants au régime.
NADECO
La Coalition démocratique nationale (National Democratic Coalition - NADECO) est un collectif de groupes d'opposition politique et d'organisations qui militent en faveur de l'établissement de la démocratie au Nigéria. Son président, le chef Enahoro, vit en exil à Washington. Un de ses dirigeants au Nigéria est Abraham Adesanya. La NADECO a deux antennes à l'étranger, l'une à Londres et l'autre à Washington. Le secrétaire de NADECO au bureau de Londres est Wale Oshun.
Post Express Wired
Le Post Express se définit comme étant un journal indépendant de Lagos qui n'est affilié à aucun groupe politique, culturel, religieux, idéologique ou ethnique. Il est publié à Lagos, à Abuja et à Port Harcourt. Selon ses termes, le journal se préoccupe principalement des perspectives de justice dans la vie nationale et des moyens pour les réaliser. Son rédacteur en chef est Stanley Macebuh et le président de son comité éditorial est Chidi Amuta. L'information publiée par le Post Express et utilisée dans le présent document a été obtenue par l'entremise de l'Africa Policy Information Center (APIC), un organisme affilié au Washington Office on Africa et qui vise à fournir de l'information et de l'analyse pour élargir le débat aux États-Unis sur les problèmes africains.
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[1]1. Le général Abacha, qui s'est emparé du pouvoir en novembre 1993, a promis l'instauration d'un régime démocratique et a mis au point un programme de transition (Country Reports 1996 1997, 210; Political Handbook of the World: 1997 1997, 623, 625; Reuter 18 mars 1997). L'opposition politique est mécontente du programme de transition et de son dénouement (AFP 13 mars 1997; L'état du monde 1997, 217). Elle croit qu'il ne s'agit que d'une manoeuvre du général Abacha pour s'accrocher au pouvoir (Reuter 25 oct. 1996; Africa News avr. 1996; PANA 4 juill. 1997). Pour plus d'information sur la transition, veuillez consulter le document publié par la Direction de la recherche en juillet 1996 et intitulé Nigéria : chronologie des événements, février 1995 - mars 1996.
[2]2. À la fin de l'année 1996, 19 Ogonis accusés en même temps que Saro-Wiwa, étaient toujours détenus dans l'attente de leur procès; parmi ceux-ci figurent le général Olusegun Obasanio et son adjoint Shehu Musa Yar'Adua (Libération 11 nov. 1996; Political Handbook of the World: 1997 1997, 626; Country Reports 1996 1997, 215). En décembre 1996, le haut tribunal de Port Harcourt a refusé d'admettre les preuves de torture et de mauvais traitements soumises par les prisonniers ogonis et a rejeté leurs demandes de libération (Courrier international 12-18 déc. 1996; AI 1997, 246). Selon des sources d'information, les Ogonis continuent d'être victimes d'abus par les autorités (AI 19 août 1997; Country Reports 1996 1997, 221; Courrier international 12-18 déc. 1996).
[3]3. Il s'agirait de la publication de documents dans lesquels elle affirme que son mari, Moshood Abiola, est le président légitime du Nigéria (International Herald Tribune 10 mai 1996; Africa Research Bulletin 23 juin 1996, 12277).
[4]4. Ajasin est décédé; pour plus d'information, voir la section 3.1.
[5]5. Le communiqué de NLO par lequel le groupe revendique les attentats n'a été envoyé qu'à deux journaux nigérians, non aux représentants d'agences de presse internationales au Nigéria (AFP 10 janv. 1997).
[6]6. AFP a souligné que les autorités nigérianes avaient émis un avis de recherche à la fin juillet 1997 contre Soyinka et trois autres opposants (le chef Enahoro, président de la NADECO, un ancien ministre et haut officier de l'armée, le général Akinrinad, ainsi qu'un ancien sénateur et homme d'affaires, Bola Tinubu) relativement à des accusations de trahison et de conspiration (30 juill. 1997).
[7]7. Pour plus d'information, voir le document de la DGDIR intitulé Nigéria : chronologie des événements, février 1995 - mars 1996, et en particulier les événements du 22 mai 1995 et du 31 octobre 1995.
[8]8. Ces prisonniers font partie du groupe des 19 Ogonis arrêtés en 1994 en relation avec les mêmes événements qui ont conduit à la pendaison des neuf autres Ogonis, dont Ken Saro-Wiwa (HRW 1997 1997, 43; Country Reports 1996 1997, 215).
[9]9. Des actions des autorités gouvernementales deviennent ainsi à l'abri du contrôle judiciaire (voir section 3.2) (CDHR 17 oct. 1997).
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