Liban : reconstruction et securité

 

CARTE

VOIR ORIGINAL

GLOSSAIRE

CRF                Commandement révolutionnaire du Fatah

CICR              Comité international de la Croix-Rouge

FDI         Force de défense israélienne

FL           Forces libanaises

PNRU     Programme national de réhabilitation d'urgence

FPLP-CG                Front populaire pour la libération de la Palestine -Commandement général

OLP        Organisation de libération de la Palestine

ALS        Armée du Liban-Sud

FINUL    Force intérimaire des Nations Unies au Liban

UNRWA                Office des travaux et des secours des Nations Unies

1. INTRODUCTION

Le présent document se veut une mise à jour des informations sur la reconstruction et les conditions de sécurité au Liban. Il fait suite à quatre documents publiés précédemment par la DGDIR : Liban : la situation politique depuis les élections d'octobre (mars 1993); Liban : chronologie des événements marquants - avril 1975 à septembre 1992 (oct. 1992); Liban : le départ d'Aoun (nov. 1990); Liban : le départ d'Aoun - chronologie (nov. 1990).

        En 1990, à la fin de la guerre civile qui a paralysé le Liban pendant quinze ans, ce petit pays de 3 à 3,5 millions d'habitants [ Aucun recensement officiel n'a été effectué depuis 1932 en raison de la question délicate de l'équilibre confessionnel sur lequel repose le pouvoir politique (Département d'Etat des Etats-Unis janv. 1994). A la fin de la guerre civile, on estimait que la population du Liban se composait comme suit : chiites 32 p. 100, maronites 24 p. 100, sunnites 21 p. 100, Druzes 7 p. 100, autres 16 p. 100, ce qui donne une répartition générale de 60 p. 100 environ de musulmans et 40 p. 100 de chrétiens (FIDH mai 1994a, 6).] s'est lancé dans un projet de reconstruction ambitieux qui consistait notamment à désarmer les nombreuses milices en guerre, à rebâtir l'infrastructure ravagée et à réinstaller les 500 000 à 750 000 Libanais déplacés à l'intérieur du pays en raison de la guerre (Nations Unies 6 oct. 1993, 5, 7; Country Reports 1994 1995, 1131-1138; Département d'Etat des Etats-Unis janv. 1994; FIDH mai 1994a, 7; The Washington Report on Middle East Affairs nov.-déc. 1994, 47). Il y a encore beaucoup de tension, notamment le conflit avec Israël dans le Liban-Sud, la présence et l'influence constantes de l'armée syrienne, le statut toujours indéterminé des réfugiés palestiniens et le fait que les structures politiques et administratives reposent encore sur un système fragile et potentiellement explosif basé sur un équilibre confessionnel. On examinera, dans le présent document, le contexte politique et économique de la reconstruction d'après-guerre au Liban, ainsi que les forces en présence qui suscitent des inquiétudes en ce qui concerne la sécurité et les droits de la personne.

2. SITUATION POLITIQUE

2.1 Contexte historique en bref

La lettre hebdomadaire de la FIDH présente un résumé des dévastations de la guerre civile au Liban entre 1975 et 1990, guerre qui a mené à la présence des forces syriennes, israéliennes et iraniennes sur le territoire libanais, a laissé libre cours aux forces paramilitaires libanaises et palestiniennes, a paralysé l'Etat et a donné lieu à des luttes d'influences entre les diverses communautés. Parmi les 170 000 victimes, soit 5 à 6 p. 100 de la population, on dénombrait 40 000 enfants. En outre, la guerre a fait 100 000 infirmes et a obligé nombre de personnes à se déplacer; plus d'un million de Libanais ont dû s'exiler partout dans le monde (FIDH mai 1994a, 7).

        Vers la fin des années 1980, deux gouvernements, soit chrétien et musulman, se disputaient le pouvoir au Liban; les chrétiens tenaient Beyrouth-Est, et les musulmans Beyrouth-Ouest (Europa 1994, 1799). Les accords de Taëf de 1989 visaient à amorcer le difficile processus de réconciliation nationale au Liban. Ils prévoyaient : primo, des modifications constitutionnelles pour rétablir l'équilibre confessionnel de manière que la moitié des sièges de l'assemblée nationale soient réservés aux musulmans et l'autre moitié aux chrétiens; secundo, une augmentation du nombre de députés à l'assemblée nationale; tertio, le désarmement des milices (Europa 1994, 1799; Département d'Etat des Etats-Unis janv. 1994; Country Reports 1994 1995, 1131, 1132). Toutefois, une révolte menée par le général chrétien maronite Michel Aoun, commandant en chef de l'Armée libanaise, a donné lieu à d'autres combats entre les forces chrétiennes et syriennes, et entre les différentes forces chrétiennes, combats qui se sont terminés par la défaite d'Aoun en octobre 1990 (Europa 1994, 1799; Documentation-Réfugiés 12/25 avr. 1994a, 6; voir aussi CDCISR nov. 1990, 1-2). Depuis, la Syrie a consolidé son influence sur le Liban, ce qui s'est traduit par une série d'accords conclus entre les deux pays (Country Reports 1994 1995, 1131; FIDH mai 1994a, 9; Al-Hayah 24 mars 1995; Danish Refugee Council 24 juin 1991, 4). En vertu des accords de Taëf et des accords subséquents, les troupes syriennes devaient se retirer, avant le milieu de 1992, de la plaine de la Beqaa située sur la frontière orientale de la Syrie, mais, au moment de la rédaction du présent document, elles étaient encore présentes dans une grande partie du pays (Moukheiber 17 août 1995; Country Reports 1994 1995, 1131; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994b, 7, 8; FIDH mai 1994a, 9). L'intérêt manifesté par la Syrie à l'égard du Liban a des racines historiques, politiques et géographiques profondes, et des observateurs rapportent que l'armée syrienne ne se retirera pas avant que des négociations de paix complexes n'aient été conclues avec Israël concernant, notamment, l'occupation israélienne du Liban-Sud, le statut des Palestiniens et l'avenir du plateau du Golan (Hallée avr. 1993, 65-71; Figuié 1994, 119; The Lebanon Report juin 1995a, 5).

        Au Liban, les groupes chrétiens ont boycotté, pour une grande part, les élections législatives de 1992 (Europa 1994, 1800; Keesing's 1994, R140). Rafik Hariri, un homme d'affaires saoudien né au Liban, est devenu premier ministre en s'appuyant sur un programme de reconstruction de l'économie libanaise, et il a lancé un vaste plan de reconstruction qui a attiré d'importants investissements étrangers (Europa 1994, 1801; Département d'Etat des Etats-Unis janv. 1994; IPS 10 févr. 1995). Le désarmement des milices est achevé en grande partie, sauf pour deux exceptions importantes : le Hezbollah - soutenu par l'Iran - et ses alliés s'opposent à l'Armée du Liban-Sud (ALS) soutenue par Israël, les deux parties se livrant combat dans le Liban-Sud occupé par les Israéliens (HRW 1995, 297; Country Reports 1994 1995, 1131; The Middle East nov. 1994, 15; The Lebanon Report janv. 1993, 6; Europa 1994, 1801). De plus, il a été rapporté que certaines milices ont conservé des armes portatives, et on en soupçonne plusieurs d'avoir caché des armes plus lourdes (The Lebanon Report janv. 1993, 5-6; Danish Refugee Council 24 juin 1991, 4-5). Les dirigeants libanais sont aussi préoccupés par la quantité d'armes qui se trouveraient dans les camps de réfugiés palestiniens dont la plupart échappent au contrôle du gouvernement (The Lebanon Report déc. 1994a, 12; Country Reports 1994 1995, 1134).

        La guerre civile a contraint de nombreux Libanais à se réfugier au sein de leurs groupes confessionnels dans des régions déterminées du pays (Figuié 1994, 267; Harik 1994, 45, 50; ZipRep 15-28 févr. 1995, 3). D'après Gérard Figuié, ancien fonctionnaire des Nations Unies et ambassadeur de la France à Beyrouth, de nombreux chrétiens ont fui certaines régions du Nord, comme la plaine d'Akkar et Tripoli, maintenant dominés par les sunnites, bien que, généralement, le Nord soit toujours une région chrétienne sous le contrôle des Syriens. D'après le rapport de 1994 de Figuié, Beyrouth-Est est un secteur maronite chrétien, et Beyrouth-Ouest un secteur chiite. Le massif du Chouf est devenu majoritairement druze, et Djezzine, sur la frontière du Sud, est devenue un secteur chrétien sous influence israélienne. Aussi, dans la Beqaa, Baalbek est le centre des chiites, Zahlé celui des chrétiens (Figuié 1994, 267). L'Assemblée des patriarches et des évêques catholiques du Liban rapporte que le processus de « compartimentation » confessionnelle a continué de croître, même après la fin de la guerre en 1990. L'Assemblée cite en exemple [traduction] « la vente massive de terres dans la Beqaa, dans le Chouf et à Aaley par des chrétiens qui avaient fui ces régions pendant la guerre et qui considèrent qu'il est encore trop risqué de rentrer chez eux » (ZipRep 15-28 févr. 1995, 3).

        Les secteurs sur lesquels différentes forces de sécurité exercent un contrôle ou une influence sont décrits dans la section 3. Parmi ces forces de sécurité, on trouve les forces libanaises et syriennes, la Force de défense israélienne (FDI) et sa milice l'Armée du Liban-Sud (ALS), les milices chiites, notamment le Hezbollah et Amal, ainsi que certaines milices palestiniennes anti-Arafat. Un avocat libanais de défense des droits de la personne, Ghassan Moukheiber, explique que dans les secteurs contrôlés par tous ces groupes, les personnes qui partagent les vues politiques du groupe dominant dans la région sont généralement en sécurité (17 août 1995). On trouve des exceptions dans les régions du Liban-Sud où des escarmouches et des bombardements font souvent des victimes innocentes (ibid.). En revanche, d'après Moukheiber, les personnes qui s'opposent au groupe contrôlant leur région peuvent se heurter à des difficultés importantes, même parfois, selon les circonstances, lorsqu'il s'agit d'activités relativement discrètes (ibid.). Moukheiber affirme que les personnes qui s'enfuient dans une autre région pour des motifs politiques exposent la famille qu'elles laissent derrière à des représailles (ibid.). Toutefois, en général la circulation dans la majeure partie du pays, à l'exception de la « zone de sécurité » située dans le sud du pays et sous contrôle israélien, est devenue assez courante selon Judith Harik, professeure de science politique à l'université américaine de Beyrouth. Harik précise que les gens circulent librement même dans des zones où il était autrefois difficile de circuler; en fait, pour la première fois, les chrétiens se sont rendus à Baalbek et les musulmans dans les forêts de cèdres du Mont Liban (4 sept. 1995). Néanmoins, les jeunes hommes sont souvent interrogés et doivent produire leur permis de conduire et autres pièces d'identité aux points de contrôle, qui se trouvent en général sous la surveillance des soldats libanais ou syriens (ibid.)

2.2 Les rapports libano-syriens

        La Syrie exerce une influence sur les sphères militaire, politique et économique de la société libanaise (The Lebanon Report févr. 1994a, 4; The Independent 20 août 1992; MEI 26 août 1994b, 19, 20; FIDH mai 1994a, 13; HRW 1995, 297; Country Reports 1994 1995, 1131). Une série d'accords bilatéraux sur la sécurité, conclus au début des années 1990, ont légalisé la présence des 30 000 à 40 000 soldats syriens en poste au Liban et ont permis une coopération plus étroite entre les services de renseignement libanais et syriens (AI 4 févr. 1992, 1-9; FIDH mai 1994a, 18; Country Reports 1994 1995, 1131; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994b; Jane's Intelligence Review 1er mars 1995). Le Pacte de coopération libano-syrien déclare que [traduction] « la sécurité du Liban, c'est la sécurité de la Syrie; la sécurité du Liban dépend de celle de la Syrie » (cité dans AI 4 févr. 1992, 1). En outre, le Pacte prévoit la coopération entre les appareils de sécurité des deux pays :

[traduction]

échanger de l'information qui intéresse l'un ou l'autre des deux pays en ce qui concerne l'entrée, les déplacements et les lieux de résidence d'étrangers; lutter contre la criminalité; appréhender et dissuader les responsables de tels délits; lutter contre le terrorisme, le trafic de stupéfiants et les complots politiques (ibid., 2).

Le gouvernement libanais consulte souvent les dirigeants syriens relativement à des questions politiques, et il se conforme, à ce qu'on dit, à la volonté de la Syrie en ce qui concerne la poursuite de la guerre avec Israël et la négociation d'une paix éventuelle (VOA 25 mai 1995; The Lebanon Report févr. 1994a, 4; MEI 26 août 1994a, 9). Le Liban et la Syrie entretiendraient des liens politiques si étroits, que lors du décès en janvier 1994 de Basil al-Asad, le fils et héritier présomptif du président syrien, le parlement libanais a suspendu ses activités pendant cinq jours et le Liban a observé un deuil national de trois jours marqué par des commémorations solennelles (The Lebanon Report 2 févr. 1994a, 4). Les deux pays ont aussi mis sur pied au moins un projet économique conjoint important, et quelque 50 000 Syriens travaillent maintenant légalement au Liban; beaucoup d'entre eux occupent des emplois peu rémunérateurs exercés auparavant par des Palestiniens (MEI 3 mars 1995, 8, 9; ibid. 13 mai 1994, 20; Le Monde Diplomatique oct. 1994a). L'Assemblée des patriarches et des évêques du Liban soutient que plusieurs centaines de milliers de Syriens travaillent maintenant au Liban illégalement, ce qui fait grimper le taux de chômage des Libanais à 32 p. 100 (ZipRep 1er-30 avr. 1995, 1, 4; ibid. 1er-15 févr. 1995, 2).

On dit que la présence militaire syrienne au Liban s'étend à toutes les régions qui ne sont pas sous le contrôle d'Israël, et qu'elle est particulièrement forte dans la plaine de la Beqaa (Moukheiber 17 août 1995; FIDH mai 1994a, 9; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994b; Danish Refugee Council 24 juin 1991, 11). Les personnes qui sont perçues comme des opposants à la présence syrienne au Liban, ou qui sont considérées comme une menace à l'ordre intérieur de la Syrie, pourraient être victimes d'arrestation arbitraire à l'improviste par des agents de renseignement syriens ou libanais, de mauvais traitement et de torture; elles peuvent être tenues au secret pendant de longues périodes et, parfois, transférées dans une prison en Syrie (FIDH mai 1994a, 10-14; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994b; Danish Refugee Council 24 juin 1991, 10, 11). Des membres du Parti Ba'th pro-iraquien et des activistes palestiniens pro-Arafat figurent parmi les récentes cibles de la Syrie (Moukheiber 17 août 1995; FIDH mai 1994a, 14; Country Reports 1994 1995, 1133). Harik est d'avis que le contrôle serré exercé par les Syriens a eu pour effet de réduire au minimum la violence entre factions; dans le cadre du processus de paix, explique-t-elle, la Syrie ne veut pas avoir à se soucier de violence incontrôlée au Liban, et désire en fait que le pays se reconstruise dans la stabilité. Ainsi, les Syriens exercent des pressions sur ceux qui s'opposent à leur présence au Liban par le biais d'arrestations et de détentions; toutefois, on ne connaît aucun cas d'exécutions ou d'incarcérations massives, bien que, c'est un fait connu, l'opposition à la présence syrienne soit forte (Harik 4 sept. 1995). D'après Ghassan Moukheiber, le nombre d'arrestations d'opposants à la Syrie a diminué à la suite d'une période de durcissement il y a quelques années qui en a convaincu plusieurs à rester dans l'ombre (17 août 1995). Toutefois, selon l'avis de Moukheiber, les opposants aux politiques syriennes éprouvent une très grande frustration, et ils n'ont aucune tribune pour exprimer leurs opinions (ibid.).

2.3 Israël et la « zone de sécurité » au Liban-Sud

Israël maintient une présence militaire dans certaines régions du Liban-Sud depuis 1978 (Journal of Palestine Studies automne 1993, 65+; The Lebanon Report déc. 1993, 10; The Toronto Star 20 févr. 1994). A ce propos, voici ce qu'Augustus Richard Norton, professeur de relations internationales à l'Université de Boston, a écrit en 1993 :

[traduction]

Les poussées de violence impliquant Israël et ses ennemis sont de règle dans le Liban-Sud, sans compter les conflits entre Libanais, ou encore les affrontements violents entre Libanais et Palestiniens, affrontements qui sont souvent, mais pas toujours, le prolongement du conflit israélo-arabe. Le Liban-Sud a longtemps été négligé par le gouvernement de Beyrouth et, en l'absence d'une autorité légitime, les puissances régionales, déterminées à attaquer Israël sans mettre en danger leurs propres frontières, y ont trouvé un terrain propice (Journal of Palestine Studies automne 1993, 61).

La plus grande partie de la « zone de sécurité » d'Israël dans le Liban-Sud fait 10 à 15 kilomètres de large et s'étend le long de la frontière israélo-libanaise sur une distance d'environ 80 kilomètres (voir la carte), et elle couvre quelque 800 à 850 kilomètres carrés, soit environ 10 p. 100 du territoire libanais (FIDH mai 1994a, 8; Journal of Palestine Studies automne 1993, 62; Reuter 27 mars 1993; AFP 20 janv. 1995). On estime qu'il y a entre 150 000 et 200 000 personnes qui habitent cette zone, dont une majorité de musulmans chiites, alors que le Liban-Sud dans son ensemble comptent 900 000 personnes (Reuter 27 mars 1993; Journal of Palestine Studies automne 1993, 61-62; Xinhua 13 janv. 1994; The Toronto Star 20 févr. 1994).

Depuis quelques années, le porte-parole de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban), Timor Goksel, classe le conflit dans la région dans la catégorie de « guerre de faible intensité » (cité dans The Toronto Star 20 févr. 1994). La FINUL est présente dans la région depuis 1978 (Journal of Palestine Studies automne 1993, 65, 66). Les principaux combattants de la guerre sont des membres de guérillas - dont plusieurs sont regroupées sous la bannière du Hezbollah soutenu par l'Iran, ou constituent des factions palestiniennes anti-Arafat - et des soldats de l'armée israélienne ou de l'Armée du Liban-Sud (ALS) soutenue par Israël. La FIDH a rapporté en mai 1994 qu'il y avait des affrontements presque tous les jours (FIDH mai 1994a, 22). De juillet 1994 à janvier 1995, la FINUL a signalé 87 attaques menées par des guérillas contre des positions israéliennes et de l'ALS, et de nombreuses autres ont eu lieu à l'extérieur du secteur d'observation de la FINUL. Ces attaques avaient été lancées à l'aide de [traduction] « bombes placées au bord des routes, de fusées, de mortiers, de grenades portées par fusée et de missiles antichars » (Nations Unies 23 janv. 1995, 4). Au cours de la même période, la FINUL a compté plus de 16 000 tirs d'artillerie, de mortier et de blindés lancés par les forces israéliennes et l'ALS dans la région, parfois sur des villages (ibid.; voir aussi Foreign Report 2 mars 1995, 3-4). Les attaques aériennes lancées par Israël sont monnaie courante, et elles atteignent parfois des objectifs civils (Nations Unies 23 janv. 1995, 4; Radio Liban 7 mars 1995; ibid. 25 févr. 1995; Ha'aretz 17 janv. 1995; MEI 3 févr. 1995, 18; ibid. 10 juin 1994, 6-7; Country Reports 1994 1995, 1134; Middle East Times 22-28 janv. 1995b). De leur côté, les guérillas lancent périodiquement des fusées katyusha sur le nord d'Israël. Les deux parties contreviennent à un accord [ Il a fallu cet accord pour mettre fin au bombardement de villages au Liban-Sud par les Israéliens, bombardement qui a duré toute une semaine en juillet 1993 et qui a fait 130 à 150 morts et 500 blessés dans la population civile, qui a détruit et endommagé des milliers de maisons, et qui a provoqué l'exode de 300 000 à 350 000 habitants du Sud, dont bon nombre se sont réfugiés temporairement à Beyrouth (Nations Unies 6 oct. 1993, 3; AI 1994, 193; FIDH 24 mai 1994a, 33; Journal of Palestine Studies automne 1993, 71).] conclu en juillet 1993, qui restreint, en principe, les hostilités à des objectifs non civils dans le Liban-Sud (Journal of Palestine Studies automne 1993, 71; The Lebanon Report oct.-nov. 1994a, 16; ibid. sept. 1994, 11). En avril 1995, le Hezbollah a annoncé qu'il ne respecterait plus l'accord de juillet 1993 visant à protéger les civils dans le Liban-Sud et le nord d'Israël (The Ottawa Citizen 1er avr. 1995, A6).

En février 1995, Israël a instauré un blocus maritime, qui a fini par toucher des ports dans le sud du Liban, et notamment Tyr et Saïda (Sidon); ce blocus empêchait les navires de pêche d'aller au delà de 500 à 1 500 mètres de la côte (The Lebanon Report juill. 1995d, 10; 'Al Hamishmar 27 févr. 1995; Al-Safir 22 févr. 1995; Libération 28 févr. 1995). De nombreux pêcheurs du Sud ont dit avoir été la cible de tirs, s'être fait confisquer leurs bateaux et leur matériel et avoir été arrêtés, interrogés, battus et détenus pendant quelques jours avant d'être libérés (The Lebanon Report juill. 1995d, 10; Radio Liban 22 mars 1995; voir aussi FIDH mai 1994a, 22). Au même moment, les combats se sont intensifiés dans le Sud (The Lebanon Report juill. 1995d, 10; Radio Liban 22 mars 1995; ibid. 7 mars 1995; ibid. 4 avr. 1995; Voice of Lebanon 8 mars 1995).

Le blocus a été levé pendant un court moment en mars 1995, à l'occasion de la visite au Moyen-Orient du Secrétaire d'Etat américain, Warren Christopher, puis a été rétabli immédiatement après le départ de ce dernier (The Lebanon Report avr. 1995a, 11; Al-Hayah 24 mars 1995; Al-Ra'y 12 mars 1995). Le blocus aurait été instauré par Israël en représailles au renforcement du contrôle de sécurité exercé par l'Armée libanaise sur les personnes qui entraient dans le reste du Liban-Sud à partir de la « zone de sécurité » (UPI 26 févr. 1995; Al-Hayah 3 févr. 1995a, 63; ibid. 3 févr. 1995b, 64; 'Al Hamishmar 27 févr. 1995; Radio Liban 22 févr. 1995; Al-Safir 22 févr. 1995). Des dirigeants israéliens et de l'ALS se sont plaints de l'arrestation et de la détention par l'Armée libanaise de personnes provenant de la zone, qui étaient soupçonnées d'avoir des rapports avec Israël ou d'être des agents israéliens (Al-Hayah 3 févr. 1995a; ibid. 3 févr. 1995b; Voice of the South 22 févr. 1995). Les autorités libanaises ont resserré les mesures de contrôle à la suite de l'explosion d'une bombe, placée croît-on par des agents israéliens, dans une voiture dans la banlieue sud de Beyrouth, où se situe le siège du Hezbollah; cette explosion, survenue en décembre 1994, a fait trois morts, dont un dirigeant du Hezbollah, et plusieurs blessés (MEI 6 janv. 1995, 14; Mena 6 janv. 1995; UPI 26 févr. 1995). Cet incident et d'autres événements semblables auraient convaincu les autorités libanaises et syriennes ainsi que les dirigeants du Hezbollah que des « agents en veilleuse » (« sleepers ») d'Israël - des informateurs et des agents secrets libanais et palestiniens - avaient infiltré de nombreux secteurs de la société libanaise. On rapporte que des mesures énergiques ont été prises contre des suspects, y compris des rafles et une surveillance accrue (Foreign Report 2 mars 1995, 3-4; ibid. 19 janv. 1995, 1-2).

Les points d'entrée entre la « zone de sécurité » et le reste du Liban-Sud sont rigoureusement contrôlés par l'ALS, les forces israéliennes et l'Armée libanaise. Comme il a déjà été mentionné, les personnes qui y passent font l'objet d'un examen minutieux et peuvent s'attendre à ce que leurs effets personnels soient fouillés (UPI 26 févr. 1995; Al-Hayah 3 févr. 1995a; ibid. 3 févr. 1995b; 'Al Hamishmar 27 févr. 1995; Radio Liban 22 févr. 1995; Al-Safir 22 févr. 1995; Country Reports 1994 1995, 1136). Le journaliste Giles Trendle a traversé la « zone de sécurité » à la fin de 1993 en passant par le village de Kfar Tebnit, près de Navatiyyeh, où il a constaté la présence de fils barbelés, de remparts de terre et de béton, et de gardiens de sécurité très bien armés. Voici ce qu'il en dit :

[traduction]

La barrière venait à peine d'ouvrir et déjà un flot de gens allaient et venaient - un ancien druze, une mère chiite voilée et ses enfants, une famille de chrétiens; pour entrer dans la zone ou en sortir, tous devaient présenter un papier d'identité jaune, imprimé en arabe et en hébreu, à un représentant de l'ALS (The Lebanon Report déc. 1993, 10).

L'Armée libanaise exerce un contrôle très serré sur les marchandises qui sont acheminées vers le Nord en transitant par la zone, et les habitants, des chiites en majorité, ont tissé, par nécessité, des liens économiques très étroits avec le Nord d'Israël; de 3 000 à 5 000 Libanais de la « zone de sécurité » travaillent en Israël (Nations Unies 23 janv. 1995, 4; ibid. 20 juill. 1994, 3; Country Reports 1994 1995, 1136; Middle East Times 28 nov. 1993; Journal of Palestine Studies automne 1993, 64). En outre, ils sont très nombreux à travailler à titre d'employé ou d'associé pour l'administration civile israélienne qui administre la zone (The Lebanon Report déc. 1993, 10). A cet égard, des sources constatent que, malgré les hostilités fréquentes dans la région et contrairement à toute attente, la vie en général dans la « zone de sécurité » se déroule normalement; l'économie locale est passablement bonne, et les salaires israéliens sont relativement élevés (ibid.; Middle East Times 28 nov. 1993). Toutefois, des sources signalent aussi que les gens appréhendent beaucoup le sort qui sera réservé, après un retrait éventuel des Israéliens, à ces Libanais qui sont considérés comme des « collaborateurs » (Qol Yisra'el 26 févr. 1995; The Lebanon Report déc. 1993, 10; Middle East Times 28 nov. 1993). Voici ce qu'en dit Giles Trendle :

[traduction]

Les milliers de travailleurs qualifiés, médecins, infirmières, ingénieurs et enseignants entre autres, qui ont travaillé ou travaillent pour l'administration civile et les services sociaux dirigés par les Israéliens et l'ALS dans la zone, sont inquiets de l'attitude qu'adoptera l'Etat libanais à leur égard (Lebanon Report déc. 1993, 10).

Le code pénal libanais interdit expressément des actes considérés comme étant de complicité avec un pays « ennemi », tel qu'Israël; par exemple, l'article 285 prévoit une peine d'emprisonnement minimale d'un an pour toute personne reconnue coupable d'avoir fait des affaires, directement ou indirectement, avec quiconque résidant dans un pays ennemi (FIDH mai 1994a, annexe). D'après Ghassan Moukheiber, au cours des dernières années, de nombreuses personnes soupçonnées de collaboration avec les Israéliens ont été sommairement jugées par des tribunaux militaires et emprisonnées, avec ou sans preuve (17 août 1995).

La milice de l'ALS a débuté comme un mouvement essentiellement chrétien phalangiste, mais elle compte maintenant de nombreux musulmans chiites qui ont été attirés par la paie relativement élevée, ou qui ont peut-être été conscrits par la force (The Toronto Star 20 févr. 1994; Reuter 12 janv. 1994; ibid. 27 mars 1993; Xinhua 13 janv. 1994; UPI 14 janv. 1994; HRW 1995, 297; Middle East Times 28 nov. 1993). D'une part, les dirigeants israéliens affirment qu'aucun retrait des forces israéliennes de la région ne sera négocié tant que les membres de l'ALS n'auront pas été intégrés dans l'Armée libanaise, comme l'ont été d'autres miliciens après avoir rendu leurs armes (The Lebanon Report févr. 1995, 11; ibid. déc. 1993, 10; Middle East Times 28 nov. 1993). D'autre part, des commentateurs ont affirmé que les personnes soupçonnées de collaborer avec l'ALS seront probablement prises pour cible par le Hezbollah en cas de retrait israélien (The Lebanon Report mars 1995c, 1; ibid. déc. 1993, 10; Middle East Times 28 nov. 1993; voir aussi DGDIR 27 juin 1994). Foreign Report, un hebdomadaire publié par la société Economist Newspaper Ltd., a affirmé en novembre 1994 que le Hezbollah exerçait des pressions sur des membres de l'ALS pour qu'ils désertent, et qu'il menaçait de prendre pour cible les collaborateurs qui demeureraient au sein de l'ALS après une courte période de grâce. D'après cet article, le village chrétien de Rumayash s'est rebellé contre l'ALS en raison de cette campagne d'intimidation, et il a refusé de fournir d'autres recrues (24 nov. 1994, 6-7). En avril 1995, le président du parlement, Nabih Berri, dirigeant d'Amal, a affirmé qu'il y avait un exode important des habitants de la « zone de sécurité », y compris la majorité de la population de certaines villes comme Mardjayoun, où se trouvent le quartier général de l'ALS, et que la population dans la zone avait chuté à 150 000 (The Lebanon Report avr. 1995b, 7; UPI 1er mars 1995).

2.4 Aperçu de la reconstruction

L'accent mis par le gouvernement Hariri sur la reconstruction de l'infrastructure a attiré des investissements étrangers considérables et a contribué à améliorer l'économie (IPS 10 févr. 1995; Nations Unies 6 oct. 1993, 5). Après la fin de la guerre civile, le gouvernement a établi, conjointement avec la Banque mondiale, le Programme national de réhabilitation d'urgence (PNRU), doté d'un budget de plusieurs milliards de dollars et dont l'objectif est de reconstruire l'infrastructure dans de nombreux secteurs, et notamment l'électricité, le réseau hydraulique, les télécommunications, les égouts et la collecte des ordures (Nations Unies 6 oct. 1993, 5; Département d'Etat des Etats-Unis janv. 1994). Un conseil du développement et de la reconstruction a aussi été créé (Nations Unies 6 oct. 1993, 6). Solidere, une agence immobilière privée dont le premier ministre Hariri est un important actionnaire, a été chargée de la gestion d'un énorme projet de reconstruction de l'infrastructure à Beyrouth (Département d'Etat des Etats-Unis janv. 1994; Le Monde Diplomatique oct. 1994b, 20). Les actions de l'entreprise, qui jouit d'une exemption d'impôts de dix ans, sont montées en flèche, et la majeure partie du centre de Beyrouth a été rasée pour faire place à de nouveaux édifices (Le Monde Diplomatique oct. 1994b, 20; FIDH mai 1994a, 35-36; The Middle East janv. 1995). En outre, le gouvernement a lancé un projet de réhabilitation de la banlieue sud de Beyrouth, un quartier pauvre habité principalement par des chiites (The Lebanon Report juill. 1995a, 4).

Plusieurs sources déclarent que la reconstruction du Liban prendra beaucoup de temps, et qu'une grande partie de la population est aux prises avec la pauvreté et les tensions sociales qui ont subsisté à la guerre civile (FIDH 24 mai 1994a, 30; Le Monde Diplomatique oct. 1994b, 20; Nations Unies 6 oct. 1993, 5). Les embouteillages à Beyrouth sont légion en raison, paraît-il, de l'insuffisance du système téléphonique qui n'a été que partiellement reconstruit; par conséquent, les gens se déplacent pour se rencontrer plutôt que de se téléphoner. Les personnes qui en ont les moyens peuvent utiliser le téléphone cellulaire, ce qui vient combler une partie du vide (IPS 10 févr. 1995; Middle East Times 22-28 janv. 1995a). Pendant la reconstruction du réseau d'électricité, l'électricité est rationnée à raison de 12 heures par jour à Beyrouth; les restrictions sont encore plus sévères dans d'autres régions (MEI 3 mars 1995, 9; FIDH mai 1994a, 30). Plusieurs entreprises internationales travaillent en vue de rétablir un service 24 heures sur 24 dans tout le pays, dès la fin de 1995 selon les prévisions du gouvernement (The Lebanon Report juin 1995d, 13).

D'après un rapport de mai 1994 de la FIDH, la construction de nouvelles unités de logement dans certaines régions progresse rapidement, mais on se plaint que les constructions ne soient pas conformes aux codes de sécurité et qu'il n'y ait pas d'égouts (mai 1994a, 34). En outre, la FIDH accuse le gouvernement de construire une surabondance de maisons de luxe à Beyrouth alors que la majorité du pays est confronté à la pauvreté; selon l'avis des urbanistes, il faudra environ 500 000 nouveaux logements d'ici l'an 2000 (ibid.). Certaines sources prédisent une crise environnementale : environ 80 p. 100 des nappes souterraines ont été polluées pendant la guerre, et il ne reste plus qu'une infime partie de la forêt primitive (ibid., 30; Nations Unies 6 oct. 1993, 13; voir aussi ZipRep 16 au 31 janv. 1995, 2).

Un rapport d'octobre 1993 des Nations Unies, faisant le point sur l'état de la reconstruction au Liban, fait l'éloge de la manière dont le gouvernement a géré la crise provoquée en juillet 1993 par les bombardements israéliens qui ont poussé 350 000 habitants du Sud à se réfugier à Beyrouth et dans ses banlieues sud, ainsi qu'à Saïda (6 oct. 1993, 3-4; voir aussi Journal of Palestine Studies automne 1993, 73). D'après ce rapport, le gouvernement est passé à l'action [traduction] « d'une manière rapide et déterminée », non seulement en subvenant aux besoins immédiats des personnes déplacées, mais aussi en y faisant suite par la mise en oeuvre d'un programme concerté de reconstruction des maisons et des villages endommagés (Nations Unies 6 oct. 1993, 4; Journal of Palestine Studies automne 1993, 73). L'aide internationale, y compris les 500 millions de dollars US accordés par la Ligue arabe, est venue s'ajouter aux contributions internes provenant non seulement du gouvernement, mais aussi d'autres groupes comme le Hezbollah qui a contribué quelque 50 millions de dollars US à la reconstruction dans le Sud (ibid.; The Globe and Mail 2 mai 1995, A8).

Plusieurs pays, dont le Canada et le Japon, ont rétabli leur ambassade à Beyrouth; le British Council prévoit la réouverture de sa représentation à la fin de 1995 (The Lebanon Report févr. 1995, 12; AFP 7 févr. 1995). Quant aux Etats-Unis, ils ont interdit à leurs ressortissants de voyager au Liban pendant plusieurs années (Radio Liban 1er mars 1995; The Lebanon Report mars 1995b, 4). En septembre 1994, le gouvernement américain affirmait toujours qu'il était dangeureux pour les Américains de se rendre au Liban :

[traduction]

aucun citoyen américain ne peut être considéré comme étant à l'abri des actes terroristes. Bien que tous les otages américains connus aient été libérés, les organisations qui ont perpétré leur rapt continuent à opérer dans le pays. Le passeport américain n'est pas valide pour voyager au Liban ou y transiter à moins d'obtenir un visa spécial. En raison de ses effectifs réduits et des mesures de sécurité renforcées, l'ambassade des Etats-Unis à Beyrouth ne peut pas remplir ses fonctions consulaires courantes (Département d'Etat des Etats-Unis 6 sept. 1994; voir aussi Département d'Etat des Etats-Unis déc. 1994, 23).

Toutefois, de nombreux Américains d'origine libanaise auraient voyagé au Liban dans le cadre des règlements établis par le Département d'Etat des Etats-Unis (The Lebanon Report mars 1995b, 4). De plus, dans une déclaration faite en septembre 1995, le président Clinton a laissé supposer un relâchement des restrictions visant les voyages au Liban, bien que les Américains doivent apparemment toujours obtenir une permission écrite pour s'y rendre et que les compagnies aériennes américaines se voient toujours interdire les vols directs au Liban (VOA 18 sept. 1995). La Grande-Bretagne aurait aussi interdit aux touristes britanniques de voyager dans certaines régions du Liban, et notamment dans la Beqaa, le Liban-Sud et les banlieues sud de Beyrouth (Radio Free Lebanon 6 avr. 1995).

Pour conclure cette section, il convient de signaler un problème qui prend de l'ampleur malgré les efforts de reconstruction du pays : de nombreuses milices se servent des profits générés par le trafic de stupéfiants pour financer leurs activités militaires (Département d'Etat des Etats-Unis janv. 1994; Foreign Report 6 oct. 1994, 1-2). La production de haschisch, d'opium et de cocaïne a connu une hausse au cours des dernières années, principalement dans la plaine de la Beqaa, sous contrôle syrien (ibid.). D'après Foreign Report, la Syrie finance sa présence militaire au Liban en mettant à contribution les revenus du trafic de stupéfiants, qui s'élèvent à près d'un milliard de dollars américains (6 oct. 1994, 1-2). Selon un rapport du Département d'Etat des Etats-Unis de mars 1995, les efforts consentis par les gouvernements libanais et syrien, en 1994, pour lutter contre le trafic illégal de stupéfiants ont contribué à réduire considérablement la culture du chanvre et du pavot dans la plaine de la Beqaa. Toutefois, cette production a été remplacée par une augmentation de la transformation de stupéfiants importés : [traduction] « le nombre de laboratoires de production d'héroïne et de cocaïne a augmenté considérablement au cours de 1994 » (ibid.).

3. CONDITIONS DE SECURITE : GROUPES MILITAIRES ET POLITIQUES

3.1 L'Armée libanaise et le renseignement libanais

Après la défaite du général Aoun en 1990, le général Emile Lahoud a pris le commandement de l'Armée libanaise et, l'année suivante, a entrepris des opérations de désarmement des milices (Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 6; Europa 1994, 1800). En mars 1995, Middle East International a estimé l'effectif de l'Armée libanaise à 55 000, et celui de la police et des auxiliaires à 15 000 (3 mars 1995, 9; voir aussi Jane's Intelligence Review 1er mars 1995). Cette estimation est compatible avec des rapports antérieurs qui affirmaient que l'Armée libanaise connaissait une croissance rapide grâce à la conscription et à l'intégration des anciens miliciens (Reuter 16 mai 1993; Arab Press Service 20 sept. 1993; AI 4 févr. 1992, 8).

Certaines sources affirment que l'Armée libanaise est devenue au cours des dernières années une force de combat unifiée et compétente, apte à maintenir l'ordre (Reuter 16 mai 1993; MEI 3 mars 1995, 9). Le ministre de la Défense, Muhsin Dallul, s'est plaint de l'insuffisance de l'armement et du matériel, mais il prétend que [traduction] « sur le plan de la formation, l'armée a atteint le sommet. En ce qui concerne la discipline et l'unité nationale, l'armée est dans un état très rassurant. » (Al-Hayah 24 mars 1995). Une dépêche de Reuter, datant du 16 mai 1993, affirme que la rotation des brigades dans les différentes régions du pays pour les soustraire à l'influence traditionnelle des chefs de guerre locaux a été cruciale (voir aussi Jane's Intelligence Review 1er mars 1995). De plus, il est interdit aux soldats de rencontrer des politiciens, et on les voit souvent dans les rues à diriger la circulation et à assurer la surveillance des points de contrôle (Reuter 16 mai 1993; MEI 3 mars 1995, 9; AI 4 févr. 1992, 7). La revue Jane's Intelligence Review cite les officiers militaires supérieurs qui maintiennent que l'intégration des ex-miliciens dans l'Armée libanaise s'est très bien déroulée et que même les partisans d'Aoun ont été bien accueillis et ont pu monter les échelons (1er mars 1995).

L'Armée libanaise travaille en collaboration étroite avec l'armée syrienne, et elles assurent ensemble une présence militaire dans la majeure partie du pays, à l'exception des régions du Sud qui sont sous le contrôle d'Israël ou de l'ALS, et à l'exception également des camps de réfugiés dirigés par les autorités palestiniennes (Al-Hayah 24 mars 1995; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 6-7; APS 20 sept. 1993; Country Reports 1994 1995, 1131; FIDH mai 1994a, 9; HRW 1994, 322; The Middle East oct. 1993). L'Armée libanaise assurerait la surveillance des points de contrôle sur les routes qui mènent aux principales villes, et aussi dans les villes (AI 4 févr. 1992, 6; Country Reports 1994 1995, 1136; FIDH mai 1994b, 58). A Beyrouth, c'est essentiellement l'Armée libanaise qui assure visiblement la sécurité des points de contrôle, mais on présume que l'influence exercée par la Syrie est toujours importante (MEI 3 mars 1995; AI 4 févr. 1992, 6-7; voir aussi DGDIR 26 sept. 1994). L'aéroport de Beyrouth est surveillé par les forces de sécurité libanaises ainsi que par des agents de sécurité syriens (AI 4 févr. 1992, 8; Danish Refugee Council 24 juin 1991, 14-15; HRW 1994, 322). Les points de contrôle ne seraient pas toujours dans des endroits fixes; ils peuvent être déplacés en fonction des exigences de sécurité (Nations Unies 20 juill. 1994, 3; Danish Refugee Council 24 juin 1991, 6, 11; voir aussi DGDIR 26 sept. 1994). L'Armée libanaise a aussi établi des points de contrôle dans plusieurs autres régions, dont celles qui sont passées récemment sous son contrôle (comme la région du Chouf au sud de Beyrouth), ainsi qu'aux points d'entrée le long de la frontière de la « zone de sécurité », et juste en face de certains camps de réfugiés palestiniens au sud de Beyrouth (The Washington Report on Middle East Affairs nov.-déc. 1994, 86; The Christian Science Monitor 8 avr. 1994; Nations Unies 20 juill. 1994, 3; Al-Hayah 3 févr. 1995b; Middle East Times 28 nov. 1993; FIDH mai 1994b, 58; The Jerusalem Report 9 mars 1995; Jane's Intelligence Review 1er mars 1995). L'Armée libanaise serait libre de mener ses opérations partout dans le pays hormis les zones sous le contrôle d'Israël et de l'ALS; toutefois, selon la revue Jane's Intelligence Review, les militaires syriens jouent un rôle prépondérant dans la plaine de la Beqaa, alors que l'Armée libanaise a concentré ses troupes dans le sud du Liban (1er mars 1995).

Des rapports de la FIDH et de Documentation-Réfugiés affirment que les forces de sécurité internes du gouvernement libanais se multiplient, et qu'on ne connaît pas très bien leurs effectifs, leurs fonctions et leurs secteurs de contrôle (FIDH mai 1994a, 13; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 7). La FIDH numère sept groupes chargés de la sécurité interne : le service de renseignement du premier ministre, le service de renseignement du président, la police militaire, la police civile, la police judiciaire, le service de sécurité militaire et le deuxième bureau du ministère de la Défense (FIDH mai 1994a, 13). Les forces de sécurité internes libanaises travaillent en collaboration étroite avec les services de renseignement syriens (ibid.; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 7; HRW 1995, 297; AI 4 févr. 1992). Le deuxième bureau serait le plus actif de ces groupes de sécurité libanais (ibid.), et il serait impliqué dans de nombreux cas de violation des droits de la personne. Des détenus remis au ministère de la Défense sont, dit-on souvent, tenus au secret pendant plusieurs jours; ils feraient l'objet de mauvais traitements et de torture avant d'être relâchés, transférés à d'autres prisons ou traduits devant les tribunaux (Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 7; Country Reports 1994 1995, 1133; FIDH mai 1994a, 10; HRW 1995, 295). Certaines sources affirment que les personnes les plus susceptibles d'être recherchées par les forces de sécurité internes libanaises sont des membres de groupes confessionnels qui s'opposent publiquement à la présence syrienne au Liban, comme les membres des Forces libanaises (FL) et les partisans d'Aoun, ainsi que celles qui sont soupçonnées de travailler pour Israël contre le Liban ou la Syrie (FIDH mai 1994a, 13-14; ibid. 22 sept. 1994, 8; HRW 1995, 295; AI 1994, 193-194; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 6). Les Country Reports 1994 donnent un exemple du sort réservé aux personnes qui rendent publique leur opposition politique :

[traduction]

En septembre [1994], les services de renseignement de l'armée ont arrêté plusieurs personnes en raison de leur participation présumée à la rédaction et à la diffusion d'un tract dénonçant l'influence de la Syrie au Liban. Des agents de sécurité du ministère de la Défense auraient passé à tabac les détenus de sexe masculin; ils les auraient suspendus par les poignets et frappés sur les testicules, au cours d'un interrogatoire. Ils auraient déshabillé complètement deux femmes détenues et les auraient insultées. Les détenus se sont vu refuser l'accès à leurs avocats pendant l'interrogatoire. Ils ont été accusés en vertu de l'article 295 du Code pénal (campagne visant à affaiblir le sentiment national ou à fomenter la discorde sectaire) et de l'article 125 du Code militaire (complot contre l'autorité d'un dirigeant ou la sécurité d'un soldat). Le groupe a été détenu par les autorités pendant 23 jours et ensuite libéré. La date du procès n'a pas été fixée (1995, 1133).

D'après la FIDH, les forces de sécurité libanaises agissent en toute impunité (mai 1994a, 14). Plusieurs sources affirment aussi que l'appareil judiciaire libanais fait parfois l'objet de pressions politiques considérables, et qu'un grand nombre de cas politiques sont jugés sommairement par des tribunaux militaires qui n'accordent pas beaucoup d'importance à la défense (FIDH mai 1994a, 14-15; HRW 1995, 295-296; ibid. 1994, 319; AI 4 févr. 1992, 6-7; The Lebanon Report mars 1994a; Country Reports 1994 1995, 1134).

3.2 L'armée et les services de renseignement syriens

Tel que mentionné dans la section 2.2 ci-dessus, la Syrie exerce une très grande influence au Liban; il y a entre 30 000 et 40 000 soldats syriens en poste dans le pays, ainsi que des agents de renseignement qui travaillent en collaboration avec les responsables libanais et d'une manière indépendante (Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994b, 7; FIDH mai 1994a, 13; HRW 1995, 297; AI 4 févr. 1992, 1-9; Country Reports 1994 1995, 1131). Concentrées dans la plaine de la Beqaa, les forces syriennes seraient présentes dans presque toutes les régions du pays, à l'exception du territoire occupé dans le Sud et des camps de réfugiés palestiniens; elles contrôleraient plusieurs des principales routes et auraient une présence importante à l'aéroport de Beyrouth et dans d'autres points d'entrée ou de sortie (Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994b, 7; HRW 1995, 297; ibid. 1994, 322; FIDH mai 1994a, 9; Danish Refugee Council 24 juin 1991, 11-13). Dans les secteurs à prédominance chrétienne, où l'opposition à la Syrie est généralement plus forte, la présence de soldats syriens en uniforme serait moins importante; par contre, il y aurait une grande concentration d'agents de renseignement syriens en civil (Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994b, 7).

La Syrie vit dans un état d'urgence quasi ininterrompu depuis 1963. Aucune opposition au gouvernement du président Hafez el-Assad n'est tolérée (Country Reports 1994 1995, 1173-1174). Tout comme les forces de sécurité libanaises, les forces syriennes s'intéressent surtout à identifier et à arrêter les personnes au sein des groupes confessionnels qui sont soupçonnées d'être des opposants à la présence syrienne au Liban ou de collaborer avec Israël (HRW 1995, 297; FIDH mai 1994a, 13-14; AI 1994, 193-194; voir aussi section 2.2). Les forces syriennes administrent leurs propres prisons au Liban, prisons que la communauté internationale n'est pas autorisée à inspecter (FIDH mai 1994a, 18-19; AI 4 févr. 1992, 7-8). La plus connue est la prison d'Anjar, située dans la plaine de la Beqaa sur la frontière entre le Liban et la Syrie (FIDH mai 1994a, 18-19; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994b, 7). En outre, il y avait environ 600 détenus libanais dans les prisons en Syrie, d'après une équipe d'investigation de la FIDH qui a visité le Liban en mars 1994 (mai 1994a, 19). Le recours à la torture dans les prisons syriennes serait courant (AI 1994, 281; Country Reports 1994 1995, 1174).

Une personne appréhendée par les autorités libanaises pourrait se retrouver entre les mains des Syriens (FIDH mai 1994a, 10-13, 18; AI 4 févr. 1992, 7; Danish Refugee Council 24 juin 1991; Country Reports 1994 1995, 1133, 1134; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994b, 7). D'après la FIDH, elle pourrait être transportée à l'Hôtel Beau Rivage de Beyrouth, où sont logés les bureaux du coordonnateur des services de renseignement syriens, et ensuite, peut-être, à la prison d'Anjar (mai 1994a, 18). De nombreuses « arrestations » sont effectuées par des hommes en civil, qui pourraient être des agents libanais ou syriens; les détenus sont transportés les yeux bandés pour être interrogés (Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 7; FIDH mai 1994a, 10-13).

3.3 Force de défense israélienne (FDI) et l'Armée du Liban-Sud (ALS)

D'après certaines sources, il y a habituellement près de 1 000 soldats israéliens dans la « zone de sécurité », mais on peut rapidement augmenter les effectifs lorsque les combats s'intensifient (Country Reports 1994 1995, 1131; Reuter 27 mars 1993). L'Armée du Liban-Sud (ALS), la milice « par procuration » d'Israël dans la « zone de sécurité », compte entre 1 800 et 3 500 soldats (AFP 20 janv. 1995; Xinhua 13 janv. 1994; UPI 14 janv. 1994; ibid. 17 avr. 1994; Manchester Guardian Weekly 20 févr. 1994). Plusieurs articles au cours des dernières années font état d'un enrôlement forcé par l'ALS. Tel que mentionné ci-dessus, l'ALS a débuté comme un mouvement essentiellement chrétien phalangiste, mais elle comprend maintenant un nombre assez important de musulmans chiites (Nations Unies 23 janv. 1995, 4; The Toronto Star 20 févr. 1994; Reuter 12 janv. 1994; ibid. 27 mars 1993; Xinhua 13 janv. 1994; UPI 14 janv. 1994; HRW 1995, 297; Middle East Times 28 nov. 1993). Par exemple, plusieurs articles de janvier 1994 affirment que des soldats israéliens et des membres de l'ALS ont établi des barrages dans le secteur occidental de la « zone de sécurité », entouré les villages et pris d'assaut les maisons afin de recruter de nouveaux soldats (Reuter 12 janv. 1994; Xinhua 13 janv. 1994; UPI 14 janv. 1994). Toutefois, le général Antoine Lahd, commandant de l'ALS, a déclaré que ces articles étaient faux et que si l'ALS applique effectivement la conscription dans la « zone de sécurité », les personnes qui refusent de s'enrôler sont relâchées par mesure de sécurité (Manchester Guardian Weekly 20 févr. 1994; UPI 14 janv. 1994). Néanmoins, d'autres articles affirment que le moral est bas au sein de l'ALS, et ce pour diverses raisons : la dure guérilla contre le Hezbollah, la possibilité du retrait de la protection et du soutien israéliens en cas de paix, et, pour certains peut-être, la nature contraignante du service militaire (The Lebanon Report mars 1995c, 1; ibid. déc. 1993, 10; The Toronto Star 20 févr. 1994; MEI 3 févr. 1995, 18-19). A titre d'encouragement moral, des responsables politiques israéliens visitent souvent la « zone de sécurité » du Liban-Sud, et les salaires de l'ALS ont augmenté de façon importante au cours des dernières années; de plus, paraît-il, les autorités israéliennes versent des indemnisations importantes aux populations des villages endommagés par les bombardements (The Lebanon Report févr. 1995, 11; ibid. août 1994, 11; ibid. avr. 1995b, 7; The Toronto Star 20 févr. 1994; UPI 14 janv. 1994; MEI 3 févr. 1995, 18-19).

Comme il a déjà été mentionné à la section 2.3, l'ALS et les forces israéliennes contrôlent rigoureusement le mouvement des personnes et des biens dans la « zone de sécurité », tandis que l'Armée libanaise en contrôle l'entrée et la sortie (Country Reports 1994 1995, 1136; UPI 26 févr. 1995; Al-Hayah 3 févr. 1995a; ibid. 3 févr. 1995b; 'Al Hamishmar 27 févr. 1995; Radio Liban 22 févr. 1995; Al-Safir 22 févr. 1995; Middle East Times 28 nov. 1993; voir aussi DGDIR 27 sept. 1994).

L'ALS administre plusieurs prisons dans la « zone de sécurité », dont la plus connue est la prison de Khiyam, située près de son quartier général de Mardjayoun (UPI 1er mars 1995; The Lebanon Report févr. 1995, 12; HRW 1995, 297). Pendant plusieurs années, l'ALS et Israël ont été sévèrement critiqués en raison des conditions déplorables à la prison de Khiyam, de la torture et des mauvais traitements qui y sont infligés, et du refus des autorités de permettre aux familles de visiter les détenus et aux organisations humanitaires internationales comme le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) d'en faire l'inspection (FIDH mai 1994a, 22-23; HRW 1995, 297; AI 1994, 194; United Nations 17 Jan. 1995). An estimated 14 prisoners have died from maltreatment at the prison, according to UPI (1 Mar. 1995). In February 1995, however, SLA authorities began allowing weekly family visits, and ICRC officials were able to escort a number of prisoners who were released to mark the Muslim holiday of 'Id al-Fitr (The Lebanon Report mars 1995c, 1; ibid. févr. 1995, 12; Voice of the South 22 févr. 1995; UPI 1er mars 1995). Environ 200 Libanais, et un nombre inconnu de Palestiniens, sont toujours incarcérés dans la prison de Khiyam, et les groupes de défense des droits de la personne ne sont toujours pas autorisés à inspecter l'établissement (ibid.; Country Reports 1994 1995, 1133-1134). Il y aurait d'autres centres de détention israélo-ALS dans la « zone de sécurité », dans les villes de Hasbaïya, de Mardjayoun et de Bent Djebail (FIDH mai 1994a, 23). D'après le gouvernement libanais, il y aurait, au total, plus de 1 200 prisonniers libanais incarcérés dans la « zone de sécurité » (cité dans ibid., 22). La FIDH estime qu'une centaine de Libanais ont été envoyés en Israël pour être incarcérés; ils auraient été capturés au cours de combats, ou enlevés dans des villages ou sur des navires (ibid. 24). Human Rights Watch rapporte que plusieurs Libanais ont été détenus par Israël, sans avoir été inculpés ou traduits devant les tribunaux, ou sont maintenus en prison en « détention administrative », au delà de la date d'expiration de leur sentence (1995, 297).

Les forces de sécurité israéliennes prendraient parfois pour cible des opposants vivant à l'extérieur de la « zone de sécurité », et ce par le biais d'assassinats et d'enlèvements exécutés à l'aide d'équipement très sophistiqué, y compris des hélicoptères et des missiles (The Globe and Mail 2 mai 1995, A8; Country Reports 1994 1995, 1132; MEI 6 janv. 1995, 14). Par exemple, en mai 1994, un commando aérien israélien a pénétré dans la plaine de la Beqaa, région sous la surveillance étroite des Syriens, et a enlevé Mustapha Dirani, dirigeant d'une petit groupe de résistants allié au Hezbollah. Détenu en Israël, il a été enlevé, d'après des responsables israéliens, pour obtenir des renseignements concernant un pilote israélien dont l'avion a été descendu (Foreign Report 26 mai 1994, 1-3; The Lebanon Report juin 1994, 6; Country Reports 1994 1995, 1132). Peu de temps après son enlèvement, un raid aérien israélien a fait au moins 30 victimes parmi les recrues du Hezbollah qui se trouvaient dans un nouveau camp de formation situé près de la frontière syrienne (Foreign Report 9 juin 1994, 4; MEI 10 juin 1994, 6-7). Ce genre d'attaque retentissante révèle l'excellence du réseau de renseignement maintenu par les forces de sécurité israéliennes, réseau composé, d'après le Foreign Report, de [traduction] « centaines d'agents et d'informateurs de tous les milieux libanais » (2 mars 1995, 3; voir aussi ibid. 26 mai 1994, 1-3; ibid. 6 avr. 1995, 4-5). D'autres incidents attestent la nature arbitraire de certaines attaques menées par les forces israéliennes et l'ALS contre des objectifs civils, y compris des représailles exercées contre des villages à la suite de raids effectués par des guérillas (Foreign Report 3 nov. 1994, 2-3; ibid. 31 mars 1994, 6). D'après un article du Foreign Report de juin 1994, [traduction] « l'aviation israélienne attaque les batteries du Hezbollah presque tous les jours, alors que des avions téléguidés et de reconnaissance s'entrecroisent dans l'espace aérien libanais à la recherche de cibles : la présence de deux hommes sur un cyclomoteur au mauvais endroit à un moment inopportun peut justifier un raid aérien israélien en règle » (30 juin 1994, 1-2).

3.4 Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL)

En janvier 1995, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) comptait 5 001 soldats provenant de neufs pays différents, dont la Norvège qui fournit le contingent le plus important, soit 842 soldats (Nations Unies 23 janv. 1995). Depuis sa création en 1978, le mandat de la FINUL est de superviser le retrait des troupes israéliennes du Liban-Sud (Journal of Palestine Studies automne 1993, 62). Ce retrait n'a pas encore eu lieu, et le champ d'opération de la FINUL a toujours été assez limité, et ce pour diverses raisons. Son quartier général est situé dans le Naqoura, sous contrôle israélien, et la majeure partie de son personnel civil et des observateurs militaires résident dans le nord d'Israël. Les lignes de ravitaillement traversent le territoire israélien, tout comme le réseau téléphonique, et un secteur d'opérations dirigé par l'ALS le long du centre de la « zone de sécurité » divise géographiquement les forces de la FINUL (Journal of Palestine Studies automne 1993, 62-66; Monde arabe oct.-déc. 1991, 33). Sur le plan militaire, la FINUL n'est pas équipée pour séparer les combattants ou pour maintenir la paix, et elle peut elle-même subir des attaques; elle doit parfois faire appel aux officiers de l'Armée libanaise pour désamorcer des affrontements avec des groupes armés (Nations Unies 23 janv. 1995, 3, 5; Reuter 27 mars 1993; Journal of Palestine Studies automne 1993, 66). Plus de 200 soldats de la FINUL ont trouvé la mort dans le Liban-Sud depuis 1978 (Nations Unies 23 janv. 1995, 3).

Toutefois, la présence de la FINUL dans le Sud a eu un effet stabilisateur au fil des ans et, d'après un rapport publié en 1991, la FINUL apporte de 50 à 70 millions de dollars américains par année à l'économie locale (Monde arabe oct.-déc. 1991, 34-37). De plus, les troupes de la FINUL remplissent de nombreuses fonctions : neutraliser des mines, aider les civils se trouvant dans la zone de guerre, participer à la reconstruction des villages endommagés, accompagner les fermiers dans leurs champs près des positions de la FINUL, mettre en oeuvre des projets de développement, et fournir des soins médicaux et dentaires (Nations Unies 23 janv. 1995, 5).

3.5 Factions chiites

3.5.1 Le Hezbollah

Le mouvement activiste chiite a pris source dans le radicalisme au sein de la communauté chiite, traditionnellement défavorisée au Liban, dans les années 1960 et 1970. Le conflit israélo-palestinien dans le Liban-Sud a donné lieu à un sentiment de frustration chez les chiites du Sud et a entraîné la création du premier mouvement activiste, l'Organisation des opprimés (Amal), sous la direction de Musa al-Sadr. Au début des années 1980, le mouvement activiste s'est scindé et, au moment de l'invasion par Israël en 1982, le Hezbollah était sorti de cette scission avec l'important soutien de l'Iran (Journal of South Asian and Middle Eastern Studies printemps 1993, 35-37; ibid. hiver 1992, 10; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 5; MEI 9 sept. 1994, 16; The Globe and Mail 2 mai 1995, A8). Depuis ses débuts, il a pour but d'établir un Etat islamique au Liban et de lutter contre l'influence occidentale dans la zone. En Occident, le Hezbollah est associé à des attentats suicides à la bombe et à des prises d'otages (ibid.; The Middle East nov. 1994, 15; Département d'Etat des Etats-Unis avr. 1995). Le dernier des otages occidentaux a été libéré en 1992 grâce aux pressions exercées par la Syrie et les Etats-Unis; le Hezbollah a déclaré publiquement que les Occidentaux ne seraient plus la cible d'enlèvements, mais le groupe est soupçonné de l'enlèvement subséquent de présumés collaborateurs d'Israël (Journal of South Asian and Middle Eastern Studies printemps 1993, 39; AFP 5 janv. 1995; The Lebanon Report juill. 1994, 11).

Le Hezbollah s'oppose aux accords de septembre 1993 entre l'OLP et Israël. On l'accuse même de faire la guerre dans le Liban-Sud afin d'interrompre le processus de paix israélo-arabe au Moyen-Orient (Terrorism and Political Violence automne 1994, 324; AI 1994, 194; The Lebanon Report déc. 1993, 10; Nations Unies 1er août 1994, 1-2). Traditionnellement, l'Iran est le principal bailleur de fonds et fournisseur d'armes du Hezbollah, mais, d'après diverses sources, le Hezbollah ne pourrait pas mener ses opérations en toute liberté sans la bénédiction de la Syrie qui exerce à son tour une influence considérable sur ses activités (HRW 1995, 297; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 4-5; Journal of South Asian and Middle Eastern Studies printemps 1993, 38: MEI 26 août 1994a, 9; ibid. 26 août 1994b, 19-20; Israel Foreign Ministry 6 juin 1994). D'après un article de Foreign Report de mai 1995, l'Iran, aux prises avec sa propre crise économique, a réduit le financement qu'il accorde au Hezbollah; les dirigeants iraniens ne seraient pas satisfaits des derniers résultats obtenus par le Hezbollah sur le plan militaire, et ils seraient mécontents de la présumée infiltration israélienne au niveau de ses opérations militaires (4 mai 1995a, 1-2). On dit que le gouvernement libanais exerce un contrôle limité sur le Hezbollah, légalement armé pour faire la guerre dans le Liban-Sud (HRW 1995, 297-298; The Lebanon Report mars 1994a). Toutefois, des dirigeants du Hezbollah ont coopéré avec le Liban et la Syrie en leur remettant de présumés agents israéliens, et le Hezbollah serait respectueux des positions de l'Armée libanaise dans le Liban-Sud (Foreign Report 2 mars 1995, 3-4; ibid. 21 juill. 1994, 4).

Les estimations du nombre de combattants du Hezbollah varient entre 300 et 3 500; les différences importances sont dues peut-être à la structure souple du Hezbollah qui comprend de nombreux groupes affiliés (The Toronto Star 20 févr. 1994; Journal of South Asian and Middle Eastern Studies printemps 1993, 38, 40; ibid. hiver 1992, 10). Le Hezbollah participe aussi intensivement à des activités communautaires et religieuses et à des projets de développement, et il est représenté par un influent bloc de membres élus à l'assemblée nationale (The Globe and Mail 2 mai 1995, A8; MEI 9 sept. 1994, 16; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 5; The Middle East nov. 1994, 15; Third World Quarterly 1993, 327-328). Certaines sources affirment que le Hezbollah maintient une présence importante dans les régions à prédominance chiite comme Beyrouth-Ouest et les banlieues sud, Baalbek et la plaine de la Beqaa à l'est, et dans le Liban-Sud (Département d'Etat des Etats-Unis avr. 1995; Journal of South Asian and Middle Eastern Studies printemps 1993, 28; ibid. hiver 1992, 11-12; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 5; Israel Foreign Ministry 6 juin 1994; Third World Quarterly 1993, 327).

Le Hezbollah veille à maintenir une nette séparation entre les secteurs politique et militaire du mouvement, apparemment de façon à éloigner le secteur politique des opérations militaires et à préserver le secret militaire (Economist Intelligence Unit 3e trimestre 1993, 11; Terrorism and Political Violence automne 1994, 308). L'aile militaire est composée de deux sections : la Résistance islamique qui fait la guerre dans le Liban-Sud, de concert avec d'autres guérillas, et le Jihad islamique, une aile militaire clandestine connue sous plusieurs pseudonymes, qui serait responsable d'attentats à la bombe, d'assassinats et d'enlèvements (The Middle East nov. 1994, 15; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 5; Journal of South Asian and Middle Eastern Studies printemps 1993, 41).

On a accusé le Hezbollah de maintenir son propre système judiciaire spécial dans les secteurs sous son contrôle (The Lebanon Report mars 1994a; Country Reports 1994 1995, 1134; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 5). Par exemple, l'Assemblée des patriarches et des évêques catholiques du Liban a rapporté, en avril 1995, que le Hezbollah avait « arrêté » plus d'une trentaine de présumés collaborateurs d'Israël (ZipRep 1er-30 avr. 1995, 3). En février 1994, Husayn Awada, un jeune qui aurait tué une mère et ses deux enfants, a été exécuté à Baalbek par le Hezbollah (The Lebanon Report mars 1994a; HRW 1995, 297; Country Reports 1994 1995, 1134). Ghassan Moukheiber affirme que :

[traduction]

le Hezbollah a établi une structure de tribunaux élaborée et organisée pour compléter ses activités et ses services militaires et socio-économiques. Ces tribunaux statuent en vertu du droit islamique et non pas en fonction de règlements et de traditions claniques comme c'est souvent le cas dans la région de Baalbek-Hermel [...]. En raison de faiblesses gouvernementales regrettables, les structures du Hezbollah ne sont toujours pas sous le contrôle de l'Etat, et les responsables de l'exécution de Baalbek n'ont toujours pas été poursuivis en justice (The Lebanon Report mars 1994a).

D'après Human Rights Watch, les violations des droits de la personne imputables au Hezbollah comprennent, entre autres, des châtiments corporels, des enlèvements et des exécutions sommaires (1994, 297).

3.5.2 Amal et Amal islamique

L'organisation chiite Amal (qui signifie « espoir » en Arabe) a vu le jour dans le Liban-Sud au milieu des années 1970. Au début des années 1980, elle s'est scindée en deux groupes distincts : le mouvement Amal orthodoxe, soutenu par la Syrie et dirigé par l'actuel président de l'assemblée nationale, Nabih Berri, et le mouvement Amal islamique plus radical, affilié à l'Iran et au Hezbollah, et dirigé par Hussein Musawi (Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 4; Journal of South Asian and Middle Eastern Studies printemps 1993, 40; ibid. hiver 1992, 8-10; The Middle East nov. 1994, 15). Le mouvement Amal islamique est concentré à Baalbek et dans la plaine de la Beqaa; il a reçu une aide considérable de la Garde révolutionnaire iranienne jusqu'au retrait de cette dernière de la plaine de la Beqaa en 1991 (The Middle East nov. 1994, 15; Journal of South Asian and Middle Eastern Studies printemps 1993, 40). D'après Haleh Vaziri de la Georgetown University, le mouvement Amal islamique vise la création d'un Etat islamique intégriste au Liban, alors que :

[traduction]

[Amal] est essentiellement réformiste, et ne cherche pas à reproduire la révolution iranienne au Liban. Son dirigeant a reconnu le caractère pluriconfessionnelle du Liban; il s'est incliné devant les pressions syriennes et il a accepté le partage du pouvoir tel que déterminé dans les accords de Taëf (Journal of South Asian and Middle Eastern Studies hiver 1992, 15).

Pendant la guerre civile, Amal était considéré comme un agent d'exécution de la Syrie et, en diverses occasions, il a combattu les chrétiens, les Palestiniens, les communistes et le Hezbollah (Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 4; Xinhua 27 janv. 1995; The Lebanon Report avr. 1994, 11). Les liens avec la Syrie ont été maintenus et, bien que la milice Amal ait été officiellement dissoute en 1991, une partie de la milice et de l'armement ont été conservés et, à la fin de 1993, elle a repris les combats dans le Liban-Sud avec le soutien de la Syrie (Foreign Report 20 janv. 1994, 4-5; ibid. 4 mai 1995b, 3; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 4). La reprise des hostilités a été interprétée comme une tentative par Nabih Berri de rétablir la base politique d'Amal avant l'établissement éventuel de la paix dans la région (Foreign Report 20 janv. 1994, 4-5). Tout comme le Hezbollah, Amal a des bases dans les banlieues sud de Beyrouth et dans le Liban-Sud (Voice of the Islamic Republic of Iran 30 janv. 1995; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 4). La rivalité entre Amal et le Hezbollah s'est atténuée en 1991, mais la situation se serait de nouveau envenimée en février 1994; des combats ont alors éclaté dans plusieurs villages du Liban-Sud, et le Hezbollah a pris le contrôle de secteurs tenus traditionnellement par Amal (Foreign Report 17 mars 1994).

3.6 Factions palestiniennes

Les nombreuses factions palestiniennes présentes au Liban sont divisées quant à l'accord israélo-palestinien de septembre 1993, qui prévoit une autonomie palestinienne limitée en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, mais qui ne met pas fin à l'incertitude quant à l'avenir des Palestiniens au Liban (Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994b, 7; The Middle East oct. 1993; AP 11 avr. 1994; AFP 20 nov. 1993). Le Fatah de Yasser Arafat, président de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et signataire de l'accord, s'est scindé en factions pro-Arafat et anti-Arafat; des conflits éclatent régulièrement dans l'ancien bastion d'Arafat qu'est l'important camp de réfugiés d'Aïn al-Hilweh, près de Saïda. (The Lebanon Report juill. 1995c, 7; Voice of Lebanon 10 févr. 1995; ibid. 6 janv. 1995; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994b, 7; AP 11 avr. 1994; The Jerusalem Report 9 mars 1995; MEI 2 déc. 1994, 11). En 1991, l'Armée libanaise a combattu des milices palestiniennes pendant la campagne de désarmement, mais les groupes palestiniens ont conservé une bonne partie de leurs armes (AI 4 févr. 1992, 3). Des arrestations massives de Palestiniens ont eu lieu après les combats, mais le désarmement complet des factions palestiniennes est demeuré un projet permanent de l'Armée libanaise (AI 4 févr. 1992, 3; UPI 11 avr. 1994; AFP 21 avr. 1994; The Lebanon Report déc. 1994a, 12).

Une des factions anti-Arafat les plus puissantes est une faction du Fatah, appelée Brigades du 13 septembre noir, que dirige Munir Maqdah. Ce groupe contrôle une partie importante du camp d'Aïn al-Hilweh, et on dit que Maqdah collabore régulièrement avec les autorités libanaises, syriennes et iraniennes (The Jerusalem Report 9 mars 1995; AFP 20 nov. 1993). Abu Nidal est le chef du Commandement révolutionnaire du Fatah (CRF), un autre groupe palestinien ayant lutté contre Arafat (AI 1994, 194). Le CRF a été impliqué dans plusieurs attentats terroristes, et notamment dans l'assassinat de plusieurs diplomates jordaniens. A la suite du plus récent des ces assassinats, perpétré en janvier 1994, six membres du CRF ont été condamnés à des peines qui vont jusqu'à l'emprisonnement à vie (AFP 11 févr. 1995; ibid. 21 avr. 1994). En avril 1994, l'Armée libanaise a fermé une base du CRF à Aita al-Foukhar dans la plaine de la Beqaa occidentale, a saisi 25 camions d'armes et a arrêté 18 membres du CRF (AFP 21 avr. 1994; The Lebanon Report mai 1994b, 12). L'emplacement du quartier général du CRF est secret, et Abu Nidal se déplacerait souvent entre la Libye et le Liban (AFP 11 févr. 1995).

Le Front populaire pour la libération de la Palestine - Commandement général (FPLP-CG), dirigé par Ahmed Jibril, est aussi fermement opposé à l'accord israélo-OLP (Département d'Etat des Etats-Unis avr. 1995; The Middle East oct. 1993). Ce groupe a participé activement à la guerre contre Israël et l'ALS dans le Liban-Sud; il s'est allié au Hezbollah et aurait reçu le soutien de la Syrie et de l'Iran (ibid.; Ha'aretz 21 déc. 1994; Voice of Lebanon 21 janv. 1995; ibid. 20 janv. 1995; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994b, 7). Le quartier général du FPLP-CG à Nimeh, dans la périphérie sud de Beyrouth, a été pris pour cible plusieurs fois par les Israéliens au cours de raids aériens et de bombardements (Voice of Lebanon 15 janv. 1995; The Lebanon Report février 1995, 12; ibid. févr. 1994b, 11-12).

D'après les Country Reports 1994, les groupes palestiniens administrent leur [traduction] « propre système de justice autonome et arbitraire » dans les camps de réfugiés (1995, 1134). D'autres rapports signalent que la sécurité dans les camps est menacée par des querelles intestines entre groupes palestiniens, ce qui contribue à une hausse des tensions entre Palestiniens (Reuter 10 févr. 1995; Democratic Palestine avr.- juin 1993, 14; The Middle East oct. 1993).

Pour plus d'information sur la présence palestinienne au Liban, consulter la section 4.2.

3.7 Forces libanaises

Pendant les années 1980, les Forces libanaises (FL) étaient la plus importante et la plus puissante milice chrétienne au Liban (Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 4; Xinhua 31 mars 1994; The Christian Science Monitor 8 avr. 1994). Les Forces libanaises étaient opposées à la présence syrienne et palestinienne, et elles se sont battues pour l'établissement d'un Liban fédéral au sein duquel les chrétiens joueraient un rôle important (Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 4). Elles ont aussi collaboré à l'invasion israélienne de 1982 et se sont fait connaître par l'assassinat de centaines de Palestiniens dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila la même année (The Christian Science Monitor 8 avr. 1994). En 1991, elles ont été officiellement désarmées et se sont transformées en parti politique; toutefois, le groupe a conservé des caches d'armes et, en 1992, 27 de ses membres ont été arrêtés et accusés d'avoir tenté de former une nouvelle milice (Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 4; The Christian Science Monitor 8 avr. 1994; Xinhua 31 mars 1994). En mars 1994, le gouvernement a interdit les Forces libanaises, mesure entraînée apparemment par l'explosion, un mois plus tôt, d'une bombe dans une église chrétienne maronite, à Djouniyé dans le nord de Beyrouth; cette explosion aurait fait 11 morts et plus de 40 blessés (HRW 1995, 298; The Christian Science Monitor 8 avr. 1994; MEI 15 avr. 1994, 9). Le siège des Forces libanaises a fait l'objet d'un raid, et de nombreux membres ont été arrêtés et apparemment torturés avant d'être relâchés (The Christian Science Monitor 8 avr. 1994; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 4; FIDH mai 1994a, 40). Plusieurs hauts responsables des Forces libanaises, dont Samir Geagea (Ja'ja), ont été inculpés relativement à l'attentat à la bombe de l'église de Djouniyé et au meurtre de l'ancien dirigeant du Parti libéral national, Dany Chamoun, et de sa famille en 1990 (The Lebanon Report mars 1995a, 5; MEI 1er avr. 1994; Reuter 27 avr. 1995) [ Une loi d'amnistie portant sur la plupart des crimes commis pendant la guerre civile, à l'exception des massacres et des assassinats de dirigeants politiques et religieux et de diplomates a été promulguée en 1991 (HRW 1994, 320). D'après Human Rights Watch, on a recours aux exceptions prévues par la loi d'amnistie pour poursuivre d'une manière sélective des membres des Forces libanaises et de l'opposition, alors que les dirigeants des milices pro-syriennes qui seraient peut-être responsables d'actes semblables sont protégés (HRW 1995, 296, 320).]. Geagea et ses complices ont été déclarés coupables des meurtres Chamoun en 1995; leur peine de mort a été commuée en une peine d'emprisonnement à vie, et des observateurs avancent qu'un accord politique pourrait être conclu en vue de la libération de l'ancien dirigeant des Forces libanaises si ce dernier accepte de quitter le pays (The Lebanon Report juill. 1995b, 6; The Independent 25 juin 1995).

Avant leur interdiction, les Forces libanaises maintenaient une présence importante dans le Nord, et leur quartier général était situé dans la partie nord de Beyrouth (HRW 1995, 297; Xinhua 31 mars 1994).

4. LES REFUGIES ET LES PERSONNES DEPLACEES

4.1 Programme de réinstallation libanais

A la fin de 1992, le nouveau gouvernement a créé le ministère des Personnes déplacées, dirigé par le dirigeant druze Walid Joumblatt (Nations Unies 6 oct. 1993, 7; FIDH mai 1994a, 33; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994a, 6). La guerre civile a provoqué le déplacement de quelque 70 000 familles totalisant entre 500 000 et 700 000 personnes (The Washington Report on Middle East Affairs nov.-déc. 1994, 47; Nations Unies 6 oct. 1993, 7; FIDH mai 1994a, 7). Selon les chiffres du ministère cités par la FIDH, la population de 949 villes ou villages partout dans le pays a été déplacée; 83 agglomérations ont été complètement détruites et 91 l'ont été partiellement (mai 1994a, 32). Au total, entre 35 000 et 50 000 maisons ont subi des dommages irrémédiables au cours du conflit (The Washington Report on Middle East Affairs nov.-déc. 1994, 47; Monde arabe 1er trimestre 1994, 187).

On fait actuellement des efforts en vue du retour et de la réinstallation des Libanais déplacés, mais la tâche est compliquée par plusieurs facteurs dont la nécessité pour l'Armée libanaise d'assurer la sécurité dans les régions, la reconstruction de l'infrastructure endommagée ou détruite, la compensation et le déménagement des squatteurs, et l'obtention des fonds nécessaires à l'exécution de toutes ces tâches (The Washington Report on Middle East Affairs nov.-déc. 1994, 47, 86; Nations Unies 21 sept. 1994, 33; ibid. 6 oct. 1993, 7; FIDH mai 1994a, 33-34; The Lebanon Report mars 1994b, 6). Pendant la guerre, de nombreuses personnes déplacées se sont installées à Beyrouth chez des parents ou dans des appartements et des édifices abandonnés (Economist Intelligence Unit 3e trimestre 1993, 12; Monde arabe 1er trimestre 1994, 186-187). La majeure partie du centre de Beyrouth a été rasée pour faire place à de nouvelles constructions, et une indemnisation, parfois jusqu'à 5 000 $ US, a été versée aux familles de squatteurs qui s'y trouvaient (Le Monde Diplomatique oct. 1994a, 20; MEI 3 mars 1995, 9; ibid. 13 mai 1994, 20; The Lebanon Report mars 1994b, 6; FIDH mai 1994a, 35-36; The Middle East janv. 1995). De plus, le ministère a versé une aide pouvant atteindre 9 500 $ US aux familles libanaises pour la reconstruction de leurs maisons; à la fin de 1994, quelque 7 000 familles avaient reçu une indemnisation (The Washington Report on Middle East Affairs nov.-déc. 1994, 47). Toutefois, des chrétiens et des Palestiniens se sont plaints que les indemnisations ne sont pas équitables, et certaines sources affirment que l'effort de réinstallation a été retardé en raison de l'insuffisance du financement (ZipRep 1er-31 déc. 1994, 5-6; The Lebanon Report mars 1994b, 6; MEI 13 mai 1994, 20-21; FIDH mai 1994a, 33-34; Nations Unies 6 oct. 1993, 7). On estime que la réinstallation des personnes déplacées au Liban coûtera 500 millions de dollars américains (The Washington Report on Middle East Affairs nov.-déc. 1994, 47).

Certains rapports affirment que des chrétiens et des Druzes sont retournés dans les régions qui avaient été abandonnées pendant la guerre, et notamment dans la région du Chouf au sud de Beyrouth et dans le district du Metn au nord de Beyrouth (The Washington Report on Middle East Affairs nov.-déc. 1994, 47, 86; The Lebanon Report oct.-nov. 1994a, 13; ibid. août 1994, 11). Dans The Washington Report on Middle East Affairs, Marilyn Raschka affirme que la réinstallation dans le Chouf se fait graduellement; les familles préfèrent demeurer à Beyrouth et passer les week-ends à reconstruire leurs maisons en attendant le rétablissement de l'électricité et d'autres services essentiels, ainsi que la réouverture des écoles (nov.-déc. 1994, 47, 86). En décembre 1994, l'Assemblée des patriarches et des évêques catholiques du Liban a rapporté que 15 p. 100 seulement de toutes les personnes déplacées avaient pu retourner chez elles (ZipRep 1er-31 déc. 1994, 5-6) et, comme le mentionne la section 2.1, en février 1995, l'Assemblée a signalé que de nombreux chrétiens vendaient leur propriété dans les régions du Chouf, de la Beqaa et d'Aaley parce qu'ils ne croyaient pas pouvoir y retourner en toute sécurité (ibid. 15-28 févr. 1995, 3).

4.2 Palestiniens

On estime qu'il y a entre 350 000 et 600 000 Palestiniens au Liban (MEI 13 mai 1994, 19; FIDH mai 1994b, 58; Index on Censorship nov.-déc. 1994, 175; IPS 27 avr. 1995). A la fin de juin 1994, l'Office des travaux et des secours des Nations Unies (UNRWA) en avait inscrit près de 340 000 (Nations Unies 21 sept. 1994, 32). Toutefois, de tous les Palestiniens au Liban, seuls ceux qui sont arrivés en 1948-1949 en raison des guerres israélo-arabes, et leurs descendants, peuvent s'inscrire auprès de l'UNRWA (Revue d'études Palestiniennes été 1993, 56; FIDH mai 1994b, 61; The Middle East mars 1993, 20). Quelque 48 p. 100 des Palestiniens enregistrés au Liban vivent à l'extérieur des camps de réfugiés et 52 p. 100 vivent à l'intérieur des camps, d'après l'UNRWA (mars 1995, 1). Tous les Palestiniens enregistrés peuvent recevoir de l'aide internationale, ainsi qu'une carte de résidence et des documents de voyage qu'ils partagent avec leur famille (FIDH mai 1994b, 61). Les Palestiniens qui se trouvaient au Liban en 1949, mais qui ne se sont pas inscrits à l'époque, ont reçu un permis de séjour temporaire ou permanent et, par la suite, des documents de voyage; ils sont admissibles à l'aide gouvernementale, mais pas à l'aide internationale. Les Palestiniens qui ont été contraints d'émigrer au Liban après 1949, comme pendant la guerre de 1967, ne sont pas admissibles à un permis de séjour ou à des documents de voyage, ni à l'aide gouvernementale ou internationale (FIDH mai 1994b, 61). L'UNRWA a procédé au remplacement des anciennes cartes d'inscription à la fin de 1992; les nouvelles cartes seront mises à jour régulièrement et indiqueront le village et la région d'origine de la famille en Palestine, le lieu de résidence actuel, le numéro d'identité et les noms des personnes qui sont admissibles aux prestations de l'UNRWA. Ce nouveau processus d'inscription a amené certains à soupçonner que l'UNRWA tente d'enlever aux Palestiniens qui ont quitté temporairement le Liban pour travailler le droit d'y retourner (Revue d'études Palestiniennes été 1993, 38; Democratic Palestine avr.- juin 1993, 13; voir aussi The Lebanon Report juin 1995b, 9).

Les Palestiniens ont été installés, dans un premier temps, dans 16 camps de réfugiés dispersés dans tout le pays; il n'en reste qu'une douzaine en raison des ravages de la guerre, et plusieurs d'entre eux sont dans un état déplorable, ayant été partiellement détruits (FIDH mai 1994b, 56, 60; Reuter 10 févr. 1995; MEI 13 mai 1994, 20; Democratic Palestine avr.- juin 1993, 11; The Middle East mars 1993, 20). L'UNRWA a entrepris la reconstruction des camps après la guerre, mais en janvier 1994 le gouvernement libanais a interrompu ses travaux; sa politique est maintenant de décourager la reconstruction des camps détruits, d'empêcher l'expansion des camps existants et de ne pas autoriser la construction de nouveaux camps (MEI 13 mai 1994, 20; Le Monde Diplomatique oct. 1994a, 20; The Lebanon Report juin 1995c, 10; ibid. mai 1994a, 7; voir aussi The Middle East mars 1993, 20). Des projets privés de reconstruction seraient en cours dans certaines régions, mais dans un contexte de grande incertitude quant à l'avenir des camps (The Lebanon Report juin 1995c, 10; MEI 13 mai 1994, 20; Le Monde Diplomatique oct. 1994a, 20).

D'après l'UNRWA, environ 6 000 familles palestiniennes ont été déplacées à la fin de la guerre : [traduction] « 3 000 dans la région de Saïda, 1 675 à Beyrouth, 474 dans le Nord, 464 dans la Beqaa et 340 à Tyr » (cité dans MEI 13 mai 1994, 20; voir aussi Nations Unies 6 oct. 1993, 17; Le Monde Diplomatique oct. 1994a, 20). La plupart de ces derniers provenaient de camps détruits pendant la guerre, ou il s'agissait de personnes qui n'ont jamais eu le droit de s'y établir. Bon nombre se sont installés dans des édifices abandonnés ou dans des logis de fortune et, depuis quelques années, sont souvent menacés d'expulsion avec le retour des anciens propriétaires (MEI 13 mai 1994, 20; Nations Unies 6 oct. 1993, 17; Le Monde Diplomatique oct. 1994a, 20). Le gouvernement a fourni officiellement un maximum de 5 000 $ US aux familles squatteurs à Beyrouth pour faciliter leur expulsion, mais Rosemary Sayigh affirme dans Le Monde Diplomatique que de nombreuses familles palestiniennes n'ont pas reçu le plein montant de l'indemnisation, et que si la plupart des familles libanaises avaient des maisons dans lesquelles se réinstaller, ce n'est pas le cas des Palestiniens (oct. 1994a, 20; voir aussi MEI 13 mai 1994, 20). D'après l'UNRWA, [traduction] « un nouveau sondage effectué au début de 1994 révèle que 4 175 familles [palestiniennes] déplacées n'avaient pas encore trouvé de logement satisfaisant ou qu'aucun ne leur avait été offert » (Nations Unies 21 sept. 1994, 33).

Plusieurs sources mentionnent l'existence de points de contrôle à l'entrée des camps de réfugiés (Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994b, 7; MEI 2 déc. 1994, 11; The Middle East mars 1993, 20; The Jerusalem Report 9 mars 1995; DRC 24 juin 1991, 9). Le gouvernement libanais a peu ou pas d'autorité dans les camps, qui sont dirigés par des groupes palestiniens, qui y maintiennent leurs propres prisons et un appareil judiciaire qualifié d'« arbitraire » par les Country Reports 1994, et qui subit une forte influence de l'OLP, d'après Documentation-Réfugiés (Country Reports 1994 1995, 1131, 1134; Documentation-Réfugiés 12-25 avr. 1994b, 7). Par exemple, Amnesty International mentionne dans son rapport de 1994 qu'en juin 1993 la principale faction de l'OLP, le Fatah, avait relâché 78 membres du CRF qui étaient détenus dans la prison de Aïn al-Hilweh; il en reste 12, dont deux condamnés à la peine de mort (194).

En vertu d'un décret de 1959, les Palestiniens qui vivent à l'extérieur des camps de réfugiés et qui ont des droits de séjour ont le droit de changer de résidence et de se déplacer librement à l'intérieur du Liban, pourvu qu'ils en avisent les autorités libanaises, alors que ceux qui vivent dans les camps doivent obtenir une autorisation pour changer de camp (FIDH mai 1994b, 61; voir aussi DGDIR 11 août 1994). Toutefois, de nombreux Palestiniens n'ont pas les moyens de vivre à l'extérieur des camps, et ceux qui le font se retrouvent souvent dans des édifices abandonnés ou dans des secteurs résidentiels tentaculaires semblables aux camps (MEI 13 mai 1994, 20; ibid. 2 déc. 1994, 11; FIDH mai 1994b, 60, 65).

Les Palestiniens qui vivent au Liban sont confrontés à des difficultés systémiques. Ils ont beaucoup de difficulté à obtenir des permis de travail puisqu'ils sont considérés comme des étrangers : pour être admissibles, une personne de nationalité palestinienne doit être mariée à une personne de nationalité libanaise ou être domiciliée au Liban depuis au moins 1954, et y travailler depuis au moins 1960 (FIDH mai 1994b, 62). Seuls les secteurs de la construction et du travail saisonnier sont exemptés du permis de travail; les professions comme la médecine, le droit, la pharmacie et le génie sont interdites aux Palestiniens (ibid.; Revue d'études Palestiniennes été 1993, 58; Le Monde Diplomatique oct. 1994a, 20). De plus, les Palestiniens ne sont pas admissibles à l'aide sociale et ne jouissent d'aucune protection contre le congédiement arbitraire (FIDH mai 1994b, 63; Revue d'études Palestiniennes été 1993, 58-59). En outre, au cours des dernières années, plusieurs milliers de Syriens ont commencé à travailler au Liban, disputant aux Palestiniens les emplois peu rémunérateurs de manoeuvre et d'ouvrier spécialisé (MEI 3 mars 1995, 9; ZipRep 1er-30 avr. 1995, 4).

Le chômage est estimé à 40 p. 100 dans les camps de réfugiés palestiniens; à Aïn al-Hilweh, le plus important, seuls 20 p. 100 des hommes ont un emploi régulier (Middle East Report janv.-févr. 1994, 20; Le Monde Diplomatique oct. 1994a, 21; voir aussi FIDH mai 1994b, 65). L'UNRWA offre un éventail de services d'aide sociale dans les secteurs de l'éducation, de la santé et autres, et une aide d'urgence; il est cependant aux prises avec une réduction de son financement qui se traduit par une réduction des services (ZipRep 16-31 janv. 1995, 4; The Lebanon Report juin 1995b, 9; Nations Unies 6 oct. 1993, 16-17; ibid. 21 sept. 1994, 32; Le Monde Diplomatique oct. 1994a, 21). L'OLP est une autre source traditionnelle de soutien financier des Palestiniens. Elle a grevé ses ressources jusqu'à la limite en raison de sa position pro-iraquienne pendant la guerre du Golfe, et elle s'est donné de nouvelles priorités après la signature de l'accord israélo-OLP de septembre 1993. Les déboursements de l'OLP aux Palestiniens au Liban au titre de l'aide sociale seraient passés de 450 000 $ US en 1991 à 30 000 $ US en 1994 (ZipRep 1er-31 déc. 1994, 6; The Lebanon Report juin 1995b, 8; Index on Censorship nov.-déc. 1994, 175; UPI 13 oct. 1993; AFP 20 nov. 1993; Le Monde Diplomatique oct. 1994a, 21).

Le système d'éducation publique serait en grande partie fermé aux Palestiniens, et généralement ils n'ont pas les ressources financières pour accéder aux écoles privées (FIDH mai 1994b, 64). L'UNRWA finance 77 écoles pour des Palestiniens au Liban; ces écoles fonctionnement [traduction] « relativement normalement » d'après l'UNRWA (Nations Unies 21 sept. 1994, 31). Le collège technique à Sibline, établi par les Nations Unies à l'intention des Palestiniens, illustre bien les difficultés auxquelles ils sont confrontées; généralement, en raison des restrictions imposées par le gouvernement libanais, le collège n'arrive à placer ses diplômés qu'à l'étranger (FIDH mai 1994a, 64).

Des sources affirment que le gouvernement libanais et la majorité des Libanais s'opposent fermement à l'établissement permanent des Palestiniens au Liban et à l'octroi de la citoyenneté libanaise à un nombre élevé de Palestiniens (The Lebanon Report juin 1995b, 8; ibid. déc. 1994b, 5; ibid. mai 1994a, 7; AFP 18 avr. 1994; Al-Hayah 27 mars 1995). On croit que l'adjonction de plus de 300 000 Palestiniens, des musulmans sunnites pour la plupart, au corps électoral libanais pourrait bouleverser le fragile équilibre confessionnel, et que les chiites et les chrétiens s'y opposeraient (The Jerusalem Report 9 mars 1995; The Middle East mars 1993, 20; AFP 18 avr. 1994; Le Monde Diplomatique oct. 1994a, 21; MEI 13 mai 1994, 19). Faris Buwayz, le ministre des Affaires étrangères du Liban, a proposé une solution en vertu de laquelle 20 p. 100 des Palestiniens s'installeraient dans les nouvelles régions autonomes de Gaza et de Jéricho, 25 p. 100 rejoindraient leurs familles dans d'autres pays, et les autres seraient absorbés par des pays tels que le Canada, l'Australie et les pays arabes du Golfe (MEI 13 mai 1994, 19; AFP 18 avr. 1994; Le Monde Diplomatique oct. 1994a, 21; The Lebanon Report sept. 1994, 12). Dans ce contexte, d'après certaines sources, le gouvernement semble encourager l'exode des Palestiniens du Liban au moyen de politiques intérieures restrictives, et en facilitant l'obtention de documents de voyage vers des destinations en Europe ou en Amérique du Nord (The Lebanon Report déc. 1994b, 5; MEI 13 mai 1994, 20; AFP 18 avr. 1994; FIDH mai 1994b, 62).

D'après les Country Reports 1994, [traduction] « les réfugiés palestiniens [au Liban] sont susceptibles d'être arrêtés, détenus et harcelés par les forces de sécurité de l'Etat, les forces de sécurité syriennes, les diverses milices et les factions palestiniennes rivales » (1995, 1134). Pour certains Palestiniens, les difficultés auxquelles ils sont confrontés ont été aggravées par l'accord israélo-OLP qui pourrait signaler l'abandon de nombreux Palestiniens dans un Liban inhospitalier (AFP 20 nov. 1993; The Middle East oct. 1993; Middle East Report janv.-févr. 1994, 20; Al-Hayah 27 mars 1995). Le Middle East Report résume la situation ainsi :

[traduction]

Autrefois prospère, florissante et passablement autonome, et maintenant appauvrie inconcevablement, et sous surveillance et contrôle constants, la communauté palestinienne au Liban ne peut guère faire plus que protester. Son sort repose en grande partie sur des accords possibles entre Israël et la Syrie, et entre le Liban et Israël. Sa marge de manoeuvre actuelle étant très limitée, l'avenir lui réserve peu de chose, sauf l'incertitude et l'angoisse (janv.-févr. 1994, 20).

Pour de l'information plus détaillée et plus à jour, veuillez consulter la base de données REFINFO et les sources disponibles dans les centres de documentation régionaux de la Commission d'immigration et du statut de réfugié.

5. A PROPOS DE CERTAINES SOURCES

  Foreign Report [Londres]

Le Foreign Report est un court bulletin hebdomadaire publié depuis 1946 à Londres par l'Economist Newspaper Ltd. Le Liban figure parmi les quelques pays qui font souvent l'objet d'articles. Le bulletin présente [traduction] « les renseignements secrets qui appuient la nouvelle », et les articles, en général non signés, citent souvent des sources « confidentielles » lorsque l'information porte sur un sujet délicat.

Harik, Judith, Beyrouth. 4 septembre 1995. Entretien téléphonique.

Judith Harik est professeure de science politique à l'université américaine de Beyrouth. Son étude intitulée The Public and Social Services of the Lebanese Militias a été publiée en 1994 par le centre d'études libanaises (Centre for Lebanese Studies) à Oxford, au Royaume-Uni.

The Lebanon Report [Beyrouth]

The Lebanon Report est publié mensuellement à Beyrouth par le centre libanais d'études sur les politiques (Lebanese Center for Policy Studies - LCPS), qui se décrit comme étant [traduction] « un centre de recherche indépendant ».

La Lettre Hebdomadaire de la FIDH (FIDH) [Paris]. Mai 1994a. Nø 188 hors série. « Mission d'enquête sur la situation des droits de l'homme au Liban ».

_____. Mai 1994b. Nø 188 hors série. Georges-Henri Beauthier. « La situation des réfugiés palestiniens au Liban ».

La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), une organisation de défense des droits de la personne dont le siège se trouve à Paris, a envoyé en mars 1994 quatre de ses membres d'expérience au Liban pour évaluer la situation des droits de la personne. Etablis à Beyrouth pour la durée de leur séjour, ils ont rencontré notamment divers représentants de la communauté juridique, d'anciens prisonniers politiques, des journalistes, des politiciens, des représentants d'ONG, des leaders syndicaux, des militants des droits de la personne et d'autres personnes. Leur rapport est de grande envergure et couvre plusieurs aspects de la situation des droits de la personne et de la sécurité au Liban. La FIDH a également envoyé Georges-Henri Beauthier au Liban en juin 1993 pour y évaluer la situation des Palestiniens. Le rapport de Beauthier décrit le contexte social, historique, politique et juridique des Palestiniens au Liban et brosse un tableau incertain de leur avenir.

 Middle East International (MEI) [Londres]

Middle East International, publié à Londres et à Washington par la société Middle East International Ltd, fait la couverture des événements récents concernant la politique et la sécurité au Moyen Orient et dans le monde arabe.

Moukheiber, Ghassan, Beyrouth. 17 août 1995. Entretien téléphonique.

Ghassan Moukheiber est avocat auprès de la firme Hatem, Kairouz, Moukheiber and Messihi à Beyrouth. Dans un article publié en mars 1994 par le Lebanon Report, Moukheiber critique les systèmes et pratiques juridiques tant du Hezbollah que du gouvernement.

Radio Lebanon [Beyrouth, en arabe]

Radio Lebanon, fondé en 1937, est géré par le ministère de l'Information. Certaines dépêches de Radio Lebanon sont traduites en anglais et publiées quotidiennement par le Foreign Broadcast Information Service (FBIS). En octobre 1994, le gouvernement libanais a promulgué une nouvelle loi sur les médias qui est venue atténuer la censure, jusqu'alors rigoureuse, exercée sur les nouvelles et commentaires politiques radio-télédiffusés. En revanche, la nouvelle loi exige l'obtention de permis coûteux, ce qui, selon les analystes, aura pour effet de réduire considérablement le nombre de postes de radio et de télévision pouvant rester à flot (The World's News Media 1991, 292-293; The Lebanon Report oct.-nov. 1994b, 5; Country Reports 1994 1995; Arabies janv. 1995).

Département d'Etat des Etats-Unis. Office of the Coordinator for Counterterrorism. Avril 1995. Patterns of Global Terrorism. (INTERNET : Dept. of State Foreign Affairs Network (DOSFAN))

_____. Bureau for International Narcotics and Law Enforcement Affairs. Mars 1995. International Narcotics Control Strategy Report. (INTERNET : Dept. of State Foreign Affairs Network (DOSFAN))

Patterns of Global Terrorism et International Narcotics Control Strategy Report sont deux exemples de rapports produits par le Département d'Etat des Etats-Unis et qui traitent de divers aspects du terrorisme et du trafic de stupéfiants dans plusieurs pays. Ces rapports sont maintenant accessibles par l'Internet et se trouve dans le réseau DOSFAN (Department of State Foreign Affairs Network), réseau qui contient également la version électronique des Country Reports on Human Rights Practices du Département d'Etat des Etats-Unis. On peut accéder à DOSFAN sur l'Internet en passant par le gopher: //DOSFAN.LIB.UIC.EDU/.

ZipRep [Beyrouth]

ZipRep est un bulletin bi-hebdomadaire produit par l'Assemblée des patriarches et des évêques catholiques du Liban à Beyrouth. Le bulletin fait la couverture de l'actualité politique et de la situation des droits de la personne au Liban.

6. REFERENCES

Agence France Presse (AFP). 11 février 1995. « Radical Palestinian Leader Arrested in Lebanon ». (NEXIS)

Agence France Presse (AFP). [Paris, en anglais]. 7 février 1995. « Japan Reopens Embassy After Decade of Closure ». (FBIS-NES-95-026 8 févr. 1995, p. 46)

Agence France Presse (AFP). 20 janvier 1995. « Lahd says Israel "Losing Patience" ». (FBIS-NES-95-013 20 janv. 1995, p. 42)

Agence France Presse (AFP). 5 janvier 1995. « Hizballah: Circumstances for Kidnappings "Have Changed" ». (FBIS-NES-95-004 6 janv. 1995, p. 30)

Agence France Presse (AFP). 21 avril 1994. « Army Dismantles Abu Nidal Base in Lebanon ». (NEXIS)

Agence France Presse (AFP). 18 avril 1994. « Lebanon Outlines Plan to Solve Fate of Palestinian Refugees ». (NEXIS)

Agence France Presse (AFP). 20 novembre 1993. « Arafat Loses Grip on Stronghold in Lebanon ». (NEXIS)

'Al Hamishmar [Tel Aviv, en hébreu]. 27 février 1995. Sharon Klein. « Navy Expands Blockade ». (FBIS-NES-95-038 27 févr. 1995, p. 56)

Al-Hayah [London, en arabe]. 27 mars 1995. « Buwayz Assails Palestinian Leaders on Refugees ». (FBIS-NES-95-060 29 mars 1995, p. 63-64)

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