Les partis politiques et la violence politique

 

GLOSSAIRE

AED       Alliance étudiante démocratique Amicale des étudiants
Groupe étudiant maoïste

FSI          Forum étudiant islamique (lié à l'ICS, l'aile étudiante du Jamaat-i-Islami)

 goonda                 Homme de main

hartal               Grève générale

ICS          slami Chhatra Shibir (aile étudiante du Jamaat-i-Islami) Jamaat    Parti Jamaat-i-Islami

JCD         Jatiyabadi Chhatra Dal (aile étudiante du PNB)

LA          Ligue Awami

LCB        Ligue Chhatra du Bangladesh (aile étudiante de la Ligue Awami)

PCB        Parti communiste Biplobi

PCPB      Parti communiste Purba Banglar

PEN        Parti étudiant nationaliste (groupe d'étudiants partisans du PNB)

PJ            Parti Jatyo

PNB        Parti national du Bangladesh (Jatiyatabadi Dal)

1.                INTRODUCTION

Trois années se sont écoulées depuis que des élections démocratiques, en portant au pouvoir la bégum Khaleda Zia, chef du Parti national du Bangladesh (PNB), ont mis fin à la dictature militaire instaurée neuf ans auparavant par le président du pays, le lieutenant-général Hussein Mohammad Ershad. Selon un commentateur, l'élection du 27 février 1991 aurait marqué un [traduction] « tournant dans la vie politique du Bangladesh » et aurait été « l'élection la plus libre et la plus juste qu'ait jamais connue le pays » (Asian Survey juill. 1993, 701); un autre commentateur, quelques mois après l'élection, a déclaré pour sa part que la campagne électorale et les résultats de l'élection semblaient refléter [traduction] « une nouvelle maturité du corps électoral » et qu'ils représentaient un espoir de stabilité politique (ibid. août 1991, 691). Malgré ces évaluations optimistes, la nature et le caractère de la situation politique au Bangladesh sont lents à changer. Le fractionnisme extrême et la violence organisée continuent de marquer la vie politique au Bangladesh, et le pays est [traduction] « lent à former des structures démocratiques » (Current History mars 1992, 134). Ainsi, selon un observateur, le fractionnisme [traduction] « semble inhérent au Bangladesh » (ibid.); selon un autre, [traduction] « le caractère violent de la politique [au Bangladesh]...a surpris aussi bien...[ses] citoyens que les observateurs » (Tepper mai 1992, 5).

2.     RENSEIGNEMENTS GENERAUX

Le Bangladesh, qui compte environ 115 millions d'habitants et dont le PNB par habitant est très bas, est l'un des pays les plus densément peuplés et les plus pauvres au monde (World Encyclopedia 1987, 77; Bangladesh: A Country Study 1989, 99; Trade Unions of the World 1992-93 1991, 32, 33). A part le gaz naturel, le pays possède peu de ressources naturelles (Current History mars 1992, 136; Bangladesh: A Country Study 1989, 102). Les ressources humaines font également défaut : si le pays compte près de 34 millions de travailleurs, ceux-ci sont [traduction] « sous-formés, sous-payés [et]... pour la plupart, illettrés, non qualifiés et sous-employés » (ibid.; Trade Unions of the World 1992-93 1991, 33). Le Bangladesh est un pays agricole : 89 p. 100 des ses habitants vivent en milieu rural et environ 65 p. 100 des travailleurs sont des agriculteurs (ibid.; World Encyclopedia 1987, 81).

La propriété foncière est une importante source de pouvoir politique au Bangladesh (World Encyclopedia 1987, 79). Selon Elliot Tepper, professeur de sciences politiques à l'université Carleton d'Ottawa et auteur d'un rapport sur la situation des droits de la personne au Bangladesh :

[traduction] la terre est l'élément clé qui permet de comprendre le Bangladesh. Dans les campagnes, celui qui possède des terres est celui qui a réellement le pouvoir... La possession des terres ne représente pas seulement une ressource financière, elle confère le droit, de fait, de réglementer l'ordre social en milieu rural. La rareté grandissante des terres..., conjuguée à la faiblesse des institutions nationales ou locales, accorde une influence disproportionnée à des personnalités locales qui exercent une emprise solide sur les ressources foncières (Tepper mai 1992, 3, 4).

Tepper note en outre que la propriété foncière est le point de départ de la formation de hiérarchies sociales et politiques, et que les relations protecteur-protégé et le fractionnisme politique en sont la manifestation visible (ibid., 1, 5).

Les relations protecteur-protégé sont courantes et particulièrement fortes dans les régions rurales du Bangladesh (ibid., 5; World Encyclopedia 1987, 79). Bien que ce type de relations comporte plusieurs aspects, il s'agit, par essence, d'une relation d'échange entre personnes inégales où la personne de statut socio-économique élevé use de son pouvoir ou de son influence pour assurer une protection ou procurer des avantages matériels à la personne de statut inférieur et, en échange, s'assure l'appui, le dévouement ou le vote de cette dernière. (Clapham 1982, 4; Eisenstadt and Roniger 1984, 48). Les relations protecteur-protégé sont [traduction] « ouvertement reconnues et admises » dans les sociétés non industrielles (Clapham 1982, 5), et, d'après Tepper, celles-ci [traduction] « tendent à structurer leurs systèmes politiques » en fonction de rapports de ce type (Tepper mai 1992, 5). Au Bangladesh, les dirigeants politiques se servent souvent de leur position et de leur influence pour détourner des fonds publics afin de financer leurs bases de pouvoir locales (Bangladesh: A Country Study 1989, 177; Journal of South Asian and Middle Eastern Studies hiver 1992, 49). De plus, les partisans de ces dirigeants non seulement pardonnent de telles [traduction] « manifestations de générosité aux dépens du public », mais considèrent cette façon d'agir comme convenable et correcte (ibid.). D'après une source, les élites locales sont [traduction] « opportunistes, et changent d'affiliation afin d'obtenir le maximum d'aide pour ceux qu'elles représentent » (Bangladesh: A Country Study 1989, 177).

Certaines sources ont aussi fait état de l'importance des liens familiaux et parentaux au sein de la politique au Bangladesh (World Encyclopedia 1987, 79; Journal of South Asian and Middle Eastern Studies hiver 1992, 43) et ont fait remarquer que la politique a tendance à être mue par des personnalités plutôt que par des idéologies (ibid.; World Encyclopedia 1987, 80; Asian Survey juill. 1993, 703). Ainsi, [traduction] « une grande partie de l'activité politique est axée sur le recrutement d'hommes puissants au niveau local », des propriétaires fonciers surtout, et aussi sur [traduction] « la mobilisation de l'appui de lignées dominantes » (World Encyclopedia 1987, 79; Tepper mai 1992, 4). De plus, au Bangladesh, l'élite est fort restreinte (Tepper 23 janv. 1992, 26; Asian Survey juill. 1993, 703) et il existe entre les partis un [traduction] « chevauchement idéologique considérable »; comme les différences idéologiques sont en outre [traduction] « souvent axées sur les personnalités et rarement sur la substance, le facteur du loyalisme envers un parti est extrêmement faible » (ibid., 702, 703). Une source signale que souvent,

[traduction] des scissions, des réalignements et la défection de fractions mènent à la création de formations distinctes. Une autre caractéristique est l'alignement et le réalignement complexes et continus de partis individuels au sein d'alliances et de fronts de grande envergure (Political Parties of the World 1988, 43).

Selon Tepper, le fractionnisme et la violence politique sont des conséquences logiques de la versatilité politique et d'une économie de rareté (Tepper mai 1992, 5). Au Bangladesh, la concurrence entre les fractions est féroce et dépasse le cadre électoral pour se manifester sous toutes les formes possibles (ibid., 6). Les manifestations de rue et les hartals (grèves générales) organisés par des partis d'opposition, des groupes étudiants et des syndicats sont monnaie courante et tournent souvent à la violence. De nombreux partis sont dotés d'une aile étudiante qui est souvent prête à recourir à la violence (Current History mars 1992, 134; Tepper 23 janv. 1992, 21-23), et de nombreux syndicats et centrales sont affiliés à des partis politiques, dont le PNB actuellement au pouvoir (Country Reports 1992 1993, 1127; Country Reports 1991 1992, 1364; Trade Unions of the World 1992-93 1991, 35). De même, l'appareil de l'Etat - la police, les militaires, l'appareil judiciaire et la bureaucratie - est hautement politisé, et ses traditions l'incitent à jouer un rôle actif dans les luttes intestines qui secouent les diverses fractions (Tepper 23 janv. 1992, 23; World Encyclopedia 1987, 84, 85; Bangladesh: A Country Study 1989, 160-62, 227; Tepper mai 1992, 1, 6, 11).

3.      LES STRUCTURES DES PARTIS, LE FRACTIONNISME ET LES RIVALITES

Moins de 15 des quelque 102 partis politiques différents ont emporté des sièges aux élections parlementaires de février 1991 (Asian Survey août 1991, 690; Bangladesh: A Country Study 1989, 178). Voici une description des quatre partis qui comptent le plus grand nombre de représentants au parlement.

3.1            Le Parti nationaliste du Bangladesh (PNB)

Le Parti nationaliste du Bangladesh (PNB) (Jatiyatabadi Dal), auquel appartient la première ministre Khaleda Zia, prône la démocratie multipartite, le nationalisme bengalais, une économie de marché mixte et une reconnaissance limitée de l'islam (World Encyclopedia 1987, 81; Political Parties of the World 1988, 37; Asian Survey août 1991, 686). La structure du BNP repose sur une série d'organisations créées pour les femmes, les jeunes, les paysans, les travailleurs, les volontaires, les activités culturelles et les étudiants (Political Parties of the World 1988, 37). L'aile étudiante du PNB, le Jatiyabadi Chhatra Dal (JCD), joue un rôle de premier plan dans les actes de violence que commettent les étudiants (Asiaweek 3 mars 1993, 28).

Dans la campagne qui a précédé les élections de février 1991, la plate-forme du PNB comprenait une vaste extension de la propriété privée et la poursuite des politiques de privatisation de l'ancien régime d'Ershad (Asian Survey août 1991, 686). Les partisans du PNB viennent de virtuellement toutes les couches de la société bengalaise (World Encyclopedia 1987, 81) et la plate-forme électorale du parti en 1991 visait, paraît-il, les jeunes, les gens d'affaires, les membres de la classe moyenne et les pauvres vivant en milieu rural ou urbain (Asian Survey août 1991, 691). Le PNB a fini par remporter 168 des 330 sièges parlementaires (ibid., 690).

Depuis les élections de février 1991, la première ministre Khaleda Zia et son gouvernement subissent régulièrement les attaques des partis d'opposition; ces derniers accusent le gouvernement de corruption et de terrorisme d'Etat, et ils qualifient la première ministre de néo-autocrate (AFP 18 oct 1993; EIU 1993a, 7; Dainik Ittefaq 21 août 1993). Outre un boycott parlementaire tenu au printemps de 1992 (Asian Survey juill. 1993, 705), une campagne antigouvernementale prolongée, organisée durant l'été et l'automne de 1993 par la Ligue Awami et quatorze autres partis d'opposition, a entraîné un grand nombre de grèves générales, de manifestations, d'émeutes, d'attentats à la bombe et d'attaques sur des campus universitaires (AFP 18 oct. 1993; ibid. 10 oct. 1993; Dainik Ittefaq 21 août 1993; All India Radio Network 19 juill. 1993). A la fin de 1993, les trois grands partis d'opposition, qui soutenaient que le gouvernement du PNB avait perdu son mandat à cause de [traduction] « la corruption officielle et de [son] inefficacité administrative » (FEER 21 avr. 1994, 19), ont uni leurs forces pour réclamer la tenue de nouvelles élections parlementaires sous un gouvernement de transition (ibid.; ibid. 25 nov. 1993, 20; ibid. 30 déc. 1993-6 janv. 1994, 24; AP 7 avril 1994a). Cette campagne antigouvernementale, la plus récente, se poursuivait au début de 1994 (ibid.; ibid. 7 avril 1994b; AFP 7 avril 1994; ibid. 26 avril 1994; UPI 7 avril 1994), et les partis d'opposition prévoyaient de déposer au parlement un projet de loi exigeant qu'à l'avenir les élections se tiennent sous un gouvernement de transition (ibid.; FEER 30 déc. 1993-6 janv. 1994, 24; ibid. 25 nov. 1993, 21). Le gouvernement PNB a rejeté les exigences de l'opposition en les qualifiant, paraît-il, [traduction] « d'extravagantes et inacceptables » (ibid.).

Le 6 décembre 1992 à Ayodhya, en Inde, des hindouistes fanatiques ont détruit la mosquée Babri. Cet incident a eu pour effet de miner l'autorité du gouvernement PNB et d'augmenter l'instabilité politique générale au Bangladesh, où il a provoqué une grève générale, des manifestations contre les Indiens, des attaques de la part de musulmans contre les hindouistes, leurs temples et leurs maisons, des affrontements entre fondamentalistes et antifondamentalistes et des attaques contre les bureaux de partis politiques (AFP 8 déc. 1992; ibid. 10 déc. 1992; ibid. 12 déc. 1992). Durant la « longue marche » organisée par les musulmans du Bangladesh pour se rendre à pied jusqu'en Inde afin de rebâtir la mosquée, de deux à cinq personnes ont perdu la vie lors d'accrochages entre marcheurs et policiers (Radio Bangladesh Network 5 janv. 1993; AFP 5 janv. 1993). Les efforts faits par le gouvernement de Khaleda Zia pour minimiser les émeutes et la violence généralisées ont provoqué des dissensions au parlement qui ont nui à la capacité du gouvernement d'entretenir avec l'Inde des relations diplomatiques efficaces. L'opposition, et même quelques députés du PNB, ont tenu le gouvernement responsable des frictions entre musulmans et hindouistes ainsi que de la destruction de maisons et de temples hindouistes (Radio Bangladesh Network 20 janv. 1993; All India Radio Network 4 janv. 1993).

Les différends entre les dirigeants nationaux et ceux des districts seraient une autre source de dissension au sein du PNB. En décembre 1992, à une réunion du Comité exécutif central où l'on espérait pouvoir rapprocher les représentants nationaux et locaux du PNB, des dirigeants locaux du parti auraient fait part de leur mécontentement général à l'égard du leadership national et auraient sermonné et critiqué leurs représentants nationaux pour leurs présumés méfaits et leurs piètres résultats lors de récentes élections complémentaires (EIU 1993b, 11). Selon certaines sources, les dirigeants nationaux seraient peu enclins à discuter de questions qui touchent les paliers de gouvernement inférieurs, et ces derniers n'auraient guère voix au chapitre en matière de politiques ou de décisions de portée nationale (Current History mars 1992. 134; EIU 1993a, 13).

De plus, l'incapacité ou le refus de prendre des mesures décisives au sujet de son aile étudiante, le Jatiyabadi Chhatra Dal (JCD), continue d'engendrer de sérieuses dissensions au sein du PNB. Si la première ministre Khaleda Zia a bien entrepris d'enrayer la violence étudiante en suspendant le comité central du JCD et en en interdisant les activités au campus de l'université de Dhaka en septembre 1992 (Time 12 oct. 1992, 62; Xinhua 8 sept. 1992), cette suspension a provoqué de nombreux désaccords au sein du PNB (EIU 1993b, 10-11). Certains éléments du parti croyaient que la première ministre faisait cause commune avec une fraction particulière du JCD (ibid.), tandis que d'autres soutenaient qu'il serait imprudent de « laisser le champ libre aux partis d'opposition », c'est-à-dire que le fait d'expulser de campus universitaires les hommes de main du JCD risquait d'affaiblir le PNB par rapport à d'autres partis (FEER 24 sept. 1992). A cause de ces désaccords et des informations selon lesquelles certains ministres du Cabinet se seraient rangés du côté de fractions particulières du JCD, les autorités n'ont pas encore pris de mesures décisives au sujet de l'aile étudiante du PNB (EIU 1993b, 10-11).

3.2                La Ligue Awami (LA)

La Ligue Awami (LA), principal parti d'opposition, a été formée en 1948 et a mené le Bangladesh à l'indépendance en 1971, à la suite d'une guerre de sécession contre le Pakistan occidental (Political Handbook of the World: 1992 1992, 61; Political Parties of the World 1988, 36). La LA, qui représentait initialement des intérêts divergents et des fractions opposées (ibid.), a été marquée par des luttes de pouvoir et des différences d'orientation qui continuent encore aujourd'hui de secouer le parti (EIU 1992b, 8; AFP 29 août 1993). La Ligue prône le sécularisme, un socialisme modéré et le nationalisme bengalais et, par contraste avec le PNB, il est pro-indien (Political Parties of the World 1988, 35-36). La structure du parti comporte diverses organisations distinctes auxquelles adhèrent les femmes, les paysans, les travailleurs, les étudiants et les jeunes (ibid., 37). L'aile étudiante du parti, la Ligue Chhatra du Bangladesh (LCB), joue un rôle de premier plan dans les actes de violence que commettent les étudiants (EIU 1992b, 8).

Selon divers comptes rendus, le Ligue Awami lutte pour maintenir sa cohésion interne. Des divergences d'opinion sur la manière de traiter la LCB auraient provoqué des scissions entre les dirigeants et les militants de base du parti (ibid.). En juin 1992, un membre rebelle de la Ligue Awami, Kamal Hossein, a créé le Forum démocratique, une fraction dissidente de la LA (EIU 1993b, 10). En août 1993, Hossein a formé un parti politique rival, baptisé le Forum du peuple (EIU 1993a, 12-13; UPI 29 août 1993). Par ailleurs, au début de l'été 1993, un ancien secrétaire général de la Ligue Awami pour le district de Pabna est passé dans les rangs du PNB (EIU 1993a, 13).

Sheikh Hasena, chef de la Ligue Awami, aurait été la cible d'une ou deux tentatives d'assassinat, organisées peut-être par des éléments à l'intérieur du parti. La première est survenue en septembre 1991, pendant que Hasena visitait un bureau de scrutin de Dhaka au cours d'une élection complémentaire; on ne connaît toutefois pas avec certitude l'identité des assaillants. Hasena a accusé le PNB d'avoir tenté de l'assassiner, mais le parti gouvernemental a affirmé que la tentative avait été combinée à l'intérieur même de la Ligue Awami (AFP 11 sept. 1991a; ibid. 11 sept. 1991b; ibid. 14 sept. 1991). Une seconde tentative a peut-être eu lieu le 24 janvier 1993, mais les sources sont ambiguës et, là encore, on ne connaît pas avec certitude l'identité des agresseurs. Une source décrit l'incident comme un [traduction] « attentat à la vie » de Sheikh Hasena (All India Radio Network 25 janv. 1993), tandis qu'une autre déclare simplement que des [traduction] « tireurs non identifiés » ont ouvert le feu et ont fait exploser des bombes rudimentaires à une réunion publique organisée par la Ligue Awami à laquelle assistait Hasena (AFP 24 janv. 1993; ibid. 26 janv. 1993). La police et le gouvernement ont tous deux déclaré que les responsables de l'incident étaient des fractions rivales de l'aile étudiante de la Ligue Awami (AFP 24 janv. 1993; ibid. 26 janv. 1993), tandis que Sheikh Hasena a imputé l'attaque à une [traduction] « conspiration » (ibid.) tramée par des [traduction] « agents du gouvernement » aidés indirectement par la police (EIU 1993a, 12).

La Ligue Awami exige notamment l'abrogation du décret d'indemnisation (Indemnity Ordinance) et de la loi sur la répression des activités terroristes de 1992 (Curbing of Terrorist Activities Act 1992), le déclenchement de poursuites judiciaires contre le chef fondamentaliste du Jamaat-i-Islami, Golam Azam, que la Ligue accuse de crimes de guerre, la fin de ce que la Ligue appelle la répression exercée contre ses militants, et la démission du gouvernement, que la Ligue taxe de corruption (AFP 18 oct. 1993; ibid. 10 oct. 1993; Dainik Ittefaq 21 août 1993; All India Radio Network 19 juill. 1993). Nous avons déjà parlé plus tôt des récentes campagnes de la Ligue contre le gouvernment (section 3.1). Selon une source, l'opposition menée par la Ligue Awami [traduction] « tente de provoquer de nouveau le soulèvement massif qui a fait renverser le régime autocratique d'Ershad en 1990 » (FEER 21 avr. 1994, 19). Avec le PJ et le Jamaat, la Ligue Awami a menacé de boycotter les élections parlementaires qui sont censées avoir lieu d'ici février 1996 (ibid.; ibid. 30 déc. 1993-6 janv. 1994, 24).

3.3          Le Parti Jatyo (PJ)

Le Parti Jatyo (PJ) (Jatiya Dal) est né en 1985 de la fusion du Parti du peuple (People's Party) - créé dans le but de procurer une base politique au lieutenant général Ershad après que celui-ci s'était emparé du pouvoir en 1982 - et de divers éléments et fractions rebelles d'autres partis, dont le PNB et la Ligue Awami (World Encyclopedia 1987, 82; Political Parties of the World 1988, 41). A l'instar du PNB, le PJ prône la nationalisme bengalais et favorise les principes de l'islam, même s'il dit encourager le respect de toutes les religions (ibid., 40-41). Comme le PNB et la LA, le PJ est doté de diverses ailes auxquelles adhèrent les étudiants, les jeunes, les femmes, les paysans, les travailleurs et les volontaires (ibid., 41), et ses partisans viennent de virtuellement toutes les couches de la société bengalaise (World Encyclopedia 1987, 82). Des sources indiquent que le PJ et le PNB, malgré leur rivalité, ne se distiguent guère l'un de l'autre par leurs politiques (ibid., 82; Asian Survey août 1991, 686-87).

Même si, au moment des élections de février 1991, Ershad et d'autres dirigeants du PJ se trouvaient en prison après avoir été accusés de corruption et d'autres délits, le parti a gagné 35 sièges. Ershad lui-même a remporté la victoire dans les cinq circonscriptions où il s'était présenté - les candidats peuvent se présenter dans cinq circonscriptions au maximum, mais ils ne peuvent garder qu'un seul siège - et il a continué d'occuper le sien derrière les barreaux (Current History mars 1992, 133-34; Asian Survey août 1991, 684; FEER 14 mars 1991, 12). Selon un commentateur, il est possible qu'Ershad ait bénéficié d'un [traduction] « vote de sympathie à l'endroit d'un "fils natif victime d'une injustice" » (ibid.), tandis qu'un autre souligne la bonne cote personnelle des dirigeants du PJ et la popularité des programmes de développement entrepris à l'époque où le PJ était encore au pouvoir (Asian Survey août 1991, 687).

Le PJ joue un rôle actif dans les manifestations, les boycotts et les grèves qui visent le gouvernement. Il a exigé qu'Ershad soit libéré de prison et que de nouvelles élections soient tenues (All India Radio Network 10 nov. 1993; FEER 25 nov. 1993, 20; ibid. 30 déc. 1993-6 janv. 1994, 24; ibid. 21 avr. 1994, 19). En avril 1994, le PJ s'est joint à d'autres partis de l'opposition à l'occasion de deux grèves générales d'une durée d'un jour, et ce afin de réclamer avec plus de force la démission de la première ministre et la tenue de nouvelles élections parlementaires (Reuter 9 avr. 1994; AFP 26 avr. 1994; AP 26 avr. 1994).

En septembre 1993, le PJ s'est scindé en deux. Le groupe scissionniste, qui s'est donné le nom de Parti Jatyo (nationaliste) et qui est dirigé par l'ancien président du parlement Shamsul Huda Chowdhury, critique les dirigeants orthodoxes du PJ et a renoncé à réclamer la libération d'Ershad (Reuter 10 sept. 1993). Chowdhury et l'ancien vice-premier ministre M.A. Matin faisaient partie du grand nombre de personnes qui, en 1983, avaient quitté le PNB pour se joindre au parti d'Ershad. Certains analystes ont prédit une fusion possible avec le PNB avant la prochaine élection parlementaire (ibid.).

3.4             Le Jamaat-i-Islami

Le Jamaat-i-Islami, un parti fondamentaliste islamique pro-pakistanais, anti-hindouiste et anti-indien, est opposé au sécularisme et au nationalisme bengalais des autres grands partis du pays (Political Parties of the World 1988, 39). Le parti a fait élire 20 députés aux élections de février 1991 (Asian Survey août 1991, 690). L'appui du Jamaat-i-Islami a joué un rôle capital dans la majorité qu'a obtenue le PNB aux élections de février 1991; dans l'élection indirecte concernant les 30 sièges réservés à des femmes, [Seuls 300 des 330 sièges que compte le Parlement sont disputés dans une élection générale. Les 30 sièges restants sont réservés à des femmes élues par les députés (Asian Survey août 1991, 687).] l'appui du Jamaat-i-Islami a permis au PNB d'obtenir 28 sièges de plus (Asian Survey févr. 1992, 164; ibid. févr. 1993, 151). L'aile étudiante du Jamaat-i-Islami, l'Islami Chhatra Shibir (ICS), joue un rôle de premier plan dans les actes de violence que commettent les étudiants (Reuter 4 déc. 1993; ibid. 20 oct. 1993; ibid. 19 sept. 1993).

Le chef du Jamaat-i-Islami, Golam Azam, suscite une controverse considérable. Sous sa direction, le parti [traduction] « a fait activement campagne » contre l'indépendance du Bangladesh en 1970-1971, et il aurait collaboré avec les forces pakistanaises; c'est pour cette raison qu'après l'indépendance, le parti a été frappé d'interdiction et Azam a été dépouillé de sa citoyenneté bengalaise (Political Parties of the World 1988, 39; EIU 1993a, 9-10). Azam est retourné au Bangladesh en 1978 et a pris la tête du Jamaat-i-Islami en 1992 (Asian Survey juill. 1993, 704); peu de temps après, il a été arrêté en vertu de la loi sur les pouvoirs spéciaux (Special Powers Act, ou SPA) et de la loi sur les étrangers (Foreigners Act), pour avoir dirigé un parti politique bengalais tout en étant encore citoyen pakistanais (AFP 15 juill. 1993). En avril 1993, une Haute cour du Bangladesh a décrété que la mesure initiale par laquelle Azam avait été dépouillé de sa citoyenneté était dénuée de tout fondement en droit, ce qui voulait dire qu'il avait toujours eu la citoyenneté bengalaise, qu'il pouvait diriger un parti politique et que sa détention en vertu de la loi sur les pouvoirs spéciaux et de la loi sur les étrangers était [traduction] « illégale et sans autorisation légitime » (ibid.; EIU 1993a, 9-10). Azam a été libéré de prison en juillet 1993, après y avoir passé 16 mois (AFP 15 juill. 1993).

La valse-hésitation du gouvernement PNB dans l'affaire Golam Azam a attisé la controverse entourant la politique du gouvernement et aggravé le climat d'agitation et de violence politiques au pays (Asian Survey févr. 1993, 151). Croyant que la réticence du gouvernement à juger Azam pour crimes de guerre était imputable à la [traduction] « dette politique » contractée par le parti gouvernemental envers le Jamaat-i-Islami en reconnaissance de l'appui que ce dernier à accordé au PNB aux élections de février 1991, les partis d'opposition se sont unis contre le gouvernement (ibid. juill. 1993, 704-706; EIU 1993a, 10). Plusieurs mois de grèves et de manifestations dans tout le pays ont précédé l'arrestation d'Azam, et l'agitation s'est même poursuivie après sa libération (Asian Survey juill. 1993, 704-706; UPI 30 sept. 1993; Reuter 10 nov. 1993). A Dhaka, le 26 mars 1992, le procès et l'exécution d'Azam en effigie a attiré quelque 200,000 personnes (Asian Survey juill. 1993, 704).

Vers la fin de 1993, à un rassemblement de quelque 25 000 de ses partisans, Azam a fait ce qui, dit-on, était sa première apparition publique à Dhaka depuis l'accession du Bangladesh à l'indépendance en 1971 (Reuter 25 déc. 1993). Si certains commentateurs ont cru que l'apparition publique d'Azam représentait un [traduction] « triomphe pour son parti » et était [traduction] « un signe de plus qu'il faut désormais compter avec le fondamentalisme au Bangladesh » (ibid.), les piètres résultats obtenus par le parti à la fin de janvier 1984 aux élections à la mairie des quatre grandes villes du pays (Dhaka, Chittagong, Khulna, Rajshahi) donnent à penser que cette remontée de popularité était peut-être éphémère ou surestimée. Selon un article de presse, le Jamaat a été [traduction] « presque rayé de la carte, ce qui fracasse le mythe selon lequel il gagnait du terrain » (The Guardian 1er févr. 1994). Le Jamaat-i-Islami s'est joint à la Ligue Awami et au PJ pour réclamer de nouvelles élections parlementaires sous un gouvernement de transition (FEER 25 nov. 1993, 20; ibid. 30 déc. 1993-6 janv. 1994, 24; ibid. 21 avr. 1994, 19).

4.              LA VIOLENCE POLITIQUE

Depuis que le gouvernement a changé en 1991, de nombreux incidents violents associés à des conflits entre les partis, à des grèves et à des manifestations ont été signalés par la presse. L'aperçu suivant des incidents survenus ces derniers mois, même s'il n'est pas exhaustif, vise à montrer la fréquence et l'étendue de la violence politique qui règne au pays, les répercussions des problèmes de Golam Azam et de la mosquée Babri qui ont été décrits plus tôt, ainsi que la réaction de la police. Nous traiterons à la section 4.2 de la violence explicitement liée aux ailes étudiantes, mais il convient de remarquer que celles-ci ont souvent été mêlées aux incidents décrits ci-dessous.

4.1            Les conflits entre les partis, les grèves et les manifestations

Au début d'avril 1994, à Dhaka, des milliers de manifestants opposés au gouvernement ont eu des accrochages avec de 4 000 à 5 000 agents de police et paramilitaires, ainsi que des partisans armés du PNB, lors d'une marche de protestation organisée par la LA au centre de la ville (UPI 7 avr. 1994; AP 7 avr. 1994a; ibid. 7 avr. 1994b; AFP 7 avr. 1994). Quand 2 000 manifestants environ ont tenté d'enfoncer les barricades de la police pour pénétrer le Secrétariat, un important immeuble de l'Etat, la police s'est mise à tirer des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc. Les manifestants ont employé ce qu'une source appelle la tactique de tir et esquive pour lancer des bâtons et des pierres et faire exploser des bombes rudimentaires dans une confrontation qui a duré plusieurs heures (AP 7 avr. 1994a). Les estimations du nombre de personnes tuées et blessées varient, mais, selon les médecins d'un hôpital de Dhaka, au moins deux personnes ont perdu la vie et 21 ont été blessées (ibid.; ibid. 7 avr. 1994b). Les militants de la Ligue Awami soutenaient que deux des victimes étaient des partisans de la LA abattus par des membres du PNB (ibid.; ibid. 7 avr. 1994a). Une seconde manifestation organisée deux jours plus tard pour protester contre la façon dont le gouvernement s'était occupé de la première se serait soldée par une soixantaine d'autres blessés (Reuter 9 avr. 1994). A la fin d'avril, une autre grève générale d'une durée d'un jour a été déclenchée pour exiger la démission de la première ministre et la tenue de nouvelles élections. De nombreux agents de police et militaires fédéraux étaient présents, et la grève s'est déroulée de façon relativement pacifique (AFP 26 avr. 1994; AP 26 avr. 1994).

A la fin de janvier 1994, quelque 14 personnes ont été tuées et de 50 à 100 blessées dans des scènes de violence qui ont éclaté durant et après les élections à la mairie des quatre grandes villes du Bangladesh - Dhaka, Chittagong, Khulna et Rajshahi (UPI 31 janv. 1994; Reuter 30 janv. 1994). Malgré la présence de plus de 30 000 agents de police et paramilitaires aux bureaux de scrutin de ces quatre villes, des émeutiers armés et des militants non identifiés, armés de fusils et de bombes, auraient pris d'assaut plusieurs bureaux de scrutin et truqué les résultats du vote (ibid.; ibid. 31 janv. 1994). La police s'est servie de matraques et de gaz lacrymogènes pour disperser les militants, mais la violence a éclaté de nouveau à la suite d'accusations - lancées par l'opposition - de fraude généralisée (ibid. 30 janv. 1994). A Dhaka, six ou sept personnes ont perdu la vie dans un incident où des partisans d'un candidat défait du PNB, Abdul Aziz, ont ouvert le feu. Selon une source, les partisans d'Aziz ont tiré au hasard sur des habitants de Dhaka (ibid. 31 janv. 1994), tandis qu'une autre source soutient que les tirs visaient des partisans de la Ligue Awami qui s'apprêtaient à célébrer la victoire (The Guardian 1er févr. 1994). Exigeant que l'on châtie les assassins, des militants de la Ligue Awami ont attaqué le ministre de l'Intérieur Abdul Matin Chowdhury et deux autres ministres du PNB à coup de pierres et de briques pendant que les trois ministres quittaient l'hôpital du collège médical de Dhaka après avoir rendu visite à des personnes blessées dans les incidents violents de la veille (ibid.). Une élection parlementaire complémentaire, tenue le 20 mars 1994, s'est soldée de la même façon par des accrochages entre militants rivaux, par des accusations et des contre-accusations de truquage des élections, d'intimidation et de fraude, ainsi que par une grève générale dans tout le pays, lancée par l'opposition pour protester contre les résultats de l'élection et exiger de nouvelles élections (Reuter 20 mars 1994; AP 23 mars 1994).

En novembre 1993, à Dhaka, 20 000 manifestants de la Ligue Awami se sont heurtés à 5 000 policiers ainsi qu'à des milliers de partisans du Parti Jatyo qui participaient à ce moment à leur propre manifestation. Des membres du Parti Jatyo ont forcé le cordon de police qui séparait les groupes rivaux, et la police a utilisé des gaz lacrymogènes, des balles de caoutchouc et des matraques pour mettre fin à la bagarre; 50 personnes ont été arrêtées et 100 autres blessées (Reuter 10 nov. 1993; All India Radio Network 10 nov. 1993).

En octobre 1993, à Feni, dans le sud-est du pays, des attaques à la bombe contre un convoi de membres du PNB ont fait neuf blessés, dont le whip parlementaire du PBN, Mahbubul Alam. L'attaque a été imputée à des activistes de la Ligue Awami. En réaction à cet incident, les autorités ont interdit les rassemblements publics (AFP 12 oct. 1993).

En août 1993, une série d'explosions a secoué Dhaka au moment où la LA tenait un rassemblement antigouvernemental. Des bombes ont explosé dans les bureaux de deux journaux, dont un au moins est associé à la LA, de même qu'à d'autres endroits. En réaction, la police de Dhaka a interdit le port d'armes, de bâtons et d'explosifs (AFP 20 août 1993). Quelques jours plus tard, la police a affronté des partisans de la Ligue Awami à Dhaka, et au moins une centaine de personnes ont été blessées. La LA avait lancé une grève nationale d'une durée de six heures pour tenter d'obtenir que le 15 août soit déclaré jour de deuil en l'honneur du père du chef de la Ligue, Sheikh Mujibur Rahman, qui avait mené le Bangladesh à l'indépendance en 1971 (AFP 17 août 1993).

En mai 1993, des rassemblements prévus à Chittagong par la LA et un parti rival, l'Alliance démocratique nationale (ADN), ont été annulés par la police car ils devaient se dérouler très près l'un de l'autre; des manifestants ont lancé des pierres et des bombes de fabrication artisanale et des bagarres ont éclaté entre eux et la police, qui a réagi à coups de matraques et de gaz lacrymogènes. Cent personnes ont été blessées et une vingtaine d'autres arrêtées (Reuter 23 mai 1993). A la mi-mai 1993, dans le district de Pabna, situé à 150 kilomètres à l'ouest de Dhaka, un accrochage entre partisans de la LA et du PNB ont fait un mort et près de 40 blessés. Les activistes auraient utilisé des fusils et des bombes de fabrication artisanale (Le Monde 18 mai 1993).

Toujours en mai 1993, vers la fin d'une grève générale tenue dans l'ensemble du pays et déclenchée par l'opposition pour exiger que Golam Azam soit traduit en justice et que l'on mette un terme à ce que l'opposition qualifiait de répression exercée par le gouvernement contre les partisans de l'opposition, plusieurs personnes ont été blessées au centre-ville de Dhaka par l'action d'assaillants inconnus qui ont lancé des bombes rudimentaires pour se livrer ensuite à une petite orgie de violence. La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour tempérer des manifestations qui se déroulaient en même temps sur le campus de l'université de Dhaka, tandis qu'à Chittagong, un affrontement entre des groupes politiques différents armés de fusils et de bombes a fait trois blessés (AFP 13 mai 1993).

En avril 1993, des manifestants antifondamentalistes ont marché depuis le campus de l'université de Dhaka jusqu'au complexe du Secrétariat du gouvernement et ils ont tenté d'enfoncer les barricades de la police en lançant des bombes de fabrication artisanale. La police a réagi en utilisant des gaz lacrymogènes et en tirant des coups de feu à blanc, ce qui à provoqué les manifestants à lancer des pierres. Les autres civils qui se trouvaient là ont dû prendre la fuite pour se mettre à l'abri de la violence, et les commerçants du centre-ville ont fermé leurs portes. Bilan : quelque 200 blessés (AFP 25 avr. 1993a; ibid. 25 avr. 1993b).

Au début de mars 1993, dans le district de Jhenaidah, situé dans le nord-ouest du Bangladesh, deux ou trois membres du Parti communiste Purba Banglar (PCPB) ont été tués par des guerilléros maoïstes appartenant au Parti communiste Biplobi (PCB) (Reuter 6 mars 1993; UPI 1er mars 1993). Le PCPB et le PCB, deux groupes clandestins rivaux parmi plusieurs autres, sont responsables depuis trois ans de la mort de plus de 300 personnes. Les groupes de guérilla, dont le plus important est le Parti Sarbahara, soutiennent qu'ils se livrent à une lutte armée pour rétablir les droits des pauvres (Reuter 3 mars 1993; ibid. 6 mars 1993; UPI 1er mars 1993).

Toujours en mars 1993, à Dhaka, Abdur Razzak, député de premier plan de l'opposition, l'écrivain Jahanara Imam et le célèbre poète bengalais Shamsur Kahman ont été blessés par la police au cours d'une manifestation où les participants exigeaient que Golam Azam soit traduit en justice (UPI 28 mars 1993; AFP 26 mars 1993).

4.2             Les actes de violence des ailes étudiantes

Les ailes étudiantes des partis politiques sont bien en vue et actives au Bangladesh, et il est souvent difficile de faire la distinction entre les activités politiques des étudiants et celles des partis nationaux. Tous les grands partis sont dotés d'une aile étudiante, et les rivalités entre les étudiants reflètent non seulement celles entre les partis, mais aussi les conflits internes de ces derniers (FEER 24 sept. 1992, 33). Les étudiants sont depuis longtemps associés aux activités politiques, mais, selon une source, ce n'est qu'après 1971, au cours de la période où le Bangladesh a vécu sous un régime autoritaire et connu plusieurs coups d'Etat et revirements militaires, que les groupes politiques étudiants sont devenus les « hommes de main » des politiciens (ibid.).

Des sources indiquent que les partis s'efforcent de tenir le haut du pavé dans les campus universitaires, et ce dans l'espoir d'en tirer des avantages politiques à l'extérieur des campus (Inter Press Service 13 oct. 1993; Tepper 23 janv. 1992, 23). Il paraît que des agents des partis, à la solde de ces derniers et se faisant passer pour des étudiants, se sont installés dans des campus universitaires (ibid.; FEER 24 sept. 1992, 33); selon une source, les dortoirs des campus sont de [traduction] « véritables arsenaux et... servent de refuge à des criminels politiquement engagés » (ibid.).

Des étudiants et des groupes étudiants se trouvaient au premier rang des grèves et des manifestations nationales qui ont entraîné la chute du régime d'Ershad en décembre 1990, et les politiciens de tous les partis prennent au sérieux même la menace des ailes étudiantes de recourir à l'activisme politique de rue et à la violence (The Economist 4 avr. 1992, 35; FEER 24 sept. 1992, 33). Nombreux sont les politiciens qui s'opposent aux demandes d'interdiction de l'activisme politique des étudiants, de crainte que cela [traduction] « laisse le champ libre » aux partis rivaux (ibid.).

Conscientes des liens étroits qui unissent les ailes étudiantes et leurs partis respectifs, les forces de police et de sécurité hésitent souvent à intervenir en cas de violence (Country Reports 1992 1993, 1119; Time 12 oct. 1992, 62). Selon certaines sources, les forces de sécurité ont tendance à se ranger du côté du parti au pouvoir et ne jouent donc pas un rôle neutre dans les incidents violents impliquant les étudiants (Inter Press Service 13 oct. 1993; Tepper 23 janv. 1992, 23); une autre source va jusqu'à dire que la police elle-même a directement approvisionné en armes des groupes étudiants (The Economist 4 avr. 1992, 35).

Au début de septembre 1992, en réponse à des pressions croissantes exercées par la population après une série d'échanges de coups de feu meurtriers entre fractions rivales du JCD à l'université de Dhaka, la première ministre Khaleda Zia a démantelé le comité central du JCD et suspendu ses activités à l'université (Time 12 oct. 1992, 62; Xinhua 8 sept. 1992; FEER 24 sept. 1992, 33). La Ligue Awami a pris des mesures analogues le 6 septembre, en suspendant les activités de son aile étudiante, le LCB (ibid.; Time 12 oct. 1992, 62). En dépit de ces mesures, les ailes étudiantes ont poursuivi leurs activités politiques; entre septembre 1993 et la mi-octobre 1993, plus d'une vingtaine d'établissements d'enseignement ont fermé leurs portes à cause de la violence sur les campus (Inter Press Service 13 oct. 1993). Voici un aperçu de ce qui s'est passé récemment dans les universités et collèges de cinq villes du pays.

Dhaka

Au début de mars 1994, au collège universitaire de Jagannath, situé dans le sud de Dhaka, des fractions rivales du NSP ont livré une bataille à l'aide d'armes à feu dans laquelle un agent de police a été abattu, une douzaine d'autres ont été blessés et 32 étudiants ont été arrêtés (UPI 5 mars 1994). Dans ce collège qui, avec ses 15 000 étudiants inscrits, est le deuxième en importance à Dhaka, huit étudiants avaient été tués et plus de 200 blessés à la suite d'actes de violence durant les trois années précédentes (ibid.). Au milieu d'avril 1993, sept mois après que les deux principaux partis avaient convenu de suspendre les activités politiques de leurs ailes étudiantes, cinq étudiants appartenant à une fraction du LCB ont été arrêtés à la suite d'un incident dans lequel un étudiant avait été blessé d'une balle sur le campus. La police a également saisi plusieurs armes à feu, dont une mitraillette (Reuter 18 avr. 1993). A la fin du mois de septembre 1993, environ 6 000 étudiants de l'université de Dhaka ont entrepris une marche pour exiger l'interdiction des partis fondamentalistes islamiques, et notamment du Jamaat-i-Islami. Les étudiants ont défilé malgré les ordres de la police et, à la suite de l'explosion de plusieurs bombes de fabrication artisanale qui ont fait dix blessés, les policiers ont pris la fuite (UPI 30 sept. 1993).

En juin 1992, le vice-chancelier de l'université de Dhaka a déclaré que le campus était

[traduction] devenu l'otage de ... groupes terroristes qui reçoivent leurs ordres de leurs mentors politiques. Se joignent à eux des individus de l'extérieur qui vivent illégalement avec des amis dans différentes résidences universitaires et qui utilisent librement des armes pour régler des différends politiques et personnels (Friday 7-13 mai 1993, 24-25).

Le 4 septembre 1992, deux activistes ont perdu la vie dans un échange de coups de feu entre fractions rivales du JCD; à la suite de cet incident qui résultait, paraît-il, d'une lutte pour le pouvoir au sein de l'aile étudiante du PNB, l'ancien secrétaire général du JCD, Elias Ali, a été arrêté et accusé de meurtre (AFP 14 sept. 1992).

La ville portuaire de Chittagong

En décembre 1993, un membre de l'aile étudiante de la Ligue Awami et son oncle ont été abattus dans la ville portuaire de Chittagong; des membres du Parti démocratique national - parti essentiellement pro-PNB et décrit comme le « rival par excellence » de la Ligue Awami - sont soupçonnés de ces meurtres (Reuter 14 déc. 1993; Political Handbook of the World: 1992 1992, 61). Dans la même ville, à la fin de novembre, à l'Institut de technologie du Bangladesh, des activistes du JCD ont attaqué leurs adversaires de la LCB et, brandissant des armes à feu, les ont forcés à quitter leurs dortoirs. Les agents de police qui ont tenté de s'introduire dans les dortoirs occupés ont essuyé des coups de feu; après un échange de coups de feu avec la police, six membres du JCD ont été arrêtés et des armes à feu ainsi qu'une grande quantité de munitions ont été saisies (Reuter 26 nov. 1993).

La veille, des accrochages avaient eu lieu dans le secteur commercial de la ville entre le Parti nationaliste des étudiants (PNE), un mouvement pro-gouvernemental, et le Forum des étudiants islamiques (FEI), qui est associé à l'Islami Chhatra Shibir (ICS), l'aile étudiante du Jamaat-i-Islami. Une cinquantaine de personnes environ ont été blessées dans des échanges de coups de feu qui ont duré trois heures; selon le quotidien Sangbad, la police est restée [traduction] « curieusement inactive » (UPI 25 nov. 1993). Lors d'un rassemblement de l'ICS tenu le 20 octobre 1993 au cours d'une grève générale d'une durée de huit heures, des membres de ce mouvement ont été attaqués par des étudiants rivaux non identifiés qui, selon les victimes, étaient des activistes étudiants appartenant à la Ligue Awami. Des armes à feu et des bombes de fabrication artisanale ont été utilisées dans cet affrontement; une vingtaine de personnes environ ont été blessées et la police en a arrêté une vingtaine d'autres et saisi des armes et des explosifs (Reuter 20 oct. 1993). La grève avait été organisée par des groupes d'étudiants pour protester contre un incident survenu plus tôt au Collège médical de Chittagong, où des tireurs non identifiés avaient abattu trois personnes et blessé cinq autres à la cantine du collège. Quelque 10 000 médecins du Bangladesh se sont unis aux groupes étudiants pour protester contre l'incident (ibid.).

Rajshahi

En novembre 1993, deux collèges ont été fermés à Rajshahi, ville située à 268 kilometres au nord-ouest de Dhaka, après que dix personnes ont été blessées dans des affrontements opposant le Parti nationaliste des étudiants et le groupe maoïste Amicale des étudiants (UPI 25 nov. 1993). Le 19 septembre 1993, l'université de Rajshahi, la deuxième en importance au pays après l'université de Dhaka, a été fermée et 20 000 étudiants ont reçu l'ordre de quitter le campus après qu'un étudiant a été tué à coups de couteau par, semble-t-il, des membres de l'aile étudiante du Jamaat-i-Islami (UPI 20 sept. 1993). Les étudiants de quatre résidences ont été attaqués et leurs chambres incendiées; bilan : un mort et une centaine de blessés. Des professeurs principaux ont également été attaqués par des étudiants en colère parce qu'on ne leur avait pas fourni une meilleure protection (Reuter 19 sept. 1993). Le collège médical de Rajshahi avait fermé plus tôt à la suite d'affrontements entre les ailes étudiantes du Jamaat-i-Islami et du PNB qui ont fait une cinquantaine de blessés (ibid.).

L'université de Rajshahi a elle aussi fermé ses portes le 6 février 1993 à la suite d'affrontements entre les ailes étudiantes du Jamaat-i-Islami et du PNB qui ont fait entre trois et sept morts et entre 300 et 700 blessés. Les combattants se sont servis d'armes à feu, d'arcs et de flèches ainsi que de bombes de fabrication artisanale (Radio Bangladesh Network 6 févr. 1993; AFP 6 févr. 1993; Asiaweek 3 mars 1993, 28). Cet incident s'inscrivaient dans le cadre des affrontements qui avaient déjà fait quelque 11 morts au cours des 11 semaines précédentes (ibid.). Six dirigeants de l'ICS, dont le président et secrétaire organisateur du mouvement, ont plus tard été arrêtés sur le campus, mais aucune raison n'a été donnée pour ces arrestations (Friday 30 avr.-6 mai 1993, 34).

Khulna

En novembre 1993, un collège a été fermé à Khulna, dans le sud du Bangladesh, à la suite d'affrontements entre des partisans du PSN et du Parti Jatyo qui ont fait dix blessés (UPI 25 nov. 1993). En septembre, deux étudiants ont été abattus par des inconnus : un est décédé au collège Broj Lol à la suite d'une attaque qui a également fait une trentaine de blessés, tandis que l'autre a perdu la vie à l'école islamique Khulna Alia Madrasha, lors d'une attaque qui a en outre fait une vingtaine de blessés (UPI 20 sept. 1993). La première ministre Khaleda Zia a plus tard dénoncé la présence d'individus de l'extérieur, vraisemblablement des goondas (hommes de main), sur les campus universitaires (Le Monde 23 sept. 1993).

Barisal

Le collège médical de Barisal, qui est situé à 120 kilomètres au sud de Dhaka, a été fermé pour une période indéterminée et les étudiants ont reçu l'ordre d'évacuer le campus au début de décembre 1993, à la suite d'un affrontement d'une durée de cinq heures entre les ailes étudiantes du PNB et de la Ligue Awami qui a fait 25 blessés (AP 7 déc. 1993). La bataille, livrée à l'aide de bombes de fabrication artisanale, de coups de revolvers et de coups de bâtons de hockey sur gazon, a éclaté parce que des membres du LCB avaient, paraît-il, posé des affiches insultant les dirigeants du parti au pouvoir, le PNB. L'article d'AP signale que les autorités ne se sont exprimées qu'à la condition de garder l'anonymat (ibid.).

5.        LA POLICE

Des observateurs de la situation des droits de la personne ainsi que des spécialistes des analyses de situation soutiennent qu'au Bangladesh, la police est associée à la violence politique soit en y participant directement soit en refusant d'intervenir, consciente de la nature délicate des incidents dans lesquels sont impliqués des activistes liés aux politiciens du gouvernement (Amnesty International avr. 1993, 19-21; Country Reports 1992 1993, 1119; Time 12 oct. 1992). Selon Tepper, les agents de police du Bangladesh sont sous-payés et ont un faible sentiment de valeur professionnelle, ce qui les rend accessibles aux pots-de-vin et aux influences politiques à ce point qu'ils sont prêts à [traduction] « fermer les yeux sur les tactiques musclées des goondas des différents partis » (Tepper mai 1992, 13). Amnesty International signale que la police, même lorsqu'elle était présente, n'est pas parvenue dans plusieurs cas à protéger les opposants politiques au gouvernement contre des actes de harcèlement, que la police et les autorités locales ont failli à leur devoir de protéger la vie et les biens des minorités religieuses lors d'attaques contre les lieux de culte des ahmadis en octobre 1992, et que la police a même participé aux attaques de musulmans contre des hindouistes en décembre 1992, à la suite de la destruction de la mosquée Babri à Ayodhya, en Inde (avr. 1993, 20-21). Comme nous l'avons dit plus tôt, on a aussi accusé la police d'approvisionner en armes des fractions politiques étudiantes (The Economist 4 avr. 1992).

Dans un incident scandaleux survenu le 21 juin 1992 à Dhaka, des agents de police ont chargé une foule participant à une grève nationale d'une durée de 12 heures, organisée par le Comité national de coordination pour l'élimination des assassins et des collaborateurs de 1971 (le comité Nirmul) afin d'exiger que Golam Azam soit traduit en justice. Frappant des photographes, tirant des balles de caoutchouc et pourchassant des journalistes, les agents de police ont fait irruption dans le club de presse national et ont détruit, paraît-il, le hall d'accueil (All India Radio Network 21 juin 1992; Country Reports 1992 1993, 1123; La lettre de Reporters sans frontières juill. 1992). Environ 50 journalistes ont été blessés, et vingt d'entre eux ont dû être hospitalisés (ibid.; UPI 23 juin 1992; Japan Economic Newswire 22 juin 1992). Les journalistes ont eux-mêmes déclenché une grève nationale le lendemain pour protester contre l'action de la police (ibid.; Le Monde 24 juin 1992).

En mars 1993, à l'Université de Dhaka, la police se serait abritée derrière la position occupée par les membres du JCD et aurait tiré des gaz lacrymogènes en direction du groupe étudiant rival du LCB; elle aurait ensuite négligé de protéger des membres d'un groupe pacifique, l'Alliance démocratique des étudiants (ADE), contre une attaque du JCD dans laquelle un étudiant a perdu la vie. Il semble que les membres de l'ADE avaient entrepris une marche pour protester contre la violence qui sévissait sur le campus (Amnesty International avr. 1993, 20). Toujours en mars 1993, un comité du gouvernement a recommandé que l'on établisse 32 nouveaux postes de police dans le but [traduction] « d'améliorer la sécurité et d'accroître l'efficacité de l'administration policière » (EIU 1993a, 11).

6.         LES DISPOSITIONS LEGISLATIVES EN MATIERE DE SECURITE

Selon la loi sur les pouvoirs spéciaux de 1974 (Special Powers Act, ou SPA), le gouvernement du Bangladesh est habilité à garder en détention, sans inculpation, quiconque est réputé constituer [traduction] « une menace pour la sécurité du pays » et ce, pendant une période initiale de 30 jours, encore que, dans la pratique, les personnes ainsi détenues sont parfois gardées pendant une période bien plus longue (Country Reports 1993 1994, 1321). Selon Amnesty International, la loi sur les pouvoirs spéciaux ne prévoit aucune durée maximale de détention (avr. 1993, 5).

Depuis l'entrée en vigueur de la loi sur les pouvoirs spéciaux en 1974, les gouvernements successifs s'en sont prévalus pour mettre en détention des opposants politiques et juguler la presse, tandis que les partis d'opposition, qui avaient demandé son abrogation, s'en sont servis à des fins analogues lorsqu'ils ont accédé au pouvoir (ibid.; The Gazette 26 juin 1993). Le gouvernement actuel n'est pas différent des autres; bien que le PNB ait promis, durant la campagne électorale de février 1991, d'abroger la loi sur les pouvoirs spéciaux, et que la première ministre ait plus tard déclaré qu'elle envisageait sérieusement de l'abroger, son gouvernement soutient maintenant que cette loi est nécessaire pour maintenir l'ordre public (ibid.; Amnesty International avr. 1993, 6; Country Reports 1992 1993, 1120).

Les observateurs des droits de la personne et les politiciens de l'opposition soutiennent que depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement recourt à la loi sur les pouvoirs spéciaux pour faire du harcèlement et [traduction] « régler des comptes politiques avec des membres de l'opposition », surtout ceux du Parti Jatyo, auquel appartenait Ershad, le président destitué (Country Reports 1992 1993, 1120-1121; Country Reports 1993 1994, 1321-1322). L'un des premiers dirigeants du PJ à être gardé en détention en vertu de la loi sur les pouvoirs spéciaux a été le président par intérim du parti, Mizanur Rahman Chowdhury, arrêté le 21 avril 1991 (Xinhua 21 avr. 1991). En mars 1992, Zeenat Mosharraf, épouse de l'ancien secrétaire de l'Industrie, Mosharraf Hussain, a été arrêtée et envoyée à la prison centrale de Dhaka, tout comme Mostafizur Rahman, un membre de la famille de l'ancien président (Radio Bangladesh Network 12 mars 1992). Le 19 avril 1992, le major-général Ashraf Ahmed, ancien chef du Service national de renseignements de sécurité, et le brigadier M. Nasir, ancien chef du Service de renseignements des Forces de défense, tous deux anciens responsables du PJ, ont été arrêtés sous le régime de la loi sur les pouvoirs spéciaux. Les autorités ont refusé de justifier l'arrestation de ces deux hommes (UPI 19 avr. 1992).

En avril 1993, Anwar Hossein, député de l'opposition, membre du PJ et éditeur du quotidien bengalais Dainik Ittefaq, a été arrêté en vertu de la loi sur les pouvoirs spéciaux (Japan Economic Newswire 22 avr. 1993). Il a été libéré en mai, le gouvernement n'ayant porté aucune accusation contre lui (Country Reports 1993 1994, 1321). En octobre 1993, trois autres dirigeants du PJ ont été arrêtés en vertu de la même loi : Shamil al-Mamun, co-secrétaire général, Syed Jarek, membre du Présidium, et Mia Musa Hossain, secrétaire à la publicité. La police n'a pas indiqué quelles accusations avaient été portées ou si ces trois personnes subiraient un procès (Reuter 6 oct. 1993).

En novembre 1992, le gouvernement de Khaleda Zia a adopté une autre mesure de sécurité, la loi sur la répression des activités terroristes (Curbing of Terrorist Activities Act), en vertu de laquelle les auteurs des délits de « terrorisme » et d'« anarchie » - qui englobent notamment l'extorsion, le vol qualifié, le fait de faire obstacle à la circulation ou de la détourner, le fait d'endommager un véhicule et des biens, le fait de harceler et d'enlever des femmes et des enfants, et le fait de faire obstacle à des activités commerciales - sont passibles de peines allant d'un minimum de cinq années d'emprisonnement à la peine de mort (EIU 1992a, 9; Amnesty International avr. 1993, 8). Aucun mandat d'arrêt n'est nécessaire et, pendant 30 jours, période réduite prévue pour l'achèvement de l'enquête, le détenu n'a pas droit à la mise en liberté sous caution. Quant au procès, il doit être terminé dans un délai de 60 jours (ibid.; Country Reports 1992 1993, 1121). Les membres de l'opposition, les avocats et les défenseurs des droits de la personne craignaient au départ que cette loi soit appliquée aussi arbitrairement que la loi sur les pouvoirs spéciaux (ibid.; Country Reports 1992 1993, 1121; EIU 1992a, 9). Toutefois, selon les Country Reports 1993, [traduction] « les observateurs des droits de la personne s'entendent pour dire que ... jusqu'ici la loi a servi à arrêter des criminels et non des militants politiques » (Country Reports 1993 1994, 1321). Cette source souligne néanmoins que la loi sur la répression des activités terroristes, en laissant la porte ouverte à des abus, donne matière à préoccupation (ibid.).

7.      LES TRIBUNAUX

Pour appliquer la loi sur la répression des activités terroristes, des tribunaux spéciaux ont été constitués dans 61 des 64 sous-districts du Bangladesh, ainsi que dans quatre capitales divisionnaires - Dhaka, Khulna, Rajshahi and Chittagong (Amnesty International avr. 1993, 8). Amnesty International a fait remarquer que les procédures qu'appliquent les tribunaux spéciaux établis en vertu de la loi sur la répression des activités terroristes [traduction] « ne respectent pas pleinement les normes internationales en matière de procès équitable (ibid., 9).

Selon les Country Reports 1992, les tribunaux de juridiction criminelle sont corrompus, les tribunaux civils sont surchargés de travail et, en raison d'une pénurie de juges et de tribunaux et d'un arriéré de plus de 500 000 causes de nature criminelle et civile, les délais sont souvent longs (Country Reports 1992 1993, 1121). Les Country Reports 1993 citent le chiffre, publié par l'Etat, d'un arriéré de 218 000 dossiers, et font remarquer que certains de ces dossiers datent de plus de dix ans (Country Reports 1993 1994, 1322). Dans un rapport récent, Amnesty International mentionne que le système des tribunaux d'instance inférieure est [traduction] « onéreux, lent et parfois corrompu » (Amnesty International oct. 1993, 1). En 1993, le gouvernement a annoncé des plans visant à embaucher davantage de juges et à rationaliser le processus judiciaire; cependant, à la fin de l'année, seuls 13 nouveaux juges avaient été nommés aux tribunaux d'instance inférieure (Country Reports 1993 1994, 1322).

Le professeur Tepper, tout en soulignant qu'il est difficile de faire des généralisations au sujet du niveau de corruption au sein des tribunaux d'instance inférieure, déclare qu'en général, le Bangladesh jouit d'une tradition d'intégrité judiciaire (Tepper 7 oct. 1993). En ce qui concerne la Haute cour et la Cour suprême, les Country Reports 1993 soutiennent que [traduction] « les échelons supérieurs de l'appareil judiciaire bengalais manifestent un degré élevé d'indépendance et se prononcent souvent contre le gouvernement dans des causes de nature criminelle ou civile, et même dans les causes qui sont délicates sur le plan politique » (Country Reports 1993 1994, 1322). Par exemple, sur les 365 causes liées à la loi sur les pouvoirs spéciaux qui ont été révisées au cours des neuf premiers mois de 1993, la Haute cour a déterminé que 97 p. 100 n'avaient aucun fondement en droit (ibid., 1321).

8.       PERSPECTIVES D'AVENIR

Vue dans le contexte des difficultés économiques du Bangladesh, la situation politique de ce pays est inquiétante. L'économie semble empirer plutôt que de s'améliorer et, comme l'a signalé une source, de nombreux conflits sont d'origine économique (Asian Survey juill. 1993, 698). Le taux de croissance de la population est l'un des plus élevés au monde, et même si le PIB total s'est accru en moyenne de 4 ou 5 p. 100 par an durant les années 1980, ce qui correspond à la moyenne pour un pays en développement, le taux de croissance du PIB par habitant a diminué durant toute la décennie (Bangladesh: A Country Study 1989, 147; Current History mars 1992, 136; Asian Survey févr. 1993, 152). [Traduction] « Si l'on n'arrête pas bientôt cette baisse », déclare un commentateur, elle aboutira à une « situation socio-économique de plus en plus intenable » (ibid.).

Un observateur déclare que les malheurs économiques que connaît actuellement le Bangladesh sont aggravés par la corruption généralisée et les lenteurs de la bureaucratie (Asian Survey févr. 1993, 153), et il attribue la responsabilité d'un grand nombre des problèmes non réglés du pays à une élite politique insensible et dénuée d'imagination (ibid., 150). Le professeur Tepper voit néanmoins une lueur d'espoir. Il signale qu'il existe au Bangladesh une [traduction] « notion indigène de fair-play », et que même si [traduction] « la violence et la coercition extralégale » sont courantes dans la vie politique, elles ne sont pas considérées comme acceptables. Toujours selon Tepper, [traduction] « la population aspire ardemment à un Etat de droit démocratique, même si les institutions qui permettraient d'y arriver sont encore absentes » (Tepper mai 1992, 1).

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