L'OPPOSITION POLITIQUE
- Author: Research Directorate, Immigration and Refugee Board, Canada
- Document source:
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Date:
1 July 1993
GLOSSAIRE
ADLSNI Association pour la défense de la liberté et de la souveraineté de la nation iranienne
ALNI Armée de libération nationale de l'Iran
CNR Conseil national de la résistance
LDDHI Ligue pour la défense des droits de l'Homme en Iran
MLI Mouvement de libération de l'Iran
MNRI Mouvement national de la résistance iranienne
OBK Organisation Babak Khorramdin
OIMP Organisation iranienne des moudjahiddin du peuple
PDKI Parti démocratique kurde d'Iran
VKI Voix du Kurdistan iranien
1. INTRODUCTION
En 1978-1979, une alliance de diverses factions politiques regroupant des libéraux, des éléments de gauche et des fondamentalistes islamiques ont renversé Muhammad Reza Pahlavi, le Shah d'Iran, et remplacé l'Etat monarchique par un régime islamique sous la direction de l'ayatollah Ruhollah Khomeini (Amuzegar 1991, 14-15; Europa 1992 1992, 1417). Un gouvernement provisoire a été mis en place dans les mois qui ont suivi le soulèvement, et Khomeini et son Conseil révolutionnaire dominé par les religieux ont nommé Mehdi Bazargan, le chef du Mouvement de libération de l'Iran (MLI), au poste de premier ministre. Le cabinet de Bazargan était dominé par des « libéraux relativement laïques » et comprenait des membres et sympathisants du MLI, des membres du Front national ainsi que plusieurs indépendants. D'autres groupes qui avaient soutenu la révolution, notamment des gauchistes et des nationalistes comme ceux du Front démocratique national (FDN) nouvellement formé, en ont été exclus (Chehabi 1990, 253-257, 261; Keddie 1986, 11).
En novembre 1979, Bazargan et son gouvernement ont démissionné. La révolution entrait dans une phase plus radicale. Les forces fondamentalistes prenaient de plus en plus d'importance au sein du gouvernement, éliminant graduellement tous les autres groupes opposés au Shah (Revolutionary and Dissident Movements 1988, 163). La guerre de 1980-1988 avec l'Iraq a contribué à consolider le pouvoir des fondamentalistes. Ces derniers se sont servi de la guerre pour discréditer les dissidents en les faisant passer pour des traîtres, et pour renforcer la théocratie en procédant à une « désécularisation fondamentale de la société » (Amnesty International déc. 1990, 3; Hooglund 1986, 24). A la fin de 1983, le MLI restait le seul parti légal d'opposition en Iran (Chehabi 1990, 278; Keddie 1986, 11; Revolutionary and Dissident Movements 1988, 163). En dehors des groupes kurdes, et à moindre degré des moudjahiddin, il n'y a plus d'opposition vraiment organisée, que ce soit à l'intérieur du pays ou à l'extérieur (Hicks 23 mars 1993; Hooglund 30 mars 1993).
Bien que la plupart des groupes d'opposition aient dû prendre le chemin de l'exil au début des années 1980, un grand nombre d'entre eux poursuivent encore leurs activités, allant d'opérations militaires à des émissions illégales en Iran. Ce document porte sur l'opposition politique au régime islamique de Téhéran, plus particulièrement sur les groupes d'opposition les plus importants, présentés sous les rubriques suivantes : opposition radicale, opposition des groupes ethniques, opposition monarchiste et opposition libérale-nationaliste.
2. OPPOSITION RADICALE
Dans les années 1950 et au début des années 1960, le climat économique de l'Iran s'est détérioré rapidement. Pour redresser la situation, le Shah a lancé ce qui a été appelé la Révolution blanche, qui prévoyait un programme ambitieux de réforme agraire. Le pouvoir des propriétaires terriens, en tant que classe, a été largement éliminé, mais le programme n'a pas permis de fournir suffisamment de possibilité d'emploi à la paysannerie. Les paysans ont alors afflué en masse vers les villes où ils ont considérablement grossi les rangs des pauvres en milieu urbain et constitué l'un des plus grands atouts du dernier stade de la Révolution islamique (1977-1979) (Siavoshi 1990, 29).
L'année 1963 marque un tournant important dans l'histoire récente de l'Iran. Le Shah non seulement s'est privé de l'appui des propriétaires terriens, mais encore s'est aliéné la classe moyenne et le clergé islamique. Le mécontentement de la communauté religieuse d'une part, et l'insatisfaction du peuple provoquée par la crise économique et politique d'autre part, ont conduit au soulèvement de 1963. Des centaines de manifestants ont été tués après que l'armée iranienne ait reçu l'ordre de réprimer les manifestations (Chehabi 1990, 184; Siavoshi 1990, 23).
La sévérité de la répression (près de 70 publications ont été interdites, par exemple) a eu pour effet de tuer la vie politique en Iran et a fait naître une opposition plus radicale et plus militante (Chehabi 1990, 185). Après 1963, divers groupes radicaux islamiques et marxistes se sont formés, dont les plus importants étaient les moudjahiddin et les fedayin (Siavoshi 1990, 41). La plupart des groupes radicaux islamiques et communistes ont participé à la Révolution islamique et soutenu le gouvernement provisoire de Bazargan. Toutefois, les divergences politiques et idéologiques avec Khomeini sont devenues apparentes dès 1980, et la répression qui a suivi a poussé ces groupes dans l'opposition (Hooglund 1986, 18-21).
2.1 Organisation iranienne des moudjahiddin du peuple
L'Organisation iranienne des moudjahiddin du peuple (OIMP), aussi appelée organisation Mojaheddin-e Khalq, est considérée comme une force d'opposition bien organisée et efficace (La Presse 22 févr. 1992). L'OIMP, dirigée actuellement par Masud Rajavi, a été fondée en 1965 par six anciens membres du Mouvement de libération de l'Iran (MLI) (Chehabi 1990, 211). L'idéologie des moudjahiddin, fondée sur l'islam, met l'accent sur la nécessité d'un changement social et reprend un grand nombre d'idées marxistes (Sarraf 1990, 181; Hooglund 1986, 19).
Il est certain que les moudjahiddin ont joué un rôle important dans le renversement du Shah et la consolidation de la révolution (Sarraf 1990, 182). Toutefois, l'OIMP a retiré son appui au nouveau régime islamique pour le donner au président Bani Sadr, au début de juin 1981. Après le renvoi de Bani Sadr, le 21 juin 1981, le gouvernement a entrepris une « campagne rigoureuse » pour éliminer toute opposition politique, et les chefs de l'OIMP ont dû fuir en France (Revolutionary and Dissident Movements 1988, 165). Les moudjahiddin ont été victimes d'arrestations massives et d'exécutions sommaires. On estime qu'entre 7 000 et 8 000 personnes ont été tuées en 1981 et 1982 (Hooglund 1986, 21; Sarraf 1990, 186). Les moudjahiddin ont riposté en lançant une campagne nationale poussant à la rébellion armée contre le régime islamique et ils ont revendiqué l'assassinat d'un grand nombre de membres du clergé importants à l'échelle nationale et locale en 1982 (Revolutionary and Dissident Movements 1988, 165). En juin 1986, la France, dans un premier geste pour améliorer les relations franco-iraniennes, a fermé le siège des moudjahiddin à Paris. Incapables de trouver refuge ailleurs en Europe, Rajavi et ses partisans sont allés en Iraq (Abrahamian 1989, 258).
Malgré cela, les moudjahiddin ont réussi à établir un grand nombre de cellules en Europe et en Amérique du Nord et, à partir de ces cellules, mènent une campagne de relations publiques en vue d'influencer les politiciens et dirigeants de l'Ouest. L'OIMP opère également une station de radio et de télévision en Iraq, la Voix des Mojahed (Seda-ye Mojahed) et publie l'hebdomadaire Mojahed.
L'Armée de libération nationale de l'Iran (ALNI), le bras armé de l'OIMP, a été créée en Iraq en 1987 (ibid., 260; Al-Majallah 13-19 janv. 1993). Les estimations quant au nombre d'adhérents varient grandement. Certains l'estiment à 40 000 (La Presse 22 févr. 1992), alors que d'autres croient qu'il n'y en a que 7 000 (Abrahamian 1989, 260). Les moudjahiddin exilés n'ont eu qu'une confrontation armée importante avec les militaires iraniens. En juillet 1988, à la toute fin de la guerre avec l'Iraq, les forces moudjahiddin ont contrôlé pendant une brève période les villes iraniennes de Kerand et d'Islamabad Gharb. Quelques jours seulement ont suffi aux troupes iraniennes pour les repousser en Iraq. En représailles à cette incursion, 2 500 prisonniers politiques au moins ont été exécutés en Iran; tous n'avaient pas de liens avec l'OIMP (Amnesty International 1er oct. 1992, 1).
On rapporte de constantes escarmouches entre l'armée iranienne et les moudjahiddin. Le 5 avril 1992, par exemple, l'aviation iranienne a bombardé une base de l'OIMP à Ashraf, près de Bagdad, en représailles au raid des moudjahiddin sur deux villages de l'ouest de l'Iran (Los Angeles Times 6 avr. 1992). Les moudjahiddin et leurs partisans ont riposté par des manifestations et des attaques contre les ambassades iraniennes en Europe et en Amérique du Nord. Des manifestants ont utilisé des bâtons, des masses et une échelle pour enlever le blason figurant au-dessus de l'entrée principale de l'ambassade d'Iran à Ottawa (AFP 6 avr. 1992). A l'automne de 1992, les moudjahiddin ont revendiqué une série d'attentats à la bombe et d'incendies à Téhéran et dans d'autres villes, notamment les attentats à la bombe du 27 août et du 10 octobre dans le cimetière Behecht-e-Zahra, au sud de Téhéran (AFP 15 oct. 1992) ainsi que celui d'octobre contre la garde révolutionnaire en garnison à Qasr-e Firuzeh (Keyhan 22 oct. 1992).
L'appui du peuple aux moudjahiddin a diminué en Iran (Hicks 23 mars 1993). Les relations entre l'Iran et l'Iraq ont fortement influé sur les opérations de l'OIMP, et l'appui de l'Iraq a fluctué avec le niveau des hostilités entre les deux régimes. Pendant la guerre entre l'Iran et l'Iraq, les moudjahiddin avaient de forts appuis chez les Iraqiens, mais après la guerre, Bagdad a ordonné à l'OIMP de cesser ses opérations militaires (Sarraf 1990, 192; Whitley 22 mars 1993). Toutefois, pendant la guerre du Golfe de 1991, les Iraqiens ont « ravivé » les opérations militaires de l'OIMP (Middle East International 5 avr. 1991, 16).
Quelle que soit sa force politique ou militaire réelle, l'OIMP reste une cible importante du régime iranien. Amnesty International rapporte, par exemple, qu'à la fin d'avril 1992, 40 présumés membres ou sympathisants de l'OIMP au moins ont été exécutés à Téhéran (Amnesty International 1er oct. 1992, 4).
2.2 Conseil national de la résistance
Quelque temps après l'échec du soulèvement de juin 1981, l'ancien président de l'Iran, Bani Sadr, et le chef des moudjahiddin, Masud Rajavi, alors en exil à Paris, ont annoncé qu'ils allaient revenir en Iran pour remplacer la république islamique par une république démocratique islamique. Peu après cette annonce, ils ont formé le Conseil national de la résistance (CNR) (Abrahamian 1989, 243).
A l'origine, le CNR était une vaste coalition regroupant les moudjahiddin, le Parti démocratique du Kurdistan d'Iran (PDKI), le Front démocratique national, le groupe Hoviyat (une section des fedayin) et plusieurs petits groupes gauchistes. Le Front national et les organisations marxistes n'en ont jamais fait partie. En 1984, un certain nombre de groupes ont quitté le CNR, notamment les libéraux de Bani Sadr et le PDKI (ibid., 246-247). Les moudjahiddin considèrent le CNR comme la base d'un régime politique pouvant remplacer celui de Téhéran (Al-Majallah 13-19 janv. 1993), mais d'autres le voient simplement comme une façade de l'OIMP (Hooglund 30 mars 1993). L'assassinat de son représentant en Italie, en mars 1993, montre bien que le CNR reste une cible du régime iranien (The New York Times 19 mars 1993, 12).
2.3 Opposition communiste
Les groupes d'opposition communistes iraniens qui existent encore ont des bureaux en Europe et en Amérique du Nord, mais on ne signale que rarement leur participation à la lutte armée (Hooglund 30 mars 1993). En général, l'opposition communiste-gauchiste est négligeable, que ce soit comme régime susceptible de remplacer le régime islamique ou comme menace pour ce régime (ibid. 19 mars 1993). Il importe toutefois de mentionner des groupes comme le Parti Tudeh, les fedayin, Rah-e Kargar (parti des travailleurs), Peykar et Sarbedaran. Dans une lettre adressée à la Commission des droits de l'Homme des Nations Unies, la Ligue pour la défense des droits de l'Homme en Iran (LDDHI), l'organisation des réfugiés iraniens à Paris, a signalé l'assassinat d'un membre de la Sarbedaran, Kamran Mansour Mogadam, à Suleymanieh dans le Kurdistan iraqien, en 1992 (LDDHI 31 juill. 1992).
3. OPPOSITION ET RESISTANCE DE GROUPES ETHNIQUES
Après la Révolution islamique, les groupes d'opposition formés par les minorités ethniques d'Iran, notamment les Arabes, les Turkmènes, les Baloutches, les Kurdes et les Kaskays, ont revendiqué une plus grande autonomie régionale (The Economist Intelligence Unit 1988, 12; United States Committee for Refugees déc. 1984, 7-9). Dans presque tous les cas, les autorités iraniennes ont réussi à étouffer cette opposition, les Kurdes étant la seule exception d'importance (ibid.).
3.1 La résistance kurde
Il y a entre un million et demi et quatre millions de Kurdes en Iran. La plupart d'entre eux sont des musulmans sunnites, contrairement aux chefs du régime iranien, qui sont chiites. Les Kurdes vivent dans l'ouest du pays, essentiellement dans la province du Kurdistan, qui est limitrophe des régions kurdes de l'Iraq et de la Turquie (The Economist Intelligence Unit1988, 12). Les Kurdes iraniens demandaient déjà l'autonomie politique au gouvernement central avant le règne du dernier Shah (ibid.). Le Parti démocratique kurde d'Iran (PDKI) est le groupe d'opposition kurde le plus important et le mieux organisé. Depuis ses cellules en Iraq, le PDKI pratique la résistance armée contre le régime islamique de Téhéran et, selon l'un de ses porte-parole, les activités militaires de ses unités mobiles couvrent la plus grande partie du Kurdistan iranien, particulièrement le centre (Le Monde 18 mars 1993; Le Figaro 3-4 oct. 1992). La station radio du PDKI, la Voix du Kurdistan iranien (VKI), diffuse régulièrement des rapports sur les opérations militaires du PDKI. Le 30 août 1992, par exemple, la VKI a parlé des accrochages dans la région de Mahabad (VIK 30 août 1992) et, au printemps de 1993, a fait de nombreux reportages sur le bombardement des positions kurdes en Iraq par l'artillerie iranienne (ibid. 30 mai 1993).
En dépit des opérations militaires du PDKI, le secrétaire général adjoint de ce dernier, Mostafa Hejri, n'a pas complètement exclu la possibilité d'un règlement négocié de la question de l'autonomie du Kurdistan avec les autorités iraniennes (Avanti 10 nov. 1992, 20). Toutefois, depuis l'assassinat, à Berlin en 1992, de l'ancien secrétaire général du PDKI, Sadiq Sharifkandeh, l'efficacité de la négociation en tant que moyen d'accéder à l'autonomie a été mise en doute par Abdallah Hassan Zadeh, un membre du bureau politique du PDKI (Al-Hayah 22 oct. 1992).
Le 13 mars 1993, L'Iran a lancé des attaques aériennes contre le siège du PDKI dans le Kurdistan iraqien, près de la frontière iranienne. Ce sont les premières attaques de ce genre depuis que le PDKI a installé son siège en Iraq, en 1988, et la première depuis que les forces alliées occidentales ont créé la zone spéciale de protection pour les Kurdes iraqiens, au nord du 36e parallèle (Le Monde 18 mars 1993, 6). Kamal Davoudi, un représentant du PDKI en Europe, laisse entendre que cette attaque pourrait être le signe d'une récente coordination des actions de la Syrie, de l'Iran et de la Turquie au sujet de la question kurde (ibid.).
Outre le PDKI, l'opposition kurde comprend deux groupes plus petits, le Komala et l'Etat-major révolutionnaire du PDKI. Ce dernier groupe s'est séparé du PDKI à la fin des années 1980 (Whitley 22 mars 1993). Les deux groupes participent à des actions militaires. Le Komala (ou Komaleh), créé en 1969, est une organisation marxiste qui a formé le Parti communiste iranien avec l'Union des combattants communistes, en 1983 (Journal of South Asian and Middle Eastern Studies 1989, 63). Egalement connu sous le nom de l'Organisation révolutionnaire des travailleurs du Kurdistan, le Komala est surtout actif dans la région de Sanandadj (AFP 7 nov. 1992). Le 7 novembre 1992, le ministre iranien de l'Information et de la Sécurité a annoncé l'arrestation d'Abdollah Bagheri, un cadre du Komala. Selon Amnesty International, Bagheri n'était plus membre du Komala au moment où il a été arrêté (3 déc. 1992). Les autorités iraniennes ont déclaré que Bagheri allait être inculpé pour actes de terrorisme (ibid. 12 mars 1993). Deux membres du Komala auraient également été exécutés à Sanandaj, en juin et en août 1992 (ibid. 7 déc. 1992).
3.2 Résistance d'autres groupes ethniques
La révolte d'autres minorités ethniques d'Iran, comme les Baloutches, les Turkmènes et certaines autres tribus de la région de Zagros, a été matée par Téhéran en 1979 et 1980 (United States Committee for Refugees déc. 1984, 7-9). Amnesty International signale une opposition sporadique au Baloutchistan. La résistance est organisée par tribus, et toutes les tribus baloutches ne sont pas opposées au régime de Téhéran. Des groupes comme le Mouvement national baloutche et l'Organisation de Baloutches unis veulent une plus grande autonomie pour leur province (Amnesty International 11 mai 1993). En octobre 1991, Amnesty International a reçu des rapports faisant état de nombreuses arrestations et de l'exécution publique de plus de 20 personnes à Zahedan (1992, 145). Selon des sources baloutches citées dans le rapport de 1992 du Rapporteur spécial de l'ONU pour l'Iran, ces personnes ont été condamnées à mort pour des raisons politiques et exécutées dans la semaine qui a suivi leur arrestation (Nations Unies 2 janv. 1992, 21). Une autre source rapporte que puisque l'Iran est un pays de transit important de la drogue qui vient de l'Afghanistan et du Pakistan, les rapports officiels sur les combats au Baloutchistan sont brouillés par des références à la « guerre contre la drogue », une guerre qui aurait « mené à des milliers d'exécutions sommaires » depuis septembre 1990 (Lawyers Committee for Human Rights 1992, 159).
4. OPPOSITION MONARCHISTE
La révolution de 1978-1979 a non seulement renversé le régime du Shah, mais aussi forcé à s'exiler des partisans de la monarchie comme Shapur Bakhtiar et son Mouvement national de la résistance. L'organisation Bannière de Kaviyani (ou Derafsh Kaviani) constitue la principale opposition monarchiste organisée qui lutte contre le régime islamique de Téhéran. Récemment, l'Organisation Babak Khorramdin a revendiqué des attaques armées en Iran.
4.1 Bannière de Kaviyani
La Bannière de Kaviyani est le groupe monarchiste le plus actif. En 1992, elle a changé de nom pour devenir l'Organisation pour les droits de l'Homme et les libertés en Iran (LDDHI 13 déc. 1992). Le groupe se définit lui-même comme une organisation nationale clandestine qui vise à établir une démocratie parlementaire en Iran (BBC Summary 30 sept. 1991). Il est issu de l'ancien Front de salut iranien que dirigeait le défunt Ali Amini, et est dirigé par Manoucher Gandji, un ancien ministre du Shah. Le groupe prétend avoir un vaste réseau de cellules de résistance dans le pays, mais il ne participe pas aux conflits armés (Whitley 22 mars 1993) et il diffuse des bandes-vidéo et des bandes-son en Iran (BBC Summary 30 sept. 1991).
La principale activité de l'organisation semble consister en des émissions à partir de sa station radio, la Voix de la Bannière de Kaviyani de l'Iran. Les studios sont situés à Paris, où le groupe a son siège, et la transmission se fait à partir du Caire (Whitley 22 mars 1993). La Voix de la Bannière de Kaviyani radiodiffuse de façon régulière des émissions sur ses opérations, à partir de ses stations mobiles en Iran. Le 3 novembre 1991, par exemple, sa radio a annoncé la diffusion à Téhéran de bandes-vidéo sur le défunt Cyrus Elahi, ancien cadre de l'organisation (BBC Summary 5 nov. 1991). Même si le groupe ne semble pas jouir de « forts » appuis en Iran, un grand nombre de personnes ont été arrêtées parce qu'elles auraient participé aux émissions (Hooglund 30 mars 1993).
L'Organisation mondiale de solidarité avec les jeunes iraniens et l'Organisation mondiale de solidarité avec les femmes iraniennes sont toutes deux affiliées à la Bannière de Kaviyani (Whitley 22 mars 1993). Le deuxième groupe produit un bulletin régulier sur les droits des femmes en Iran. Il n'y a actuellement pas d'autres renseignements sur ces deux organisations.
4.2 Mouvement national de la résistance iranienne
Le Mouvement national de la résistance iranienne (MNRI) est un groupe monarchiste qui a son siège à Paris et a été établi par le défunt Shahpur Bakhtiar, le dernier premier ministre du Shah. En juin 1980, le groupe a participé à un coup d'Etat manqué contre le nouveau régime islamique (Abidi 1989, 117). Bien qu'il ne soit plus très actif (Hooglund 19 mars 1993), le MNRI a organisé des manifestations pacifiques pour demander des élections libres (Nations Unies 13 févr. 1991, 41). Des bandes des discours de Bakhtiar sont encore distribuées dans le pays (Whitley 22 mars 1993).
4.3 Organisation Babak Khorramdin
Il y a peu de renseignements sur l'Organisation Babak Khorramdin (OBK), groupe monarchiste et fortement anticlérical (Hooglund 30 mars 1993). Le groupe a revendiqué l'attentat dirigé contre le président Rafsanjani, en février 1993, à la veille du 14e anniversaire de la Révolution islamique (The Independent 13 févr. 1993). Il a également revendiqué l'« exécution » de cinq gardes révolutionnaires, qui a eu lieu plusieurs jours après (Middle East International 19 févr. 1993, 13), et son nom a été mentionné à propos des attaques contre le poste de police de Tajrish, en septembre 1991 (Keyhan 17 sept. 1992).
5. OPPOSITION LIBERALE-NATIONALISTE
Le gouvernement de 1951 du premier ministre Mohammed Mosaddeq a été qualifié d'« incarnation de la lutte de l'Iran pour l'indépendance et la démocratie », mais sa politique démocratique et populaire a pris fin avec le coup d'Etat du 19 août 1953. De 1953 au soulèvement populaire de 1963, le régime s'est graduellement transformé en une dictature personnelle du Shah (Siavoshi 1990, 21). Au cours des années 1960, l'opposition réformiste contre le Shah était menée par le Front national, libéral et laïque, et par le Mouvement de libération de l'Iran (MLI), à tendance religieuse (ibid., 38). Le MLI a joué un rôle important dans la Révolution islamique et est actuellement le seul parti d'opposition plus ou moins toléré par le régime islamique (Whitley 22 mars 1993).
5.1 Mouvement de libération de l'Iran
Le Mouvement de libération de l'Iran (MLI), Nehzat-e Azadi-ye Iran, a été créé en 1961. Egalement connu sous le nom de Mouvement pour la liberté, ce groupe islamique modéré est dirigé par Mehdi Bazargan, qui a été le premier premier ministre du régime islamique en 1979. Le MLI a toujours déclaré qu'il ne s'opposait pas à la République islamique et s'est engagé à respecter la constitution (News from Middle East Watch 3 sept. 1991, 2). La différence fondamentale qui sépare le groupe de Bazargan et le régime islamique de Téhéran est que le MLI est en faveur d'un régime de partis politiques asservis à une constitution dans un cadre islamique, mais ne reconnaît pas au clergé un rôle dans le gouvernement (Chehabi 1990, 298). Bien que le MLI ait « loyalement soutenu » l'effort de guerre de l'Iran au début, la fin de la guerre avec l'Iraq est devenu l'objectif principal de ses activités dès le début de 1982 (ibid., 299). La plupart des groupes d'opposition en exil n'ont que peu de sympathie pour le MLI, mais Bazargan bénéficie d'un certain appui de l'ancien président Bani Sadr (ibid., 301).
Déchiré par des luttes intestines, le MLI n'a pas présenté de candidats sous son nom aux élections parlementaires de 1980, bien que Bazargan et d'autres membres éminents du MLI se soient présentés et aient été élus (ibid., 285). Le LMI a boycotté les deux élections suivantes après que ses bureaux aient été vandalisés par des fondamentalistes islamiques et que son journal ait été interdit (Nations Unies 2 janv. 1992, 30). Le groupe a annoncé qu'il allait également boycotter les élections du 10 avril 1992 (UPI 23 févr. 1992).
En 1990, Bazargan et au moins 65 autres Iraniens « éminents » ont signé une lettre ouverte au président Rafsanjani, critiquant la politique du gouvernement et demandant davantage de libertés civiles. La pétition a été en grande partie organisée par le MLI et par l'Association pour la défense de la liberté et de la souveraineté de la nation iranienne (ADLSNI) qui lui est affiliée. En juin 1990, 25 des signataires ont été placés sous garde et, 14 mois plus tard, neuf d'entre eux ont été condamnés à des peines d'emprisonnement allant de six mois à trois ans (Nations Unies 2 janv. 1992, 31; ibid. 13 févr. 1991, 83; News from Middle East Watch 3 sept. 1991, 1; ibid. 29 juin 1990, 1-2; Reuter 23 sept. 1991). Le MLI a remis une lettre similaire au gouvernement iranien en août 1991 (BBC Summary 20 août 1991). Il semble qu'il n'y ait eu aucune arrestation dans ce cas-là. Le 13 avril 1992, les personnes arrêtées en 1991 ont bénéficié d'une amnistie générale et ont été relâchées (ibid. 15 avr. 1992).
Bien que la constitution iranienne n'interdise pas les partis politiques, la demande d'enregistrement présentée par le MLI et l'ADLSNI en vertu de la Loi sur les partis politiques de 1981, qui reconnaît l'opposition politique pacifique, a été rejetée. Le 14 juin 1990, le bureau du procureur révolutionnaire de Téhéran a ordonné la dissolution de l'ADLSNI et, en mai 1991, plus de deux ans après que le MLI ait demandé à être légalement reconnu, le président Rafsanjani a déclaré le MLI illégal (News from Middle East Watch 3 sept. 1991, 1-2).
L'attitude du régime islamique envers ces groupes dénote un mélange de tolérance et de répression. Par exemple, bien que le MLI soit illégal, il n'a pas été banni, et bien que les discours de Bazargan puissent être publiés, les grands médias les passent sous silence (Whitley 22 mars 1993).
6. APPEL AU RETOUR DES EXILES EN IRAN
Depuis le début de la Révolution islamique, près de trois millions d'Iraniens ont quitté le pays et vivent en exil. Les premiers à partir étaient ceux qui avaient été au pouvoir du temps du Shah ou qui avaient profité du régime. Ensuite ce fut au tour de ceux qui avaient participé à la révolution mais qui avaient été forcés à fuir à cause de leur opposition à Khomeini. La troisième vague a été celle des jeunes hommes fuyant la guerre avec l'Iraq. Le chômage élevé et l'inflation, conséquences de l'effort de guerre du pays, ont contribué à pousser hors d'Iran une quatrième vague (The Economist 2 mai 1992; Le Monde 5 févr. 1993; Xinhua 20 mars 1992).
Depuis la fin de la guerre avec l'Iraq en 1988, le gouvernement a encouragé des milliers d'Iraniens qualifiés vivant à l'étranger, la plupart aux Etats-Unis, en Angleterre, en France, en Allemagne et au Canada, à revenir pour reconstruire le pays (Country Reports 1991 1992, 1414). La rencontre entre le ministre des Finances et le gouverneur de la banque centrale d'Iran et quelque 200 gens d'affaires iraniens à New York, en mai 1991, montre l'importance que le gouvernement attache au retour des exilés. La majorité des ces personnes avaient été « condamnées in absentia en raison de leur allégeance monarchiste ou pour avoir travaillé pour le Shah », et leur biens ont été confisqués par le régime (Middle East International 17 mai 1991, 13).
L'ambassadeur d'Iran en Allemagne aurait résumé cette nouvelle approche en la qualifiant de politique d'ouverture envers tous les exilés iraniens, à l'exception de ceux qui ont participé à des actes terroristes ou à des assassinats (ibid., 13). Le 20 mars 1992, le président Rafsanjani exhortait les exilés iraniens à rentrer et a promis qu'ils ne courraient aucun risque même s'ils avaient quitté le pays illégalement (Xinhua 20 mars 1992). Les exilés iraniens ont également été encouragés à investir dans les valeurs mobilières iraniennes (Keyhan 6 août 1992).
Il y a des rapports contradictoires sur le succès de cette campagne. The Middle East semble la considérer comme un succès (juin 1992, 9), alors que selon le Middle East International, la grande majorité d'Iraniens hésitent encore à rentrer définitivement, bien que certains aient fait des séjours de courte durée et à titre d'essai (17 mai 1991, 13). Il n'y a pas de chiffres précis sur le nombre d'exilés iraniens qui sont rentrés. Selon un rapport, la question de la restitution des biens confisqués allait certainement poser des problèmes lorsque ces gens d'affaires retourneront, s'ils retournent (Le Monde 5 févr. 1993).
Certains rapatriés sont d'anciens militants politiques. Il n'y a pas de chiffres précis sur le nombre de ces exilés de retour ou sur la façon dont ils sont traités. En 1991, plusieurs membres de l'OIMP auraient dénoncé sur les ondes de la télévision iranienne le groupe politique auquel ils ont appartenu (The Economist 2 mai 1992). Selon Xinhua News Service, la télévision de Téhéran a rapporté que 59 membres de l'OIMP sont retournés en Iran en décembre 1991 sous la protection du HCR. Ces gens auraient affirmé avoir quitté l'OIMP parce qu'ils étaient dissidents au sein de l'organisation et qu'ils ont critiqué les « crimes » commis par le groupe (Xinhua 4 déc. 1991).
7. AMNISTIES ET PRISONNIERS POLITIQUES
Dans sa déclaration faite à la 49e session de la Commission des Nations Unies sur les droits de l'Homme, Amnesty International a signalé que :
des milliers de prisonniers politiques... étaient toujours en prison, et des milliers d'autres avaient été arrêtés et détenus après les troubles civils de [1992], en même temps que d'anciens prisonniers politiques étaient à nouveau arrêtés à Téhéran en mai et en juin (févr. 1993, 2).
A certaines occasions spéciales, comme l'anniversaire de la Révolution islamique, l'ayatollah Khamenei, le chef spirituel de l'Iran, amnistie parfois certaines catégories de prisonniers, mais il semble que ces amnisties ne s'appliquent jamais aux personnes condamnées pour trafic de stupéfiants, vol à main armée, sabotage économique et « crimes contre l'établissement de la république islamique » (Xinhua 10 févr. 1992). Les prisonniers politiques relâchés soit sont mis en liberté provisoire, soit doivent signer une promesse de n'entreprendre aucune activité politique opposée au régime. La plupart doivent se présenter aux autorités à intervalles réguliers, et souvent un parent doit se porter caution pour eux (Amnesty International févr. 1993, 3).
8. EXECUTION D'OPPOSANTS POLITIQUES EN EXIL
Le gouvernement iranien a longtemps été accusé d'envoyer des escadrons de la mort en Turquie, en Iraq et en Europe pour assassiner des ennemis du régime (Human Rights Watch déc. 1992, 303). La liste des victimes de ces assassinats continue de s'allonger et ne se limite à aucun parti en particulier.
Deux membres importants du Mouvement national de la résistance ont été tués en 1991. Abdolrahman Boroumand, le président du comité exécutif du MNR, est mort poignardé à Paris, le 18 avril (Amnesty International janv. 1992, 9; Irana Vox mars-mai 1991, 3). Shapour Bakhtiar, le dernier premier ministre de l'Iran avant la Révolution islamique, et son secrétaire particulier, Souroush Katibe, ont été poignardés à Suresnes, en France, le 6 août (Amnesty International janv. 1992, 9; Human Rights Watch déc. 1992, 303).
Deux dirigeants du PDKI ont également été assassinés à l'étranger. Abdolrahman Ghassemlou et deux de ses compagnons ont été tués à Vienne, le 13 juillet 1989 (Amnesty International janv. 1992, 10; Human Rights Watch déc. 1992, 303). Son successeur, Sadiq Sharifkandeh, et deux de ses collègues, représentants du PDKI en France et en Allemagne, ont été assassinés à Berlin, le 17 septembre 1992 (Human Rights Watch déc. 1992, 303; LDDHI 20 sept. 1992).
Deux membres de l'organisation monarchiste, la Bannière de Kaviyani, ont également été assassinés : le colonel Ataollah Byahmadi, à Dubayy, le 1er juin 1989 (Amnesty International 1990, 124-125), et Cyrus Elahi, à Paris, en octobre 1990 (Le Point 16 août 1991; BBC Summary 26 oct. 1990). L'artiste promonarchiste, Feridun Faruchsad, a été assassiné à Bonn en août 1992 (Le Devoir 10 août 1992). Quatre ans auparavant, il avait commencé à produire une émission d'une heure pour la Voix de la Bannière de Kaviyani, la station radio de l'organisation (Nations Unies 28 janv. 1993, 16).
Kazem Radjavi, un représentant du CNR, a été assassiné à Genève, en avril 1990 (Amnesty International janv. 1992, 10). En juin 1992, Amnesty International a publié une déclaration concernant le cas d'Ali Akbar Ghorbani, un membre de l'OIMP enlevé près de son domicile, à Istanbul, le 4 juin 1992 (12 juin 1992). Son corps a été retrouvé en Turquie, en janvier 1993 (ibid. 11 mai 1993). Mohammed Hussein Nagdi, ancien diplomate iranien en Italie et un des représentants les plus actifs du CNR, a été abattu à Rome par deux bandits armés, le 16 mars 1993 (The New York Times 19 mars 1993, 12).
Aucun lien direct du gouvernement iranien avec ces assassinats n'a été établi, mais la déclaration du chef des services de renseignements iraniens, faite le 6 septembre 1992, constitue une « revendication sans précédent » de ces actes. Il a en effet confirmé le rôle d'agents iraniens dans l'assassinat de membres de l'opposition à l'étranger. Il a également déclaré que les activités des mouvements iraniens d'opposition, en Iran et à l'étranger, étaient surveillées de près par les agents des services de renseignements (Human Rights Watch déc. 1992, 303; VIK 12 oct. 1992).
9. PERSPECTIVES D'AVENIR
En 1990, Amnesty International soulignait que les années 1980 avaient été marquées par l'absence de tout progrès en vue de l'établissement d'institutions et de procédures qui auraient pu garantir les droits fondamentaux des citoyens iraniens (déc. 1990, 3). La situation n'est guère différente en 1993. Les procès politiques continuent d'être menés selon des critères bien en-deça des critères communément admis à l'échelle internationale. Les audiences se tiennent à huis clos et les sauvegardes juridiques comme le droit d'appel n'existent pas. Les personnes arrêtées risquent d'être torturées et de subir des sévices (Amnesty International 12 mars 1993).
L'opposition organisée contre le régime islamique s'est amoindrie considérablement pendant les années 1980. La plupart des groupes d'opposition ont été bannis et agissent à l'étranger et bien que beaucoup d'entre eux réussissent à opérer d'une façon ou d'une autre dans la clandestinité, en Iran, l'absence de liberté d'expression ne permet pas de savoir quel appui ils ont en Iran (Amnesty International déc. 1990, 4). La fin de la guerre avec l'Iraq en 1988 et de celle de la guerre du Golfe en 1991 ont contribué à affaiblir davantage l'opposition. Le PDKI est le seul groupe d'opposition qui puisse représenter une certaine menace pour le régime islamique (Hooglund 30 mars 1993), et encore de façon très relative. Comme il ressort de la rencontre trilatérale récente entre l'Iran, la Syrie et la Turquie sur la question du Kurdistan (Le Monde 19 févr. 1993, 4), la négociation avec le régime de Téhéran pourrait être la seule voie possible pour l'opposition kurde.
Alors que le gouvernement iranien a adopté une position dure à l'égard de l'OIMP et du PDKI, son approche est plus souple envers le Mouvement de libération de l'Iran (MLI) qu'il estime ne pas représenter de menace véritable pour le régime. Toutefois, bien que la constitution autorise les partis politiques et que les autorités iraniennes aient déclaré leur intention de se conformer à la Loi sur les partis politiques de 1981, le ministre de l'Intérieur refuse toujours de légaliser le MLI (Country Reports 1992 1993, 1002; Nations Unies janv. 1992, 30).
Les autorités iraniennes continuent d'exercer un contrôle rigoureux sur la vie politique. En février 1992, l'UPI a signalé que le chef spirituel de l'Iran, l'ayatollah Khamenei, avait demandé à un groupe de surveillance des élections de veiller à ce que les élections du 10 avril 1992 ne permettent pas à des opposants au régime d'accéder au parlement (23 févr. 1992). Bien que des centaines de groupes aient demandé à être enregistrés en vertu de la Loi sur les partis politiques de 1981 (Hooglund 30 mars 1993), les seuls qui ont réussi sont ceux qui sont liés à diverses factions du clergé islamique ainsi que quelques groupes professionnels non politiques (Nations Unies 2 janv. 1992, 31).
En dépit de ses tentatives de contrôle de toute opposition politique, le régime iranien n'a pu empêcher les émeutes et les manifestations qui ont embrasé l'Iran en 1992 et qui ont été provoquées en grande partie par la détérioration de la situation économique et sociale (Human Rights Watch déc. 1992, 300; The Middle East mars 1993, 14). Amnesty International craint que les autorités iraniennes n'utilisent ces manifestations comme prétexte pour éliminer davantage l'opposition politique et persécuter les opposants. L'Organisation cite, à l'appui, les exécutions de milliers d'activistes politiques après la défaite des forces des moudjahiddin, à la fin de 1988 (11 mai 1993). Des preuves récentes semblent indiquer que l'appartenance à un groupe d'opposition même pacifique pourrait être considérée comme un crime passible de la peine capitale (Human Rights Watch déc. 1992, 303).
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