Le 8ème Anniversaire du Massacre de 1989: Les Voix Réduites au Silence
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Date:
1 April 1997
Huit ans après le massacre de personnes manifestant en faveur de la démocratie, le 4 juin 1989, le gouvernement chinois n'a toujours pas donné la liste officielle des personnes tuées, blessés et arrêtées. Les autorités continuent à justifier leur action en parlant de « répression » d'une « émeute contre-révolutionnaire » et n'ont pris aucune disposition visant à mener une enquête publique sur les circonstances de ces meurtres et à traduire en justice ceux qui ont se sont rendus coupables de violations de droits de l'homme. Huit ans après, Amnesty International dispose d'une liste de plus de 300 personnes toujours détenues et purgeant de longues peines de prison pour leurs activités lors des manifestations de 1989.
Ces manifestations, qui ont débuté à Pékin à la mi-avril 1989, se sont rapidement étendues à de nombreuses grandes villes des provinces chinoises. Les participants demandaient notamment qu'il soit mis fin à la corruption administrative et que soient engagées des réformes politiques. Leurs revendications étaient largement soutenues par la population et des millions de personnes se sont jointes aux manifestations pacifiques lorsque le mouvement en faveur de la démocratie a pris forme et s'est développé.
À la suite des mesures de répression engagées dans la nuit du 3 au 4 juin à Pékin, des centaines de civils non armés ont été tués par l'armée, des milliers de personnes ont été arrêtées et un grand nombre blessées.
Amnesty International estime qu'un grand nombre de meurtres commis à Pékin le 3 juin 1989 ou les jours suivants sont en fait des exécutions extrajudiciaires : assassinats délibérés et ciblés de manifestants pacifiques par des forces gouvernementales. Nombre d'autres personnes, manifestants pacifiques mais aussi simples passants qui ne présentaient aucune menace pour les troupes armées ont semble-t-il, été victimes de leurs tirs.
Les militaires ont utilisé la force d'une manière excessive en violation des normes internationales relatives au recours à la force et à l'utilisation des armes à feu. Par suite, un grand nombre de civils qui n'étaient que des badauds ou des habitants des quartiers alentours ont été tués ou blessés.
Les familles affligées attendent toujours des autorités qu'elles s'expliquent sur ces homicides. Les responsables de ces actes n'ont pas eu à en répondre, et aucune indemnisation n'a été acordée aux proches des personnes tuées ou blessées. Au contraire, les familles qui ont voulu commémorer ouvertement leurs morts, ou cherché à obtenir réparation, ont été victimes de manoeuvres de harcèlement et de mesures d'intimidation.
Commémorations
Chaque année, l'anniversaire du 4 juin rassemble tous ceux qui ont été directement affectés par les mesures de répression dirigées contre le mouvement en faveur de la démocratie. Les familles des personnes tuées ou blessées ont saisi l'occasion pour presser les autorités de rendre compte de la mort de leurs proches. De même, des dissidents, ainsi que d'autres mouvements en Chine, commémorent régulièrement cette date en lançant des appels et en présentant aux autorités des pétitions leur demandant instamment de reévaluer les événements, de libérer les personnes toujours détenues pour leurs activités durant les manifestations de 1989 et de faire connaître la vérité sur les morts et les disparitions. À l'étranger également des commémorations de l'événement rassemblent toujours de nombreux manifestants notamment à Hong-Kong et dans d'autres communautés chinoises.
Affrontements au cours de l'intervention de l'armée du 3/4 juin 1989.
Le fils du professeur à la retraite Ding Zilin, Jiang Jielian, âgé de dix-sept ans, est un de ceux qui ont été tués par balle dans la nuit du 3 juin 1989. Malgré les manoeuvres de harcèlement, les sanctions économiques, l'intimidation et des emprisonnements périodiques dont il fait l'objet, Ding Zilin et son mari Jiang Peikun continuent à rechercher des parents d'autres victimes. Aidés par des amis et par des personnes soutenant leur action, ils ont recueilli des informations sur près de 200 des victimes et aidé de nombreuses familles endeuillées en difficulté. Les autorités auraient accusé le couple de « ternir l'image de la Chine à l'étranger » (par leurs activités), mais Ding Zilin a toujours affirmé qu'« elle ne faisait rien d'illégal. C'est ce que le gouvernement devrait faire, mais s'il ne le fait pas, alors ce sera moi ». Le couple a demandé à l'Assemblée populaire nationale de mener une enquête indépendante et loyale sur les événements du 4 juin et a signé des pétitions appelant à une plus grande tolérance de la part des autorités et à la libération des prisonniers d'opinion.
Étudiants tués par l'armée gisant près de la place Tiananmen, Pékin le 4 juin 1989.
Un autre citoyen, qui a cherché à découvrir ce qu'étaient devenues les personnes emprisonnées à la suite des événements du 4 juin, purge actuellement, pour cette raison une peine, de neuf ans de prison. Li Hai[1] a été condamné le 18 décembre 1996 à une peine de neuf ans de prison, pour avoir « cherché à découvrir » de prétendus secrets d'État. Le procès a eu lieu dans le secret et sa famille n'a pu y assister. Li Hai avait été détenu au secret pendant près de 18 mois, au cours desquels le chef d'inculpation initial de « houliganisme » retenu contre lui avait été abandonné et remplacé par « divulgation de secrets d'État », qui a été rejeté par le tribunal. D'après les informations reçues par Amnesty International, Li Hai aurait été accusé d'avoir « cherché à dérober des secrets d'État » uniquement parce qu'il aurait tenté de recueillir des informations sur des prisonniers politiques détenus depuis la répression brutale du mouvement pro-démocratique de 1989, notamment des précisions sur les différentes personnes concernées et sur les lieux de détention. De telles informations ne peuvent en aucun cas être considérées comme constituant un « secret d'État ». L'Organisation considère que Li Hai a été reconnu coupable et condamné (sous cette inculpation) pour avoir tenté de répertorier les violations des droits de l'homme commises en Chine et qu'il est un prisonnier d'opinion emprisonné en violation des normes internationales relatives aux droits de l'homme. Li Hai s'était également joint à d'autres militants politiques pour signer des pétitions, telles que celle reproduite ci-dessous, en commémoration du 4 juin. Les signataires demandaient l'instauration d'un État de droit, l'application réelle des droits inscrits dans la Constitution et une action contre les violations des droits de l'homme qui continuent d'être commises.
Voici le texte d'une pétition, parmi tant d'autres rédigées ces dernières années en Chine en commémoration des événements de juin 1989 demandant l'instauration d'un État de droit. La majorité des initiateurs et des signataires ont été détenus pour une courte période et cinq d'entre eux, toujours incarcérés, sont des prisonniers d'opinion.
Tirez les leçons du sang versé : instaurez la démocratie et l'État de droit.
Pétition pour le sixième anniversaire du 4 juin, 19 mai 1995.
« Le 4 juin 1989 est une date qui restera à jamais gravée dans la mémoire du peuple chinois. Il y a six ans, des étudiants, et avec eux de nombreux autres habitants de la ville, se sont retrouvés dans un mouvement qui a fait date pour exprimer au gouvernement leur profonde inquiétude concernant les affaires publiques et émettre des propositions concrètes en matière de réformes, de mesures visant à lutter contre la corruption, de liberté d'expression, de démocratie politique et d'instauration d'un État de droit. Un sentiment d'horreur a submergé la foule, lorsque le rugissement des tanks a ruiné ces espoirs profonds et que les cris du coeur ont été couverts par le crépitement des armes automatiques.
« Nous célébrons, le 4 juin, la mémoire de tous ceux qui sont morts injustement.
« Nous commémorons le 4 juin, pour qu'une telle tragédie, si sanglante, ne se reproduise jamais plus.
« En repensant aux événements du 4 juin, il nous apparaît que l'une des principales raisons de cette tragédie sanglante était l'incapacité des dirigeants à prendre en compte le mouvement mondial actuel, qui tend vers l'ouverture, le pluralisme et la démocratisation et de s'y adapter. N'ayant jamais cherché à résoudre les problèmes sociaux de la Chine par des procédures démocratiques et l'instauration d'un État de droit, ils considèrent toujours la perspective d'une participation du peuple à la politique avec hostilité et autoritarisme...
« La tragédie du 4 juin était une manière d'avertir ceux qui sont au pouvoir que le gouvernement doit, non seulement respecter la Constitution promulguée en 1983, mais aussi édicter tout un ensemble de lois et de réglementations sur la base de cette Constitution.... Nous pensons qu'en Chine, il est urgent que soient élaborées ou révisées les dispositions, lois et réglementations constitutionnelles suivantes :
« 1) réglementations sur la presse et les publications ;
« 2) réglementations sur le droit d'association ;
« 3) déclaration relative aux droits et libertés de l'homme ;
« 4) instauration d'un tribunal constitutionnel.
« Le respect de la liberté, de l'égalité et de la dignité de chacun, la protection des droits de l'homme, indivisibles, inaliénables et inviolables, sont la marque du progrès social, du respect mutuel et de la dignité humaine. Ils constituent également l'élément moteur et les conditions sine qua non d'un progrès vers l'instauration de la démocratie moderne et de l'État de droit. Après avoir tiré les leçons du 4 juin et de la situation actuelle des droits de l'homme en Chine, nous proposons la rédaction d'une "Déclaration des droits et des libertés de l'homme" basée sur la Constitution chinoise, afin que le monde entier sache que l'attitude de la Chine vis-à-vis des droits de l'homme évolue...
« Cette "Déclaration des droits et des libertés de l'homme" devra affirmer que ces droits constituent les plus hautes valeurs que tout gouvernement doit protéger et garantir. Elle devra préciser que tous les êtres humains naissent libres et égaux et fixer des dispositions détaillées en vue du respect et de la protection des droits et des libertés de chaque individu. Elle devra également définir les obligations et responsabilités de chaque citoyen vis-à-vis de la société, en précisant, par exemple, que chacun, dans l'exercice de ses droits, doit respecter les droits et libertés d'autrui.
« Le peuple chinois a connu maintes épreuves dans son cheminement vers une société démocratique moderne et le 4 juin figure au nombre de ses épreuves majeures. Pourtant, si nous avons suffisamment de conscience, de sagesse, de courage, de confiance et de volonté pour affronter et surmonter les cruelles blessures, alors les épreuves deviendront le plus précieux des biens, car un peuple qui a souffert est un peuple riche, profond et plein d'espoir.
« Nous croyons fermement que la lumière de l'esprit est à ceux qui ont beaucoup souffert(...) »
Texte reproduit dans le China Rights Forum, été 1995
REDACTEURS : Wang Zhihong, Wang Dan, Bao Zunxin, Liu Nianchun, Liu Xiaobo, Jiang Qisheng, Wu Xuecan, Sha Yuguang, Chen Xiaoping, Zhou Duo, Lin Mu, Huang Xiang, Liao Yiwu, Jin Cheng.
SIGNATAIRES : Mang Ke, Li Xianting, Jiang Yue, Wang Donghai, Ma Shaohua, Wu Shuangyin, Yang Kuanxin, Liu Xianbin, Jin Yanming, Gou Qinghui, Xu Yonghai, Chen Quan, Song Xumin, Wang Qing, Li Zhiying, Wang Zhixin, Zhang Ling, Huang Tingjin, Ji Xiao, Li Guoping, Li Jinfang, He Depu, Hou Zongzhe, Wang Sufang, Li Hai, Qian Yumin, Xiao Yun, Li Jinyan, Hai Lan, Li Aimin, Yang Jing, Wang Yongqing, Gao Junsheng. Deng Huanwu, Zhang Zongai, Zhang Jiankang, Liu Jian, Wang Ziqiang.
Les militants qui lancent ou signent de telles pétitions le font à leur risques et périls : certains d'entre eux sont détenus et envoyés dans des camps de travail, d'autres sont régulièrement arrêtés pour être interrogés, sont placés sous surveillance et victimes de harcèlement[2] L'année dernière, Amnesty International a recensé au moins 50 arrestations pendant la période de commémoration du 7ème anniversaire des manifestations en faveur de la démocratie. Parmi ceux qui ont été arrêtés, figuraient un grand nombre d'étudiants et d'ouvriers impliqués dans les manifestations de 1989 qui avaient déjà purgé des peines de prison. et qui ont à nouveau été appréhendés pour avoir signé des pétitions ou participé à des activités en commémoration du 4 juin.
Wang Dan, prisonnier d'opinion, et l'un des principaux militants étudiants, a été emprisonné pendant quatre ans pour son implication dans les manifestations de 1989 en faveur de la démocratie. Après sa remise en liberté conditionnelle en février 1993, il a continué à appeler à des réformes en faveur de la démocratie et, de ce fait, a été remis en détention pour une courte durée et harcelé. Wang Dan a été de nouveau arrêté en mai 1995, après avoir signé des pétitions priant les autorités de respecter les droits de l'homme et de reévaluer les événements de 1989. Pendant 17 mois il a été détenu arbitrairement, illégalement et au secret, sans inculpation, jusqu'à ce qu'il soit condamné à onze ans de prison pour « complot en vue de renverser le gouvernement ».
Amnesty International a dénoncé la parodie de justice[3] qu'a constitué son procès devant le Tribunal populaire intermédiaire de Pékin le 30 octobre 1996 et qui n'a duré que quatre heures. La défense de Wang Dan était assurée par sa mère et un avocat. Aucun témoin n'a été entendu. Une très longue interview donnée par le juge principal, a été publiée en anglais par l'agence officielle New China News Agency (NCNA) une heure seulement après la fin de l'audience. Cette interview, qui donnait des précisions sur le procès avait manifestement été préparée à l'avance, renforçant ainsi l'impression que la procédure suivie se résumait à un procès pour l'exemple et que le verdict avait été décidé à l'avance.
D'après l'acte d'inculpation, l'accusation de « complot en vue de renverser le gouvernement » reposait sur les motifs suivants : la rédaction d'articles critiques à l'égard du gouvernement publiés à l'étranger ; le fait d'être en contact avec des organisations chinoises et des exilés chinois aux États-unis ; avoir accepté une assistance financière de l'étranger, avoir rédigé une pétition à l'intention des autorités, signée par plus de 80 personnes et publiée à l'étranger ; avoir gardé le contact avec d'autres dissidents en Chine ; avoir créé un fonds d'assistance mutuelle permettant de venir en aide aux prisonniers d'opinion et à leurs familles.
Comme "preuve" des activités de Wang Dan et de ses objectifs visant à renverser le gouvernement le verdict reprenait des citations tronquées et déformées de ses articles, et mentionnait la part qu'il avait prise à des pétitions dont celle reproduite ci-dessus sur lesquelles figurait son nom. Il n'a pas été tenu compte dans le jugement du fait que, aux termes de la constitution chinoise, la rédaction de pétitions à l'intention des autorités constitue un exercice légitime d'expression politique pacifique. À aucun moment, les pétitions n'appellent à renverser le gouvernement.
Il est évident que les "crimes" dont on a accusé Wang Dan se résument à l'exercice pacifique de son droit fondamental à la liberté d'expression et d'association et que ses activités ne présentaient aucune menace pour la sécurité nationale. Aucune preuve que ses activités comportaient la moindre menace de recours à la force ou à la violence n'a été apportée. Amnesty International considère Wang Dan comme un prisonnier d'opinion et demande sa remise en liberté immédiate et inconditionnelle.
Évolution
Les rapides changements économiques qui s'opèrent en Chine depuis 1989, ont eu pour effet d'apporter davantage de libertés à une plus grande partie de la population ainsi qu'un certain assouplissement des contrôles exercés sur la société. Parallèlement, la dissidence, ainsi que toute activité perçue comme constituant une menace pour l'ordre politique établi continuent à faire l'objet de mesures de répression et de graves violations des droits de l'homme sont toujours commises. La façon dont le pouvoir traite l'héritage des événements de 1989 est l'illustration parfaite de cette tendance. Des centaines de prisonniers d'opinion sont toujours incarcérés pour leurs activités lors des manifestations. Ceux dont les activités sont perçues comme un défi lancé à la version officielle des événements continuent à être harcelés et emprisonnés. Ils sont les victimes de l'utilisation de plus en plus fréquente, par les autorités, du secret d'État et de la législation relative à la sécurité nationale afin de poursuivre ceux qui exercent, de façon pacifique, leur droit à la liberté d'expression et d'association, sous prétexte que leurs activités constituent une "menace" pour la sécurité nationale. Dans les affaires à caractère politique, les autorités font souvent fi des règles de procédure prévues dans la législation chinoise et d'autres sont souvent utilisées.
De telles pratiques sont contraires aux déclarations faites à la communauté internationale par le gouvernement chinois, qui affirme oeuvrer à l'amélioration de la protection des droits de l'homme. Elles discréditent les déclarations officielles selon lesquelles la Chine serait entrée dans une nouvelle ère de « respect de la légalité » et d'« égalité devant la loi ». Les autorités chinoises devront démontrer leur volonté de rendre crédibles de telles affirmations, en faisant en sorte que les violations des droits de l'homme soient considérées avec autant de rigueur que les autres violations de la loi et que leurs auteurs soient également punis. Le principe d'« égalité devant la loi », réaffirmé récemment à l'occasion de réformes législatives, doit aussi s'appliquer à toutes les victimes du 4 juin 1989. Celles-ci ont le droit d'obtenir une réparation équitable pour les atteintes aux droits de l'homme subies. Elles devraient avoir le droit d'exprimer leurs opinions, au même titre que l'élite politique. Quant au droit à la liberté d'association il devrait lui aussi être le même pour tous les citoyens.
Recommandations
Amnesty International demande au gouvernement chinois :
d'ouvrir une enquête publique et impartiale sur les homicides de civils non armés et de manifestants, commis par l'armée à Pékin le 4 juin 1989 ainsi que les jours suivants, et de traduire en justice ceux qui ont été reconnus coupables de violations des droits de l'homme ;
de relâcher immédiatement et sans condition tous les prisonniers d'opinion ;
d'examiner le cas de tous les autres prisonniers politiques, de leur accorder un nouveau procès conforme aux normes internationales d'équité, ou de les remettre en liberté ;
mettre en place des garanties efficaces en vue d'empêcher les actes de torture ou les mauvais traitements, ainsi que des procédures afin que toutes les informations et plaintes relatives à des cas de torture ou de mauvais traitement fassent l'objet d'enquêtes impartiales et que les responsables aient à répondre de leurs actes ;
de veiller à ce que tous les détenus en mauvais état de santé reçoivent les soins médicaux appropriés, conformément à l'Ensemble des règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus ;
de prendre des mesures visant à supprimer toutes les restrictions à la liberté de mouvement et d'association d'un prisonnier d'opinion remis en liberté, ainsi que de toute forme de surveillance étroite ou de harcèlement à l'égard de la famille ou des amis de celui-ci.
Cas de prisonniers détenus depuis 1989
Amnesty International a réuni des informations sur plus de 300 prisonniers politiques ou prisonniers d'opinion qui seraient encore emprisonnés pour des activités menées en 1989 en faveur de la démocratie. Cela n'est qu'une faible partie du chiffre réel des prisonniers détenus pour leur participation aux protestations, et, chaque année, des cas jusque-là inconnus sont portés à l'attention d'Amnesty International. Pour de plus amples informations sur ces cas, on pourra se référer au document intitulé List of 1989 Prisoners - Eight Years On (Liste des prisonniers de 1989 - Huit années après) Index AI : ASA 17/21/97, d'avril 1997. Tous ces prisonniers ont été condamnés, à de lourdes peines d'emprisonnement à l'issue de procès inéquitables. Nombre d'entre eux ont été maltraités ou torturés et beaucoup sont en mauvaise santé. Même après leur libération, ces prisonniers sont souvent victimes de restrictions de leur liberté de mouvement et d'association, de discriminations ; ils sont en permanence sous surveillance et en butte à des manoeuvres de harcèlement.
Les six cas décrits ci-dessous représentent un échantillon des prisonniers condamnés à de longues peines de prison pour leurs activités lors des manifestations de 1989 en faveur de la démocratie. Ils sont l'illustration typique des motifs de préoccupation d'Amnesty International que l'on retrouve dans bien d'autres cas recensés, notamment : les mesures arbitraires, les procès inéquitables, l'ingérence politique, non observance de la loi et les violations des normes internationales.
BAO TONG
« Je sais que bien qu'ayant quitté cette prison, à Qincheng, je suis maintenant dans ce trou des Collines de l'Ouest, où il n'y a ni loi ni avocats, ni téléphone, ni médecin », dit Bao Tong.
Bao Tong, prisonnier d'opinion, condamné à sept années d'emprisonnement et à deux ans de privation de ses droits politiques, était le plus haut fonctionnaire du Parti communiste chinois (PCC) emprisonné après la répression de 1989. Sa peine de prison, principalement purgée en isolement cellulaire a pris fin il y a un an. Au lieu d'être libéré, il a été maintenu « en résidence surveillée » dans un complexe pénitentiaire gouvernemental où il se trouve depuis lors.
Bao Tong, qui a soixante-cinq ans, était membre du Comité central du PCC et un proche de l'ex-secrétaire général du PCC, Zhao Ziyang, qui a démissionné peu avant l'application de la loi martiale à Pékin le 20 mai 1989. Il a été arrêté une première fois le 28 mai 1989, quelques jours avant que les manifestations en faveur de la démocratie ne soient écrasées par l'armée, à Pékin, le 4 juin 1989. Emprisonné à Qincheng, il fut ensuite placé en résidence surveillée en mai 1990. Le 13 janvier 1992, Bao Tong a été à nouveau arrêté et accusé de « divulgation de secrets d'État » et d'« agitation contre-révolutionnaire ». Il fut condamné le 21 juillet 1992 à sept années d'emprisonnement par le Tribunal populaire intermédiaire de Pékin. Le procès s'est tenu à huis clos et a duré trois heures. Sa famille n'a pu y assister. Bao Tong a fait appel du verdict mais son appel a été rejeté.
D'après le verdict du tribunal, l'accusation selon laquelle Bao Tong avait « divulgué des secrets d'État » ne reposait que sur une conversation privée qu'il aurait eue dans la soirée du 17 mai 1989 avec un autre dirigeant du Parti communiste chinois, également chercheur au Centre de recherche dirigé par Bao Tong. Le verdict ne contient aucune indication quant à la nature de « l'important sujet relevant du secret d'État » qui aurait été communiqué par Bao Tong à son collègue, mais, d'après d'autres sources, ce secret concernait la déclaration imminente d'imposition de la loi martiale et la démission de Zhao Ziyang du poste de secrétaire général du PCC, deux informations rendues publiques le 20 mai 1989. La seconde accusation « propagande et agitation contre-révolutionnaire » reposait sur l'accusation selon laquelle il avait « donné son accord » à ce que la transcription d'une partie d'une conversation privée qu'il avait eue avec une personnalité, le 20 mai 1989, soit divulguée.
Lorsque la peine est venue à expiration le 27 mai 1996, Bao Tong n'a pas été relâché mais a été, à nouveau, placé en résidence surveillée. Il est maintenant détenu dans un centre de travail appartenant au Conseil d'État à Xistan (les collines de l'Ouest) faubourg éloigné de Pékin. Bao Tong n'a pas le droit de quitter le centre de travail qui est placé sous haute surveillance ni de recevoir d'autres visiteurs que sa femme et ses deux enfants. Amnesty International estime que de telles restrictions équivalent à une forme déguisée de maintien en détention, qui n'a aucun fondement légal.
Plus tôt cette année, la famille de Bao Tong avait multiplié les appels en faveur de celui-ci. Son fils Bao Pu avait, au mois de mars de cette année, adressé un appel urgent au Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, déclarant que la santé de son père s'était considérablement dégradée au cours de ses dix mois passés en résidence surveillée, qu'il ne pouvait communiquer avec un avocat, et était privé de nourriture. La femme de Bao, Jiang Zongcao a également indiqué que son mari était confiné dans une seule pièce, n'avait pas accès aux journaux et n'avait pu jusqu'à présent voir un médecin. D'après des informations récentes, les autorités ont maintenant autorisé Bao Tong à voir un médecin et il n'est plus privé de nourriture.
Sa famille a récemment indiqué que les autorités ne relâcheraient Bao Tong que si sa femme et sa fille acceptaient de quitter leur appartement officiel de Pékin. La famille a jusqu'à présent refusé, indiquant que la détention de Bao n'était pas justifiée mais que, dès qu'il serait relâché, toute négociation serait possible.
Le maintien en détention de Bao Tong serait le résultat de décisions prises au plus haut niveau politique. Il n'a aucun fondement légal. De même, on estime que la décision initiale de condamner Bao Tong, près de trois ans après son arrestation, avait été prise à l'avance par de hauts-dirigeants du PCC. Selon Amnesty International, les accusations portées contre Bao Tong, qui s'inscrivaient dans le contexte de la répression brutale du mouvement en faveur de la démocratie, ne se fondaient pas sur des raisons légitimes de protection de la sécurité nationale. L'Organisation estime que les accusations avaient des motifs politiques, à savoir ses liens avec Zhao Ziyang et des hommes politiques favorables aux réformes.
Bao Tong, prisonnier d'opinion, est en mauvais état de santé depuis son arrestation en 1989. Des demandes réitérées ont été formulées en faveur de sa libération inconditionnelle et d'un traitement médical approprié. Son fils, Bao Pu, dans la lettre adressée en mars au Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, écrivait « Je suis convaincu que l'ensemble de ces affronts constitue un scénario délibéré pour contraindre mon père à accepter les conditions imposées arbitrairement pour sa libération ... Comprenez bien qu'il s'agit d'une situation d'urgence et que c'est le désespoir qui me pousse à vous écrire. Nous ne demandons rien d'autre que la libération inconditionnelle de Bao Tong, conformément à la législation chinoise »
Amnesty International a appris avec inquiétude que Bao Tong se trouve en résidence surveillée depuis l'expiration de sa peine de prison il y a un an, et qu'il est en mauvais état de santé.
Amnesty International considère Bao Tong comme un prisonnier d'opinion et lance un appel en faveur de sa libération immédiate et inconditionnelle.
Adresses
Maire du gouvernement populaire municipal de Pékin
JIA Qinglin Shizhang
Beijingshi Renmin Zhengfu
2 Zhengyilu
Dongchengqu
Beijingshi 100744
République populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Maire,
Procureur de la République du Parquet populaire municipal de Pékin
Jianchazhang
Beijingshi Renmin Jianchayuan
39 Dongjiaominxiang
Dongchengqu
Beijingshi 100006
République populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Procureur,
Ministre de la Justice de la République populaire de Chine
XIAO Yang Buzhang
Sifabu
Xiaguangli
Beijingshi 100016
République populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Ministre,
LI WANGYANG
Li Wangyang, un prisonnier d'opinion âgé de quarante-trois ans, a été condamné à 13 années d'emprisonnement pour sa participation aux manifestations de 1989 en faveur de la démocratie. Ouvrier d'usine, il est originaire de Shaoyang, province de Hunan.
Le Hunan a été l'une des régions qui a apporté le plus activement son soutien aux manifestations de 1989 en faveur de la démocratie et ceux qui y participaient ont été victimes de représailles de la part des autorités. Le 20 mai 1989, en réponse à l'imposition de la loi martiale, certains ouvriers décidèrent de créer leurs propres syndicats indépendants. Li Wangyang est devenu le président de la Fédération autonome des travailleurs indépendants de Shaoyang. Il aurait organisé des grèves et des manifestations, prononcé des discours et serait devenu un personnage populaire et influent à Shaoyang. Les regroupements de travailleurs indépendants ou autonomes sont illégaux en Chine et leurs membres prennent des risques. La Fédération nationale des syndicats chinois (FNSC)) est le seul syndicat officiellement reconnu. Il est sous contrôle gouvernemental et a le monopole de la représentation des intérêts des travailleurs en Chine. Les travailleurs impliqués dans le mouvement de 1989 en faveur de la démocratie se sont vu infliger des peines très lourdes par rapport à celles d'autres militants politiques.
Li Wangyang a été arrêté le 9 juin 1989, quelques jours après les mesures de répression de Pékin contre les civils. Selon un article publié dans Hunan Ribao, Li Wangyang a été accusé d'avoir brandi des bannières, publié des tracts, effectué des voyages de liaison, répandu des rumeurs, crié des slogans réactionnaires, encouragé les ouvriers à faire grève et fondé l'organisation des travailleurs indépendants et autonomes de Shaoyang. Il a été accusé de « propagande et agitation contre-révolutionnaire» et jugé par le Tribunal populaire intermédiaire de la ville de Shaoyang au début de 1990.
Li Wangyang aurait d'abord été envoyé à la prison de Longxi, transféré à celle de Yuanjiang, puis envoyé à la Ferme de réforme par le travail de Yueyang. Li Wangyang aurait été gravement maltraité. En Chine, les prisonniers font souvent état de torture et de mauvais traitements. Des centaines de détenus politiques auraient été torturés au cours des mois qui ont suivi la répression du mouvement de 1989 en faveur de la démocratie. On attend des prisonniers qu'ils se conforment à des règles de comportement qui impliquent une obéissance totale, bien qu'arbitraire. Des détenus désignés comme "chefs de cellule", peuvent, tout comme des membres du personnel pénitentiaire, veiller à l'application de ces règles.
Des prisonniers ont déclaré avoir été torturés ou maltraités lorsqu'ils se plaignaient, ne remplissaient pas les quotas de travail fixés, désobéissaient aux ordres ou « résistaient à la réforme ». Depuis que le cas de Li Wangyang est connu à l'étranger, les autorités auraient offert de le libérer à condition qu'il « avoue ses crimes ». Li Wangyang a, jusqu'à présent, refusé de le faire. Il doit être libéré en juin 2002, à l'âge de cinquante-quatre ans.
Amnesty International a appris avec inquiétude que Li Wangyang, prisonnier d'opinion, est détenu pour l'exercice pacifique de son droit à la liberté d'expression et d'association et qu'il serait soumis à des mauvais traitements.
Amnesty International demande sa libération immédiate et inconditionnelle. Elle prie également les autorités de veiller à ce que les plaintes pour mauvais traitements fassent l'objet d'une enquête impartiale et que les responsables soient traduits en la justice.
Adresses
Gouverneur du gouvernement populaire de la Province du Hunan
YANG Zhengwu Shengzhang
Hunansheng Renmin Zhengfu
7 Wuyizhonglu
Changshashi 410011
Hunansheng
République Populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Gouverneur
Directeur du Département de la Justice de la Province du Hunan
WU Zhenhan Tingzhang
Sifating
2 Shaoshanlu
Changshashi 410011
Hunansheng
République Populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Directeur
Ferme de réforme par le travail de Yueyang
Jianxin Laogai Zhidui
Jianxin Nongchang
Maosipu
Yueyangshi
Hunansheng
République Populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Directeur
NIU SHENGCHANG
Niu Shengchang, prisonnier d'opinion et résidant dans le village de Yunshan, Comté de Dongping, province de Shandong purge une peine de douze ans pour avoir participé aux manifestations de protestation de 1989 en faveur de la démocratie.
Niu Shenchang, quarante-cinq ans, était, semble-t-il, membre actif de l'Union autonome des paysans de Pékin. Selon les informations officielles, il a été arrêté le 16 juin 1989 par la police municipale de Tengzhou pour avoir rédigé des affiches « réactionnaires » et envoyé des tracts « contre-révolutionnaires » dans d'autres localités de la province de Shandong. Il se serait rendu à Pékin le 18 mai 1989 et aurait « demandé » à faire partie de la Fédération autonome des paysans de Pékin. Avec les étudiants, il aurait « opposé de la résistance » aux troupes de la loi martiale à Pékin et serait rentré chez lui après le 4 juin, jour où les autorités ont réprimé les manifestations à Pékin. Il aurait à plusieurs reprises fait état de son mécontentement : entre 1984 et 1986, il serait venu huit fois à Pékin pour présenter des « appels » - dont on ignore la teneur - aux plus hautes instances de cette ville.
Niu Shengchang purge sa peine à la prison n° 3 de Shandong, Comté de Weifang. Il est détenu dans une partie isolée de la prison avec d'autres prisonniers ayant participé aux manifestations de 1989 ; certains y purgent des peines de dix-huit ans pour « des crimes contre-révolutionnaires » non-violents à la suite des manifestations de 1989.
Niu Shengchang aura cinquante ans lors de sa libération en juin 2001.
Amnesty International s'inquiète de ce que Niu Shengchang, prisonnier d'opinion, est détenu pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d'expresssion et d'association.
Amnesty International demande la libération immédiate et inconditionnelle de Niu Shengchang.
Adresses
Gouverneur du gouvernement populaire de la Province du Shandong
Li Chunting Shengzhang
Shandongsheng Renmin Zhengfu
193 Jinger Lu
Jinanshi
Shandongsheng
République Populaire de Chine
Télégramme : Governor, Jinan, Shandong Province, Chine
Formule d'appel : Monsieur le Gouverneur
Directeur du département de la Justice de la Province du Shandong
JIANG Renbao Tingzhang
Sifating
9 Jinshilu
Jinanshi 250014
Shandongheng,
République Populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Directeur
Directeur de la Prison n° 3 du Shandong
Shandongheng di san jianyu
Weifang Shengjian Jixie Chang
128 Shengli Dajie
Weifang Xian
Shandongsheng
République Populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Directeur
SUN CHUANHENG
Sun Chuanheng, âgé de vingt-sept ans, au chômage, a été condamné à la détention à vie le 14 août 1990, conformément aux articles 90 et 95 du Code pénal, pour « participation à une rébellion armée de masse ».
Sun Chuanheng a été arrêté à Pékin le 19 septembre 1989 et accusé d'incendie criminel. Près d'un an plus tard, il a été condamné à l'emprisonnement à vie par le Tribunal populaire intermédiaire de Pékin. Cette sentence a ensuite été réduite à vingt ans. On ne connaît pas la raison de cette réduction de peine ni la date à laquelle celle-ci a été décidée.
Selon le verdict du tribunal, Sun Chuanheng s'est rendu place Tienanmen en mai 1989 et s'est placé à la tête d'un rang de manifestants. Dans la nuit du 3 juin 1989, les manifestations en faveur de la démocratie ont été violemment réprimées par l'armée. Sun Chuanheng aurait fourni en cocktails molotov d'autres manifestants et en aurait jeté sur des véhicules blindés. Le 7 juin 1989, Sun Chuanheng a quitté Pékin pour Tianjin où il a été arrêté ; il a, par la suite, été ramené à Pékin pour y être jugé.
Il purge sa peine avec d'autres prisonniers détenus à la prison n° 2 de Pékin pour leurs activités au cours des manifestations de 1989. Il semble que Sun Chuanheng ait également beaucoup souffert de douleurs dorsales consécutives à des tortures, qu'il soit en mauvaise santé et présente des troubles oculaires et abdominaux.
Sun Chuanheng, qui n'avait que dix-neuf ans au moment des faits, se trouve maintenant avoir à purger une peine de vingt années d'emprisonnement, peine particulièrement sévère pour un jeune homme qui, à l'époque de la répression, a, semble-t-il, été présumé coupable avant même que le procès ne commence et qui a été jugé, lors d'un procès qui n'aurait pas été conforme aux normes internationales d'équité. Amnesty International ne dispose d'aucune autre information, infirmant ou confirmant les accusations portées contre Sun Chuanheng. Étant donné, toutefois, l'agitation et la confusion qui ont régné la nuit du 3 juin 1989, et les pressions exercées sur les participants pour qu'ils « avouent » et dénoncent d'autres personnes afin d'échapper à des sanctions sévères, l'Organisation doute que les déclarations des témoins puissent avoir véritablement reflété la situation qui régnait alors.
Sun Chuanheng aura quarante ans lorsqu'il devra être libéré en juin 2019.
Amnesty International craint que Sun Chuanheng n'ait pas bénéficié d'un procès équitable respectant les normes internationales d'équité ; l'Organisation a appris avec inquiétude qu'il aurait été maltraité et serait en mauvaise santé.
Amnesty International fait appel pour que les prisonniers politiques, arrêtés lors de la répression du 4 juin, bénéficient d'un nouveau procès, ouvert au public, conforme aux exigences des normes internationales reconnues ; l'Organisation demande en outre que les accusations de mauvais traitements fassent l'objet d'une enquête impartiale et que les responsables soient traduits en justice.
Adresses
Maire du gouvernement populaire de la municipalité de Pékin
JIA Qinglin Shizhang
Beijingshi Renmin Zhengfu
2 Zhengyilu
Dongchengqu
Beijingshi 100744
République populaire de Chine
Formule d'appel :Monsieur le Maire,
Directeur de la prison n° 2 de Pékin
Beijing Di Er Jianyu
24 Fenxiang
2357 Xinxiang
Chaoyangqu
Beijingshi
République populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Directeur,
Président de la Haute Cour populaire municipale de Pékin
SHENG Liangang Yuanzhang
Beijingshi Gaoji Renmin Fayuan
215 Xiheyan
Chongwenqu
Beijingshi 100051
République populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Président,
Procureur de la République du Parquet populaire municipal de Pékin
Jianchazhang
Beijingshi Renmin Jianchayuan
39 Dongjiaominxiang
Dongchengqu
Beijingshi 100006
République populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Procureur,
ZHAO JUNLU
Zhao Junlu, prisonnier d'opinion, originaire de Dandong, province de Liaoning, purge une peine de dix ans pour ses activités lors des manifestations de 1989 en faveur de la démocratie.
Zhao Junlu, âgé de vingt-huit ans, est présenté par les autorités comme un vagabond prétendant être étudiant. Il se serait joint le 17 mai 1989 aux manifestations d'étudiants à Pékin et aurait participé à la grève de la faim et aux marches puis serait retourné à Fuxin city, province de Liaoning, le 31 mai. Là, il aurait « incité » plus de 600 étudiants à « faire le siège » du bureau de la sûreté publique (police) de Fuxin et les y aurait « menés ». Il aurait également prononcé des discours s'adressant à plus de 1 000 étudiants de la ville de Fuxin, collecté des dons dans les rues et montré des photos des manifestations de Tienanmen aux passants. Pour ces raisons, Zhao Junlu a été accusé de « propagande et incitation contre-révolutionnaires ». On ignore à quelle date Zhao Junlu a été arrêté et jugé. On pense qu'il a été arrêté un jour de juin.
Zhao Junlu purgerait sa peine avec d'autres personnes, arrêtées pour avoir participé aux manifestations de 1989, au Détachement de réforme par le travail n° 2 à Lingyuan. Il devrait être libéré en juin 2008.
Amnesty International s'inquiète de ce que Zhao Junlu est un prisonnier d'opinion détenu uniquement pour avoir exercé, bien que pacifiquement, son droit à la liberté d'opinion et d'expression et demande sa libération immédiate et inconditionnelle.
Adresses
Gouverneur du gouvernement populaire de la province du Liaoning
Wen Shizhen Shengzhang
Liaoningsheng Renmin Zhengfu
45 Huangguqu, Beiling Dajie
Shenyangshi 110032
Liaoningsheng
République populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Gouverneur,
Procureur de la République du Parquet populaire de la Province du Liaoning
YANG Yeqin Jianchazhang
Liaoningsheng Renmin Jianchayuan
29 Ningshan Donglu
Huangguqu
Shenyangshi 110032
Liaoningsheng
République populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Procureur,
Directeur du Bureau d'administration de la Réforme par le Travail de la Province du Liaoning
ZHENG Yueshan Juzhang
Laogaiju
2 Qishan Zhonglu, Beiling Dajie
Huangguqu
Shenyangshi 110032
Liaoningsheng
République populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Directeur,
Détachement de la Réforme par le Travail n° 2 de Lingyuan
Lingyuan di er laogai zhidui
Lingyuan zhen
Lingyuan xian
Liaoningsheng
République populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Directeur
YU ZHENBIN
Yu Zhenbin, prisonnier d'opinion, fonctionnaire employé au Bureau des archives de la province de Qinghai a été condamné à douze années d'emprisonnement en janvier 1991.
Il avait été arrêté le 27 juin 1989 à Xining. capitale de la province de Ginghai et inculpé pour avoir « organisé un groupe contre-révolutionnaire ». Il était accusé d'avoir créé l'Alliance démocratique des partis d'opposition à Xining. À l'époque, les autorités déclaraient que cette organisation était « contre-révolutionnaire » et visait à renverser le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir. Yu Zhenbin était également accusé d'avoir prononcé trois discours en public à Xining, dans lesquels il critiquait la politique du PCC et les dirigeants de l'État, et d'avoir distribué des tracts appelant à une révision de la constitution, à la mise en place d'un nouveau gouvernement central et demandant la fin du système de gouvernement unipartite. Yu Zhenbin, trente-cinq ans, est actuellement détenu à la ferme Haomen, Détachement n° 3, à Beizhou, province de Qinghai. On sait peu de choses sur lui, en partie probablement parce que relativement peu d'informations ont filtré de Qinghai pendant la période des manifestations de 1989 par rapport à d'autres parties de la Chine. Il doit être libéré en juin 2001.
Amnesty International s'inquiéte de ce que Yu Zhenbin, prisonnier d'opinion est actuellement détenu pour avoir exercé, bien que pacifiquement, son droit à la liberté d'expression et d'association et demande sa libération immédiate et inconditionnelle.
Adresses
Gouverneur du gouvernement populaire de la Province du Qinghai
TIAN Chengping Shengzhang
Qinghaisheng Renmin Zhengfu
66 Xi Dajie
Xiningshi 810000
Qinghaisheng
République populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Gouverneur
Président de la Haute Cour populaire municipale de la province du Qinghai
Ma Yougong Yuanzhang
Qinghaiseng Gaoji Renmin Fayun
Xiningshi
Qinghaisheng
République populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Président
Procureur de la République du Parquet populaire de la Province du Qinghai
Liu Xiao Jianchazhang
Qinghaisheng Renmin Jianchayuan
Xiningshi
Qinguaisheng
République populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le Procureur
Directeur du camp de Travail de la Ferme de Haomen
Haomen Nongchang
Beizhou
Menyuanxian
Qinghaisheng
République populaire de Chine
Formule d'appel : Monsieur le directeur
La version originale en langue anglaise de ce document a été publiée par Amnesty International, Secrétariat international, 1 Easton Street, Londres WC1X 8DJ, Royaume-Uni, sous le titre People's Republic of China: The Eighth Anniversary of the 1989 Massacre - Those Who Have Been Silenced. Index AI : ASA 17/20/97. Seule la version anglaise fait foi.
La version française a été traduite et diffusée aux sections francophones et au Secrétariat international par LES ÉDITIONS FRANCOPHONES D'AMNESTY INTERNATIONAL ÉFAI Service RAN septembre 1997.
[1] Li Hai avait déjà été arrêté en juin 1990. Il avait été accusé d'avoir mené des activités en rapport avec le premier anniversaire du mouvement en faveur de la démocratie de 1989 et fut libéré plusieurs mois après son arrestation.
[2] Voir République Populaire de Chine : Arrestation et harcèlement de dissidents avant le 7ème anniversaire des évènements de Tiananmen (Index AI : ASA 17/63/96), République Populaire de Chine. Nouvelles mesures de répression à l'encontre de dissidents dans la période précédant le 6ème anniversaire des évènements du 4 juin 1989 (Index AI : ASA 17/31/95) et République Populaire de Chine. Dernières informations relatives aux dissidents arrêtés aux alentours du 4 juin 1995 (Index AI : ASA 17/69/95).
[3]. Voir Bulletin d'Information sur la Chine : Le procès de Wang Dan n'est qu'une parodie de justice. (Index AI : ASA 17/94/96, du 30 octobre 1996).
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