1. Constitution

1.1. Dénomination officielle de l'Etat

República de Angola (République de l'Angola)

1.2. Armoiries et drapeau de l'Etat

Drapeau: Deux bandes horizontales rouge (en haut) et noir (en bas) complétées, au milieu, par une étoile dorée et une machette en croix avec une moitié de couronne dentée. Source: ODR. Documentation interne. Janvier 1994.

1.3. Forme de l'Etat

La Constitution de 1975 faisait de l'Angola un Etat socialiste à parti unique - le 'Mouvement populaire de libération de l'Angola' (MPLA) - doté d'un régime présidentiel (le Président étant, en même temps, chef du gouvernement et du parti unique). En décembre 1990, le MPLA, abandonnant la doctrine marxiste-léniniste pour un socialisme démocratique, a accepté le principe d'une révision de la Constitution en vue de l'instauration du multipartisme et d'un régime semi-présidentiel (le Premier ministre devenant chef du gouvernement). Le 11 mai 1991, la loi sur le multipartisme, adoptée par le Parlement en mars 1991, est entrée en vigueur. En août 1992, une nouvelle révision constitutionnelle a fait de la 'République populaire d'Angola', la 'République de l'Angola'.

2. Situation sociale et culturelle

2.1. Population

La superficie du pays est de 1'246'700 km². A la mi-1995, on estimait la population à 11'561'000 habitants (dont presque 3 millions vivaient à Luanda, alors que la capitale comptait, en 1975, 400'000 habitants). Densité (est. 1994): 9,3 hab/km². En février 1995, on estimait que 51% de la population était âgée de moins de 15 ans. Les Bantous forment l'essentiel de la population angolaise. Ils se répartissent en huit ethnies principales (comptant une centaine de sous-ethnies), à savoir (en 1983): Ovimbundu (37,2%), Mbundu (24%), Kongo (13,2%), Nganguela (5,8%), Lunda-Quioco (Chokwé) (5,4%), Nyaneka-Humbé (5,4%), Luimbe (5,4%), Ambo (2,4%). A côté des Bantous, on trouve des peuples d'origine Khoi, issus des Bushmen et des Hottentots, ainsi que quelques milliers d'Européens et de Métis. Carte des groupes ethniques en Angola Source: Der Standard. Wien. 23.10.1992

2.2. Langue

La langue officielle est le portugais. Les principales langues locales sont le kikongo (province du Zaïre), les deux dialectes Mbundu, soit kimbundu (province Luanda) et umbundu (province Benguela), ainsi que le kioko (Lunda, Bié) et le ganguela (Bié). On estime également que près de 40% des Angolais sont en mesure de parler le français. NB. Bien que n'étant pas une langue d'origine angolaise, plusieurs ressortissants angolais connaissent et parlent le lingala (langue originaire du Nord de la 'République démocratique du Congo' ou ex-Zaïre) puisqu'ils sont nés ou ont vécu longtemps en tant que réfugiés en RDC (c'est le cas, notamment des 'retornados'). Souvent, ces derniers ne parlent pas (ou alors plutôt mal) le portugais.

2.3. Religion

L'Angola est un pays à majorité chrétienne. En 1985, on comptait 53% de catholiques, 9,2% de protestants, ainsi que 35% d'animistes. Le restant faisait partie d'églises indépendantes, notamment l'Eglise tokoïste et l'Eglise kimbanguiste. A la fin 1994, les églises reconnues officiellement par l'Etat étaient au nombre de 71. Parmi celles-ci, on comptait l'Eglise catholique, les églises réformées, ainsi que l'Eglise kimbanguiste - dite également 'Eglise de Jésus-Christ sur la terre par le prophète Simon Kimbangu' - reconnues en 1987, ainsi que l'Eglise tokoïste - ou 'Eglise de notre Seigneur Jésus-Christ sur terre' (fondée par le prophète Simão Toko) - et les Témoins de Jéhovah, reconnus en avril 1992. Une centaine de demandes d'enregistrement déposées par des églises mineures étaient toujours en attente.

2.4. Système éducatif

La scolarité de base est obligatoire dès l'école primaire. La langue officielle est le portugais. Maternelle: avant 6 ans. Ecole primaire: de 6 à 11 ans. Secondaire: de 11 à 16 ans. Formation professionnelle et/ou scolarisation supérieure: après 16 ans (3 établissements: 'Universidade de Angola' à Luanda, ainsi que les facultés de la même université, situées à Huambo et à Lubango; notamment sciences, droit, économie, médecine, ingénierie, sciences agronomiques). L'année académique va théoriquement de septembre à juin, pratiquement d'octobre à juillet. Les enseignants manquent à tous les échelons d'instruction. Pour faire face à ce manque de formateurs, plusieurs filières ont été créées depuis 1977, notamment l''Institut supérieur des sciences de l'éducation' à Lubango, l''Institut industriel pédagogique' de Huambo, l''Institut normal d'éducation physique', ainsi que des écoles normales (théoriquement une dans chaque province), des centres de formation accélérée (dans presque toutes les provinces) et des centres pour la formation de professeurs d'éducation physique à Luanda et à Namibe. Depuis l'année scolaire 1991-1992, un certain nombre d'écoles privées ont été constituées, après que les autorités aient annoncé, en juillet 1991, la libéralisation du secteur de l'éducation. A la fin 1994, on estimait ainsi à environ 200 le nombre d'écoles primaires confessionnelles. D'après des chiffres avancés en 1997 par des fonctionnaires des Nations Unies, le taux d'analphabétisme au niveau national se situe autour de 40% (dans les zones rurales, ce taux serait près du double). De même, 66% des enfants ont suivi moins de cinq années scolaires.

2.5. Infrastructure médicale

Depuis la signature des accords de paix, le 20 novembre 1994, l'Angola essaye tant bien que mal de reconstituer un minimum d'infrastructure médicale, en particulier grâce à l'apport des différentes organisations internationales. Les besoins sont énormes et les priorités nombreuses. A titre d'exemple, notons que le 'Comité International de la Croix-Rouge' (CICR) essaye de développer la fabrication de prothèses pour les dizaines de milliers de civils qui, blessés par l'explosion de mines, ont été amputés (en 1997, on estimait qu'un Angolais sur 334 avait subi une amputation). En principe gratuite, l'assistance médicale régulière et complète est pratiquement inexistante en Angola. D'une manière paradoxale, le principe de la gratuité des soins est la cause de la quasi-inexistence de ceux-ci. En effet, le matériel médical et les médicaments, quand ils existent, sont le plus souvent volés par le personnel soignant ou par des tiers qui les vendent au marché noir. Dans un tel environnement, l'incurie et la corruption règnent le plus souvent dans les différents hôpitaux publics du pays et les efforts des quelque 500 médecins que compte l'Angola (environ un pour 22'500 habitants) sont souvent réduits à néant. Confronté à la dégradation des conditions de travail et au maigre salaire qui leur était alloué (entre 1US$ et 3US$ par mois en moyenne), le personnel du secteur de la santé est d'ailleurs entré brièvement en grêve en mars 1996. A l'hôpital 'Josina Machel' situé à Maianga, le plus grand hôpital de Luanda, il arrivait même que le personnel soignant demande aux patients ou à leur famille de payer de fortes sommes d'argent avant de procéder à une transfusion sanguine, allant parfois jusqu'à abandonner les malades à leur sort lors des interruptions d'eau et d'électricité. Cependant, depuis novembre 1996, la situation dans cet hôpital s'est quelque peu améliorée grâce au don par le gouvernement japonais de 1,5 millions de US$ destinés à acheter une partie des médicaments et équipements nécessaires. Les traitements qui dépassent le stade primaire ne peuvent que rarement être réalisés dans le pays. Parfois, une intervention bénigne peut conduire, par manque d'hygiène élémentaire, à l'amputation, voire à la mort, malgré la présence de médecins compétents. Les quelques médicaments qu'on trouve dans les pharmacies et sur les marchés parallèles sont rarement ceux dont on a le plus besoin, alors que leur prix est souvent hors de portée pour la grande majorité de la population. L'Angolais qui dispose de moyens financiers suffisants (une minorité infime de la population) va - au mieux - se faire soigner à l'étranger ou - au pire - dans les cliniques privées du pays, dont le nombre et le coût des traitements croissent rapidement. Partout dans le pays, faute de mesures d'hygiène, des épidémies continuent à sévir. Les maladies les plus fréquentes, telles que la malaria, les infections des voies respiratoires (tuberculose, etc.), conjuguées aux épidémies de méningite, de rougeole, de choléra, de tétanos et de trypanosomiase (maladie du sommeil), ou à la malnutrition, ont comme corollaire un taux de mortalité extrêmement élevé, notamment au niveau infantile. Ainsi, en 1994, selon une estimation de l'UNICEF, un enfant angolais sur trois n'atteignait pas le seuil des cinq ans (320 décès pour 1'000 naissances). De même, en 1996, on comptait 1'500 décès à la naissance pour 100'000 nouveaux-nés. Des opérations d'éradication des maladies susmentionnées sont régulièrement entravées par l'impossibilité de joindre la totalité de la population. Ainsi, à titre d'exemple, les journées nationales de vaccination contre la poliomyélite, organisées en 1996 et 1997, n'ont pas pu se dérouler sur tout le territoire, certaines zones demeurant interdites à cause de la présence de mines antipersonnelles. Concernant le SIDA, il faut remarquer que l'Angola compte parmi les pays africains les plus touchés. Ainsi, en février 1996, le ministère angolais de la Santé affirmait avoir recensé officiellement, depuis 1985, quelque 2'652 malades du SIDA, tout en estimant que dans la même période les cas non-déclarés étaient près de 16'000. Le 50% des cas déclarés concernaient des femmes âgées entre 29 et 39 ans. Les enfants âgés de moins de 4 ans constituaient le 6,4% des cas. On estimait enfin que près d'un million d'Angolais (environ le 6% de la population) étaient séropositifs. A noter, enfin, qu'il n'y a pas de thérapie proprement dite du SIDA, les malades étant simplement isolés. Relevons encore qu'au niveau psychique et psychiatrique, les soins sont pratiquement inexistants. Ainsi, en août 1997, l'Angola ne comptait que deux psychiatres. A la même période, dans le seul hôpital psychiatrique du pays - situé dans l'enceinte d'un sanatorium à Luanda - les conditions de vie des patients étaient extrêmement difficiles, les services hygiéniques étant depuis longtemps hors d'usage.

3. Femme et famille

Théoriquement, la femme est juridiquement l'égale de l'homme. L'Art. 21 de la Constitution angolaise (cf. 'Nova Lei Constitutional' du 6 mai 1991) prévoit, en effet, que tout citoyen angolais a les mêmes droits et les mêmes devoirs sans aucune distinction de couleur, race, ethnie, sexe, lieu de naissance, religion, degré d'instruction, voire condition économique et sociale. L'Art. 3 du Code de la famille de 1988 affirme, par ailleurs, l'égalité juridique de la femme et de l'homme dans toute relation familiale. De même, la République de l'Angola a ratifié, le 17 septembre 1986, la Convention des Nations Unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. En pratique, la femme est souvent désavantagée dans la vie courante par rapport à l'homme. Ainsi, il est certain que la détérioration de la situation économique et sociale, notamment à cause de la guerre civile, a eu une conséquence plutôt négative sur le statut de la femme en Angola. Si un certain nombre de femmes angolaises occupent de hautes charges à l'intérieur du gouvernement (4 ministres et 8 vice-ministres sur 87 membres), de l'Assemblée nationale (35 députées sur 220), de l'armée (en particulier au niveau médical), de l'administration et des partis politiques, elles sont le plus souvent dans des positions subordonnées au niveau des industries d'Etat, de l'économie privée ou encore dans l'appareil judiciaire (ex. il n'y a aucune femme sur les neuf juges que compte actuellement la cour suprême). De même, les femmes angolaises sont toujours moins bien payées que leurs collègues masculins, malgré que la loi prévoit le même salaire à travail égal. La dégradation économique pousse en outre de plus en plus de femmes et d'adolescentes à la prostitution (en 1997, on estimait que Luanda comptait 500 à 1'000 prostituées âgées de moins de 18 ans). La tradition continue d'ailleurs à exercer son poids sur le statut de la femme. Ainsi, des mariages précoces - avant l'âge de la puberté - sont encore célébrés sur la base de la coutume et ce malgré que les dispositions légales en vigueur l'interdisent. De même, à l'intérieur du pays, la femme est encore le plus souvent reléguée à assurer la subsistance de la famille, notamment en s'adonnant à la culture des champs. Cette activité engendre également que le nombre de femmes handicapées par l'explosion de mines déposées dans lesdits champs est plus grand par rapport à celui des hommes. Des études ont également montré que la violence conjugale était en augmentation. On calculait, ainsi, qu'un tiers des homicides étaient perpétrés envers des femmes, le plus souvent par leur époux. On constate d'autre part, que devant les tribunaux, les femmes sont le plus souvent désavantagées par rapport aux hommes. A noter toutefois qu'en avril 1997, un ministère des questions féminines, dirigé par une femme, a été créé au sein du nouveau 'Gouvernement d'unité nationale' (GURN). De même, au cours de 1997, une série de conférences nationales portant en particulier sur la violence conjugale ont pu avoir lieu. Ces conférences ont notamment élaboré des résolutions demandant aux autorités de réviser le Code Civil datant de la période coloniale, afin d'abolir les inégalités frappant les femmes au niveau de l'héritage, de la vente de propriétés et de la participation dans les activités commerciales. Les Angolaises ont également demandé l'enrôlement d'un certain nombre de femmes policiers ayant une compétence élargie en matière de violence conjugale et l'institution d'un large programme social pour les femmes. Relevons enfin que l'excision (mutilation génitale féminine) est très peu diffusée en Angola. Cette pratique se limite essentiellement à quelques zones rurales de la province de Moxico (Est du pays). Cette pratique est par ailleurs condamnée par les autorités.

4. Médias

Les médias audiovisuels, la presse, ainsi que la plupart des imprimeries demeurent majoritairement sous contrôle de l'Etat. La politique des médias et la censure sont par ailleurs du ressort d'un comité composé du ministre de l'Information, du porte-parole du Président et des directeurs de la TV, Radio et des journaux appartenant à l'Etat. Bien que la liberté d'expression soit garantie par la Constitution de 1991, l'accès aux médias de personnalités controversées, en particulier celles issues de partis d'opposition est sévèrement discipliné. Les rares radios, périodiques et journalistes indépendants sont le plus souvent surveillés de près par les autorités et pratiquent, de ce fait, une certaine autocensure. Il existe une tendance à l'intimidation vis-à-vis des médias critiques, notamment par certains milieux conservateurs du parti au pouvoir, le MPLA. Des journalistes indépendants ont par ailleurs été menacés, voire agressés par des inconnus. Quelques journalistes ont même été assassinés. C'est notamment le cas du rédacteur en chef du journal indépendant 'Imparcial Fax', qui enquêtait sur la corruption et les malversations qui affectent les milieux du gouvernement et de l'administration, et qui a été assassiné à Luanda par des personnes en armes, le 18 janvier 1995. D'après un rapport du 'Media Institute for Southern Africa' publié au début de 1996: « Il est parfaitement clair que la presse et les médias électroniques sont muselés par le parti au pouvoir et le gouvernement. Les médias et journalistes travaillant dans les zones contrôlées par l'UNITA font l'objet d'un régime identique, sinon plus dur encore ».

4.1. Agences d'informations

- ANGOP (Angola Prensa): Créée en 1978 et contrôlée par l'Etat, elle diffuse des communiqués en portugais et en français.

- KUP (Kwacha United Press): Agence de presse de l'UNITA.

4.2. Journaux et revues

- Actual Fax: Hebdomadaire indépendant diffusé par fax depuis 1995. Est édité par Leopoldo Baio (un ancien collaborateur de 'Imparcial Fax').

- Comércio e Actualidade: Hebdomadaire économique publié depuis janvier 1994 à Luanda par les éditeurs du magazine économique 'Comércio Externo'.

- Correio da Semana: Hebdomadaire de propriété du 'Jornal de Angola'. Il s'agit du premier titre créé après les accords de paix de mai 1991.

- Folha 8/Expresso: Hebdomadaire indépendant édité à Luanda par William Tonet (cf. ADHA) et diffusé par fax depuis mai 1996. A occupé la place laissée vacante par 'Imparcial Fax'.

- Jornal de Angola: Quotidien contrôlé par l'Etat et publié à Luanda en langue portugaise. Son tirage est d'environ 50'000 exemplaires.

- Imparcial Fax: Lettre d'information indépendante créée en février 1994 et publiée à Luanda. Elle a cessé de paraître après l'assassinat de son directeur, le 18 janvier 1995. Des journalistes en exil essayent de le relancer à partir de l'Afrique du Sud.

- Tempos Novos: Hebdomadaire. Paraît depuis 1995.

- Terra Angolana: Hebdomadaire de l'UNITA. Il est édité au Portugal et paraît uniquement dans les zones occupées par cette organisation.

- 'M' (ou 'The M'): Il s'agit d'un nouveau journal lancé par le 'Movimento Popular de Libertação de Angola' (MPLA). Sa parution a été annoncée le 17 septembre 1996 par le Secrétaire général du parti, João Lourenço.

4.3. Radio

- RNA (Radio Nacional de Angola): Créée en 1976 et contrôlée par l'Etat, elle diffuse quatre bulletins d'informations par jour en portugais, des
flashes horaires, ainsi qu'un bulletin quotidien en français, anglais, espagnol, et dans les quatre principales langues locales. Des émetteurs de la RNA sont présents dans les principales capitales provinciales, notamment à Huambo - où elle a recommencé à transmettre le 16 décembre 1994 - et dans l'enclave de Cabinda.

- LAC (Luanda Antena Comercial): Radio commerciale privée de Luanda, créée peu avant les élections de septembre 1992. Financée et contrôlée par des dirigeants du MPLA.

- VORGAN (Voz da Resistência do Galo Negro): La 'Voix de la résistance du coq noir' est la Radio clandestine de l'UNITA. Créée en 1979, elle a d'abord transmis depuis l'Afrique du Sud. Depuis 1986, elle transmet sur différentes ondes ultracourtes depuis Jamba (Cuando-Cubango).

- Cabinda Resistente: Créée à la mi-1994 à Cabinda. Il s'agit de la Radio clandestine du FLEC-FAC.

- Radio 2000: Radio commerciale privée créée en 1992 et basée à Lubango (province de Huila). Elle est financée par le MPLA.

- RCC (Radio Cabinda Comercial): Radio commerciale privée ouverte en 1992 à Cabinda. Financée par le MPLA.

- RM (Radio Morena): Radio commerciale privée basée à Benguela (province de Benguela) et financée par le MPLA. Elle a été créée peu avant les élections de 1992.

4.4. Télévision

- TPA (Televisão Popular de Angola): Créée en 1975 et contrôlée par l'Etat, son audience est estimée à 1,5 millions de téléspectateurs. La TPA diffuse ses émissions à Luanda et dans presque tout le territoire national. Avec la signature du protocole de Lusaka, de nouveaux émetteurs et des relais ont été installés dans plusieurs capitales provinciales. Les programmes de la TPA sont diffusés environ 9 heures par jour (de 15h00 à minuit). Ses émissions sont essentiellement en langue portugaise. A 17h30, il y a un journal télévisé dans toutes les principales langues nationales. Elle emploie 900 personnes et dispose de quatre stations régionales.

5. Economie

5.1. Economie politique

Le violent conflit qui a suivi les élections de 1992 a entraîné une chute de 25% de la production intérieure et une destruction sans précédent des infrastructures et équipements essentiels du pays. En 1994, le produit intérieur brut (PIB) par habitant se situait ainsi à 410 US$, soit la moitié du niveau atteint en 1990. En 1995, la dette de l'Etat angolais, estimée à 11,4 milliards de US$ (dont 7,3 milliards de US$ d'arriérés), représentait à elle seule le 365% du produit intérieur brut. En 1997, le PIB par habitant était remonté à 450 US$. Malgré cela, la richesse nationale restait concentrée dans les mains d'une petite élite et la situation économique et sociale de la plupart des Angolais restait plutôt sombre. Selon des chiffres avancés en 1997 par les Nations Unies, 67% de la population angolaise vivait en-dessous du seuil de pauvreté (21% vivant dans une misère extrême). En août 1997, le projet de budget de l'Etat a soulevé les protestations des députés de l'opposition, lesquels ont accusé le gouvernement d'avoir déposé au Parlement « un budget de guerre ». Celui-ci allouait notamment le 22% des dépenses à la défense et seulement 6% à l'éducation. Officiellement, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a atteint, respectivement en 1995 et en 1996, 12,5% et 9%. Un résultat qui a surtout été atteint grâce au redémarrage de la production pétrolière. En 1997, la production de pétrole - qui avait chuté brusquement suite aux combats qui se sont déroulés en 1993 dans les régions pétrolières de la province du Zaïre - a atteint une production record de 750'000 barrils journaliers. En décembre 1997, on estimait que les revenus pétroliers atteignaient près de 5 milliards de US$ par an. A la même période, le pétrole représentait le 90% des exportations du pays et plus du 80% des revenus de l'Etat. Concernant l'extraction minière, elle s'est également remise en marche. Le pays est en effet doté d'énormes ressources minières notamment en or, fer, phospate, manganèse, cuivre, argent, kimberlite et diamant. Au début 1998, on estimait que la production du diamant pour 1997 avait atteint 700 millions de US$. Ce chiffre additionnait les revenus de la production « officielle » (Etat) et « inofficielle » (UNITA et prospecteurs privés). On calculait toutefois que seul 1/5 de ces revenus avaient été versés dans les caisses de l'Etat. Ce résultat sera vraisemblablement amélioré en 1998 grâce à la récente restitution à l'Etat des mines de diamants que l'UNITA contrôlait le long du fleuve Cuango (province de Lunda Norte). En 1997, des statistiques officielles, émanant du gouvernement, indiquaient que le secteur industriel avait progressé de 16,1% entre 1995 et 1996. La statistique montrait toutefois que l'activité minière représentait à elle seule le 86,2% de la croissance du secteur industriel. Hormis le secteur minier, les secteurs industriels qui ont enregistré une certaine croissance étaient la métallurgie, l'industrie du papier et l'alimentation. La guerre civile a fait de l'Angola un importateur de produits agricoles, alors qu'avant la guerre le pays était exportateur. A titre d'exemple, notons qu'en 1997 la production de grains a été de 431'000 tonnes. La demande a toutefois atteint les 972'000 tonnes. Ceci représentait un déficit de 541'000 tonnes qui a été couvert par les importations. Ces dernières tendent toutefois à diminuer. En effet, grâce à l'aide internationale et à la fertilité du sol, et malgré les mines de guerre qui infestent le pays (on estime à 12 millions les mines posées en Angola), de plus en plus de nourriture est produite localement, notamment au sud du pays. D'après l'ONU, l'Angola disposerait théoriquement de 5 à 8 millions d'hectares de terres arables qui - grâce au climat varié du pays - peuvent produire toutes sortes de céréales, légumes et fruits.

5.2. Situation de l'emploi

Un décret gouvernemental datant de 1994 prévoit une semaine de travail de 37 heures. Cependant, en pratique ce décret demeure inappliqué. La loi angolaise permet la constitution de syndicats. Plusieurs syndicats sont actuellement actifs en Angola (cf. chap. 15.4.). La loi sur la grève du 15 juin 1991 reconnaît aux travailleurs et aux syndicats qui les représentent le droit de déclarer la grève. Au cours de 1995 et 1996, les grèves ont touché presque tous les secteurs de l'économie, y compris l'administration, l'enseignement et la santé. Les salaires de nombreux fonctionnaires, médecins et professeurs n'avaient, en effet, pas été versés depuis des mois. Plusieurs intellectuels ont déserté le secteur public pour se faire embaucher dans les organisations internationales, où le paiement s'effectue en dollars et où ils peuvent gagner jusqu'à cent fois plus. En 1997, le niveau moyen mensuel des salaires en Angola était approximativement de 10 US$ (entre 50 US$ et 160 US$ à Luanda), ce qui était clairement insuffisant pour assurer un décent standard de vie. Selon des chiffres publiés en 1995 par l'UNICEF, en 1993 le taux de chômage était de 24,4% (femmes: 32%). D'après une autre source, ce taux avoisinerait en réalité le 80% de la main d'œuvre (estimation de 1997).

5.3. Monnaie officielle

Unité monétaire: le 'Kwanza reajustado' (Kzr). 1 Kzr = 100 Lwei 1 CHF = 134'745 Kzr (cours moyen au 10 février 1998) Le 3 juillet 1995, les autorités ont introduit le 'Kwanza reajustado' (Kzr) destiné à substituer le 'Novo Kwanza' (Nkz). De nouveaux billets de banque (1'000 Kzr, 5'000 Kzr et 10'000 Kzr) ont ainsi été mis en circulation à côté des anciennes coupures dont la valeur a été réduite de trois zéros (1 Kzr = 1'000 Nkz). Jusque-là, les billets de 50'000 et 100'000 Nkz (introduits en juillet 1993), ainsi que le billet de 500'000 Nkz (introduit en septembre 1994) représentaient les plus grandes coupures. Le 'Novo Kwanza' est néanmoins resté en circulation jusqu'à fin 1996 parallèlement au 'Kwanza reajustado'. Depuis sa mise en circulation, la nouvelle devise angolaise ne cesse de s'éroder (Inflation en 1995: 3'608%). Les prix des produits alimentaires n'ont d'ailleurs rien de commun avec le pouvoir d'achat de la grande majorité des salariés (cf. Chap. 5.2.). A titre d'exemple, notons qu'en août 1997, dans un supermarché de Luanda, 1kg de sucre coûtait environ 1 US$, 1kg de sel 0,75 US$, 1kg de haricots (aliment de base en Angola) 0,85 US$, 1litre de lait 1 US$, 1kg de farine de maïs 0,65 US$, alors qu'un médecin gagnait environ 100 US$ par mois et une infirmière entre 15 et 20 US$ par mois.

6. Mobilité

6.1. Moyens de communication

Suite à la guerre civile, le réseau routier angolais - composé le plus souvent de pistes non asphaltées difficilement accessibles, notamment lors de la saison des pluies (septembre-avril) - a connu de très importants dommages. En juin 1995, on estimait qu'au moins 5'000 km de route avaient été détruits par la guerre. Plusieurs axes routiers étaient minés, alors que la majorité des ponts (200 sur 300) et des signaux indicateurs avaient été détruits. A ces conditions, voyager à l'intérieur du pays était devenu très difficile, voire pratiquement impossible. Depuis, certains ponts ont été reconstruits et la circulation a pu être rétablie sur certains axes routiers considérés prioritaires. En octobre 1996, notamment, le chef des équipes de déminage de l'ONU actives en Angola annonçait que toutes les routes menant aux capitales provinciales avaient été déminées. De récents rapports indiquent toutefois que certains de ces tronçons ont à nouveau été minés par les rebelles de l'UNITA. Les principales voies de chemin de fer, à savoir la ligne qui de Benguela rejoint la ville congolaise de Lubumbashi (en passant par Huambo, Cuito et Luena) ou celles menant de Luanda à Malanje et de Namibe à Menongue demeurent totalement impraticables, suite aux actes de sabotage et aux destructions dont elles ont fait l'objet pendant la guerre. Pour voyager à l'intérieur du pays, l'avion reste le moyen le plus sûr, bien que les liaisons aériennes intérieures assurées par la compagnie nationale TAAG sont parfois aléatoires. Ainsi, à titre d'exemple, notons que le 8 décembre 1997, TAAG a dû annuler ses vols intérieurs faute de carburant. Les vols internes touchent différentes villes de province, notamment Huambo, Cuito, Uige, Negage, Mbanza Kongo, Malanje, Menongue, Luena et Saurimo. Ces villes sont également reliées par les avions de l'aide humanitaire internationale. Les villes de Lobito, Porto Amboin, Sumbe ou Namibe peuvent être rejointes par bateau depuis Luanda. Les liaisons vers l'extérieur sont régulièrement assurées depuis l'aéroport international '4 de Fevereiro' de Luanda, par la compagnie nationale 'TAAG-Linhas Aéreas de Angola', ainsi que par plusieurs autres compagnies étrangères. A la fin 1997, les compagnies d'aviation assurant des vols réguliers de et pour Luanda étaient les suivantes: TAAG (Lisbonne/Rome/Paris), TAP-Air Portugal (Lisbonne), Air France (Paris), Sabena (Luanda-Kinshasa-Bruxelles), Aeroflot (Moscou), Air Gabon (Londres), South African Airways (Johannesburg) et Air Namibia. Observons enfin que le réseau téléphonique du pays a grandement souffert de la guerre. En décembre 1997, on estimait la capacité totale du réseau téléphonique à 88'200 lignes, dont seul 68% étaient effectivement en fonction.

6.2. Papiers de voyage

Passeport national: De couleur noire, couverture en matière synthétique souple avec les inscriptions 'República Popular de Angola' (en haut) et 'Passaporte' (en bas), ainsi que les armoiries nationales (au centre). Validité: 5 ans (peut être prolongée). (NB. L'ancien passeport était de couleur bleu foncé et la couverture était en carton). Délivré par la D.N.E.F.A. (Direction nationale de l'émigration et des frontières de l'Angola). A l'heure de la rédaction de cette feuille d'information, les Angolais qui veulent quitter leur pays ne doivent plus être en possession d'un visa de sortie ('Visto de saída') et d'entrée ('Visto de entrada') comme cela était le cas par le passé. Passeport de service: De couleur verte; inscription 'Passaporte de serviço' en bas de la couverture. Passeport diplomatique: De couleur rouge; inscription 'Passaporte Diplomático' en bas de la couverture. Carte d'identité: De nouvelles cartes d'identité ('Bilhete de Identidade') sont distribuées depuis le 3 février 1997. Lors de l'inauguration du nouveau système d'identification, le chef de l'Etat, José Eduardo dos Santos, s'est vu décerner la carte d'identité portant le No 1 par le ministre de la Justice, Paulo Tchipilika. La forme et le contenu de ladite carte ne nous étaient pas encore connus lors de l'établissement du présent rapport. L'ancien 'Bilhete de Identidade' était quant à lui de couleur jaune, plastifié, avec empreinte digitale et cachet sec sur la photo.

7. Gouvernement

7.1. Chef d'Etat

Président: En poste depuis le 20 septembre 1979, suite à la mort du premier Président angolais, Agostinho Neto, le chef d'Etat sortant, M. José Eduardo Dos Santos, a été reconfirmé à cette place lors des élections présidentielles de septembre 1992. Vice-Président: Le 21 juin 1995, le gouvernement a proposé officiellement au leader de l'UNITA, Jonas Savimbi, le poste - créé pour l'occasion - de vice-président au sein d'un gouvernement « d'unité nationale ». Cependant, le 27 août 1996, au terme d'un Congrès extraordinaire, l'UNITA a rejeté la nomination de Jonas Savimbi à ce poste. Le 8 avril 1997, le chef rebelle a obtenu du Parlement angolais le statut officiel de « chef du principal parti d'opposition ». Une disposition qui n'est toutefois pas entrée en force, étant donné qu'elle n'a pas été publiée dans les 10 jours par le 'Diario da República' (le journal officiel du gouvernement), comme ceci était requis par la loi angolaise.

7.2. Gouvernement national

Premier Ministre: Le 9 avril 1997, Fernando José Franca Dias Van Dunem a été nommé à la tête du 'Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale' (GURN) par le Président José Eduardo Dos Santos. Premier ministre sortant, Van Dunem, avait été nommé à ce poste le 3 juin 1996 en remplacement de Marcolino José Carlos Moco. Gouvernement: Le 11 avril 1997, un 'Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale' (GURN) - comprenant des membres du 'Movimento Popular de Libertação de Angola' (MPLA), de l''União Nacional para Independência Total de Angola' (UNITA) et de dix autres partis mineurs - a été installé officiellement à Luanda par le Président José Eduardo Dos Santos. Le GURN compte 87 membres, à savoir: un Premier ministre, deux secrétaires d'Etat, 29 ministres et 55 vice-ministres. Au sein de l'exécutif, l'UNITA dispose de onze membres, dont quatre ministres, à savoir: Marcos Samondo (Géologie et Mines), Anastacio Ruben Sikatu (Santé), Jorge Alicerces Valentim (Hôtellerie et Tourisme) et Victorino Domingos Hossi (Commerce).

8. Parlement

Assemblée Nationale: La première 'Assembleia Nacional' (Parlement), élue démocratiquement lors des élections du 29 et 30 septembre 1992, a tenu sa séance constituante le 26 novembre 1992. Cette séance avait été désertée par les députés de l'UNITA. Depuis, le mouvement dirigé par Jonas Savimbi a laissé inoccupé les 70 sièges qui lui revenaient. Ce n'est qu'au bout de longues négociations que l'UNITA a accepté d'envoyer - entre le 12 février 1997 et le 28 mars 1997 - ces députés à Luanda. De ce fait, la première session du Parlement au grand complet remonte au 22 avril 1997. Sur les 220 sièges (dont 130 députés élus au niveau national et 90 « sénateurs » élus pour représenter les 18 provinces) que compte le Parlement, 129 sont revenus au MPLA, 70 à l'UNITA, 6 au PRS, 5 au FNLA et 10 autres à des partis mineurs. La loi électorale prévoyait également que trois sièges additionnels (portant le nombre de députés à 223) soient réservés aux représentants des Angolais de l'étranger. Ces sièges n'ont toutefois pas été occupés après les élections de 1992.

9. Administration

L'Angola est divisé en 139 districts, regroupés en 18 provinces (dirigées par un gouverneur), à savoir: Cabinda (Cabinda), Zaïre (Mbanza-Congo), Uige (Uige), Luanda (Luanda), Bengo (Caxito), Kwanza Norte (Ndalatando), Malanje (Malanje), Lunda-Norte (Lucapa), Lunda-Sul (Saurimo), Kwanza-Sul (Sumbe), Huambo (Huambo), Bié (Kuito), Moxico (Luena), Benguela (Benguela), Huila (Lubango), Cuando-Cubango (Menongue), Namibe (Namibe) et Cunene (N'Giva). Un cas particulier est représenté par le Cabinda, une enclave de 7'270 km² - séparée du reste du territoire angolais - qui se situe entre la République du Congo et la République démocratique du Congo (RDC). Unités administratives: 'Provincias' (provinces), 'Municípios' (districts), 'Comunas' (communes), 'Bairros' (quartiers) et 'Povoações' (villages). Source: Statistisches Bundesamt: Länderbericht Angola 1991. Wiesbaden. Mai 1991.

10. Elections

Les premières élections parlementaires et présidentielles libres ont eu lieu le 29 et le 30 septembre 1992. Les résultats officiels, publiés le 17 octobre suivant, ont vu la victoire du MPLA avec 53,7% des voix, contre 34,1% pour l'UNITA, ainsi que l'avance du président sortant, José Eduardo Dos Santos, avec 49,5% des suffrages sur son adversaire, Jonas Savimbi, qui a obtenu 40% des voix. La majorité absolue de 50% n'ayant pas été atteinte, un deuxième tour des élections présidentielles devait être organisé. Cependant, l'UNITA a refusé les résultats des élections, accusant le MPLA d'avoir bénéficié de « fraudes électorales massives », alors que l'ONU confirmait qu'elles avaient été « libres et équitables ». Le 'Protocole de Lusaka' (accords de paix) signé le 20 novembre 1994, entre le gouvernement angolais et l'UNITA, prévoyait la tenue de nouvelles élections présidentielles une fois que les Nations Unies considèreraient que les conditions étaient favorables à la tenue du scrutin. Un premier terme pour la tenue de ces élections avait été fixé pour février 1997. Ce terme a été annulé en juillet 1995 et ajourné 'sine die' en raison des retards intervenus dans l'application des accords de paix. Les élections parlementaires, qui théoriquement devaient avoir lieu en 1996 au terme de la première législature (1992 - 1996), ont été renvoyées de 2 à 4 ans suivant les dispositions du 'Protocole de Lusaka'.

11. Droit et système judiciaire

11.1. Droit

La loi de 1992 portant sur la révision constitutionnelle décrète l'indépendance du pouvoir judiciaire, tout comme le fait la Constitution révisée de 1991. En réalité, cette indépendance n'est de loin pas acquise. Ainsi, à titre d'exemple, notons que la nomination, voire la révocation des juges de la Cour suprême sont toujours du ressort du Président de la République. L'activité de Procureur général de la République est par ailleurs encore à ses débuts. Selon la Constitution, c'est à cet organe qu'incombe la défense de la légalité démocratique. Il est cependant notoire que le Ministère public défende d'abord les intérêts de l'Etat, les droits, libertés et garanties des citoyens passant au deuxième plan. L'article 28 de la Constitution angolaise garantit enfin le droit à assurer sa défense. En pratique, des abus sont souvent signalés et le droit à faire recours à un avocat est peu, voire pas respecté. A noter encore que l'UNITA possède son propre système de cours civiles et militaires dans les zones qu'elle occupe.

11.2. Tribunaux ordinaires

Le système judiciaire angolais est composé de trois niveaux hiérarchiques, à savoir: cours de district, cours provinciales (Tribunal judicial provincial) et Cour suprême (Tribunal Supremo). La Cour suprême agit en tant qu'instance de dernier appel. De même, elle est compétente en matière de crimes politiques, voire de crimes contre la sécurité. La Cour suprême n'a cependant pas le droit, ni le pouvoir, d'interpréter la Constitution.

11.3. Tribunaux extraordinaires

Depuis l'indépendance (11 novembre 1975), différents types de tribunaux ont été chargés de juger les délits politiques. Le 'Tribunal populaire révolutionnaire' (composé de juges et de procureurs de la République), créé en 1976, était à l'origine compétent pour juger toutes les affaires politiques, dès l'ouverture d'une instruction. En 1977, c'était au tour d'un 'Tribunal militaire spécial' (créé au cours de la même année) de rendre les jugements concernant les affaires politiques. En 1979, le 'Tribunal populaire révolutionnaire' (TPR) était à nouveau compétent pour juger toutes les affaires politiques. En 1980, une Cour d'appel spéciale a été créée en vue de réexaminer les condamnations à la peine capitale et celles supérieures à 20 ans de prison, prononcées par le TPR. En 1983, on confia aux tribunaux militaires régionaux les crimes politiques (notamment les crimes contre la sûreté de l'Etat, le sabotage économique, la spéculation, la désobéissance aux ordres du Conseil militaire régional, etc.) dans toutes les provinces où se manifestait une opposition armée. Ces cours militaires régionales se sont également vu attribuer le pouvoir de prononcer la peine de mort (toute condamnation à la peine capitale étant - en principe - soumise au Tribunal militaire des forces armées pour révision). Toutes ces cours ont été abolies par la suite.

11.4. Tribunaux militaires

Suite à l'abolition des tribunaux militaires qui existaient au sein de l'ancienne armée gouvernementale (FAPLA), de nouvelles structures judiciaires ont été créées au sein des nouvelles 'Forças Armadas Angolanas' (FAA). Ces nouvelles structures se basent notamment sur la 'loi portant sur la création des organes de la justice militaire' du 7 janvier 1994 (Lei No 1/94) et sur la 'loi sur la justice pénale militaire' du 11 février 1994 (Lei No 5/94). Selon cette dernière loi, la fonction juridictionnelle dans les Forces Armées est exercée par les organes suivants: Un 'Conseil suprême de justice militaire', un 'Tribunal suprême militaire', ainsi que des tribunaux militaires régionaux, de zone et de garnison. La loi du 11 février 1994 prévoit également la possibilité de créer des 'Tribunaux militaires de Front' si la situation militaire du pays l'exige. Les tribunaux militaires sont notamment chargés de juger toutes les procédures criminelles dans lesquelles sont accusés des militaires des forces actives et des militaires du cadre permanent, de la réserve et de la réforme (Art. 26). Le 'Tribunal suprême militaire' est compétent pour juger en première instance des procédures dont font l'objet à titre d'accusé des officiers généraux, voire des juges des tribunaux militaires ou des magistrats du Ministère Public. De même, il connaît les recours déposés contre les décisions prononcées par les tribunaux militaires inférieurs (Art. 29). Le 'Conseil suprême de justice militaire' connaît les recours déposés contre les sentences prononcées par le 'Tribunal suprême militaire' (Art. 28). Enfin, les tribunaux militaires régionaux, de zone et de garnison sont compétents pour juger toutes les procédures criminelles dont les accusés sont des militaires d'un grade allant jusqu'à Colonel (Art. 30).

12. Organes de sécurité et forces armées

12.1. Armée

Suite à la signature des accords de paix de Bicesse en mai 1991, entre le gouvernement et les rebelles, la conscription militaire obligatoire avait été abolie. Elle a été réintroduite en mars 1993, du fait de la pression militaire de l'UNITA. D'après la 'Loi générale du Service Militaire' du 26 mars 1993, le service militaire est obligatoire en Angola pour les hommes âgés de 20 à 45 ans. En cas de nécessité absolue, le Parlement - sur proposition du Conseil des ministres - peut autoriser l'incorporation de citoyens à partir de l'âge de 18 ans. Sauf de rares exceptions, les femmes ne sont pas astreintes au service militaire. Néanmoins, elles peuvent servir volontairement au sein des forces armées gouvernementales dès l'âge de 20 ans. Les étudiants dans le pays ou à l'étranger peuvent être exemptés du service militaire. Ils doivent toutefois accomplir leur service aussitôt les études finies. L'âge pour le service actif se situe entre 20 et 30 ans, alors que sa durée peut varier de deux (Armée de terre) à trois ans (Marine et Aviation). Après le service actif, les soldats libérés sont intégrés aux troupes de réserve et ce jusqu'à l'âge de 45 ans. Selon la 'Loi sur les crimes militaires' du 28 janvier 1994 qui s'applique aux membres des forces armées, à la police nationale et aux différentes forces paramilitaires, la désertion est punie - en temps de paix - par une peine de prison allant d'un minimum de 2 ans à un maximum de 8 ans. En temps de guerre ou durant des opérations militaires, cette peine peut varier d'un minimum de 8 ans à un maximum de 12 ans. La « fuite devant une incorporation militaire » est punie d'une peine d'emprisonnement simple, allant d'un minimum de trois jours à un maximum de deux ans de détention. L'objection de servir pour des motifs de conscience ou religieux n'est pas expressément prévue dans la législation angolaise. Cela dit, l'article 10 de la 'Loi sur les délits militaires' prévoit pour les objecteurs de conscience la possibilité d'accomplir le service militaire « suivant les modalités d'un service civil adapté à leur situation »; ledit service civil faisant l'objet d'une propre réglementation. Les accords de paix signés à Lusaka (Zambie), le 20 novembre 1994, prévoyaient le cantonnement et le désarmement des troupes belligérantes, ainsi que l'intégration d'une partie des combattants des 'Forças Armadas de Libertação de Angola' (FALA, branche militaire de l'UNITA) dans l'armée nationale, à savoir les 'Forças Armadas Angolanas' (FAA, créées en 1991). Le 10 mars 1996, au bout d'une impasse d'une durée de 15 mois, les chefs militaires de l'UNITA et de l'armée régulière parvenaient à un accord de principe prévoyant l'intégration de 23'300 soldats de l'UNITA (dont 16 généraux) dans les FAA. La sélection de ces soldats a débuté le 3 juin 1996 avec l'intégration de 14 officiers des FALA dans l'armée régulière. Ceux-ci ont été suivis en septembre et en octobre 1996 par 9 généraux de l'UNITA. Le 11 juillet 1997 - à savoir plus d'une année après le début de l'intégration des ex-combattants rebelles - seul 11'125 soldats de l'UNITA (sur les 26'300 prévus) avaient été enrôlés dans les FAA. Entre-temps (mars 1997), on signalait que plus de 30'000 soldats de l'UNITA avaient déserté les camps de l'ONU, la plupart ayant vraisemblablement rejoint à nouveau les rangs du mouvement rebelle. A noter par ailleurs, qu'à l'heure de la rédaction de ce rapport, la démobilisation de 35'300 soldats gouvernementaux qui avait été prévue initialement, n'a pas encore commencé.

12.2. Police et gendarmerie

- DNIC, Direçcão Nacional d'Investigação Criminal. La 'Police d'enquêtes criminelles' et la 'Police criminelle' font partie de la 'Direction nationale d'investigation criminelle' qui dépend du ministère de l'Intérieur. Elle s'occupe officiellement de crimes et de délits de droit pénal. Il est toutefois notoire qu'elle s'occupe occasionnellement de délits de nature politique. A noter que la DNIC a absorbé un certain nombre d'anciens fonctionnaires du 'Ministério da Securidade do Estado' (MINSE), depuis que ce dernier a été dissout en 1991.

- Polícia Nacional. La 'Police nationale', dirigée depuis le 22 mars 1995 par le vice-ministre de l'Intérieur Fernando da Piedade dos Santos « Nando », comprend différentes unités telles que la 'Police publique', voire la 'Police du trafic'. A noter que Fernando da Piedade dos Santos est également responsable des services de sécurité civils (cf. SSI).

- PIR, Polícia de Intervento Rápido. A l'heure de la rédaction de cette feuille d'information, la 'Polícia de Intervento Rápido' (Police d'intervention rapide), créée au début 1992 et connue également en tant que 'Polícia Anti-Motim' (Police antiémeute), voire comme 'Polícia de Emergência (Police d'émergence), ne compte plus que 5'200 hommes (ils étaient 30'000 à l'origine). Ces policiers d'élite sont surnommés communément 'Ninjas' en raison de leur uniforme et de leur cagoule de couleur bleue. Dirigée par un superintendant, M. Jorge Sukissa, formée et équipée avec l'assistance de l'Espagne, cette police a joué un rôle prépondérant dans la répression systématique qui s'est abattue sur les membres de l'UNITA et de l'opposition à partir d'octobre 1992. En juillet 1996, les observateurs des Nations Unies signalaient que le casernement des membres de la PIR avait été porté à terme. D'après l'UNITA, 400 membres de la PIR ont toutefois été engagés dans l'offensive lancée par les FAA en mai 1997 dans la province de Lunda Norte.

12.3. Milices

- BPV, Brigadas Populares de Vigilância. Les 'Brigades populaires de vigilance' constituaient une milice populaire, placée sous l'autorité de fonctionnaires provinciaux. Au début de 1996, des informations faisaient état de l'abolition de cette milice.

- ODP, Organização de Defensa Popular. L''Organisation populaire de défense' est une milice populaire dépendant du ministère de la Défense.

- TGFA, Tropas Guarda Fronteira de Angola. Le 'Corps des gardes-frontières d'Angola' a comme tâche principale la surveillance de la frontière et des douanes nationales. Les gardes-frontières peuvent cependant être appelés, selon la nécessité, à procéder à des arrestations de nature politique.

- UDC, Unidade de Defensa Civil. Il s'agit de milices civiles armées et appuyées par le MPLA (parti au pouvoir). Entre avril et août 1997, ces milices ont été responsables d'une série d'attaques contre des civils et des membres de l'UNITA, en particulier dans les provinces de Malanje, Huila et Huambo.

12.4. Services secrets

- CIM, Contra Inteligência Militar. Le 'Contre-Espionnage Militaire' est le service de renseignements de l'Armée. En juin 1996, le général Cirilo Ita (un métis) était cité en tant que chef de l'intelligence militaire.

- DISA, Direçcão de Informação e Segurança de Angola. La 'Direction du renseignement et de la sécurité de l'Angola' a été créée en 1975. Dirigée par le Général Kundi Paihama, la DISA pouvait détenir des suspects pour une durée illimitée pendant tout le temps d'une enquête. En 1979, la DISA a été dissoute, les pouvoirs de détention sans jugement accordés aux forces de sécurité ayant été restreints.

- MINSE, Ministério da Segurança de Estado. Créé en 1980, le 'Ministère de la sécurité d'Etat' (MINSE) a été chargé de la sécurité intérieure. Les fonctionnaires du MINSE, notamment ceux affectés au 'Departamento nacional de operações e investigações' (DNOI, Département national d'opérations et d'investigations), procédaient aux arrestations et pouvaient détenir un suspect, sans inculpation ni jugement, pour une durée maximale de 6 mois. Le MINSE a été aboli le 19 janvier 1991.

- SINFO, Serviço de Informação. Service de l'information dépendant du ministère de l'Intérieur. Le SINFO, qui contrôle de près les différents médias, a notamment été impliqué dans des tentatives d'intimidations dirigées contre un certain nombre de journalistes. Le cas d'intimidation le plus connu remonte à novembre 1995 et se rapporte au journaliste indépendant Mario Paiva, « coupable » d'avoir écrit des articles critiques sur les forces de sécurité.

- SSI, Serviços Secretos de Inteligência. Services de sécurité civils placés sous la direction du vice-ministre de l'Intérieur Fernando da Piedade dos Santos « Nando », lequel est également le chef de la 'Police nationale' (cf. Polícia Nacional). Depuis 1993, les effectifs du SSI n'ont cessé de croître.

13. Détention et exécution pénale

En Angola, les conditions de vie dans le milieu carcéral sont à l'image de ce qui se passe dans la société. Les prisons sont le plus souvent anciennes, leurs bâtiments dans un mauvais état et leurs cellules surpeuplées. Bien que dans certaines unités carcérales il y ait des infrastructures sanitaires, le personnel médical et les réserves de médicaments sont pratiquement inexistants. Dans ces conditions, on assiste souvent à des décès de prisonniers par malnutrition, voire par manque d'assistance médicale. Les mauvais traitements sont par ailleurs courants et des cas de torture ont également été signalés. Notons en outre que les établissements pénitentiaires et la procédure judiciaire y relative sont toujours sous la tutelle du Ministère de l'Intérieur, au lieu d'être sous celle du Ministère de la Justice, comme le prévoyait une décision de principe adoptée en 1993 par le Conseil des ministres. Les lieux de détention sont notamment contrôlés par la 'Direcção Nacional d'Investigação Criminal' (DNIC). Le siège de la DNIC - un édifice de six étages - est situé sur l''Avenida do Brasil' à Luanda. La Constitution révisée de 1991 a introduit le droit pour un détenu de faire examiner par un tribunal la légalité de la détention (Art. 30), mais elle n'interdit pas de façon spécifique les arrestations arbitraires, la détention voire la torture. Elle ne garantit non plus avec précision le droit d'un suspect à être présumé innocent tant que sa culpabilité n'a pas été démontrée conformément à la loi, ni le droit à être jugé équitablement et dans un délai raisonnable. La nouvelle loi sur la détention préventive, entrée en vigueur le 17 juillet 1992 (loi 18-A/92), prévoit également qu'une personne prise en flagrant délit peut être immédiatement arrêtée et emprisonnée. Dans toute autre circonstance, la loi prévoit qu'un mandat d'arrêt soit établi par un juge ou par un magistrat provincial. Des mandats d'arrêt peuvent également être signés par des membres de la police judiciaire, mais doivent être confirmés dans les cinq jours par un magistrat. La plupart du temps, cette limite de cinq jours - après laquelle une personne doit être emmenée devant une instance judiciaire - n'est pas respectée. De même, bien que la nouvelle loi sur la détention préventive concède jusqu'à un maximum de 135 jours de détention sans procès - dont une instruction préparatoire d'une durée maximale de 90 jours - les excès et abus sont encore fréquents. En effet, bien souvent les personnes accusées continuent à être détenues bien au-delà desdits délais, et ce, même pour des délits mineurs. Les observateurs des Nations Unies (UNAVEM III), qui ont visité douze prisons angolaises au cours de 1996, ont ainsi établi que plus de la moitié des détenus étaient en attente d'un procès. Dans les prisons de Luanda, cette moyenne atteignait même le 90% des prisonniers. A noter enfin que certains détenus, soupçonnés d'infractions pénales accompagnées de violence, purgent des peines de prison en vertu d'une loi qui permet de prononcer des sentences par le biais de procédures strictement administratives, ce qui va à l'encontre du droit internationalement reconnu à un jugement équitable.

14. Situation générale des droits de l'homme

Le deuxième conflit interangolais (octobre 1992 - novembre 1994) n'a pas seulement anéanti une partie des progrès accomplis en matière des droits de l'homme pendant la période de paix qui l'a précédée, mais s'est également révélé dramatique au niveau des pertes humaines (env. 300'000 morts). Dans l'immédiat après-guerre, la situation des droits de l'homme s'est graduellement, mais lentement améliorée. Une loi d'amnistie (datée du 10 novembre 1994) a ainsi été adoptée par le Parlement angolais, le 29 décembre 1994. Cette loi garantissait l'amnistie pour « tous les crimes contre la sûreté intérieure de l'Etat et tous les autres s'y rapportant, commis par des citoyens nationaux dans le cadre du conflit militaire postélectoral depuis le 1er octobre 1992, jusqu'à la date de la signature du Protocole de Lusaka » (à savoir le 30 octobre 1994). Elle s'appliquait également « aux crimes communs passibles d'une peine maximale de 8 ans d'emprisonnement, ainsi qu'aux crimes passibles de la peine correctionnelle et aux contraventions commises par des militaires et non militaires à la période mentionnée ». Le 8 mai 1996, dans le but d'accélérer le processus de paix, l'Assemblée nationale (Parlement) a approuvé une deuxième loi d'amnistie destinée à compléter et à substituer celle du 10 novembre 1994. La loi de 1996 - toujours en vigueur en février 1998 - couvre notamment tous les crimes militaires et les délits contre la sécurité de l'Etat commis entre le 31 mai 1991 et le 8 mai 1996. Malgré les quelques progrès enregistrés, le respect des droits de l'homme est toutefois loin d'être acquis, puisque une stricte surveillance, voire même certaines intimidations, continuent à s'exercer vis-à-vis de certains dirigeants de l'opposition et des médias critiques (cf. chap. 4.). Par ailleurs, les droits d'association et d'assemblée ne sont pas respectés. Ainsi, par exemple, sur la base de la législation en vigueur, le gouvernement peut refuser l'enregistrement de toute association privée « pour des questions de sécurité ». De même, les autorités n'ont pas hésité à déployer la Police d'intervention rapide (PIR) et à interdire la tenue de manifestations, notamment en mai 1996. A la même période, le père catholique allemand, Konrad Liebscher, a été arrêté par la police à Luanda pour avoir rédigé et distribué un tract dénonçant la pauvreté, la malnutrition, la corruption et l'insécurité auxquelles étaient livrés la majorité des Angolais. Déclaré coupable, Liebscher a été condamné, le 3 juin 1996, à un mois de prison avec sursis. Avec la fin officielle du processus de démobilisation et avec la mise en place d'un 'Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale' (GURN), le 11 avril 1997, deux des pas décisifs semblaient avoir été réalisés en direction de l'accomplissement total des accords de paix de Lusaka de novembre 1994. Cependant, le processus de paix a subi, par la suite, un net ralentissement, poussant à bout la patience des médiateurs internationaux et celle du gouvernement angolais. Ainsi, l'UNITA, qui dispose toujours d'une puissante armée estimée entre 35'000 et 40'000 hommes, a repris le recrutement accéléré de jeunes, posé à nouveau des mines et à effectué plusieurs attaques contre les positions gouvernementales. A leur tour, les 'Forces armées angolaises' (FAA) ont lancé, le 19 mai 1997, une offensive contre les positions rebelles dans la province diamantifère de Lunda Norte. Une offensive qui a provoqué les combats les plus violents depuis que le cessez-le-feu était entré en vigueur en novembre 1994. Depuis, des incidents et des actions militaires sont signalés dans différentes régions du pays. L'UNITA et le gouvernement continuent par ailleurs à s'accuser mutuellement de persécuter, d'arrêter, de détenir ou de faire disparaître des personnes dans les territoires qu'ils contrôlent. L'UNITA accuse la police et les milices progouvernementales d'avoir été responsables d'une série d'attaques et d'abus contre des civils et des membres de l'UNITA, en particulier dans les provinces de Huila, Huambo et Malanje. L'UNITA cite notamment le décès, à la mi-novembre 1997, de 12 de ses membres détenus dans une prison de la province de Malanje. De leur côté, les autorités angolaises accusent l'UNITA de s'en prendre - dans les zones qu'elle occupe - à la population civile et aux fonctionnaires étatiques. D'après les autorités, à la fin août 1997, des éléments de l'UNITA auraient notamment tué 26 militants du 'Movimento Popular de Libertação de Angola' (parti au pouvoir) dans le district de Chicomba (province de Huila). Relevons encore qu'une énorme quantité d'armes à feu se trouvent toujours en la possession de particuliers. En avril 1996, on estimait qu'il y en avait environ 700'000 entre les mains de civils dans la seule ville de Luanda, la collecte des armes n'ayant pas encore commencé. A cela s'ajoute une augmentation allarmante de la criminalité, qui fait peser une menace supplémentaire sur la sécurité des Angolais. Dès lors, il est souvent difficile de dire si les meurtres ont un caractère politique ou s'il s'agit d'actes de banditisme, d'autant plus que les malfaiteurs de droit commun portent fréquemment des uniformes. Il sied également de relever qu'une guerre civile - avec son corollaire de violations des droits de l'homme - continue à opposer dans l'Enclave de Cabinda les troupes gouvernementales aux combattants indépendantistes. Observons enfin, que l'Angola a aboli la peine de mort - au niveau civil et militaire - le 26 août 1992, la dernière exécution remontant à 1988. Néanmoins, il est notoire que l'UNITA a continué à prononcer des condamnations à mort pour des infractions à caractère politique ou non, conformément à ses règlements internes et à son code de justice militaire.

15. Mouvements politiques et religieux

15.1. Partis politiques légaux

- AD-COA, Angola Democrática - Coligação. Fondée en 1992, l''AD-Coligação' est, en réalité, une coalition de partis mineurs à la tête de laquelle se trouve le 'Frente para a Democracia' (FPD), une formation fondée par des anciens éléments de l'extrême gauche angolaise qui font du MPLA leur principal ennemi. Lors des élections de septembre 1992, l'AD-Coligação a obtenu un siège à l'Assemblée nationale (Parlement) avec 0,86% des voix. Le candidat présidentiel de la coalition, Simão Cassete, a obtenu 0,67% des suffrages. L'AD-COA est présidée par Evidor Quiela.

- CNDA, Convenção Nacional Democrática de Angola. Fondée au cours de 1991, la 'Convention nationale démocratique d'Angola' est composée d'anciens cadres du 'Mouvement populaire de libération de l'Angola' (MPLA). Le président du parti, Paulino Pinto João, est un ancien chef du département de l'Information du MPLA. En août 1992, la CNDA a signé un accord avec l'UNITA, afin de soutenir Jonas Savimbi à l'élection présidentielle. La CNDA, qui a reçu 0,26% des suffrages aux élections de septembre 1992, ne dispose d'aucun siège à l'Assemblée nationale.

- FDA, Forum Democrático Angolano. Le 'Forum démocratique angolais' a été fondé en exil (Canada) par un groupe de dissidents de l'UNITA. Le FDA, présidé par Jorge Rebelo Pinto Chikoti, compte dans ses rangs Tony da Costa Fernandes et Miguel N'Zau Puna, anciennement ministre des Affaires étrangères et ministre de l'Intérieur de l'UNITA. Fernandes et Puna ont quitté l'UNITA en février 1992, accusant Jonas Savimbi d'avoir éliminé plusieurs cadres du mouvement. Avant de rejoindre le FDA, ils avaient créé, en mai 1992, la 'Tendência de Reflexão Democrática' (TRD). Le FDA a remporté un siège à l'Assemblée nationale grâce au 0,30% de suffrages obtenus lors des élections de septembre 1992. Le député du FDA, Paulo Tchipilika, nommé ministre de la Justice en décembre 1992, a été reconfirmé à ce poste le 11 avril 1997. Chikoti et N'Zau Puna participent également au nouveau gouvernement en tant que vice-ministres des affaires étrangères et de l'administration territoriale.

- FNLA, Frente Nacional de Libertação de Angola. Issu de la fusion, en 1962, de l''União das populações de Angola' (UPA) et du 'Partido Democrático de Angola' (PDA), le 'Front national de libération de l'Angola' est un ancien mouvement indépendantiste en déclin depuis une dizaine d'années. Plusieurs cadres politiques et militaires se sont d'ailleurs ralliés au MPLA bien avant les accords de paix de mai 1991. Le FNLA, disposant autrefois d'une branche armée, n'est plus actif militairement. Inactif depuis 1984, le FNLA a à nouveau fait parler de lui en mai 1988, quand son comité exécutif a proposé un plan de paix en dix points. Le président du FNLA, Holden Roberto, rentré au pays en août 1991 après 16 ans d'exil, a essayé de replacer son mouvement sur la scène politique angolaise, sans toutefois rencontrer beaucoup de succès. En effet, aux élections présidentielles de septembre 1992, Roberto n'a été crédité que de 2,11% des suffrages. Le FNLA a cependant obtenu 5 sièges (2,40% des voix) aux élections parlementaires.

- MPLA, Movimento Popular de Libertação de Angola. Fondé en 1956, le 'Mouvement populaire de libération de l'Angola' a gouverné le pays en tant que parti unique dès l'Indépendance (11 novembre 1975). En décembre 1977, lors du premier Congrès, le parti a adopté l'idéologie marxiste-léniniste devenant le 'Movimento Popular de Libertação de Angola - Partido do Trabalho' (MPLA-PT). En décembre 1990, lors du IIIème Congrès du parti, les délégués ont décidé de renoncer à la mention 'Partido do Trabalho', ainsi qu'à la doctrine marxiste-léniniste pour un socialisme démocratique. En poste depuis le 20 septembre 1979, le président du MPLA et chef d'Etat sortant, José Eduardo Dos Santos, a été réélu à la présidence du pays, en septembre 1992, en obtenant 49,57% des suffrages. Le MPLA a par ailleurs remporté les élections parlementaires, obtenant 129 sièges (sur 223) à l'Assemblée nationale, avec 53,74% des voix. Le Secrétaire général du parti est M. Lopo Fortunato Ferreira do
Nascimento.

- PAJOCA, Partido de Aliança da Juventude, Operários e Camponêses de Angola. Le 'Parti de l'alliance des jeunes, des ouvriers et des paysans d'Angola' a été fondé à Luanda, le 19 janvier 1991. Présidé par Miguel João Sebastião, le PAJOCA a soutenu la candidature de José Eduardo Dos Santos (cf. MPLA) à la présidence, lors des élections de septembre 1992. Au cours desdites élections, le PAJOCA a remporté un siège au Parlement avec 0,35% des suffrages.

- PAI, Partido Angolano Independente. Le 'Parti indépendant angolais', fondé en exil (Portugal) au début des années 80, est dirigé par Adriano Parreira. En septembre 1992, lors des élections parlementaires, le PAI (0,23% des voix) n'a obtenu aucun siège à l'Assemblée nationale.

- PDA, Partido Democrático Angolano. Créé à Luanda le 30 janvier 1991, le 'Parti démocratique angolais' est présidé par António Alberto Neto. Le PDA n'a pas épargné ses critiques envers le MPLA et l'UNITA, « principaux responsables de la guerre civile ». Lors des élections de septembre 1992, le parti n'a remporté aucun siège (0,20% des voix). António Alberto Neto, candidat à la présidence, n'a obtenu pour sa part que 2,16% des suffrages. A noter encore, que le 5 septembre 1997, António Alberto Neto a été condamné par un tribunal de Luanda à trois mois de prison « pour torts moraux et diffamation de l'église catholique ». En 1996, Neto avait en effet écrit une lettre au Secrétaire Général de l'ONU où il accusait le Cardinal Alexandre do Nascimento d'avoir été corrompu par le gouvernement à raison de 40'000 US$.

- PDLA, Partido Democrático Liberal de Angola. Le 'Parti démocratique libéral d'Angola' - fondé clandestinement à Huambo, le 6 novembre 1980 - a surtout été actif en exil (Allemagne, Suisse, France, Pays-Bas). Considéré proche de l'UNITA, le PDLA se veut une formation libérale et chrétienne. Son président, Honorato Lando (ancien réfugié en Allemagne), n'a obtenu que 1,92% des voix lors des élections présidentielles. Le PDLA ne dispose d'aucun siège au Parlement, puisqu'il n'a totalisé que 0,20% des suffrages aux élections parlementaires de septembre 1992.

- PDP-ANA, Partido Democrático para o Progresso - Aliança Nacional Angolana. Fondé à Luanda , le 17 mars 1991, le 'Parti démocratique pour le progrès - Alliance nationale angolaise' est dirigé par Mfulumpinga Landu Victor, un ancien cadre du FNLA. Candidat aux élections présidentielles, ce dernier s'est désisté en faveur de Jonas Savimbi (cf. UNITA). Obtenant 0,27% des suffrages lors des élections parlementaires de septembre 1992, le PDP-ANA a obtenu un siège à l'Assemblée nationale, lequel a été occupé par Mfulumpinga Landu Victor. En septembre 1996, l'Assemblée nationale a toutefois décidé de lever l'immunité parlementaire à ce dernier, étant donné qu'il a été accusé d'avoir utilisé de faux documents et des cartes d'identité falsifiées pour obtenir l'inscription de son parti devant la Cour Suprême en 1991.

- PLD, Partido Liberal Democrático. Le 'Parti libéral démocratique' a été fondé à Lisbonne (Portugal) en 1983. Le PLD est dirigé par Mme Analia de Victoria Pereira Simeão, qui a obtenu 2,39% des voix aux élections présidentielles de septembre 1992. Aux élections parlementaires, le PLD a remporté 3 sièges au Parlement avec 0,29% des suffrages.

- PNDA, Partido Nacional Democrático de Angola. Fondé en 1991, le 'Parti national démocratique d'Angola' est présidé par Geraldo Pereira João da Silva. Le Secrétaire général du parti est Pedro João António. Aux élections présidentielles de septembre 1992, le PNDA a soutenu la candidature indépendante de Daniel Julio Chipenda qui a obtenu 0,52% des suffrages. Chipenda (décédé à Lisbonne le 28 février 1996) avait été directeur de la campagne électorale du MPLA avant de quitter ce dernier parti au début juillet 1992. Le PNDA a remporté un siège au Parlement avec 0,26% des suffrages. Un nouveau 'Comité central' et un nouveau 'Bureau politique' ont été élus lors de la première conférence nationale du PNDA, qui s'est déroulée du 22 au 24 mai 1997. A la même occasion, des membres jugés « coupables d'avoir violé les statuts du parti » ont été expulsés du PNDA.

- PSD, Partido Social Democrata. Créé à Luanda, le 16 novembre 1988, le 'Parti social-démocrate' est dirigé par Bengui Pedro João. Favorable au MPLA, le PSD n'a pas épargné ses critiques à l'égard de l'UNITA. Candidat aux présidentielles de septembre 1992, Bengui Pedro João a obtenu 0,97% des voix. Aux élections parlementaires, le PSD a remporté un siège avec 0,84% des suffrages. Le 11 avril 1997, Bengui Pedro João a été désigné vice-ministre des Vétérans de guerre au sein du nouveau 'Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale' (GURN).

- PSDA, Partido Social Democrático Angolano. Issu du 'Movimento Nacional de Unidade Socialista Angolana' (MUSA), le 'Parti social-démocrate angolais' a été créé en exil, au cours de 1990. Le président du PSDA, Me André Milton Kilandamoko, a retiré sa candidature aux élections présidentielles de septembre 1992, en faveur de Jonas Savimbi (cf. UNITA) dont il a reconnu « être un vieil ami ». Ne recueillant que 0,26% des voix lors des élections parlementaires, le PSDA n'a obtenu aucun siège à l'Assemblée nationale.

- PRA, Partido Reformador Angolano. Le leader du 'Parti réformateur angolais', Rui Caldeira de Vitoria Pereira, n'a obtenu que 0,23% des suffrages lors des élections présidentielles de septembre 1992. Le PRA (0,17% des voix aux législatives) n'a aucun député au Parlement.

- PRD, Partido Renovador Democrático. Fondé le 16 décembre 1990, le 'Parti rénovateur démocratique' est présidé par Luis da Silva Dos
Passos. La plupart des cadres du PRD ont fait leurs premières armes au sein du MPLA, avant de s'exiler, suite aux purges sanglantes qui ont suivi la tentative de coup d'Etat menée par Nito Alves, en mai 1977. En avril 1992, le PRD a connu la défection de son ancien président, Joaquim Pinto de Andrade, en pleine Convention du parti (il avait notamment créé, en 1989, l''Associação Civica Angolana'). Au mois d'août 1992, c'était au tour de Vicente Junior, secrétaire général du PRD, d'abandonner le parti; celui-ci accusait Dos Passos de négocier une « alliance contre nature avec l'UNITA ». Aux élections présidentielles de septembre 1992, Luis da Silva Dos Passos a obtenu 1,47% des suffrages. Le PRD a remporté un siège au Parlement (0,89% des voix).

- PRS, Partido de Renovação Social. Le 'Parti de la rénovation sociale', fondé au cours de 1991 et dirigé par Eduardo Kwangana, se considère un parti de « centre-gauche ». Kwangana a substitué António João Muachicungo, lequel avait été relevé de ce poste au cours de la 2ème assemblée ordinaire du parti qui s'était tenue au début juin 1996. Obtenant 6 sièges (2,27% des voix) à l'Assemblée nationale, lors des élections parlementaires de septembre 1992, le PRS - à base ethnique Quioco (Chokwé) - peut être considéré comme la troisième force du pays.

- UNITA, União Nacional para a Independência Total de Angola. Fondé en 1966, l''Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola' est dirigée par Jonas Malheiro Savimbi. Signataire des accords de paix de mai 1991 avec le gouvernement, l'UNITA avait abandonné la guérilla pour se muer en parti politique. Principal adversaire du MPLA lors des élections des 29 et 30 septembre 1992, l'UNITA a remporté 70 sièges au Parlement avec 34,10% des voix, alors que Jonas Savimbi, candidat présidentiel, a obtenu 40,07% des suffrages. Bien qu'un deuxième tour des élections présidentielles aurait dû être organisé, Savimbi a refusé les résultats électoraux accusant le MPLA d'avoir « bénéficié de fraudes électorales massives ». De ce fait, l'UNITA a repris les armes contre le gouvernement de Luanda jusqu'à la signature des accords de paix de Lusaka (Zambie), le 20 novembre 1994. L'UNITA, qui a perdu une grande partie de ses cadres - tués ou arrêtés lors des combats qui se sont déroulés à Luanda à fin octobre/début novembre 1992 - a également connu un certain nombre de défections dans ses rangs, notamment celle de Tony da Costa Fernandes et Miguel N'Zau Puna (cf. FDA). Le 28 août 1997, Eugenio Manuvakola, ancien Secrétaire Général de l'UNITA, s'est enfui à son tour à Luanda. Manuvakola, qui avait signé pour l'UNITA les accords de paix de Lusaka, avait été arrêté sur ordre de Savimbi, le 14 février 1995. Depuis le 30 octobre 1997, l'UNITA - accusée de persister à ne pas appliquer les accords de paix de 1994 - est soumise à de nouvelles sanctions élaborées par le Conseil de sécurité de l'ONU le 28 août 1997. Les sanctions portent notamment sur le gel des comptes bancaires de l'UNITA à l'étranger, la fermeture de ses bureaux en Europe et en Amérique du Nord, ainsi que sur des restrictions à la liberté de déplacement des dirigeants de l'UNITA, à l'exception de ceux qui siègent au Gouvernement ou à l'Assemblée nationale. Depuis, certains bureaux officiels de l'UNITA à l'étranger - notamment à Paris et à Lisbonne - ont été fermés.

15.2. Partis politiques illégaux

- ALIAMA, Alliance des Mayombe. Issue du 'Movimento de Libertação do Enclave de Cabinda' (MLEC) fondé au début de 1960 à Léopoldville (Kinshasa), l''Alliance des Mayombe', qui représente l'ethnie du même nom, est dirigée par António Eduardo Sozinho Zau. A noter que l'ALIAMA était l'une des trois composantes originaires du FLEC lors de la fondation de ce dernier en août 1963. Au même titre que Ranque Franque du FLEC « Original », António Eduardo Sozinho Zau - qui a été invité en septembre 1994 à des négociations avec le gouvernement - semble privilégier une solution autonomiste plutôt que l'indépendance.

- CANGOBAK, Communauté Angolaise des Bakongo. Les quelques rares informations actuellement disponibles indiquent que la 'Communauté angolaise des Bakongo' a été fondée par Alberto Videira Bokula, l'actuel leader du 'Kimvuka kia lukuku lua Kongo' (KIMVUKA) et ancien cadre du 'Movimento para a Autodeterminação do Kongo' (MAKO). Le CANGOBAK, qui n'est pratiquement pas connu en Angola, se bat pour l'autodétermination des Bakongo d'Angola et du territoire 'Kongo' qui englobe les actuelles provinces angolaises de Uige, du Zaïre, ainsi qu'une partie de Bengo et Kwanza Norte.

- CCC, Comité Communiste Cabindais. Le 'Comité communiste Cabindais' a été fondé en mai 1988 par 43 cadres dissidents du 'Frente de Libertação do Enclave de Cabinda' (FLEC). Le CCC, dont la création a été officiellement annoncée en juillet 1990, a pour Secrétaire général M. Geraldo Pedro.

- CMLC, Comando Militar para a Libertação de Cabinda. Le 'Commandement militaire pour la libération du Cabinda', dirigé par le Colonel Luemba Tubi et le Major Luis Fernandes, est issu d'une scission ultérieure du FLEC qui a eu lieu à la fin des années 70.

- CNC, Comité dos Nacionais de Cabinda. Le 'Comité des nationalistes cabindais', dont l'annonce de la fondation remonte à l'année 1994, est dirigé par Afonso Justino Waco. Le CNC, qui se dit « séparatiste », milite pour une indépendance de l'Enclave du Cabinda, qu'il entend obtenir par le dialogue et la « non-violence active ».

- FDC, Frente Democrática de Cabinda. Le 'Front démocratique du Cabinda' - connu également en tant que 'Forum Democrático Cabindese' - est issu d'une ancienne organisation ethnique des Bayombe que l'UNITA a aidé à se transformer en milice armée d'environ 80 hommes. Mouvement luttant pour l'autodétermination du Cabinda, le FDC est militairement actif au nord-est de l'Enclave (aux alentours de Miconje, Belize et Luali). Au cours du mois de novembre 1995, des émissaires du FDC et du gouvernement angolais ont entamé des négociations qui se sont toutefois soldées par un échec. Ces négociations ont cependant provoqué une scission au sein du FDC, notamment suite aux pressions exercées par le FLEC-FAC, qui a essayé de dissuader les dirigeants du FDC de signer un accord séparé avec le gouvernement. Depuis, le FDC est dirigé par le Secrétaire Général du mouvement, Norberto Ntula, alors que l'ex-Président du parti, Francisco Xavier Lubota, a créé un groupe dissident mineur appelé 'FDC-Lubota'.

- FFAKO, Frente Federativa para a Autodeterminação do Kongo. Pour l'heure, iI n'existe que peu d'informations sur le 'Front fédéraliste pour l'autodétermination du Kongo'. L'une de ces informations fait état de la naissance du FFAKO au cours d'une « manifestation constitutive » qui s'est déroulée à Bonn (RFA) le 24 juillet 1993. Tout indique par ailleurs que le FFAKO est étroitement lié au 'Mouvement pour l'autodétermination du Kongo' (MAKO). Ces deux mouvements partagent en effet les mêmes objectifs, à savoir l'autodétermination des Bakongo d'Angola et de leur territoire (provinces de Uige, Zaïre et une partie de Bengo et Kwanza Norte). Cependant, ils ne s'unissent pas dans un seul et unique mouvement, « vraisemblablement suite à des rivalités personnelles ». Tout comme le MAKO et les autres mouvements luttant pour l'autodétermination du Kongo, le FFAKO n'est pas très connu en Angola et est essentiellement actif en Europe, notamment en Allemagne.

- FLEC, Frente de Libertação do Enclave de Cabinda. Connu également en tant que 'Frente de libertação do Estado de Cabinda' (Front de libération de l'Etat de Cabinda), le 'Front de libération de l'Enclave de Cabinda' a été créé à Kinshasa (ex-Zaïre), le 4 août 1963, en tant que « mouvement séparatiste de libération nationale » prônant l'indépendance de la province de Cabinda. Dirigé par Luis de Gonzaga Ranque Franque, le FLEC a commencé ses activités militaires au Cabinda dès 1964, année à laquelle il a également affronté pour la première fois les maquisards du MPLA (parti actuellement au pouvoir en Angola). Le 10 janvier 1967, le FLEC a créé un gouvernement en exil dirigé par Pedro Simba Macosso dans la ville de Tshela, une localité zaïroise proche du Cabinda. Quelque temps après, à Pointe Noire (République du Congo), le FLEC a créé le 'Comité Révolutionnaire Cabindais' (CRC) dont la direction a été confiée à Henriques Tiago N'Zita. Sitôt après sa fondation, le FLEC s'est scindé en deux tendances: d'une part, la tendance « pro-américaine » basée à Léopoldville (Kinshasa) et dirigée par le président et fondateur du FLEC, Luis de Gonzaga Ranque Franque; de l'autre, la tendance « pro-française » basée à Brazzaville et dirigée par le vice-président du mouvement, Henriques Tiago N'Zita. Ce dernier a pris la tête de la branche armée du mouvement, à savoir les 'Forças Armadas Cabindesas' (FAC). Depuis cette scission, le FLEC, qui a continué à subsister en tant que 'FLEC-Original' (cf. ci-dessous), a connu d'autres divisions et scissions qui ont notamment donné la vie aux mouvements suivants: FLEC-CSC, FLEC-D, FLEC-FAC, FLEC-R, FDC, etc.

- FLEC-CSC, Frente de Libertação do Enclave de Cabinda-Conselho Supremo de Coordenação. Le FLEC-'Conseil suprême de coordination' a été créé à Lisbonne, le 12 novembre 1991, au cours d'une réunion où se sont retrouvés tous les mouvements cabindais. Le FLEC-CSC, présidé par Francisco de Assis Peso Bambi, réunit en particulier le FLEC-R, l'UNALEC et L'UNLC. Bambi, qui a entrepris des négociations avec les autorités angolaises, affirme représenter l'ensemble des mouvements indépendantistes cabindais et disposer d'une branche armée de 4'000 hommes, composée des combattants de la FLEC-R et de la FLEC-FAC. Les dirigeants de la FLEC-FAC ont toutefois démenti cette affirmation.

- FLEC-D, Frente de Libertação do Enclave de Cabinda-Democrática. Formé au cours de 1992, le FLEC-'Démocratique' est présidé par Yumba-di-Tshibuka, un ancien conseiller du président du FLEC-FAC, Henriques Tiago N'Zita. En octobre 1993, un communiqué du FLEC-D a annoncé la constitution des 'Forças Armadas Nacionais de Cabinda' (FANCA), dirigées par José Mabiala Dragaon.

- FLEC-FAC, Frente de Libertação do Enclave de Cabinda-Forças Armadas Cabindesas. Le FLEC-FAC, ancienne branche militaire du FLEC, est présidé par Henriques Tiago N'Zita. Parmi ces dirigeants, on compte Bonifacio Zenga Mambo (Chef d'état-major) et António N'Zita (fils de Henriques Tiago N'Zita). Le FLEC-FAC, qui est vraisemblablement le plus militant des mouvements cabindais, mène ses opérations armées essentiellement au centre et au sud-ouest de l'Enclave du Cabinda. Disposant autrefois de quelque 2'000 hommes, les 'Forces armées cabindaises' ne compteraient plus aujourd'hui que 1'000 hommes au maximum. Le FLEC-FAC a, en effet, connu des scissions, dont la plus importante remonte au début de 1994. A cette époque, quelque 300 combattants et hauts dirigeants dissidents du FLEC-FAC, parmi lesquels figurait le Général Victor Jorge Gomes (ex-commandant en chef des FAC), ont rejoint les rangs du FLEC-R. Le FLEC-FAC, qui réclame l'indépendance et la séparation de l'Enclave du Cabinda de l'Angola, a signé un accord de cessez-le-feu avec les autorités angolaises à la mi-mai 1995. Ceci devait permettre la tenue de négociations de paix concernant le futur statut de l'Enclave du Cabinda. Ces pourparlers ont toutefois été interrompus à la fin juillet 1996 par le gouvernement angolais, lequel refusait l'exigence du FLEC-FAC de négocier un éventuel accord de trêve, conjointement et simultanément avec les autres factions armées cabindaises.

- FLEC-O, Frente de Libertação do Enclave de Cabinda-Original. La branche politique du 'Frente de Libertação do Enclave de Cabinda' (FLEC) - connue sous différentes appellations, telles que 'FLEC-Original' (FLEC-O), 'FLEC-Officiel' ou 'FLEC-Politique' - est toujours dirigée par Luis de Gonzaga Ranque Franque. Ce dernier vit en exil au Canada depuis 1977. Leader historique du FLEC, Ranque Franque, à l'origine favorable à l'indépendance du Cabinda, a engagé, depuis juin 1992, des négociations avec le gouvernement angolais et plaide aujourd'hui pour la conciliation avec Luanda, se disant prêt à accepter un simple accord d'autonomie. A ce titre, Ranque Franque est considéré par les autres factions indépendantistes comme un « traître à la solde du gouvernement angolais ».

- FLEC-R, Frente de Libertação do Enclave de Cabinda-Renovada. Le 'Front de libération de l'Enclave de Cabinda-Rénové' a été fondé en 1989 par le Colonel Arthur Tchibassa. Appuyé à ses débuts par la 'Ligue anti-communiste mondiale' et par l'UNITA ensuite, le 'FLEC-Rénové' est militairement le mieux placé sur le terrain, notamment depuis qu'il a accueilli dans ses rangs quelque 300 combattants dissidents du FLEC-FLAC. Le FLEC-R, qui compte environ 1'000 hommes, opère au sud, au centre et - depuis peu (fin de 1997) - au nord de l'Enclave du Cabinda. Le 27 septembre 1995, le FLEC-R a signé un accord de cessez-le-feu avec le gouvernement, afin de permettre la tenue de négociations préliminaires. Le 31 août 1996, face à l'attitude dilatoire des autorités angolaises, le FLEC-R a refusé de renouveler le cessez-le-feu et a suspendu tout dialogue direct avec le gouvernement. En septembre 1996, passant outre les instructions du 'Conselho Central' du FLEC-R, le président du parti, le Colonel José Tiburcio Zinga Luemba, et le 'Secrétaire à la défense et à la sécurité' Victor Gomes, ont accepté de rencontrer les émissaires du gouvernement angolais à Brazzaville (République du Congo). Ceci a provoqué une purge au sein du parti, les deux hommes ayant été relevés de leur poste lors d'une réunion extraordinaire qui a eu lieu le 24 janvier 1997. Depuis, le FLEC-R est dirigé par António Bento Bembe. Le Colonel Arthur Tchibassa - véritable homme fort du FLEC-R - a été nommé à son tour 'Secrétaire général' du mouvement. A noter encore que le 21 décembre 1997, huit cadres du FLEC-R - parmi lesquels figure le Colonel José Tiburcio Zinga Luemba - ont été arrêtés à Kinshasa sur ordre des autorités de la 'République démocratique du Congo' (RDC).

- FLNEC-MA, Frente de Libertação Nacional do Enclave de Cabinda-Movimento Armado. Le 'Front de libération national de l'Enclave du Cabinda-Mouvement armé', dirigé par Bonifacio Zanga Mambo, est basé en République démocratique du Congo (RDC).

- KIMVUKA, Kimvuka Kia Lukuku Lua Kongo. Le KIMVUKA trouve son origine dans une scission intervenue au sein du 'Movimento para a Autodeterminação do Kongo' (MAKO), après qu'une Assemblée de ce dernier mouvement s'est tenue à Bruxelles le 10 décembre 1994. Le 'Kimvuka kia lukuku lua Kongo' - qui n'est autre que la traduction en langue kikongo du 'Mouvement pour l'autodétermination du Kongo' - est dirigé par Alberto Videira Bokula, ancien dirigeant du MAKO, voire de la 'Communauté angolaise des Bakongo' (CANGOBAK). Tout comme le MAKO et le CANGOBAK, le KIMVUKA prône l'autodétermination des Bakongo et du territoire historique de cette ethnie du nord de l'Angola. Contrairement au MAKO, les dirigeants du KIMVUKA affirment vouloir atteindre cet objectif en utilisant uniquement des moyens pacifiques et démocratiques. Pour l'heure, les activités du KIMVUKA - qui n'est pratiquement pas connu en Angola - sont essentiellement limitées à l'Europe.

- MAKO, Movimento para a Autodeterminação do Kongo. Fondé le 4 avril 1990 à Mbanza Lambu (province du Zaïre) par des personnes d'origine Bakongo, le 'Mouvement pour l'autodétermination du Kongo' a notamment commencé à se manifester à la suite des massacres des ressortissants de l'ethnie Kongo, commis à Luanda à la fin janvier 1993. Comme indiqué par sa dénomination, le MAKO se bat pour l'autodétermination du peuple Kongo d'Angola et pour l'indépendance du territoire historique des Bakongo, qui s'étend aux actuelles provinces angolaises de Uige et Zaïre, voire à une partie des provinces de Bengo et Kwanza Norte (nord de l'Angola). Actif en exil, notamment en France et en Allemagne, le MAKO n'a pratiquement aucune activité ni résonance en Angola. Suite à des dissensions internes, opposant les deux principaux dirigeants du MAKO en Europe, à savoir MM. João David Mansiangani Soma et Alberto Videira Bokula, une scission est intervenue au sein du mouvement suite à une Assemblée qui s'est déroulée à Bruxelles le 10 décembre 1994. Cette scission s'est notamment traduite par la création par Alberto Videira Bokula du 'Kimvuka kia lukuku lua Kongo'
(KIMVUKA), une appellation qui n'est autre que la traduction en langue kikongo du 'Mouvement pour l'autodétermination du Kongo'. Selon certains dirigeants du MAKO, le mouvement dispose d'une branche armée, à savoir les 'Forças Armadas de Libertação do Kongo' (FALKO), dirigée par le chef d'Etat-major Samuel Malando.

- MORECA, Movimento dos Repúblicanos de Cabinda. Le 'Mouvement des républicains cabindais', dirigé par Albert Ototo, a fait parler de lui dans un communiqué publié à Brazzaville (République du Congo) le 9 avril 1997, dans lequel il accusait les Nations Unies et l''Organisation de l'Unité Africaine' (OUA) d'avoir constamment ignoré les requêtes des séparatistes demandant l'indépendance de l'Enclave de Cabinda.

- MRITC, Movimento de Resistência para a Independência Total de Cabinda. Le 'Mouvement de résistance pour l'indépendance totale du Cabinda', dirigé par Afonso Massanga (cf. UNALEC), écarte toute négociation avec le gouvernement sur l'autonomie. Prônant l'indépendance de l'Enclave du Cabinda, le MRITC critique les négociations en cours entre les autorités angolaises et les autres mouvements indépendantistes cabindais.

- UNALEC, União Nacional de Libertação do Enclave de Cabinda. L''Union nationale de libération de l'Enclave de Cabinda', fondée en 1985 par Afonso Massanga (cf. MRITC), est actuellement dirigée par Bernardo Condé. Le représentant officiel du parti est Alberto Bolingo. L'UNALEC qui se veut « indépendantiste » privilégie la voie diplomatique et le dialogue avec le gouvernement angolais, à la voie militaire. A travers le FLEC-CSC, elle participe à des négociations en cours avec les autorités angolaises.

- UNLC, União Nacional de Libertação de Cabinda. L''Union nationale de libération de Cabinda', connue également en tant que 'FLEC-UNLC' ou 'FLEC-Union', est basée à Libreville (Gabon). Dirigée par le Secrétaire général, Lumingu Luis Carneiro Jimbi (ou Gimby), l'UNLC s'est engagée dans des négociations avec le gouvernement angolais par l'entremise du FLEC-CSC. Depuis 1989, l'UNLC essaye de former une alliance avec le FLEC-R. Le leader de l'UNLC, Jimbi - qui plaide pour la négociation avec Luanda autour d'un projet d'autonomie interne - est considéré comme un traître par les mouvements visant l'indépendance, en particulier par le FLEC-FAC.

15.3. Organisations de défense des droits de l'homme

- ACA, Associação Civica de Angola. L''Association civique d'Angola', connue également en tant que 'Groupe progressiste', est sortie de la clandestinité au début de 1990. Créée au cours de 1989, par Joaquim Pinto de Andrade (cf. PRD) - ancien prêtre et cofondateur du MPLA - ainsi que par d'anciens militants des 'Comités Amilcar-Cabral', l'ACA se définit comme une organisation non gouvernementale défendant les droits de l'homme et les droits civiques des citoyens.

- ADHA, Associação dos Direitos Humanos de Angola. L''Association des droits de l'homme d'Angola' a surtout fait parler d'elle à partir de janvier 1994, lorsqu'elle a publié un rapport critiquant les conditions de détention dans les différentes prisons de Luanda. Depuis l'apparition dudit rapport, le président de l'ADHA, William Tonet, et le secrétaire général de l'association, Laurenço Adão Agostinho, ont rencontré plusieurs difficultés avec les autorités angolaises, allant notamment jusqu'à leur arrestation respective à la fin avril et au début de mai 1994.

15.4. Syndicats

- CGSILA, Confederação Geral dos Sindicatos Independentes Livres Angolanos. La création de la 'Confédération générale des syndicats indépendants libres d'Angola' a été annoncée par la TV angolaise le 8 juin 1996. Ce nouveau syndicat a été constitué par des anciens dirigeants de l'UNTA (ancien syndicat unique), à savoir: Manuel Difuila, Ana da Conceiçãso et Pedro Garcia. La CGSILA se dit indépendante puisqu'elle n'est liée à aucun parti politique ou organisation religieuse, ni non plus au gouvernement. Dirigée par Manuel Difuila, la CGSILA se propose de contribuer à la résolution des actuels problèmes économiques et sociaux des travailleurs angolais.

- SJA, Sindicatos dos Jornalistas Angolanos. Syndicat indépendant formé en 1992 par des journalistes désirant s'éloigner de l'ancien syndicat officiel (UAJ). Depuis février 1994, le SJA publie une feuille périodique appelée 'Jornalismo Hoje' qui traite notamment de thèmes liés à la censure exercée par les autorités étatiques.

- UJA, União dos Jornalistas Angolanos. Il s'agit du syndicat « officiel » des journalistes proches au MPLA.

- UNTA, União Nacional dos Trabalhadores Angolanos. Le principal syndicat reste l'ex-syndicat unique, à savoir l''União Nacional dos Trabalhadores Angolanos' (UNTA, 'Union nationale des travailleurs angolais'), qui a été fondé en 1960. Dirigée par M. Pascual Luvalu, l'UNTA compte environ 600'000 membres.

Source: ODR. Documentation interne. Janvier 1994
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