Situation des Juifs

 

CARTE

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Source: Facts on File. 1993. C.I.S. and Eastern Europe on File, sections 5.17, 5.18.

1. INTRODUCTION

Le présent exposé, qui met à jour et complète certaines informations présentées dans d'autres rapports de la Direction des recherches, traite de l'antisémitisme et de la situation des Juifs en Russie en 1997 ainsi qu'au cours des cinq premiers mois de 1998. Pour obtenir des renseignements sur le contexte général et historique ainsi que sur les événements qui se sont produits avant 1997, veuillez consulter le document Les Juifs en Russie et en Union soviétique : Chronologie 1727 au 1er janvier 1992, publié en novembre 1994 dans le cadre de la série « Questions et réponses », ainsi que les réponses aux demandes d'information RUS27664.E, RUS27663.E, RUS27479.E 1997 et RUS27461.E (août 1997).

La lecture du présent exposé devrait se faire conjointement avec celle du rapport Anti-Semitism in the Former Soviet Union: Report 1995-1997, et de sa mise à jour intitulée Report on Anti-Semitism, Political Extremism and Persecution of Religious Groups in Russia: April-December 1997. Ces ouvrages publiés par l'Union of Councils for Soviet Jews (UCSJ) sont consultables aux centres de documentation régionaux de la CISR. En outre, on peut visiter le site Web de l'UCSJ à l'adresse (http://www.fsumonitor.com) qui est le centre d'échange d'information récente concernant les Juifs qui habitent les pays de l'ex-URSS. Il serait également souhaitable de consulter les documents Country Reports Winter 1997-98: Inside the Independent States of the Former Soviet Union, publié par la National Conference on Soviet Jewry (NCSJ) en février 1998, et Antisemitism World Report 1996, publié en 1996 par l'Institute for Jewish Policy Research et l'American Jewish Committee. Ces deux publications sont consultables aux centres de documentation régionaux de la CISR.

1.1 Démographie

Avec ses 500 000 à 1 000 000 de Juifs, la Russie est peut-être le troisième pays du monde pour l'importance de sa population juive[1]1 (Country Reports 1997 1998, 1266; NCSJ févr. 1998; UCSJ mai 1997, 35; The Independent 7 mars 1998). Environ la moitié des Juifs russes habitent à Moscou et à Saint-Pétersbourg. On compte entre 200 000 et 500 000 Juifs dans la seule ville de Moscou (NCSJ févr. 1998; UCSJ mai 1997, 35; AFP 24 avr. 1998; The Independent 20 avr. 1998; The Moscow Times 11 mars 1998). Les autres sont éparpillés dans diverses régions et villes du pays (NCSJ févr. 1998; UCSJ mai 1997, 35).

Moscou accueille régulièrement des Juifs en provenance du Caucase ainsi que des milliers de Juifs d'autres régions de l'ex-URSS qui viennent s'installer dans la capitale russe (The Moscow Times 11 mars 1998). En mars 1998, selon les estimations d'un rabbin moscovite, on comptait à Moscou quelque 50 000 Juifs originaires de la Russie méridionale, de l'Azerbaïdjan et de la Géorgie (ibid.). Ce sont ces Juifs du Caucase qui contribuent à la résurgence actuelle de la culture juive en Russie (voir ci-dessous la section 2) (ibid.). Il y a également parmi les Juifs qui ont quitté la Russie pour Israël au cours des dix dernières années un certain nombre qui retournent à Moscou (The Independent 20 avr. 1998; The Moscow Times 11 mars 1998). Parallèlement, des Juifs quittent Moscou pour se rendre en Israël, même s'ils sont moins nombreux que par le passé. Ainsi, 1 120 Moscovites juifs ont immigré en Israël en 1997 (ibid.; AFP 24 avr. 1998). Selon un article de l'AFP, la diminution de l'aliya (l'émigration juive vers Israël) s'explique par l'amélioration de la qualité de vie à Moscou et à Saint-Pétersbourg (ibid.). En effet, Pinchas Goldschmidt, grand rabbin de Moscou, affirme que l'émigration s'est presque résorbée en raison de la stabilisation politique et des perspectives économiques prometteuses (DPA 12 oct. 1997). Le NCSJ fait remarquer toutefois que la baisse de l'émigration juive pourrait tout simplement tenir au nombre réduit de Juifs — c.-à-d. au nombre d'émigrés potentiels — qui sont toujours en Russie (oct. 1997).

2. RENAISSANCE DE LA CULTURE JUIVE

Selon le rapport du NCSJ publié en 1998,

[traduction]

depuis presque dix ans, on assiste à la renaissance de la vie communautaire publique des Juifs en Russie, suite à leurs efforts pour rétablir la vie religieuse, sociale et culturelle et pour veiller à l'éducation et au bien-être de la population. Le foyer de cette renaissance se trouve à Moscou, où presque toutes les organisations juives internationales sont représentées. Le centre du renouveau de l'activité religieuse est la synagogue chorale de Moscou, fondée il y a plus de cent ans, qui organise de nombreux événements et programmes religieux, éducatifs et sociaux. En outre, [le mouvement] Chabad Loubavitch gère deux synagogues à Moscou [...] Chacune des synagogues parraine divers programmes religieux tels que des yechivas, des externats et d'autres programmes.

Eugene Weiner, cadre de l'American Jewish Joint Distribution Committee, affirme que la renaissance de la culture juive en Russie marque un tournant de l'histoire juive mondiale du XXe siècle (The Christian Science Monitor 28 janv. 1997), tout comme l'établissement de la communauté juive aux États-Unis, la fondation de l'État d'Israël et l'holocauste (ibid.). Selon Tancred Golenpolsky, fondateur de l'International Jewish Newspaper, la renaissance de la nation juive en Russie est fermement établie (The Toronto Star 30 mai 1997). Alexandre Ossovtsov, vice-président du Congrès juif russe, fait remarquer que la renaissance de la culture juive ne se limite pas à Moscou et à Saint-Pétersbourg, elle est manifeste partout au pays (3 juin 1998).

Les manifestations de la renaissance culturelle, religieuse et sociale de la communauté juive en Russie sont amplement signalées par la presse internationale. Il y a plus de 100 organisations juives à Moscou (The Independent 20 avr. 1998). En particulier, on y trouve sept écoles secondaires juives, quatre établissements d'enseignement supérieur juifs, deux yechivas, de nombreuses maternelles et écoles du dimanche (The Moscow Times 11 mars 1998; The Independent 7 mars 1998; ibid. 20 avr. 1998; The Christian Science Monitor 28 janv. 1997; International Herald Tribune 16 avr. 1997). Des universités russes enseignent la culture et l'histoire juives en hébreu et en yiddish, non seulement aux Juifs mais aussi aux Russes (The Christian Science Monitor 28 janv. 1997). Il existe des associations de bienfaisance juives, ainsi que plusieurs restaurants cascher, des clubs de rencontre pour célibataires (orthodoxes comme non orthodoxes), des théâtres et des chorales juifs (The Moscow Times 11 mars 1998; The Independent 20 avr. 1998; The Toronto Star 30 mai 1997).

Selon un article paru dans le quotidien The Independent,

[traduction]

le renouveau de la culture juive est partout évident. Des écrivains juifs prometteurs — qui autrefois devaient diffuser furtivement leurs textes dactylographiés sous forme de samizdat [textes publiés clandestinement] — sont aujourd'hui édités sur une grande échelle. Le théâtre Chalom présente des comédies musicales comportant des paroles en yiddish. Les spectacles de danse davidique [...] sont de retour à Saint-Pétersbourg (20 avr. 1998).

Les Juifs russes ont maintenant les moyens de financer eux-mêmes les écoles, les activités et les programmes juifs. Jusqu'à récemment, le bailleur de fonds typique était [traduction] « un riche Américain ou autre millionnaire qui voulait bien subventionner une maternelle juive » ou d'autres œuvres (The Toronto Star 30 mai 1997).

L'UCSJ signale lui aussi qu'on assiste à [traduction] « une certaine renaissance juive » en Russie depuis la dissolution de l'Union soviétique (mai 1997, 35).

[Traduction]

De nombreux petits établissements juifs (plus de 50 dans la seule ville de Moscou) ont vu le jour depuis quelques années. En général, la vie juive est dispersée dans toute la Russie, bien qu'elle manque de coordination, même si Vaad Russie, organisation-cadre populaire, a réussi, depuis le régime de Gorbatchev, à regrouper bon nombre de groupes juifs. En outre, le gouvernement israélien gère un réseau de centres d'aliya et de camps juifs. Quant au mouvement Chasid [Chabad] Loubavitch, il maintient un réseau important de rabbins, de synagogues et d'écoles (ibid.).

L'UCSJ s'inquiète toutefois du taux élevé de mariage (plus de 65 p. 100) entre les membres de la communauté juive et les goyim, ainsi que de la faible participation des Juifs russes — dont beaucoup connaissent mal le judaïsme — à la vie communautaire juive (mai 1997, 36). Un article paru dans le Christian Science Monitor fait chorus :

[traduction]

À cause de l'étranglement quasi total de la vie juive en Union soviétique, la plupart des Juifs ont grandi sans aucune initiation à la vie publique, à la religion ou aux traditions juives. Largement privés de leur identité culturelle et religieuse, jusqu'à 75 p. 100 des Juifs ont épousé des goyim, ce qui entraîne le risque de l'absorption de la communauté juive dans les plus importantes collectivités russe ou ukrainienne (28 janv. 1997).

Selon l'International Herald Tribune, le renouveau de la société juive en Russie n'est pas seulement culturel mais politique, puisqu'en 1997 le gouvernement comptait plus de Juifs haut placés qu'à tout autre période depuis 1917 (16 avr. 1997). Le premier ministre Sergueï Kirienko et le vice-premier ministre Boris Nemtsov, par exemple, ont tous deux des ancêtres juifs (The New York Times 15 mai 1998; International Herald Tribune 16 avr. 1997). L'ancien ministre des Finances Alexandre Livchits est juif, et Grigory Iavlinsky, figure de proue du mouvement réformiste, est à demi juif (ibid.). En outre, Boris Bérézovsky et Vladimir Goussinsky, deux magnats juifs du commerce, auraient l'oreille du président Eltsine (The Independent 20 avr. 1998).

3. ANTISÉMITISME

Les chefs juifs font remarquer l'ambivalence qui caractérise la condition juive à la fin des années 1990 malgré la renaissance juive sur les plans culturel et religieux (The Toronto Star 30 mai 1997; The Christian Science Monitor 28 janv. 1997; International Herald Tribune 16 avr. 1997). En effet, la recrudescence de l'antisémitisme a accompagné l'essor postsoviétique de la culture juive (ibid.; The Toronto Star 30 mai 1997; The Christian Science Monitor 28 janv. 1997). Eugene Weiner, cité dans le Christian Science Monitor, signale que [traduction] « la vie des Juifs en Russie aujourd'hui est à la fois bonne et mauvaise. D'une part, les Russes ont érigé une synagogue dans le Parc du triomphe, le plus important monument de Moscou commémorant la défaite des Nazis dans la Deuxième Guerre mondiale » (ibid.). D'autre part, Weiner signale que [traduction] « dans n'importe quel kiosque à journaux on peut trouver les plus viles menaces et expressions de l'antisémitisme » (ibid.). Un article paru dans l'International Herald Tribune fait ressortir [traduction] « le contraste entre l'antisémitisme que l'on trouve aujourd'hui en Russie et le fait qu'en général la vie des Juifs est meilleure qu'elle ne l'a jamais été » (16 avr. 1997).

En 1995, l'organisme californien Bay Area Council for Jewish Rescue and Renewal, le Centre juif Harold Light des droits de la personne de Saint-Pétersbourg et le Nathan Perlmutter Institute for Jewish Advocacy du Massachussets ont fait un sondage dans la communauté juive de Saint-Pétersbourg (UCSJ janv. 1998, 2). Cinquante-quatre pour cent des interrogés ont affirmé avoir été la cible d'injures antisémites (ibid.). Quarante pour cent des répondants se sont dit victimes d'une forme quelconque d'antisémitisme (ibid.). Quinze pour cent d'entre eux ont été menacés d'agression du fait qu'ils étaient juifs, et 14 p. 100 ont affirmé avoir subi du vandalisme de nature antisémite ou été visés par la discrimination en matière d'emploi (ibid.). Par ailleurs, un sondage effectué en 1997 par la Fondation de l'opinion publique de Moscou a révélé que 6 p. 100 des 1 500 adultes interrogés avaient [traduction] « une attitude favorable à l'égard des groupes néonazis » (UCSJ janv. 1998, 1-2), et que 36 p. 100 n'avaient [traduction] « aucune attitude particulière à l'égard des groupes néonazis » (ibid.). Quinze pour cent ont déclaré avoir rencontré des néonazis dans la vie quotidienne, 10 p. 100 ont affirmé avoir vu des symboles néonazis dans des lieux publics, et 5 p. 100 ont dit avoir vu ou lu des publications néonazies (ibid.). Selon des sondages effectués par le sociologue Lev Goudkov, qui étudie le sentiment antisémite en Russie depuis 1990, de 6 à 10 p. 100 des Russes [traduction] « nourrissent une haine agressive contre les Juifs, et jusqu'à 15 p. 100 d'autres Russes nourrissent un antisémitisme passif. Trente pour cent d'entre eux sont sélectivement antisémites — par exemple, ils aiment bien travailler aux côtés de leurs collègues juifs, mais ne voient pas d'un bon œil l'influence accrue qu'ils exercent sur le gouvernement et la culture » (AP 8 juin 1998). Goudkov croit cependant que l'antisémitisme perd graduellement de son ampleur en Russie, même si d'autres formes de xénophobie, dirigées notamment contre les originaires du Caucase, sont en progression (ibid.).

D'après d'autres sources d'information les privations économiques, les bouleversements sociaux et l'empressement de certains politiciens d'exploiter l'amertume que ressentent beaucoup de Russes sont, depuis la dissolution de l'Union soviétique en 1991, autant de facteurs de la montée de l'antisémitisme en Russie (International Herald Tribune 16 avr. 1997; UCSJ janv. 1998, 1, 3; Nezavisimaya Gazeta 29 août 1997). Selon Tancred Golenpolsky, le fait qu'aujourd'hui en Russie on peut ouvertement être juif sans en avoir honte a suscité, chez beaucoup de Russes, une réaction contre le renouveau de la culture juive (International Herald Tribune 16 avr. 1997). L'UCSJ et un article paru dans The Toronto Star font un rapprochement entre la situation économique, politique et sociale de la Russie des années 1990 et celle de l'Allemagne après la Première Guerre mondiale (UCSJ janv. 1998, 1; The Toronto Star 30 mai 1997).

Plusieurs sources d'information signalent que l'antisémitisme russe s'est amplifié de manière spectaculaire depuis sept ou huit ans, de façon à constituer un phénomène important (Prochetchkine 3 juin 1998; Ossovtsov 3 juin 1998; Nezavisimaya Gazeta 29 août 1997; UCSJ mai 1997, 36-37). Selon les Country Reports 1997, [traduction] « les Juifs font toujours l'objet d'une certaine discrimination sociale [...] Les thèmes antisémites continuent de jouer un rôle de premier plan dans des centaines de publications extrémistes, et certains politiciens russes ont tenu des propos antisémites. Ces manifestations publiques ont alimenté l'antisémitisme ambiant » (1998, 1266). Alexandre Guelmane, dramaturge et correspondant politique moscovite, affirme que la croissance de l'antisémitisme depuis la chute de l'Union soviétique a semé la méfiance et l'appréhension chez les Juifs de Russie (The Toronto Star 30 mai 1997; voir également Nezavisimaya Gazeta 29 août 1997).

Selon Evguéni Prochetchkine, président du Centre antifasciste de Moscou, l'antisémitisme est particulièrement virulent dans le Caucause du Nord, notamment dans les régions de Stavropol et de Krasnodar, ainsi qu'à Moscou, à Saint-Pétersbourg et à Voronej (3 juin 1998). Alexandre Ossovtsov croit, quant à lui, que Moscou, Orel et la région de Krasnodar, située sur la côte nord de la mer Noire, sont parmi les zones les plus [traduction] « inquiétantes » (3 juin 1998).

En décembre 1996, Nikolaï Kondratenko qui, selon The Independent, est un « raciste » ayant des liens étroits avec les communistes et les nationalistes de Guennadi Ziouganov, a été élu gouverneur de la région de Krasnodar (7 mars 1998). D'après William Cohen, membre du conseil d'administration de l'UCSJ, les dirigeants de la région de Krasnodar représentent une [traduction] « coalition antiréformiste, raciste et antisémite de communistes, de Cosaques et de nationalistes. Cette alliance oppressive s'est empressée de mettre en place un régime de style soviétique [...] notamment en écartant de la fonction publique les non-Russes et en recourant à la terreur pour épurer la région des Juifs, des Arméniens ainsi que des autres peuples "originaires du Caucase" » (Cohen 4 déc. 1997; voir aussi The Independent 7 mars 1998).

Dans un discours prononcé en février 1998 à un forum de jeunes, Kondratenko a soulevé une controverse en faisant, semble-t-il, [traduction] « 61 déclarations antisémites effrontées » (ibid.; voir également News from UCSJ 20 févr. 1998). La publication de ce discours à la une du quotidien Izvestiya en mars 1998 a incité des organisations juives, indignées, à considérer la possibilité de poursuivre le gouverneur en justice (The Independent 7 mars 1998). Dans une lettre adressée au président Eltsine, des dirigeants juifs russes lui ont demandé de mettre fin au fascisme fanatique et d'ouvrir une enquête judiciaire publique sur les agissements de Kondratenko (Express-Chronicle 21 mars 1998). De même, le Comité exécutif du Congrès de l'intelligentsia russe, dans un communiqué de presse, a réclamé le congédiement et l'inculpation de Kondratenko (ITAR-TASS 11 mars 1998; ibid. 9 avr. 1998). Toutefois, le ministère public de la région de Krasnodar s'est abstenu de le poursuivre (ITAR-TASS 9 avr. 1998; UCSJ Action Alert 1er mai 1998), en affirmant que

[traduction]

le gouverneur a présenté ses explications aux procureurs régionaux et s'est formellement inscrit en faux contre les accusations d'antisémitisme […] Après avoir examiné les articles publiés dans les journaux et la déclaration du Congrès de l'intelligentsia, les procureurs ont conclu qu'il n'y avait pas lieu d'engager une poursuite au criminel (ITAR-TASS 9 avr. 1998).

Il y a de 100 à 300 (le nombre varie selon les sources d'information) publications néofascistes, extrémistes ou antisémites éditées et diffusées en Russie (UCSJ janv. 1998, 26-27; Antisemitism World Report 1996 1996, 210; Nezavisimaya Gazeta 29 août 1997; International Herald Tribune 16 avr. 1997). La plupart d'entre elles sont de mauvaise qualité et ont un lectorat restreint (ibid.). Toutefois, d'après Mark Krasnoselsky, directeur de la Confédération russe des organisations juives, leur tirage global pourrait atteindre plusieurs millions d'exemplaires (Nezavisimaya Gazeta 29 août 1997). Toujours selon Krasnoselsky, certaines publications antisémites ont divulgué dans leurs pages le nom et l'adresse de journalistes et d'écrivains juifs dont plusieurs ont par la suite reçu des menaces et se sont fait harceler par téléphone (ibid.). Il y a également certains journaux à plus grand tirage, comme l'hebdomadaire procommuniste Zavtra, qui versent souvent dans le fanatisme et le chauvinisme (International Herald Tribune 16 avr. 1997; Lvov 27 mai 1998; Transitions août 1997, 74). Zavtra dit avoir un tirage hebdomadaire d'environ 100 000 exemplaires (ibid.). Selon un rapport rédigé par Léonide Lvov, directeur du Bureau des droits de la personne de l'UCSJ à Saint-Pétersbourg, [traduction] « les directeurs de ces journaux [Sovetskaia Rossiia, Pravda et Zavtra] posent en principe que les Juifs sont la seule cause de la catastrophe russe. Ils croient que tous les dirigeants politiques qui leur déplaisent sont des Juifs » (Lvov 27 mai 1998; voir également International Herald Tribune 16 avr. 1997; Nezavisimaya Gazeta 29 août 1997) [2]2.

3.1 Groupes extrémistes et nationalistes

Prochetchkine signale que des antisémites se trouvent dans toutes les couches de la société, parmi les [traduction] « hooligans » comme les gouverneurs régionaux (3 juin 1998). Toutefois, l'antisémitisme ouvert ou extrême se manifeste surtout en marge de la société, où il est en progression depuis le milieu des années 1980 (International Herald Tribune 16 avr. 1997). Il y aurait en Russie de 50 à plus de 120 (le nombre varie selon les sources d'information) groupes nationalistes, fascistes et néonazis, et, selon l'UCSJ, ils prônent tous la xénophobie et l'antisémitisme (UCSJ mai 1997, 37; ibid. janv. 1998, 11; Antisemitism World Report 1996 1996, 207; Nezavisimaya Gazeta 29 août 1997; voir également Prochetchkine 3 juin 1998). En 1996, l'ouvrage Antisemitism World Report 1996 a signalé que la plupart de ces organisations extrémistes avaient [traduction] « commencé dernièrement à prendre pour cible les originaires du Caucase plutôt que les Juifs, et qu'ils pouvaient compter sur des dizaines de milliers de combattants » (1996, 207). Selon la même source d'information, il est difficile de se tenir au courant de l'évolution de beaucoup de ces groupes extrémistes et nationalistes, car [traduction] « presque chaque jour il [en] apparaît de nouveaux, alors que d'autres se scindent, s'allient ou quittent des alliances, et changent souvent de nom » (ibid.). Pour ce qui est des groupes de skinheads, Alexandre Ossipov, agent de programmes du Centre mémorial des droits de la personne de Moscou, signale qu'il y en a des dizaines en Russie, et qu'ils comptent quelques milliers de membres à Moscou[3]3, à Yaroslavl, à Vladivostok, à Saint-Pétersbourg et dans d'autres villes (mai 1998). Les victimes des attaques les plus violentes des extrémistes et des skinheads sont des membres de minorités visibles, notamment des étudiants africains et asiatiques, des migrants involontaires et des commerçants à peau brune, originaires du Caucase (ibid.). Selon Ossipov, l'idéologie des skinheads russes est un [traduction] « mélange vague et éclectique d'opinions racistes et d'extrême droite importées de l'Occident » (mai 1998).

Si la plupart des groupes de skinheads ne participent pas activement à la politique, certains d'entre eux ont des liens avec le parti Unité nationale russe (Russkoye natsionalnoye edinstvo — RNE), le Parti bolchevik national et le Parti républicain national de Russie (Ossipov mai 1998). La RNE, le Parti bolchevik national, le Parti démocratique libéral de Vladimir Jirinovsky et le Parti communiste seraient les plus puissants et les plus actifs parmi les groupes et partis droitistes de la Russie (UCSJ janv. 1998, 11-14; Ossovtsov 3 juin 1998; Prochetchkine 3 juin 1998; Nezavisimaya Gazeta 29 août 1997; Country Reports 1997 1998, 1266; The Independent 7 mars 1998; Cohen 4 déc. 1997).

Aux législatives de décembre 1995, le Parti communiste dirigé par Guennadi Ziouganov, en remportant 22,3 p. 100 des suffrages, a obtenu 157 des 450 sièges à la Douma (chambre basse du parlement russe)[4]4 (NCSJ févr. 1998; Antisemitism World Report 1996 1996, 205; People in Power 1er mai 1998, 156). Le Parti démocratique libéral, formation nationaliste d'extrême droite, a terminé deuxième, avec 11,2 p. 100 des voix (Antisemitism World Report 1996 1996, 205; NCSJ févr. 1998) et 51 sièges à la Douma (Political Handbook of the World 1997 1997, 706).

La RNE, formation ouvertement antisémite qui prône l'activisme et qui à l'origine était un groupe sécessionniste de l'organisation Pamiat, a été fondée en 1990 par Alexandre Barkachov, son chef actuel (Cohen 4 déc. 1997; Political Handbook of the World 1997 1997, 706). Selon cinq sources d'information, la RNE est la plus grande, la plus puissante ou la plus active organisation antisémite (UCSJ janv. 1998, 11; Ossovtsov 3 juin 1998; Prochetchkine 3 juin 1998; Nezavisimaya Gazeta 29 août 1997; Ossipov mai 1998). Selon Cohen, au cours des dernières années, les activités et la puissance de la RNE ont augmenté; plus d'un millier de gens de 57 différentes régions ont assisté au congrès du parti en 1997[5]5 (4 déc. 1997). La RNE compte de 2 000 à 70 000 adhérents (selon diverses estimations fournies par la RNE elle-même) (UCSJ janv. 1998, 11-12; ibid. mai 1997, 39; Antisemitism World Report 1996 1996, 208; Nezavisimaya Gazeta 29 août 1997). Le programme de la RNE pose en principe l'existence d'une conspiration juive mondiale dirigée contre la Russie et soutient que [traduction] « les gens de souche russe doivent s'imposer comme les maîtres de la Fédération de Russie afin de protéger les Russes des ennemis mortels intérieurs et extérieurs » (UCSJ janv. 1998, 11; voir également ibid. mai 1997, 108). Barkachov a qualifié la RNE de groupe « néonazi » (ibid. janv. 1998, 11). La RNE dit avoir 350 sections partout dans la Russie (UCSJ mai 1997, 108; Antisemitism World Report 1996 1996, 208). Elle aurait des liens particulièrement étroits avec les fonctionnaires locaux d'Orel et de Stavropol (ibid. janv. 1998, 12).

3.2 Violences antisémites

Selon les Country Reports 1997, [traduction] « on n'a signalé en 1997 aucun crime ni acte d'intimidation important qui soit lié aux groupes antisémites ou qui soit motivé par l'antisémitisme. Aucun progrès n'a été signalé dans les enquêtes sur plusieurs incidents qui ont eu lieu en 1996 » (1998, 1266). Toutefois, dans son bilan des événements de la deuxième moitié de 1997, l'UCSJ déclare [traduction] « [qu']on a vu des swastikas et des slogans antisémites sur les murs du métro, des cimetières juifs ont été profanés, des synagogues ont été attaquées, et trois Juifs portant le kippah ont été agressés dans la rue » (janv. 1998, 3). Ci-dessous se trouve un aperçu de quelques incidents datant du début de 1998 qui ont de nouveau mis pleins feux sur l'antisémitisme en Russie. La documentation datant de 1998 consultée par la Direction des recherches ne signale aucun autre incident antisémite violent ou destructeur.

Le 13 mai 1998, une bombe a explosé dans la synagogue Marina Rochtcha Loubavitch de Moscou (News from UCSJ 14 mai 1998; The New York Times 15 mai 1998; Ecumenical News International 20 mai 1998; Electronic Telegraph 18 mai 1998; AP 15 mai 1998). Malgré la force de l'explosion, qui a détruit un mur entier de la synagogue, une ou deux personnes seulement ont été légèrement blessées (News from UCSJ 14 mai 1998; Electronic Telegraph 18 mai 1998; AP 15 mai 1998). Il s'agit de la troisième attaque contre la même synagogue en cinq ans (News from UCSJ 14 mai 1998; The New York Times 15 mai 1998; Ecumenical News International 20 mai 1998; AP 15 mai 1998).

Un informateur anonyme qui a téléphoné à la police de Moscou a imputé l'explosion au parti droitiste RNE (Interfax 15 mai 1998). Le chef de la RNE, Alexandre Barkachov, a démenti cette accusation et a déclaré que l'explosion était probablement une [traduction] « provocation sommairement organisée et conçue par les "victimes" elles-mêmes » (ibid.). Barkachov a ajouté que la RNE est [traduction] « une organisation publique et politique qui ne mène pas d'actions terroristes » (ibid.).

Le président Eltsine a qualifié l'explosion d'acte barbare dont les auteurs devraient être promptement punis, et les autorités municipales de Moscou se sont engagées à mener une enquête exhaustive (ENI 20 mai 1998; The New York Times 15 mai 1998). Un député communiste haut placé qui préside le Comité de sécurité du parlement russe aurait avancé que l'attaque contre la synagogue représentait peut-être une réaction contre [traduction] « la représentation importante » des Juifs aux échelons supérieurs du gouvernement actuel (ibid.). Selon ce député, le gouvernement russe [traduction] « s'est constitué comme s'il avait oublié qu'il existe des gens doués dans d'autres groupes ethniques [...] la priorité est accordée à un seul groupe ethnique, c'est-à-dire les Juifs. Il m'est malheureusement impossible d'écarter la possibilité d'autres explosions » (ibid.).

La même date, soit le 13 mai 1998, plus de 140 tombes ont été profanées dans un cimetière juif de la ville sibérienne d'Irkoutsk (ENI 20 mai 1998; Electronic Telegraph 18 mai 1998; AFP 13 mai 1998). Certaines pierres tombales ont été complètement détruites, et d'autres ont été endommagées ou couvertes de swastikas et de slogans antisémites (Electronic Telegraph 18 mai 1998). Plusieurs monuments du même cimetière avaient déjà été la cible d'actes de vandalisme en décembre 1997. En mars 1998, le poste de garde d'un autre cimetière juif d'Irkoutsk a été incendié et des pierres tombales ont été saccagées par des vandales (AFP 13 mai 1998; News from UCSJ 17 juin 1998).

En mai 1998, des agresseurs ont cassé le nez à un jeune rabbin d'Iaroslavl dans le métro (The New York Times 15 mai 1998; voir également Lvov 27 mai 1998). Le 14 mars 1998, environ 70 partisans de l'Union des officiers et du Parti bolchevik national, deux formations gauchistes, ont participé à une marche de protestation à Moscou. Plusieurs manifestants portaient des drapeaux rouges et scandaient [traduction] « écraser les Juifs pour sauver la Russie » (Interfax 14 mars 1998). En janvier 1998, des cocktails Molotov ont détruit deux salles d'un externat juif de Naltchik, ville située dans le Nord du Caucase (News from UCSJ 28 janv. 1998). Il n'y a pas eu de blessés, et un notable de la communauté juive de Naltchik a souligné que les autorités locales [traduction] « accordent un appui soutenu à la communauté juive [à la suite de l'attaque] et "participent activement à l'enquête" » (ibid.).

Le 19 mai 1998, les chefs des Églises juive, orthodoxe russe et catholique, et des communautés bouddhiste et musulmane de la Russie ont fait une déclaration commune pour condamner les [traduction] « actes de terrorisme » et la récente surenchère de violences sectaires et ethniques (ENI 20 mai 1998; AFP 19 mai 1998). Dans leur déclaration, les chefs réclamaient une meilleure protection des établissements religieux et ont exprimé leur profonde inquiétude au sujet de l'augmentation des conflits interethniques partout en Russie (ibid.; ENI 20 mai 1998). Les chefs religieux ont demandé aux autorités gouvernementales et judiciaires d'enrayer la détérioration des relations interethniques en Russie et de protéger la société contre les conflits interethniques (ibid.).

4. PROTECTION OFFERTE PAR L'ÉTAT

On examinera dans cette section certaines dispositions juridiques relatives à la protection des droits des citoyens en Russie. Selon le paragraphe 19(2) de la Constitution de la Fédération de Russie :

[traduction]

l'État garantit l'égalité des droits et des libertés sans distinction de sexe, de race, d'ethnicité, de langue, d'origine, de fortune, de situation d'emploi, de résidence, d'attitude envers la religion, de convictions, d'adhésion à des associations publiques ou de tout autre situation. Toute limitation des droits des citoyens fondée sur des considérations sociales, raciales, ethniques, linguistiques ou religieuses est interdite (Blaustein mai 1994, 6).

L'article 13 de la Constitution interdit la création d'organisations visant à fomenter des conflits sociaux, raciaux, ethniques ou religieux (UCSJ mai 1997, 26; Blaustein mai 1994, 6). Le paragraphe 29(2) interdit toute propagande proclamant la suprématie d'un groupe social, ethnique ou religieux particulier, ou d'une langue particulière (UCSJ mai 1997, 26). La loi antifasciste d'avril 1995 interdit l'emploi de [traduction] « symboles nazis sous quelque forme que ce soit, car ils constituent une insulte aux sentiments d'un peuple multiethnique et à la mémoire de ceux qui ont donné leur vie dans la Grande Guerre nationale [Deuxième Guerre mondiale] » (UCSJ janv. 1998, 15,16). L'article 282 du Code pénal de la Russie interdit [traduction] « les actes visant à fomenter l'animosité ethnique ou à porter préjudice à la dignité d'un groupe ethnique avec le concours des médias » (News from UCSJ 10 févr. 1998). De tels actes, [traduction] « s'ils s'accompagnent de violences ou de menaces de violences, et s'ils sont commis par une personne pendant qu'elle exerce une charge officielle, [ou] par un groupe organisé, sont sanctionnés par une peine de trois à cinq ans de prison » (UCSJ mai 1997, 26). Le décret présidentiel 310, pris le 23 mars 1995, présente des [traduction] « mesures en vue d'assurer des actions coordonnées par les organismes du pouvoir étatique pour combattre les manifestations du fascisme et d'autres formes d'extrémisme politique dans la Fédération de Russie » (ibid. janv. 1998, 17; Express-Chronicle 21 mars 1998). En octobre 1997, le président Eltsine a créé la Commission présidentielle de la lutte contre l'extrémisme politique (UCSJ janv. 1998, 15; NCSJ févr. 1998).

En octobre 1997, la Douma russe a rejeté un projet de modification du Code pénal qui aurait interdit [traduction] « la justification, l'approbation, l'exaltation ou la dénégation publiques de crimes commis par les régimes national-socialiste ou fasciste » (UCSJ janv. 1998, 18). La Douma avait déjà, en mars 1997, rejeté la troisième version d'un projet de loi visant à interdire la propagande fasciste (ibid.; NCSJ févr. 1998). Dans les deux cas, on a imputé l'échec des projets de loi aux communistes et aux nationalistes, qui détiennent un nombre considérable de sièges au parlement russe (ibid.; UCSJ janv. 1998, 18). Certains députés de la Douma ont qualifié de sioniste le projet de loi visant à interdire la propagande fasciste (NCSJ févr. 1998).

Plusieurs sources d'information signalent que la police, les administrations et tribunaux locaux n'appliquent pas rigoureusement la législation actuelle en matière de protection des droits des minorités et de prévention du fascisme (Prochetchkine 3 juin 1998; NCSJ févr. 1998; UCSJ janv. 1998, 15-19; The Toronto Star 30 mai 1997; AP 15 mai 1998; Lvov 27 mai 1998; ITAR-TASS 11 mars 1998). L'UCSJ accuse le gouvernement fédéral et les administrations locales d'agir de façon concertée avec le système judiciaire russe qui ne poursuit pas les auteurs de crimes antisémites. En particulier, l'UCSJ reproche au gouvernement de régulièrement négliger d'appliquer la législation qui interdit les activités des groupes extrémistes et des publications antisémites incendiaires (janv. 1998, 15; voir également Nezavisimaya Gazeta 29 août 1997; AP 8 juin 1998). Le NCSJ fait chorus : [traduction] « on n'applique pas rigoureusement la législation visant à protéger les droits des minorités et les libertés religieuses, ce qui crée une ambiance propice à la propagation de l'antisémitisme et la violation des droits de la personne » (févr. 1998). Les Country Reports 1997 signalent que les autorités russes se sont fait reprocher de ne pas prendre les mesures qui s'imposent pour combattre les actes antisémites (1998, 1266; voir également AI 1er juin 1998; HRW/H févr. 1997, 21-22). Tancred Golenpolsky fait remarquer que [traduction] « jadis, l'antisémitisme était imposé d'en haut. Maintenant, il vient de la rue. Mais il n'est pas pour autant condamné d'en haut » (The Toronto Star 30 mai 1997). Selon Mark Krasnoselsky, depuis la prise du décret présidentiel 310, [traduction] « aucune publication ni organisation extrémiste n'a été fermée ni poursuivie en justice par le ministère public en vertu de la loi sur les médias ou du Code pénal [de la Fédération de Russie] » (Nezavisimaya Gazeta 29 août 1997; voir également UCSJ mai 1997, 27). Krasnoselsky déclare que le ministère de la Justice et le Comité de la presse [traduction] « ont pris une position extrêmement passive relativement à cette question; ils ne font virtuellement rien pour surveiller ou analyser l'activité des organisations et des publications extrémistes, et le ministère public n'a pas activement joué son rôle d'intervenant principal dans ce contexte » (Nezavisimaya Gazeta 29 août 1997).

Evguéni Prochetchkine croit que, dans la pratique, les antisémites sont protégés par le système judiciaire de la Russie. Bien peu de gens sont punis pour avoir fomenté la haine ethnique (3 juin 1998). Prochetchkine a déjà tenté de poursuivre des groupes profascistes et son expérience l'a amené à constater que le système judiciaire russe n'est pas encore suffisamment bien rodé pour traiter efficacement ce genre de poursuite (ibid.). Selon certaines sources d'information, si les tribunaux sévissent rarement contre les auteurs d'actes antisémites, c'est que la [traduction] « définition du fascisme est si étroite que les fauteurs de haine peuvent avec impunité tenir des propos extrêmement incendiaires » (The Toronto Star 30 mai 1997; voir également NCSJ févr. 1998). Certains reprochent à la police de fermer les yeux sur des manifestations d'antisémitisme et de fascisme. Alexandre Ossovtsov croit, quant à lui, que souvent la police ouvre une enquête officielle lorsqu'une victime d'un acte antisémite dépose une plainte, mais que ces enquêtes ne mènent à rien de concret (3 juin 1998; voir également Nezavisimaya Gazeta 29 août 1997; ITAR-TASS 9 avr. 1998). Selon Ossovtsov, cet état de choses s'explique non seulement par le manque d'efficacité du système judiciaire russe en général, mais aussi par la présence d'éléments antisémites au sein du système (3 juin 1998).

Selon Alexandre Ossipov, la politique régionale est un facteur qui renforce le racisme en Russie (mai 1998). [Traduction] « Les autorités de beaucoup de régions considèrent leur territoire comme un "État dans un État" […] les objectifs visés par les "intérêts régionaux" — intérêts qui priment sur le droit — comprennent généralement un élément xénophobe important » (ibid.). Ossipov signale que Moscou et la région de Krasnodar constituent des exemples de premier plan de ce phénomène (ibid.). Selon William Cohen, le gouvernement russe a fait la sourde oreille aux avertissements des groupes russes, juifs et internationaux de défense des droits de la personne qui lui signalaient que les mouvements fascistes et antisémites de la Russie commençaient à faire boule de neige (Cohen 4 déc. 1997). [Traduction] « Libre de toute entrave, la croissance de ces groupes antidémocratiques leur a malheureusement permis de devenir les maîtres officiels d'une région importante [Krasnodar] de la Russie méridionale » (ibid.). Pour avoir d'autres détails concernant les accusations d'antisémitisme d'État, et pour des exemples d'incidents antisémites dans les régions, voir les pages 15-24 du Report on Antisemitism, Political Extremism and Persecution of Religious Groups in Russia: April-December 1997, publié par l'UCSJ en janvier 1998.

5. CONSÉQUENCES DE LA LOI SUR LES RELIGIONS DE 1997

La réponse approfondie à la demande d'information RUS28246.E du 17 novembre 1997 examine en profondeur la loi sur la liberté d'opinion et les associations religieuses de septembre 1997.

Dans le préambule de cette loi, le judaïsme est inclus parmi les cinq religions traditionnelles de la Russie. Toutefois, comme le signale l'UCSJ, le préambule n'a pas force exécutoire (The Moscow Times 27 sept. 1997; Moskovskiye Novosti 28 sept.-5 oct. 1997; News from UCSJ mai 1998). Seule l'Église orthodoxe russe a un statut spécial dans le préambule (ibid.).

La loi sur les religions viserait surtout les Églises chrétiennes qui concurrencent l'Église orthodoxe russe. Selon Pinchas Goldschmidt, grand rabbin de Moscou, cette loi s'inscrit dans le contexte d'une [traduction] « lutte entre deux confessions chrétiennes » (Jewish Telegraphic Agency 1er oct. 1997; voir également NCSJ oct. 1997). Elle apporte des limitations aux droits de groupes religieux qui ne peuvent justifier de leur présence active en Russie depuis au moins 15 ans (Jewish Telegraphic Agency 1er oct. 1997; AP 7 oct. 1997; The Moscow Times 27 sept. 1997). [Traduction] « Les confessions qui ne figurent pas dans les registres de l'État depuis 1982 [...] doivent s'inscrire annuellement durant 15 ans avant de pouvoir faire du prosélytisme, publier, ou inviter des missionnaires en Russie sans restrictions » (ibid.). Selon le NCSJ, la communauté juive de la Russie craint qu'un futur gouvernement oppressif n'applique cette loi contre les Juifs (oct. 1997). Selon un Juif du mouvement réformateur, dont les paroles ont été citées par la Jewish Telegraphic Agency : [traduction] « "Je sais que cette loi ne nous vise pas nous, les Juifs. Mais qui sait comment les choses vont tourner" » (1er oct. 1997; voir également NCSJ oct. 1997).

Les porte-parole juifs craignent également que des groupes juifs relativement nouveaux ne soient exposés à des mesures restrictives ou discriminatoires (News from UCSJ mai 1998; Keston 23 avr. 1998; The New York Times 12 oct. 1997). Selon un rapport du Keston Institute, [traduction] « les seules structures juives qui satisfont à une interprétation stricte de la "règle des 15 ans" de la loi sont celles qui sont sous la direction des rabbins orthodoxes. Le mouvement réformateur du judaïsme, par exemple, est un phénomène nouveau en Russie. Il n'y a actuellement aucun conflit important entre les Juifs orthodoxes et réformateurs de la Russie, mais si jamais il y en avait, la loi permettrait aux orthodoxes de tenir les réformateurs à leur merci » (23 avr. 1998). L'UCSJ signale qu'il y a cinq synagogues en Russie qui satisfont à la disposition de la loi qui prévoit quinze années de présence officiellement inscrite (News from UCSJ mai 1998). Les autres synagogues russes pourraient toutes se trouver à la merci des autorités locales (ibid.).

En octobre 1997, les membres d'une synagogue du mouvement réformateur de Briansk, ville située au sud-ouest de Moscou, ont appris que les autorités locales avaient refusé d'inscrire leur synagogue (News from UCSJ 30 oct. 1997; St. Petersburg Times 10-16 nov. 1997; News from the UCSJ mai 1998). Les autorités municipales s'autorisaient de la nouvelle loi sur les religions pour rejeter la demande d'inscription de la synagogue (ibid.). Le président de la Société religieuse juive de Briansk croit que les autorités municipales n'avaient pas d'intentions malveillantes, et qu'il leur manquait tout simplement certains renseignements nécessaires pour traiter la demande (St. Petersburg Times 10-16 nov. 1997). Un fonctionnaire du ministère de la Justice de Briansk a déclaré que la demande de la synagogue serait traitée dès que le ministère aurait reçu certains documents manquant (ibid.). Le 14 juillet 1998, la Direction des recherches n'avait aucun autre renseignement à ce sujet.

La Direction des recherches n'a pu prendre connaissance d'aucun autre rapport sur les restrictions apportées par cette loi aux activités des Juifs[6]6.

6. AUTRES CONSIDÉRATIONS

L'ouvrage de Human Rights Watch/Helsinki intitulé Russian Federation: A Review of the Compliance of the Russian Federation with Council of Europe Commitments and Other Human Rights Obligations on the First Anniversary of its Accession to the Council of Europe (févr. 1997) et l'article d'Alexandre Ossipov intitulé « Racism in Russia » (mai 1997), même s'ils ne concernent pas directement la situation des Juifs, pourraient néanmoins intéresser le lecteur car ils traitent de la discrimination raciale et du traitement accordé par la police aux minorités ethniques en Russie. On peut consulter l'article d'Ossipov sur l'Internet à l'adresse (www.riga.lv/minelres/archive/). Le rapport de Human Rights Watch/Helskinki est consultable aux centres de documentation régionaux de la CISR.

À l'heure actuelle, la Direction des recherches ne dispose pas de renseignements précis sur les possibilités de refuge intérieur des Juifs, mais la réponse approfondie à la demande d'information RUS29376.EX du 27 mai 1998 fournit des renseignements sur la liberté de déplacement qui pourraient s'avérer d'une certaine utilité dans une étude de la situation des Juifs. La réponse approfondie à la demande d'information RUS29376.EX sur le nouveau système de passeport intérieur russe, qui est entré en vigueur en octobre 1997, pourrait également intéresser le lecteur.

RÉFÉRENCES

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[1]1.           Les estimations du nombre de Juifs dans la Fédération de Russie varient énormément. À titre d'exemple, l'ouvrage Anti-Semitism World Report 1996 donne un chiffre de 500 000 habitants juifs (1996, 206), alors que le quotidien The Independent indique quelque 1 000 000 Juifs en Russie (7 mars 1998).

[2]2.           Pour avoir plus de renseignements sur les manifestations d'antisémitisme dans la presse russe, voir les pages 26-27 du Report on Antisemitism, Political Extremism and Persecution of Religious Groups in Russia: April-December 1997, publié par l'UCSJ en janvier 1998. On peut consulter ce rapport aux centres de documentation régionaux de la CISR.

[3]3.           Les deux principaux groupes de skinheads à Moscou sont la Skinlégion de Moscou et la section russe du groupe International Blood and Honour (Ossipov mai 1998).

[4]4.           [Traduction] « La Douma est composée de 450 sièges, dont la moitié (225) est comblée selon le système de représentation proportionnnelle par les candidats des partis qui obtiennent au moins 5 p. 100 des voix, et l'autre moitié est constituée de députés élus dans les circonscriptions » (Political Handbook of the World 1997 1997, 706).

[5]5.           Pour obtenir plus d'information sur la RNE ainsi qu'une description de plusieurs autres groupes extrémistes nationaux et locaux de la Russie, voir Anti-Semitism in the Former Soviet Union: Report 1995-1997, publié par l'UCSJ en mai 1997, et Report on Antisemitism, Political Extremism and Persecution of Religious Groups in Russia: April-December 1997, publié par l'UCSJ en janvier 1998. Les deux rapports sont consultables aux centres de documentation régionaux de la CISR.

[6]6.           Pour avoir des renseignements sur les effets de la loi sur les religions six mois après son entrée en vigueur, voir Concrete Effects of Russia's New Religion Law: An Overview, rapport du Keston News Service publié le 23 avril 1998. Ce rapport est consultable aux centres de documentation régionaux de la CISR.

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