LE DEPART D'AOUN

 

1. INTRODUCTION

Depuis quinze ans, le Liban est déchiré par une guerre civile. Le départ du général Michel Aoun et la mise en oeuvre de l'accord de Taëf annoncent-ils la paix? Les observateurs du conflit libanais affichent un optimisme prudent. De fait, si la poursuite du processus de Taëf constitue un premier pas vers la paix, l'éviction du général a, par contre, un effet déstabilisateur, du moins à court terme. Quant à l'avenir de la nation libanaise, il est indissociable non seulement de l'accord de Taëf, mais de facteurs d'une importance toute particulière, notamment de l'influence des puissances étrangères, dont la Syrie et Israël, ainsi que de l'issue de la crise du Golfe.

2. LE COURT REGNE DE MICHEL AOUN

Michel Aoun, commandant en chef de l'armée libanaise, est nommé chef intérimaire du gouvernement libanais le 22 septembre 1988. Or les musulmans récusent la nomination du général chrétien maronite et reconnaissent Selim Hoss, un sunnite prosyrien, comme premier ministre intérimaire. Deux gouvernements s'établissent alors : l'un à Beyrouth-est, dirigé par Aoun, l'autre à Beyrouth-ouest, dirigé par Hoss. L'éclatement du Liban est ainsi « officialisé » (Cordellier 1989, 327).

En mars 1989, Aoun déclare la « guerre de libération » afin de chasser les troupes syriennes stationnées en sol libanais depuis 1976 (The New York Times 14 oct. 1990; Cordellier 1989, 327-328; The Associated Press 13 oct. 1990). Il refuse d'ailleurs d'entériner l'accord de Taëf, une « Charte de réconciliation nationale » adoptée en août 1989, du fait que celui-ci n'établit pas d'échéance pour le retrait des troupes syriennes (The Associated Press 13 oct. 1990). Il s'isole davantage en novembre en refusant de reconnaître la présidence de René Mouawad puis celle de son successeur Elias Hraoui, lequel entretient des liens étroits avec Damas (Le Monde 14-15 oct. 1990a).

Il se retrouve seul contre tous au printemps de 1990, Samir Geagea, commandant des Forces libanaises, s'étant rallié à l'armée du président Hraoui à l'issue des violents combats l'ayant opposé à l'armée d'Aoun en début d'année (Libération 20-21 oct. 1990). Les amendements constitutionnels énoncés dans l'accord de Taëf sont votés en août. Le mois suivant, Hraoui proclame l'avènement de la IIe République libanaise (Le Monde 23-24 sept. 1990).

Le 13 octobre 1990, appuyé par les troupes syriennes, Hraoui prend d'assaut le palais présidentiel et le ministère de la Défense (The Associated Press 18 oct. 1990; Le Devoir 20 oct. 1990; The New York Times 22 oct. 1990). Quelques jours plus tard, les bulldozers de l'armée libanaise entreprennent le démantèlement de la « ligne verte », qui, depuis 1976, divisait Beyrouth et ses alentours en un secteur chrétien et un secteur à majorité musulmane (AFP 16 oct. 1990a, 1990b).

Le 13 novembre, la plupart des milices achèvent leur retrait de Beyrouth, devançant ainsi l'échéance du 19 novembre prévue dans le cadre de l'accord de Taëf (The New York Times 13 nov. 1990).

3. VERS UNE NORMALISATION DE LA SITUATION AU LIBAN?

La réunification de Beyrouth semble aller bon train. Peut-on cependant espérer la reconstruction d'une structure étatique solide et sereine au Liban?

Selon les observateurs du conflit libanais, l'accord de Taëf constitue un premier pas vers l'entrée du Liban dans une ère de paix. Toutefois, pour l'instant, le Liban est probablement plus instable qu'il ne l'a été auparavant (Sigler 26 oct. 1990; Hudson 25 oct. 1990; Save Lebanon 25 oct. 1990). Les actes de vengeance, les intérêts des diverses milices et les réticences des communautés confessionnelles à l'endroit des amendements constitutionnels sont autant d'obstacles à la réconciliation nationale au Liban. L'assassinat de Dany Chamoun, fils de l'ancien président libanais Camille Chamoun et leader chrétien influent, et de sa famille le 21 octobre 1990, ainsi que le massacre des compagnons d'armes de Michel Aoun le 13 octobre 1990, illustrent bien le climat de représailles qui règne à l'heure actuelle dans la capitale libanaise (Le Monde 19 oct. 1990; La Presse 23 oct. 1990). Ces actes meurtriers ont semé la peur dans la communauté chrétienne. Les aounistes se sentent d'ailleurs particulièrement visés (La Presse 23 oct. 1990) et ils dénoncent l'absence de mesures de sécurité dans le Metn, région contrôlée par Aoun jusqu'à son éviction (Mideast Mirror 22 oct. 1990, 23). Selon madame Osseiran, de l'organisation Save Lebanon à Washington, tous ceux qui démontrent une attitude antisyrienne à l'heure actuelle constituent des cibles potentielles (Save Lebanon 25 oct. 1990). Plusieurs observateurs estiment que les conflits politico-religieux qui ont déchiré le Liban pendant plus de quinze ans donneront lieu à des règlements de compte pour un certain temps encore (Mideast Mirror 22 oct. 1990, 23; Sigler 26 oct. 1990; Hudson 25 oct. 1990; Save Lebanon 25 oct. 1990).

A l'instabilité et à la peur vient s'ajouter l'incertitude du démantèlement des milices, pourtant prévu dans l'accord de Taëf. D'une part, à première vue, la Syrie n'a pas intérêt à dissoudre les milices, car elles constituent un prétexte à sa présence en sol libanais (Libération 20-21 oct. 1990). D'autre part, si la plupart des milices ont maintenant quitté Beyrouth, elles ne sont pas forcément prêtes à déposer leurs armes aussi facilement (The New York Times 13 nov. 1990; Libération 20-21 oct. 1990). Le gouvernement libanais devra, par exemple, faire preuve de tact avec le Hezbollah, qui détient toujours les douze otages occidentaux. De plus, les autorités syriennes se doivent de contenir le conflit entre le Hezbollah (pro-iranien) et le mouvement Amal (soutenu par la Syrie); elles ne peuvent se permettre, dans le contexte de la crise du Golfe, de brouiller leurs rapports avec Téhéran (The Ottawa Citizen 30 oct. 1990; Le Monde 24 oct. 1990). Dans cette optique, elles ont supervisé, de concert avec les autorités iraniennes, la signature d'un accord de paix entre les deux milices le 5 novembre 1990 (The New York Times 6 nov. 1990). Quant à Walid Joumblatt, chef du mouvement druze PSP (Parti socialiste progressiste), il a décidé de diminuer ses effectifs, mais demande que ses hommes soient enrôlés dans l'armée et la gendarmerie et, surtout, que l'armée syrienne soit déployée dans Beyrouth pour y garantir la sécurité. Quoi qu'il en soit, à ce jour, les milices n'ont toujours pas déposé les armes (The New York Times 13 nov. 1990). Selon M. John Sigler, professeur de sciences politiques à l'université Carleton et spécialiste du Moyen Orient, il faudra probablement un an pour que se concrétise la réouverture du « Grand Beyrouth » (Beyrouth et ses banlieues) (Sigler 1er nov. 1990).

Enfin, la nouvelle répartition des pouvoirs au sein du gouvernement libanais laisse certains groupes insatisfaits. Selon M. Sigler, ce sont les musulmans sunnites qui profitent le plus des amendements constitutionnels (Ibid. 26 oct. 1990). En effet, le premier ministre, fonction qui revient aux sunnites en vertu du Pacte de 1943, détient maintenant de nouveaux pouvoirs. Ce qui ne sera pas sans déplaire aux musulmans chiites, groupe confessionnel le plus important au Liban, qui ne détiennent toujours que la présidence de l'Assemblée. Néanmoins, le secrétaire général du Hezbollah, Sheikh Subhi at-Tufayli, aurait été invité à se joindre au Cabinet (The Christian Science Monitor 15 oct. 1990). Les druzes se sentent également lésés dans le nouveau partage des pouvoirs. Par exemple, Walid Joumblatt réclame la création d'un sénat qui serait présidé par un druze (Libération 20-21 oct. 1990). Quant aux Forces libanaises, la seule faction chrétienne invitée, à l'instar des quatres factions musulmanes, à se joindre au Cabinet, elles demandent que les chrétiens se voient octroyer le tiers des sièges, de façon à équilibrer la représentation confessionnelle au sein du Cabinet (The New York Times 13 nov. 1990).

Cependant, plusieurs observateurs de la scène libanaise sont d'avis que l'avenir du Liban ne repose pas uniquement sur l'accord de Taëf, mais sur des éléments de plus grande envergure, notamment la présence des troupes syriennes et israéliennes, qui constitue un obstacle majeur à la souveraineté de l'état libanais, et l'évolution de la crise du Golfe (Libération 20-21 oct. 1990; The Christian Science Monitor 15 oct. 1990; Time 29 oct. 1990).

4. RETOURNER AU LIBAN A L'HEURE ACTUELLE

Bien que son autorité se soit affermie dans Beyrouth au cours des mois d'octobre et de novembre, l'état libanais ne peut assurer pleinement la protection de ses citoyens à l'heure actuelle. La présence syrienne dans Beyrouth, loin de rassurer la population, vient plutôt semer l'inquiétude, notamment au sein de la communauté chrétienne maronite. Quant aux milices, maintenant presque toutes retirées de Beyrouth, elles continuent d'assurer la protection des citoyens dans les zones demeurées sous leur contrôle. Toutefois, le caractère arbitraire de cette protection rend très difficile, voire impossible, l'évaluation détaillée de la situation des droits de la personne au Liban.

Selon la plupart des observateurs, les miliciens et tous les gens ouvertement engagés courent des risques plus élevés que les citoyens ordinaires en rentrant au Liban dans les circonstances actuelles (Hudson 25 oct. 1990; Sigler 26 oct. 1990).

Comme l'indique l'analyse de la section précédente, tous ceux qui dénoncent l'hégémonie syrienne se trouvent en danger. D'ailleurs, le Middle East International souligne que l'armée syrienne a, lors de l'assaut du ministère de la Défense le 12 octobre, mis la main sur les dossiers personnels de tous les Libanais le moindrement engagés en politique (Middle East International 26 oct. 1990, 9). En outre, l'armée syrienne contrôle la vérification des passeports et les douanes à l'aéroport de Beyrouth ainsi que des barrages sur la route qui mène à l'aéroport (Save Lebanon 25 oct. 1990).

Enfin, rappelons que les conflits politico-religieux qui ont déchiré le Liban pendant plus de quinze ans donneront sans doute lieu, pour un certain temps encore, à des règlements de compte non seulement entre les diverses milices, mais également entre les milices et les forces syriennes (Mideast Mirror 22 oct. 1990, 23; Sigler 26 oct. 1990; Hudson 25 oct. 1990; Save Lebanon 25 oct. 1990).

Somme toute, à l'heure actuelle, toute personne qui retourne au Liban ne retrouvera pas un pays qui a reconquis son équilibre intérieur, mais, au contraire, une situation d'instabilité qui n'a pas été surmontée depuis l'éviction de Michel Aoun.

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