La Corne de l'Afrique : les Somaliens a Djibouti, en Ethiopie et au Kenya

 

1.   FUITE DE LA SOMALIE

Tout au long de ses 21 ans au pouvoir, Mohamed Syad Barre s'est servi de l'armée et des organismes de sécurité pour détruire les institutions civiles indépendantes, réprimer la dissidence et maintenir son emprise sur le pouvoir. Son autorité présidentielle illimitée a été source d'avantages pour lui ainsi que pour les membres de son clan Mareehan, mais a entraîné la ruine du reste du pays (The Christian Science Monitor 4 déc. 1990, 18).

Les mouvements rebelles fondés sur les clans se sont formés dans le but d'évincer Syad Barre du pouvoir et d'obtenir pour leurs clans individuels une répartition plus équitable des ressources et des possibilités qu'offre le pays. En mai 1988, le Mouvement national somalien [Somali National Movement (SNM)], une organisation à prédominance Isaaq, a attaqué les villes de Burao et de Hargeisa. L'armée somalienne a riposté en faisant usage d'une force excessive, faisant de 50 000 à 60 000 victimes parmi les civils et occasionnant des dommages aux villes de Hargeisa et de Burao (The Times 18 janv. 1990; The Christian Science Monitor 4 déc. 1990, 18). En conséquence, 350 000 Isaaqs ont commencé à fuir vers l'éthiopie au début de juin 1988, alors que d'autres ont cherché refuge dans des pays voisins et d'autres régions de la Somalie (U.S. General Accounting Office 4 mai 1989, 2). Ils se sont enfuis à pied, à dos de chameau ou en véhicule motorisé, « transportant les personnes âgées et les malades dans des voitures à bras » (Africa Watch Committee janv. 1990, 171; Centre for Italian Scholastic and Technical Organizations (COSTI) 9 janv. 1990). De nombreux Somaliens ont traversé à pied la frontière entre la Somalie et Djibouti, tandis que d'autres ont traversé l'éthiopie, s'arrêtant quelquefois dans des camps de réfugiés avant de se rendre à Djibouti par train, par camion ou à pied (UNHCR fév. 1990, 24).

Dernièrement, les combats ont atteint la capitale, Mogadishu. Le 30 décembre 1990, des rebelles, dont ceux du Congrès somalien uni [United Somali Congress (USC)] à prédominance Hawiye, groupe le plus souvent mentionné par les médias internationaux, ont engagé un corps à corps avec les forces gouvernementales (The Associated Press 8 janv. 1991). Syad Barre, le président de la Somalie, tente actuellement de se maintenir au pouvoir, malgré les combats qui ont occasionné l'évacuation de presque tous les étrangers, y compris les représentants de la Croix-Rouge (Ibid.). On rapporte que 1 500 personnes ont perdu la vie et que des milliers d'autres ont été blessées au cours des combats qui ont entraîné la destruction des systèmes de distribution des eaux, d'alimentation en électricité et de communication ainsi que celle de nombreux édifices (Ibid.). Les assassinats arbitraires, le pillage et les représailles exercées contre des partisans du gouvernement (les Mareehans et d'autres personnes perçues comme étant des collaborateurs), de même que la pénurie de nourriture et de médicaments, ont provoqué la fuite de nombreux Somaliens. On estime, dans un rapport, que la moitié des 500 000 personnes constituant la population de Mogadishu se sont enfuis à pied vers le sud, alors que des militaires et des membres du clan Mareehan se seraient réfugiés dans l'ouest du pays, près de la ville de Garba Hare (The Washington Post 7 janv. 1991, A17). Au cours de la première semaine de janvier 1991, plus de 15 000 Somaliens sont arrivés dans le désert de l'Ogaden en éthiopie (Reuter 4 janv. 1991).

2.         DEPLACEMENTS ET DOCUMENTS DE VOYAGE

Le système national de cueillette de données étant à ses débuts en Somalie, la plupart des citoyens n'ont pas de pièce d'identité, ne serait-ce qu'un certificat de naissance, de mariage ou de décès. Ce que les Somaliens cherchent d'abord à obtenir, c'est le passeport qui leur permettrait de voyager à l'étranger et qui leur servirait de pièce d'identification. La guerre civile de 1988 et les combats continus ont complètement désorganisé les services gouvernementaux, l'économie et presque tous les services publics, et ont mené le pays au bord de l'effondrement. Les fonctionnaires peuvent passer de longues périodes sans toucher leurs salaires et, quand ils finissent par les recevoir, l'inflation galopante en aura grugé une grande partie de leur valeur. Il paraît que, pour arriver à joindre les deux bouts, ils ouvrent régulièrement les bureaux de l'état après les heures de bureau et gardent les recettes destinées aux coffres du gouvernement (COSTI 9 janv. 1991).

Selon plusieurs sources, les passeports somaliens sont authentiques mais peuvent être obtenus par des moyens peu orthodoxes et pourraient contenir de faux renseignements. On rapporte que, pour une somme négociable, les agents gouvernementaux délivrent des passeports authentiques qui contiennent les photos et les renseignements personnels fournis par les demandeurs. Ces passeports sont ensuite visés et signés pour certifier leur authenticité, mais il est possible, en fait, qu'ils soient enregistrés sous le nom et le numéro de demandeurs à qui on a refusé la délivrance d'un passeport. De nombreuses personnes ont pu obtenir des passeports authentiques par ce réseau de distribution de documents délibérément trafiqués (Ibid.).

Apparemment, les femmes somaliennes quittent la sécurité relative des pays avoisinants et reviennent en Somalie en douce pour obtenir des passeports pour elles-mêmes et les membres de leurs familles. Choisies pour accomplir cette tâche parce qu'elles risquent moins que quiconque d'éveiller les soupçons des agents ou des gardes frontaliers ou des militaires, ces femmes tentent d'obtenir des documents de voyage pour les membres de leur famille qui espèrent trouver refuge à l'étranger. Ces femmes portent sur elles des sommes d'argent, des renseignements personnels et des photos des membres de leurs familles, et demandent aux autorités gouvernementales de faire en sorte que les passeports soient délivrés (COSTI 9 janv. 1991; ancien directeur du programme de formation des enseignants, ministère somalien de l'éducation 14 janv. 1991).

Les états-Unis auraient accepté de délivrer des visas aux demandeurs somaliens depuis leur ambassade à Mogadishu. Parmi les personnes qui obtiennent des visas figurent celles qui détiennent des lettres d'invitation de leur famille résidant aux états-Unis, celles qui entretiennent des relations d'affaires et un grand nombre de boursiers qui participent à des programmes d'études universitaires ou militaires aux états-Unis. On aurait délivré des visas à des personnalités et à des détenus bien connus par procuration, procédure selon laquelle un proche ou un associé joue le rôle d'intermédiaire et obtient les renseignements et les signatures nécessaires des personnes dans l'incapacité de se rendre personnellement à l'ambassade des états-Unis (COSTI 9 janv. 1991; ancien directeur 14 janv. 1991). D'après un représentant de l'ambassade des états-Unis à Ottawa, l'agent des visas à l'ambassade des états-Unis à Mogadishu a le pouvoir discrétionnaire de délivrer un visa à un demandeur sans qu'il soit nécessaire de l'interviewer en personne (2 fév. 1990).

De nombreux Somaliens ayant des proches qui travaillent dans les pays du Golfe ou qui vivent en Europe transitent par ces régions. La majorité des Somaliens se rendent dans les pays du Golfe où des membres de leur famille élargie ou de leur clan qui y sont établis contribuent à l'achat du billet d'avion à destination d'un lieu sûr, habituellement les états-Unis. Apparemment, c'est en transit que la plupart des Somaliens entendent parler des pays où se trouvent un nombre appréciable de réfugiés somalis, dont le Canada, et des procédures à suivre pour demander le statut de réfugié (COSTI 9 janv. 1991).

Le passeport kényan, que l'on dit facile à falsifier, est très recherché par les non-Kenyans parce que, jusqu'à tout récemment, les détenteurs d'un tel passeport, en tant que membres du Commonwealth, n'avaient pas besoin d'un visa pour le Canada. Le 6 août 1990, le gouvernement canadien a annoncé que les Kenyans devaient dorénavant obtenir un visa pour entrer au Canada, mesure prise en vue d'endiguer le flot de cas impliquant des Somaliens munis de faux passeports et ayant fait des demandes de statut de réfugié fondées sur des arguments douteux (BBC Summary 18 sept. 1989, B1; The Globe and Mail 8 août 1990).

Au cours de la première semaine de janvier 1991, le gouvernement du Kenya, annulant une décision antérieure, a accepté d'accorder l'asile temporaire aux Somaliens qui avaient fui les récents combats en Somalie et qui se sont retrouvés en rade dans le salon de l'aéroport international Jomo Kenyatta. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) aura la responsabilité d'évacuer vers un camp spécial non déterminé les Somaliens qu'il considère comme des cas « préoccupants »; c'est là qu'ils attendront que soit prise la décision concernant leurs demandes de statut de réfugié dans le pays de leur choix. Ce processus n'implique pas, toutefois, que ces demandeurs d'asile somaliens seront nécessairement reconnus comme réfugiés par les pays qui étudient leurs cas, à la demande du HCR (Xinhua General Overseas News Service 7 janv. 1991).

Même si certains Somaliens sont parrainés par des organismes musulmans au Canada (COSTI 9 janv. 1991), il y en a beaucoup qui sont parrainés par des églises canadiennes (Inter-Church Committee for Sponsorship of Refugees 14 janv. 1991). De nombreux cas de réunification de famille sont parrainés conjointement par des proches ayant la citoyenneté canadienne et le Canadian African Newcomers Aid Centre (CANACT), situé à Toronto (COSTI 9 janv. 1991). Le Groupe de travail sur la réinstallation des réfugiés [Working Group on Refugee Resettlement] parraine aussi des réfugiés somaliens qui lui sont présentés par le HCR, la Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada (CEIC), Amnesty International et un nombre restreint de particuliers. Ces Somalis viennent de plusieurs régions du monde, principalement de l'éthiopie, du Kenya et de l'égypte (Working Group on Refugee Resettlement 15 janv. 1991).

3. LES CAMPS DE REFUGIES

3.0                Introduction

Ayant voyagé dans des conditions difficiles afin de fuir la guerre civile et les bombardements aériens effectués par l'armée somalienne, les Somaliens arrivent dans leur pays d'asile malades, épuisés et traumatisés, souffrant de malnutrition (COSTI 9 janv. 1991). La situation actuelle est encore plus difficile parce que ces réfugiés urbains ne peuvent supporter physiquement un voyage de quatre ou cinq jours sans eau ni nourriture.

D'après le bureau du HCR à Ottawa (11 janv. 1991), il n'y a pas de camps de réfugiés à Djibouti ou au Kenya, à l'heure actuelle. En éthiopie, il existe de nombreux camps administrés par le HCR où les Somaliens sont reconnus comme réfugiés en tant que groupe.

3.1                Djibouti

La sympathie que le gouvernement de Djibouti a d'abord manifesté à l'égard des réfugiés, au cours des années 1970, s'est muée en frustration devant le fardeau permanent que représente l'aide aux réfugiés dans un pays où l'inflation se situe autour de 60 p. 100 (U.S. Committee for Refugees janv. 1988, 26). On impute généralement la hausse de la criminalité et du chômage ansi que la détérioration des services gouvernementaux et d'autres problèmes sociaux aux réfugiés et aux immigrants illégaux, deux groupes que le gouvernement, les médias et le grand public perçoivent souvent comme ne faisant qu'un (The International Catholic Migation Commission (ICMC) 1987, 26). De nombreux réfugiés s'abstiennent de se prévaloir des services gouvernementaux, tels les écoles et les centres médico-sociaux, de peur d'être reconnus comme étrangers (Ibid.).

Le gouvernement de Djibouti a pris des mesures visant à dissuader les réfugiés d'entrer au pays. La première fut de déclarer que la réinstallation permanente ne constituait pas une option, soulignant que « l'intégration n'était pas possible [...] peu importe le nombre limité de personnes » (UNHCR fév. 1990, 27). Pour cette raison, le gouvernement a refusé d'établir des camps de réfugiés. Il ordonne régulièrement des rafles de personnes soupçonnées d'être en situation irrégulière et certaines d'entre elles ont été déportées par la suite ([1]Country Reports 1989 1990, 101). La frontière entre la Somalie et Djibouti est fermée depuis mai 1989 pour bloquer l'accès routier à Djibouti (BBC Summary 6 janv. 1990, B1). On a aussi rapporté des manifestations pour protester contre la stricte application de la définition de la Convention et le refus d'accorder le statut de réfugié aux personnes qui ne pouvaient prouver la « persécution » dont elles auraient fait l'objet (U.S. Committee for Refugees janv. 1988, 30-31).

Le directeur du U.S. Committee for Refugees rapporte qu'il y a environ 30 000 réfugiés somaliens à Djibouti qui ne reçoivent aucune assistance humanitaire, ni du gouvernement, ni du HCR. Ils ont commencé à arriver à Djibouti en mai 1988, fuyant les assassinat arbitraires perpétrés contre des civils en Somalie. Les réfugiés survivent par des moyens clandestins et grâce à l'assistance de leurs amis et de membres de leur famille (The Washington Post 29 août 1989, A12). Le gouvernement de Djibouti considèrent les Somaliens sur son territoire comme des « personnes déplacées provenant de l'extérieur » et non comme des réfugiés. Néanmoins, à cause du conflit qui perdure en Somalie, le gouvernement de Djibouti a lancé un appel au HCR en 1989 pour obtenir de l'aide pour les Somaliens (UNHCR févr. 1990, 24-25). En avril 1990, il a reçu 114 000 $ US de la Communauté européenne (CE) pour venir en aide aux réfugiés (Xinhua Overseas General News Service 19 avr. 1990). Toutefois, aussi longtemps que les Somaliens ne seront pas reconnus comme réfugiés à Djibouti, le rôle du HCR dans la recherche de solutions sera limité (UNHCR févr. 1990, 26).

3.2    Kenya

Le nombre de réfugiés somaliens déclarés au Kenya n'est pas connu. Les demandeurs de statut de réfugié sont hébergés à Thika, un centre près de Nairobi, où ils attendent la tenue de leur audience pendant une période de six semaines en moyenne. Ceux qui se voient accorder le statut de réfugié vont s'installer dans des centres urbains, tandis que les autres sont déportés. Plus de 5 000 Somaliens ont gagné le Kenya après que les rebelles du Mouvement patriotique somali [Somali Patriotic Movement] se sont heurtés aux troupes gouvernementales somaliennes au milieu d'août 1989. Selon The Guardian (25 août 1989), le gouvernement du Kenya :

[...] a maintenu qu'il n'avait besoin d'aucune assistance pour s'occuper des réfugiés [...] et, faisant une distinction entre réfugiés et personnes déplacées, souhaite manifestement que les Somaliens qui sont entrés au Kenya en provenance de la Somalie y retournent volontairement aussitôt que les combats qui se déroulent dans le sud diminuent en intensité.

Après leur avoir fourni de la nourriture, des abris et des soins médicaux, le gouvernement kényan a refusé aux Somaliens l'accès à la Croix-Rouge du Kenya et au HCR et, en moins d'une semaine, a exigé qu'ils retournent en Somalie. Les réfugiés auraient été battus par la police locale qui tentait de les renvoyer en masse en Somalie. Plusieurs Somaliens, blessés par balle, ou malades, seraient décédés à Liboi par manque de soins médicaux, alors que de nombreux autres se sont dispersés à l'intérieur du pays à la recherche de nourriture et d'un lieu sûr (Africa Watch Committee 17 nov. 1989, 3). Une source confirme qu'au début d'octobre 1989, plusieurs Somaliens fuyant la guerre en Somalie ont été renvoyés de force par les gardes frontaliers kényans. La même source note que « le HCR est incapable d'amener le gouvernement du Kenya à accepter et à s'occuper des réfugiés en provenance de la Somalie » (The Independent 10 oct. 1989).

3.3          éthiopie

Les réfugiés ont commencé à arriver en éthiopie en mai 1988, au moment où la guerre civile a éclaté en Somalie. On a rapporté qu'au mois de décembre 1990, il y avait 355 000 réfugiés somaliens en éthiopie, dont 30 000 qui étaient arrivés au cours du premier trimestre de 1990 (Reuter 18 mai 1990). Les six camps de réfugiés somaliens, tous ouverts, sont situés dans l'est de l'éthiopie, région « aride et éloignée » (UNHCR déc. 1990, 10). Selon les chiffres du HCR en date de mai 1990, il y avait 162 000 réfugiés somaliens à Hartishiek A, 51 000 à Hartishiek B, 20 000 à Rabasso, 46 000 à Kamabokar (Cam Aboker), 43 000 à Daror et 8 000 à Aisha (UNHCR mai 1990, 2).

Hartishiek B a été construit en 1989 et, après l'achèvement des travaux, environ 22 000 réfugiés somaliens, installés dans un camp de transit de fortune nommé Harshin, y ont été transférés (UNHCR 6 avr. 1990). Les trois camps de la région de Aware --Kamabokar (Cam Aboker), Rabasso et Daror -- ont été établis provisoirement pour rassembler les réfugiés dispersés dans divers lieux. Les réfugiés ont rejeté le transfert prévu à Hartishiek B pour des raisons d'appartenance ethnique et on rapporte qu'ils souffrent encore beaucoup du manque d'eau (UNHCR févr. 1990, 30).

Au début, le HCR, débordé par le nombre écrasant de réfugiés somaliens, a été critiqué pour n'avoir pas su fournir assez rapidement la nourriture, les abris et les médicaments nécessaires. Les responsables faisaient difficilement la distinction entre les réfugiés somaliens et la population locale de souche somalie qui habitaient la région où se situaient les camps. Par conséquent, de nombreuses familles des deux groupes ont obtenu plusieurs cartes de rationnement au détriment des autres. La situation s'est améliorée depuis : le réenregistrement des réfugiés, en août 1989, a permis l'adoption d'un système plus équitable pour la distribution de la nourriture (UNHCR mai 1990, 2). L'absence de routes et de camions adéquats retardent la la distribution de la nourriture dans tous les camps de réfugiés. L'eau est extraite de puits situés à une distance de 50 miles et doit être transportée par camion (The Christian Science Monitor 16 août 1989, 6). Certaines personnes ne trouvaient pas de quoi s'occuper dans les camps mais d'autres ont ouvert des petits magasins de détail dans un marché florissant près du camp de Hartisheik. Il y aussi beaucoup de va-et-vient entre les autres camps et les villages (The Christian Science Monitor 16 août 1989, 6).

Les Somaliens ayant fui leur pays ne vivent pas tous dans des camps de réfugiés. Environ 70 000 Somaliens, ayant fui les combats qui se déroulaient dans le sud de la Somalie à la fin de 1989, vivent actuellement « à la belle étoile » dans les villages isolés de Mustahil, Hananweyle et Oud, situés dans le sud de l'éthiopie, et ils ne reçoivent aucune assistance de la communauté internationale (The Toronto Star 9 sept. 1990).

Les réfugiés somaliens en éthiopie, considérés comme des réfugiés en vertu de leur présence dans des camps administrés par le HCR, peuvent présenter une demande en vue d'obtenir des documents de voyage des Nations Unies. Ceux-ci sont délivrés par le service de l'Immigration du ministère éthiopien des Affaires intérieures (UNHCR 11 janv. 1991). Des représentants des pays d'asile se rendent dans les camps pour interviewer les réfugiés qui cherchent à s'installer à l'étranger. Le gouvernement éthiopien envoie aussi ses représentants dans les camps pour inscrire les réfugiés somaliens qui ont été admis par les pays d'accueil. C'est à cette étape que le service de l'immigration éthiopien délivre des documents de voyage tels que prévus par la Convention (UNHCR 21 janv. 1991).

4.    SORTIR DU PAYS ET Y RETOURNER

Au bureau du HCR à Ottawa, on rapporte « qu'il n'y a actuellement aucun programme de rapatriement volontaire des Somaliens dans quelque pays que ce soit » (UNHCR 11 janv. 1991).

Amnesty International rapporte qu'un demandeur à qui on avait refusé l'asile est rentré en Somalie en 1987; il a été emprisonné et aurait été torturé. Ce prisonnier prétend avoir entendu parler d'environ vingt autres détenus qui auraient été condamnés à une peine d'emprisonnement allant de 3 à 15 ans pour avoir demandé l'asile à l'étranger (Amnesty International AI Index: AFR/52/26/88, 11-12). Selon plusieurs sources, le gouvernement somalien considère que l'action de demander l'asile, geste qui a pour effet de signaler les violations des droits de la personne en Somalie à la communauté internationale, est antipatriotique et qu'elle constitue une trahison (COSTI 9 janv. 1991; ancien directeur 14 janv. 1991).

En août 1988, cinq élèves officiers participant à un programme de formation militaire en égypte ont été renvoyés de force en Somalie après qu'ils eurent demandé l'asile au bureau du HCR au Caire. Ils ont été arrêtés à leur arrivée à Mogadishu et relâchés dans le cadre d'une amnistie générale annoncée au début de 1989 (Amnesty International 1990, 211). En plus des réfugiés somaliens, d'autres Somaliens qui résidaient illégalement à l'étranger auraient été arrêtés après avoir été contraints de retourner en Somalie et auraient fait l'objet d'exécutions extrajudiciaires. C'était notament le cas de huit Somaliens renvoyés par la force de l'Arabie Saoudite en 1988 (Amnesty International 1989, 84).

Des 60 Somaliens expulsés de Liboi (Kenya) et renvoyés de force en Somalie, entre 15 et 18 auraient été exécutés à Doble par des militaires somaliens et 42 autres auraient été emprisonnés à Kismayo (The Africa Watch Committee 17 nov. 1989, 3; Amnesty International 1990, 212). Les femmes somaliennes qui retournent en Somalie pour obtenir des documents risquent d'être battues, violées, emprisonnées, assassinées même. Les autorités gouvernementales dans chaque région ont le pouvoir discrétionnaire dans ces cas d'infliger des punitions (Directeur, Clinical Psychology Community Programme, Boston University, 14 janv. 1991).

5.      CARTE

Voir original

6.            BIBLIOGRAPHIE

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[1]              N'est pas sur la liste de références.

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